Les portes

[Halda]

*Halda ouvrit les yeux. Il s'était encore endormi, mais cette fois-ci, c'était contre une caisse en bois, et inutile de dire qu'il avait mal au dos. Il décida donc d'aller prendre l'air sur le pont, pour se dégourdir un peu. Effectivement, passer plusieurs jours sur un navire marchand, c'était pas super confortable. Il ouvrit la porte, et sentit l'air glacé lui fouetter le visage.*

Hé bah, mais qu'est ce qu'il se passe ici ?, pépia-t-il.

*Un mur de glace gigantesque et lisse barrait effectivement la route du navire. En son centre, on pouvait voir le symbole des tribus : un croissant de lune veillant sur des flots tumultueux, le tout harmonieusement réparti dans un cercle parfait.*

Est-ce que ça veut dire qu'on est enfin arrivé ?, demanda -de la voix molle et niaise des gens qui venaient de passer une sale nuit- le jeune homme à un membre de l'équipage.

Mmmph, fit l'homme qui n'avait pas l'air de vouloir perdre son temps en répondant à des questions idiotes.

*Un passage s'ouvrit dans la muraille, et le navire s'y engouffra. Ils arrivèrent ensuite dans un sas étrange : une sorte d'écluse où des maîtres de l'eau se chargeaient de mettre l'embarcation au niveau des eaux de la cité. Ils finirent ensuite par accoster contre un des quais de glace.
Le voyage avait été long, et Halda ne tenait plus en place. A peine débarqué, il remercia le capitaine du navire, puis disparu dans l'agitation du port.*

Je ne sais pas trop où je vais dormir, mais j'imagine que de là jusqu'à... Il regarda sur sa carte où il avait des chances de trouver un professeur . ..la maison des maîtrises, je trouverai sûrement où dormir !!

*Il n'était qu'à moitié impressionné par la ville, car il y avait vécu dans les premières années de sa vie. Il ne fit pas attention, non plus, aux regards amusés de certains habitants qui avaient presque un peu de pitié pour ce touriste qui louchait sur une vieille carte des lieux afin de ne pas se perdre. Le trajet était long, mais il avait toute la vie devant lui, en fait.*

[Ermite des vagues]

Donc oui, alors que tu as le regard rivé sur ton plan, tu suscites un léger intérêt de la part des habitants. Mais léger, parce qu'ils ont quelques peu l'habitude maintenant, de voir débarquer des touristes chez eux. Même si tu es natif d'ici et que cela n'échappe pas à leurs regards non plus. Et sans incident, enfin à part les quelques fois où tu as failli te perdre, la capitale du Nord ayant évolué, et ses rues et canaux aussi, tu parviens à ton but : La maison des maîtrises de l'eau

[Tengu]

Le bateau passe à travers le tunnel de glace avant de déboucher sur le port de la cité. Celui-ci s'amarre alors que la foule commence à se mouvoir du descendre du navire.

La froideur glacée lui picote les joues malgré que celle-ci son emmitouflé dans sa capuche. L'eau et le froid n'ont jamais été ses meilleurs amis. Aussi son première arrêt, il s'en servirait pour aller s'habiller plus chaudement. Se mêlant à la cohue, il passe le contrôle de sécurité en parfait anonyme avant de rejoindre la cité mais surtout son quartier marchand.

[Ermite des vagues]

Après quelques jours en mer, le navire du chef du Pôle Nord revenait enfin chez lui. Son retour avait été précédé par les rumeurs de ce qu'il s'était passé à Hosho, et une foule importante était sur les quais.

Sur le pont, Toruuk Hakan attendait de pouvoir débarquer. Ses enfants étaient à ses côtés. Ainsi que les membres du Conseil qui les avaient accompagné pendant ce voyage. Quelques gardes royaux étaient aussi là, alors que les matelots maîtres de l'eau manœuvraient l'imposant navire. Bientôt, il se stoppa, et les amarres furent attachées.

Sauf qu'alors qu'ils s'apprêtaient à débarquer, un garde royal s'approcha du chef de guerre et lui glissa quelques mots, qui firent hausser les sourcils de l'homme.

-Un souci ? , l'interrogea le chef du Pôle Nord.

-Pas vraiment, mais les gardes viennent de trouver un passager clandestin caché dans la cale.

Devant l'air encore plus interrogatif de Toruuk, il continua :

-Un enfant.

-Amenez-le ici, ordonna alors le chef du Pôle Nord, Mais sans brutalité.

