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Amarok sort et arpente un peu les chemins et allées du Temple, en profitant pour mémoriser la configuration des lieux et en localiser les endroits les plus importants.
S'il croise quelqu'un et que ce dernier le salue, il répond poliment avec les banalités d'usage mais sans s'attarder. Il préfère pour l'instant rester seul.
J'ai plus un rond, j'ai perdu le précieux souvenir de Lyanna et pour couronner le tout, je me retrouve à vivre au crochet des moines !
Non pas qu'il ait quelque chose à leur reprocher, aux moines, que du contraire.
Mais se retrouver à dépendre ainsi de parfaits inconnus et abuser de leur gentillesse, ça a de quoi le faire rager. Il n'aime pas la tournure qu'a pris son aventure.
Après tant de temps à rêver de toutes les choses inconnues que recèle le vaste monde, à toutes les merveilles qu'il allait pouvoir découvrir après avoir durement économisé le moindre yuan pour enfin pouvoir partir du Pôle Nord, le voilà qui finit ici.
Dans une situation franchement détestable, avec la nette impression d'avoir trahi ses rares amis et d'avoir foiré en beauté tout le reste.
Peut-être que j'aurais mieux fait de rester à la maison au fond...
Et devenir pêcheur, comme son père. Ce n'est pas que cette idée le répugne, non. C'est un métier tout à fait honorable et qui comporte sa part de dangers.
La vie n'était pas particulièrement tendre avec eux, ils n'avaient rien sans rien, mais c'était quelque part plus...normal que ce que le monde lui a dévoilé jusqu'à présent.
Il a bien conscience d'avoir en quelque sorte vécu dans une petite enclave protégée. On se battait pour les meilleures zones de pêche mais il suffisait d'être plus astucieux ou de se lever plus tôt que les autres pour s'en tirer.
Tout cela reposait sur des choses qu'il pouvait comprendre et maîtriser avec le temps. Alors que cette histoire de Maîtrise justement...personne n'y changera jamais rien.
Dès sa naissance, c'était fichu. Avant même de prendre sa première bouffée d'air, il avait déjà perdu à la grande loterie déterminant ceux qui pourront réaliser l'impossible et ceux qui resteront à jamais au bas de l'échelle.
C'est peut-être bien ça le pire : personne n'y peut rien. Il a beau s'indigner tant qu'il veut, ça n'y changera absolument rien.
Si au moins il pouvait mettre un nom sur la chose...l'esprit...le peu importe qui fait que tout est aussi immuable, il saurait vers qui tourner sa colère.
Mais là encore, ses recherches n'avancent pas d'un pouce.
Ses pas l'ont mené à ce qui ressemble à un terrain d'entraînement. Puisqu'il est arrivé là, il cherche un coin libre avec quelque chose sur quoi se défouler à coups de poing.
Vu qu'il se bat encore moins bien à mains nues qu'avec un sabre, c'est bien entendu tout sauf de l'art. Il a juste besoin de donner des coups pour se vider l'esprit.