Les terres hostiles

[Aguétiel]

*Iorek reste plutôt de marbre alors que le Nomade est pris d'un effroi sacré.*

-Et que penses-tu que ce soit ?

*Yukan serre son baton-planeur.*

-Pas grand-chose d'autre.

*Il y a également quelque chose d'étrange qui émane de cette forêt. Une très grande puissance spirituelle. Les poils du Nomade se hérissent dans son dos. Il n'a soudain plus envie de survoler l'endroit. Ce serait...irrespectueux.*

-N'oublies pas qu'on n'est pas tapé tout ce trajet juste pour faire du tourisme. Il faut trouver ces satanés fleurs.

-Oui, allons-y.

*Le grand Moine glisse son baton-planeur dans son dos et suit Iorek dans sa descente vers la forêt.*

On va être particulièrement prudent ici. Ce lieu ne doit pas être dérangé. Il est sacré.

[Ermite des vagues]

Avec prudence donc, les deux hommes pénétrèrent dans la forêt. Il y avait un silence presque oppressant, seulement dérangé par le bruit de leurs pas, et le sifflement du vent. Il semblait n'y avoir aucune âme qui vive dans ce lieu, même si le jeune moine pouvait avoir l'impression qu'on les surveillait.

-Surtout, restes près de moi. Tu pourrais facilement te perdre ici, les arbres se ressemblent tous.

Ils continuèrent d'avancer, s'enfonçant vers le cœur de la forêt. Là, un léger bruissement dans un petit bosquet survint. Iorek n'y prêta guère attention, alors qu'un lapin des neiges venait de pointer le bout de son museau. L'animal se faufila dans les pattes du moine, et disparut aussi vite qu'il était apparu. Enfin ça c'est ce que le moine crut, jusqu'à ce qu'il revoit le lapin, plusieurs mètres plus loin, et devant eux. Le plus étrange était qu'il volait dans les airs. Seulement Iorek ne paraissait pas le voir, et fit signe à Yukan de continuer d'avancer. Ils n'étaient plus bien loin maintenant.

Et c'était vrai. Ils parvinrent à un endroit sans pareil et bien étrange. Un lac à l'eau cristalline, entouré d'arbres plus grands que les autres. Là, au pied de chaque arbre, poussaient quelques fleurs, fragiles et belles. Leur couleur était d'argent.

-De quelle quantité as-tu besoin déjà ? , lança Iorek dans un quasi murmure. Même lui ne pouvait rester insensible à la spiritualité qui émanait de ce lieu, et dans son regard luisait l'envie de partir rapidement. Il avait sorti un sac de son attirail, ainsi qu'un couteau.

Quant à Yukan, son regard fut très vite attiré par autre chose que les fleurs. Des animaux étranges devinrent visibles à ses yeux, et tandis que le cartographe coupait les fleurs dont il avait besoin, le même lapin que le moine avait aperçu plus tôt se posa sur son épaule.

Etait-ce à cause de l'animal ? En tout cas, Yukan put voir des images défiler devant ses yeux. Mort et destruction. Il vit l'avatar combattre l'esprit apparu à Hosho, mais aussi d'autres entités, quatre visages masqués, à l'aura terrible. L'un deux avait un casque en forme de tête de loup. Les images défilaient, rapides, et provoquèrent un malaise chez le moine. Surtout que la dernière image fut assez terrible. Il vit les corps déchiquetés d'Azran Yulak et du chef du Pôle Nord, Toruuk Hakan.

[Aguétiel]

*Yukan et Iorek pénètrent dans la forêt. Il fait silencieux. Trop silencieux. Le jeune Moine frissonne, tant l'atmosphère est puissante... Pour l'instant, aucune trace d'un être vivant, même si le Nomade a clairement l'impression qu'ils sont surveillés de loin par une puissance qui les dépasse.*

-Surtout, restes près de moi. Tu pourrais facilement te perdre ici, les arbres se ressemblent tous.

*Ils continuent d'avancer, s'enfonçant vers le cœur de la forêt. Là, un léger bruissement dans un petit bosquet survient. Iorek n'y prête guère attention. Un lapin des neiges venait de pointer le bout de son museau. Le petit animal se faufile entre les grandes jambes du Moine, de sorte qu'il fait un pas de côté, par réflexe. Il sort de son champ de vision. Il sourit avant de regarder à nouveau droit devant lui. Le lapin est là. Sauf qu'il a des ailes, et qu'il vole dans les airs. Il fait des yeux ronds avant de se mettre à les frotter... Ce doit être un esprit, parce que Iorek ne semble pas le voir.*

Par les... esprits...

*L'esprit fait signe de le suivre. L'ambiance se fait de plus en plus sacrée. Ils ne doivent plus être loin du cœur spirituel de la forêt.

Ils parviennent à un endroit sans pareil et bien étrange. Un lac à l'eau cristalline, entouré d'arbres plus grands que les autres. Là, au pied de chaque arbre, poussent quelques fleurs, fragiles et belles. Leur couleur est argentée.*

-Le Lys des Neiges... Enfin.

