[Capitale]Place Centrale

[Flamme]

Flamme (167) Après la tempête

L’enfant flatta le chat avant que celui ne s’en aille, miaulant toujours d’envie de mou et de poissons. Le ventre de Flamme aussi criait famine mais moins que celui de Lyanna, plus habitué aux périodes de vaches maigres.
Ce qui n’arrivait pas à lui paraître normal était l’état des rues, que ses compatriotes en soient responsables décontenançait Flamme. Des traces de combat de la folie de la veille étaient encore présents, des traces d’explosions sur les bâtiments, des traces d’enfoncement dues à des animaux, des traces de sang que la pluie n’était pas parvenue à effacer. Les vitres étaient brisées, les portes défoncées,un vrai saccage qui émettait son odeur de bois brûlé. Les enseignes qui tenaient debout étaient barricadés derrière des volets.

Le groupe n’était pas arrivé au bout de leur peine. Parmi les débris certaines personnes tentaient de remettre le monde à zéro après les attentats.

- Demandons leur s’ils veulent partagé un peu de leur repas contre quelques yuans.

Ces gens avaient des cuisines et des greniers après tout. Mais avaient-ils un cœur ?

[Conseiller du Feu]

FLAMME / LYANNA

*Les deux maîtres du feu peuvent remarquer de l'agitation du côté de l'Ambassade des Tribus. Derrière un cordon de gardes de la Nation du Feu en grande armure qui les signalent comme la garde d'élite du Seigneur du Feu et du Conseil s'affairent les quelques survivants de la délégation diplomatique ainsi que des soldats de rang de la Nation du Feu. Ils sont en train de charger des chariots avec des formes allongées couvertes de draps bleus brodés aux couleurs des Tribus de l'Eau. Il s'agit bien entendu de corps.

A cet instant, l’œil de Lyanna est capté par un objet qu'elle connaît bien. Un coup de vent soulève un coin du drap qui recouvre le corps actuellement en train de se faire charger. Son cœur s'arrête de battre un instant. Elle l'a reconnue. Cette couleur. Unique. Il n'y a que lui qui avait des cheveux de cette longueur et de cette couleur blanche immaculée comme le reflet de la Lune sur l'Océan.

Azaruk...*

[Gwlaglus]

Si Lyanna essayait de se concentrer sur la recherche d'un endroit où trouver de quoi remplir leurs estomacs vides, les stigmates des événements d'hier, et visibles sur la place centrale, firent vite disparaître son sourire de façade. La faim ne rendait pas aveugle. Malheureusement peut-être.

Car, immanquablement, le regard de la jeune femme vint se poser sur l'ambassade des Tribus. Si elle vit des gardes, d'élites qui plus est, et d'autres personnes, ses yeux bleus yeux ne quittaient plus les chariots. Qui transportaient des corps. Elle était comme figée, n'arrivant pas à se détourner de cette scène. Et quand le vent se fit joueur, et fit voler l'un de ces draps aux couleurs des Tribus, assez pour qu'elle y découvre une chevelure blanche, Lyanna se sentit presque défaillir. Elle avait pourtant presque renoncé à tout espoir le concernant, mais l'apercevoir sur ce chariot, corps sans vie et sans âme, fut comme un coup de poignard en plein cœur.

Elle aurait pu tomber à terre sous le choc émotionnel, qui enserrait sa poitrine, mais elle resta immobile de longues secondes, la bouche entrouverte. Comme si elle essayait de prononcer le prénom d'Azaruk, sans qu'aucun son ne parvienne à sortir de sa gorge serrée. Son regard était sombre et terne, alors qu'elle continuait de regarder la dépouille de son ami d'enfance. La colère sourdait à nouveau en elle, rendant la Nation du Feu coupable du meurtre du jeune garde royal. Elle ne voyait pas cela autrement, aveuglée par ses émotions. Mais la culpabilité la rongeait aussi. Une partie d'elle même se sentait responsable de la présence d'Azaruk ici. S'il avait accepté la mission que lui avait donné le chef de guerre, c'était peut-être à cause de son exil à la Nation du Feu, et sa maîtrise du feu, par extension. Et qu'il voulait veiller sur elle. Elle n'en savait rien à vrai dire.

Elle se mit à marcher finalement, presque à courir même, vers l'ambassade, vers ce corps figé dans la mort. Si son regard était furieux et noir, des larmes creusaient des sillons humides le long de ses joues pâles. Arrivée près de la foule et du cordon de gardes, elle joua des coudes pour se rapprocher le plus possible. Le premier garde qu'elle croisa sur son chemin se retrouva face à une jeune femme totalement désemparée, mais animée par la colère.