Et c'est ainsi que Flamme arriva sur le pont, entre deux gardes. L'un d'eux lui donna même son manteau, parce que l'enfant n'était pas vraiment habillé pour le climat rude du Pôle. Et en voyant le gamin, les enfants du chef du Pôle Nord le reconnurent eux. D'ailleurs, Yuuna lui sauta presque au cou. Depuis que sa nourrice l'avait quitté, la jeune princesse avait fait montre de son vilain caractère, mais là, elle semblait vraiment contente.

-Tu es venu, c'est trop bien !

Si Flamme jetait un regard aux alentours, l'enfant pouvait voir le sourire de Kenaï, et apercevoir également une masse de cheveux rouges un peu plus loin.

[Flamme]

Précédemment (le port d'Hosho)

Flamme (35) Un intrus connu

*Flamme émergea dans la lumière du jour et le froid mordant du matin. Ses espérances de faire le voyage dans la plus grande discrétion étaient à l'eau. Serrant le manteau trop large autour de ses frêles épaules, le passager clandestin réfléchissait à la situation. Au moins s'agissait-il du bon bateau, ce qui aurait compliqué les choses il faut le dire. Flamme reconnut quelques têtes connues, le prince qui parlait au marin, le boudeur à tête de traître et...*

- Tu es venu, c'est trop bien !

*La petite chipie et sa glace au chocolat. Elle semblait contente de voir sa bouille, du coup Flamme sourit aussi et lui frotta amicalement les cheveux.*

- Voui, chuis venu, 'paraît qu'y a des esprits au pôle nord. Je voulais voir et voir de la neige aussi !

*Curieux concept que la neige, encore plus curieuse l'idée de risquer sa peau pour en voir. Mais quel était le nom de la princesse déjà ? Flamme n'avait pas de doute sur sa royale ascendance : elle n'avait pas l'air différente du prince avéré. Celui-là même lui souriait en encouragement. Mais du coup c'était peut-être le seigneur du pôle nord que l'enfant avait en face, si tant est que les tribus de l'eau aient des seigneurs.*

- Bonjour m'sieur ! *lança Flamme du ton guilleret de l'inconséquent, ayant oublié combien on se pelait sur ce pont et que les gardes n'étaient pas là pour faire joli. Ses yeux finirent par voir une touche de couleur rouge – l'unique à bord – en la personne de dame Lyanna. Elle ne s'y attendait pas, revoir le comparse ! Flamme lui aurait bien sauté au cou si elle l'y avait invité mais la partie semblait sérieuse et le coup était toujours à l'homme en face.*

[Gwlaglus]

Bien que la jeune femme gardait son regard rivé sur les rivages blancs et froids du Pôle Nord qui s'approchaient de plus en plus, son esprit était encore ailleurs. Elle repensait à ces derniers jours. La fête d'Hosho lui avait laissé un sentiment amer ; ce qui aurait du être un moment joyeux et festif s'était transformé en cauchemar, il y avait des morts, des blessés, à cause de cet esprit, et si les jours suivants, la fête n'avait pas été annulé, la joie affichée n'avait été qu'apparence. Les dirigeants des Pôles et de la Nation du Feu s'étaient affichés unis, mais au niveau des peuples, il restait une fracture plus ou moins marquée. Lyanna ne l'avait pas éprouvé particulièrement, elle était restée la majeure partie de son temps avec Kenaï, qui comme les autres enfants du chef du Pôle Nord, avait vu sa liberté de mouvement un peu réduite, leur père n'avait pas voulu prendre de risques, même si le danger sur l'île avait été écarté. Pour le coup, elle enviait Magena et Amarok, et regrettait presque de ne pas être partie avec eux. Ils allaient parcourir au moins une partie du monde, pour rechercher le père de Magena, et ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient. A cet instant, ils devaient être toujours à la Nation du Feu.

Lyanna soupira légèrement. Finalement, Hosho n'avait pas été ce qu'elle espérait, Mais elle avait néanmoins réussi à rencontrer des membres de la famille de son grand père maternel. Elle était tombée sur eux un peu par hasard, en se promenant sur la plage d'Hosho à la tombée de la nuit. Elle aurait pû ne pas les voir, elle ne les connaissait pas, et les quelques clichés que son grand père lui avait montré de sa famille dataient de plusieurs années. Mais sur la plage, elle avait vu un homme âgé, mais plus jeune que son grand père, qui lui fit justement penser un peu à ce dernier. Un air de famille indéniable. Il était accompagné de sa femme, et d'un de leur enfant. Et Lyanna n'avait pas hésité à aller vers eux, et avait été plutôt soulagé de ne pas s'être trompée. Ils avaient discuté un peu, partagé quelques souvenirs, à la table d'un petit bar sur la plage. Et la jeune femme avait du coup hâte de revoir son grand père, pour lui raconter tout ça.