-De quelle quantité as-tu besoin déjà ? , lançe Iorek en murmurant presque. Il a à côté de lui de quoi couper et récolter les plantes.

-Assez pour faire une infusion pour une vingtaine de personnes.

*Autant compter large.

Quant à Yukan, son regard fut très vite attiré par autre chose que les fleurs. Des animaux étranges devinrent visibles à ses yeux, et tandis que le cartographe coupait les fleurs dont il avait besoin, le même lapin que le moine avait aperçu plus tôt se pose sur son épaule.*

-Hein ?

*Yukan regarde l'esprit. Il n'a pas l'air agressif. Mais bien vite, le Nomade est pris de visions.

Il voit des images défiler devant ses yeux. Mort et destruction. Il voit l'avatar combattre un homme aux yeux rouge hallucinés. Quatre personnes, à l'aura terrible. L'un d'eux porte un casque de guerrier des tribus. Etrange. Très ancien., Les images défilent rapidement. Il commence à se sentir mal. Sa tête tourne. Il est pris de nausées, avant de subir un dernier coup, terrible. La dernière image qu'il est voit est deux corps déchiquetés. Azran Yulak et le chef du Pôle Nord, Toruuk Hakan.*

-AAAAARH !

*Crie le Moine en se prenant la tête entre les mains. Faut dire aussi que ce genre de trucs n'est pas particulièrement agréable, surtout lorsqu'on est né dans une culture parfaitement pacifiste.*

[Ermite des vagues]

Tout à sa cueillette des lys des neiges, Iorek ne s'aperçoit du malaise du jeune moine que..quand il se mit à crier ! Là, il se retourna aussitôt vers lui, le regard interrogateur et perplexe. D'autant que Yukan avait l'air bien secoué.

-Qu'est-ce que tu as ? Tu as mal quelque part ?

Bah oui, après tout, le maître de l'air se tenait la tête entre ses mains. Une migraine peut-être ?

[Aguétiel]

*Yukan jette à Iorek un regard halluciné; comme un gars qui vient de voir la mort en face. Il ne lui dit rien. Il ne fait que plonger ses yeux gris-bleu perdus dans ceux du cartographe.*

[Ermite des vagues]

-Là, tu me fais peur, gamin, fit-il, l'air grave, en le fixant.

Et il y avait quelque chose dans le regard du moine, qu'il reconnaissait, et qui le troublait réellement.

-Allez, dis quelque chose bon sang !

[Aguétiel]

Iorek s'inquiète pour le jeune Moine roux.

-Là, tu me fais peur, gamin, fait-il, l'air grave, en le fixant.

*Yukan ne répond pas. Il est encore trop choqué par ce qu'il vient de voir. La vision est encore trop présente dans son esprit.*

-Allez, dis quelque chose bon sang !

*Yukan fixe les yeux bleus de Iorek et dit:*

-Pute.

*En toute bonne foi, avant de s'évanouir.*

[Ermite des vagues]

Si le "pute" resta en travers de la gorge de Iorek, ce dernier ne laissa pas le jeune moine longtemps sur le sol, et se retint même de lui asséner une bonne claque pour le réveiller, et lui tirer les vers du nez. La violence ne l'aiderait pas à savoir ce qui avait mis le jeune homme dans un tel état.

Il regarda la forêt autour de lui, inquiet et convaincu qu'il fallait reprendre la route et revenir vers la civilisation. Il installa le moine, toujours inconscient, dans le traîneau. Par acquis de conscience, il vérifia si ce dernier n'avait pas de la fièvre. Au moins, ça aurait été une explication plausible, mais non.

Il flatta le flanc de son elk, toujours aussi soucieux. Si l'allé avait été délicat, le retour le serait encore plus. Un seul traîneau, avec un seul elk, son fidèle Brââm, et l'impossibilité pour eux de passer par le défilé entre les montagnes. Heureusement que notre homme n'était pas à cours de ressource. Ils allaient longer les montagnes, en se dirigeant vers le sud est, vers les côtes et l'océan, et de là, ils regagneraient la périphérie. Ce n'était pas le chemin le plus court, mais Iorek n'avait guère le choix.

La forêt s'éloignait d'eux, et Iorek ne ménageait pas Brââm. Et il gardait un oeil attentif sur le moine, prêt à l'interroger dès qu'il se réveillerait. Le soleil était bas dans le ciel, et dans quelques heures, le cartographe serait forcé d'installer le campement.

[Aguétiel]

*Yukan se réveille après quelques heures. Il se prend la tête entre les mains.*

-Oh ma tête.

*Il est assis à l'arrière du traîneau de Iorek. Encore. Combien de fois va-t-il devoir la vie à ce vieux bourru ?*

-Que s'est-il passé ?

*Cette question, il ne l'adresse à personne en particulier. Mais elle devrait faire réagir Iorek.*

[Ermite des vagues]

C'était un Iorek pensif et grave qui se tourna vers le jeune moine.

-Tu m'as insulté et tu t'es évanoui.

Son regard se fait plus insistant sur Yukan :

-Tu te souviens de ce qu'il s'est passé dans la forêt ?