-Laissez-moi passer !

Elle hurla presque cet ordre, et ajouta :

-Ne m'interdisez pas de le voir une dernière fois ! Si vous faites ça...

Elle avait eu dans l'idée de tirer le sabre de son fourreau, pour leur montrer qu'elle ne rigolait pas. Mais ils ne purent voir que de nouvelles larmes ternir son beau visage.

[Flamme]

Flamme (168) Priorités divergeantes

Flamme vit Lyanna courir vers l’ambassade détruite. Il ne lui fallu pas beaucoup de finesse pour comprendre qu’elle avait reconnu quelqu’un et ce n’était pas cette dame pas trop méchante qui était l’ambassadrice mais quelqu’un de plus proche. Flamme se demanda ce que sa troupe était devenue. Rubie lui manquait. Elle n’avait pas commis l’erreur de rester un instant de plus dans cette ville dévastée, elle sera sans doute allée à une ville. Flamme ne voulait plus rester à cette ville non plus. Autant aller directement à Hosho puisque Lyanna y avait un foyer pour l’héberger et quitter cette ville dont Flamme ne reconnaissait pas les meurtriers.

Mais d’abord, en plus du deuil de ceux morts, il fallait fouiller les décombres de l’auberge et en premier lieu manger.

L’enfant se dirigea vers une femme affairée aux décombres.

- ‘Scusez-moi, est-ce que vous avez à manger ? Not’e auberge est détruite et y a plus personne. Chuis juste avec elle, ajouta l’enfant un peu implorant en désignant Lyanna qui criait son désespoir. Elle a besoin d’un repas pour la réconforter. Oh, et on a de quoi payer !

Enfin surtout Lyanna.

[Conseiller du Feu]

GWLA

*Lyanna fonce vers l'Ambassade comme une furie. Elle est rapidement perçue comme une menace et interceptée dans son parcours. Des gardes l'enserrent en lui faisant des prises de soumission, et elle ne sait plus faire un mouvement, sauf de la tête.*

-Vous connaissiez l'une de ces personnes ? Qui êtes-vous ?

*Demande impérieusement un officier.*

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FLAMME

*La femme se retourne vers Flamme. Elle a l'air hagard et désespérée.*

-Je tout perdu dans cette émeute ! Vous croyez que j'ai de la nourriture pour vous ? Je ne sais même pas si je vais manger aujourd'hui !

*Et elle se barre, toujours fouillant les décombres.*

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MARVAN

*Volodia entend une voix au-dessus d'elle.*

-Hé ! Pssst ! Petite !

[Flamme]

Flamme (169) Se relever

La femme était plus en état dépressif que ne le croyait Flamme. Les forains passaient leur vie à divertir les foules pour vivre. Dans cette situation de crise, Flamme avait l’impression d’être inutile. Mais après une catastrophe, il fallait se serrer les coudes, même si Flamme n’avait aucune sympathie pour cette inconnue, on ne choisit pas ses compagnons de galère. Alors l’enfant enjamba les décombres pour la suivre.

- Eh, on peut t’aider ! Et t’as pas tout perdu ! T’es en vie, d’autres sont morts ! Pour manger, suffit de demander à tes amis ! Sauf si t’es seule comme nous mais on peut s’serrer les coudes. J’peux t’aider à chercher ce que tu cherches si tu veux mais faut pas désespérer comme ça !

Flamme continua ses tentatives d’encouragement, parce que c’était ce que la vie lui avait conseillé. Néanmoins, chacun vit son deuil à sa manière et à sa vitesse.

- Allez ! Respire un bon coup, ça va t’faire du bien.

Flamme se souvenait des paroles de Rivière, la comédienne qui était fille de l’eau. Quand Rubie faisait des crises, elle lui disait ça.

[Gwlaglus]

Aussitôt que les gardes l'entourèrent, et la tirent de façon qu'elle ne puisse plus bouger ni se débattre, le regard de Lyanna se fit encore plus furibond, malgré les larmes qu'elle ne retenait plus. Elle voulut leur crier de la lâcher, chercher à leur porter des coups, mais malgré la fureur et la rage en elle, elle n'en fit rien. Pour lui. Pour ce corps désespérément immobile. Elle ne lui ferait pas cette honte là, même si son cœur criait vengeance, et qu'elle avait envie de planter la pointe de son sabre dans l'un ou l'autre de ces soldats. Elle fixait le chariot quand l'officier s'adressa à elle, et elle tourna son regard noir vers lui :

-Aza...Azaruk Noji. Il est...il était garde royal du Pôle Nord...

Sa voix était faible, cassée par les émotions. Même si elle voyait le corps de son ami d'enfance, parler de lui au passé heurtait son cœur.

-Je suis Lyanna Teppeï, fit-elle dans un souffle.

[Conseiller du Feu]

FLAMME

*Les mots de Flamme, plutôt que de remettre la dame d'aplomb, la font fondre en larme en la mettant face à la gravité de sa situation.*

-Je n'ai plus rien ! Ni amis, ni famille, ni maison !

*Elle tombe à genoux. Flamme a obtenu exactement le contraire de ce qu'il voulait avoir.*

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GWLA

*L'officier fixe Lyanna gravement.*

-Laissez-la passer.

*La jeune femme est relâchée et est escortée par quelques gardes jusqu'au chariot où le corps d'Azaruk vient d'être chargé.*

-Vous voulez le voir ?

[Flamme]

Flamme (170) Du drame, du spectacle !

Franchement, il y avait de la mauvaise volonté.

- Oh, plus de drame s’il-te-plaît ! Ça te dit de rejoindre une troupe de comédiens ? Fit l’enfant avec emphase. Plus sérieusement, t’es encore en bonne santé. Tu vas dormir à l’hospice quelques jours et chercher du travail et un foyer. Et là tu pourras rebondir. Sérieux, j’ai vu plus d’cas désespérés. J’ai vu des gars amputés encore jeunes qui mendient, des vieux tout seuls à moitié fous qui s’accrochent à des pastèques ! J’ai rien qui m’appartient, mes amis sont tous je-ne-sais-où. La seule qui m’reste est comme toi en train de pleurer ses amis. Et j’ai qu’onze ans ! On peut jouer à ce jeu longtemps. Maintenant que t’as pleuré, tu veux pas me dire comment t’as fait pour survivre ?

Flamme avait essayé de compatir, de trouver des solutions raisonnables, d’amorcer une discussion. Mais sa patience était à bout. Quand on a vécu une existence rude, on est peu enclin à compatir indéfiniment. Puisque la méthode douce se cassait les dents sur ce mur de détresse, Flamme avait décidé de parler dans l’autre sens : tourmenter cette femme jusqu’à ce qu’elle sorte de son deuil.
Se défouler sur cette femme lui occupait l’esprit. Flamme était quelque part en colère, très en colère contre quelque chose, mais ne savait pas contre qui la diriger. Flamme sentit une chaleur dans sa main. L’envie d’expulser une boule de feu prenait son cœur. C’était bien la première fois ! L’enfant du feu s’éloigna de la femme en pleure par mesure de sécurité et pour ne pas avoir l’air de l’agresser (un enfant de onze ans, ce serait comique).

- QUE LE SPECTACLE COMMENCE !

Pour la première fois, Flamme allait réussir ce que Phénix attendait de son élève depuis tout ce temps : réussir un beau dragon de feu ! Un vrai, massive, impressionnant. L’enfant leva son poing vers le haut et dirigea la colonne vers le ciel, lui dessinant une tête et l’entortillant ensuite comme un serpent vivant. Le dragon s’éteignit en s’éloignant du sol dévasté.

Après ça, les forces de Flamme étaient épuisées. Il lui en resta tout juste assez pour s’incliner.

- Je suis pas contre un bout d’pain ou un bout d’fromage.

Puis Flamme tomba de ses jambes, il ne lui restait plus assez d’énergie.

[Conseiller du Feu]

FLAMME

*Les coups de couteau (figuratifs, entendons-nous bien) de Flamme ont le don d'effectivement énerver la dame qui redresse la tête, rouge de colère. Elle pleure encore, mais ce ne sont plus des larmes de détresse.*

-Mais... Mais... Je m'en fous ! Je me fous de ta vie, je me fous de tes expériences, de tes amis ou de ton âge ! Tu n'es qu'un gamin ! Qu'est ce que tu connais à la vie ? Qu'est ce que tu connais à ma vie ? Ce qui m'importe maintenant c'est MA situation ! Tu me proposes des solutions ? NON ! AUCUNE !

*Elle se relève.*

-FOUS-MOI LA PAIX ! Va crever avec ta troupe de comédiens à la con, sale gosse de merde !

*Et là, elle part en courant, laissant Flamme seul avec son spectacle.*