Un vent glacial la ramena à l'instant présent. Leur navire s'était stoppé devant les grandes portes de la capitale, attendant qu'elles s'ouvrent, pour y entrer. Ce qui ne fut pas long, et avec la dextérité des maîtres de l'eau, le bateau arriva bientôt à son quai. Accoudée au bastingage, Lyanna se mit à rechercher ses parents, et son grand père, parmi la foule importante rassemblée là. Sauf qu'elle ne les trouva pas, à cause d'un incident sur le pont. Avec surprise, elle vit arriver deux soldats, qui encadraient un enfant. Il ne lui fallut guère de temps pour reconnaître Flamme, ce gamin rencontré pendant leur premier jour sur Hosho. Le chef de guerre lui faisait face, et parce que Lyanna connaissait le caractère de Kharstak, elle se rapprocha, sans s'interposer pour le moment. Mais elle lança un regard à l'enfant, comme pour lui dire de ne pas s'en faire.

[Toruuk Hakan]

Le chef de guerre commençait à s'avancer vers l'enfant, quand Toruuk Hakan le stoppa. Au vue de la réactions de ses enfants, et tout particulièrement de sa fille, ce petit clandestin n'était pas un inconnu, et craignant que Yorko Kharstak ne l'effraye, il prit les choses en main, et se baissa un peu pour être à la hauteur du petit chenapan :

-On ne va pas te manger, détends-toi. Mais comment t'appelles-tu ? Et que fais-tu là ?

Entre temps, un marin vint les prévenir qu'ils pouvaient maintenant descendre sur les quais. En bas justement, des soldats attendaient, tout en assurant la sécurité.

[Flamme]

Flamme (36) toujours à se faire remarquer

*Dame Lyanna l'avait bien vu mais ne se permit pas de venir le rejoindre comme l'avait fait la princesse. Celle-ci ne lâchait pas prise d'ailleurs. Un homme à stature imposante s'approcha dangereusement de Flamme sentant instinctivement qu'il était soldat – et haut-gradé. Il fut interceptée par un homme qui lui semblait supérieur. Flamme le détailla de ses boucles d'oreilles jusqu'à ses bottes : il était riche. Celui-ci parla d'une voix douce et apaisante. Flamme répondit avec tout l’aplomb qui lui était coutumier.*

-Vous me mangez pas ? Z'avez tord, je suis de la viande très croustillante et tendre à la fois ! M'appelle Flamme et en-fait-tout-a-commencé-quand-j'ai-débarqué-à-Hosho-j'ai-vu-Dame-Lyanna... Et-l'prince. Et-y-avait-un-marin-qu'y-a-vu-l'île-Blanche-puis-j'ai-mangé-d'la-glace-'vec-elle (c'est quoi ton nom, déjà ?) puis j' lui ai promis que j'viendrais et voilàààà... ! J'ai pris l' bateau parce qu'y avait pas d' bête volante ! Vous êtes seigneur ?

*Le clandestin n'a pas froid aux yeux, n'est-ce pas ? Par vengeance, un vent glacial ébouriffa ses cheveux bruns à reflets rouges. Flamme se remit à grelotter, serrant son manteau plus fort . L'enfant réalisa à quel point son ventre gargouillait, son dernier repas chapardé dans les cales remontait à quelques heures déjà. La neige se mange peut-être ? Ce serait intelligent puisqu'il y en avait en abondance ici...*

[Toruuk Hakan]

Le gamin avait du cran, et le flot de ses paroles fit sourire le chef du Pôle Nord. Il ne lui répondit pas tout de suite, mais lui fit signe d'avancer. Car Toruuk Hakan avait hâte de toucher le sol de sa terre natale, et il lui fallait aussi rassurer son peuple, que les rumeurs d'Hosho avaient du atteindre. Et il ne s'y trompait pas, puisque alors qu'il descendait vers le quai, il put voir des visages d'abord inquiets, qui scrutaient ce qui se passait sur le pont du navire, puis soulagés en le voyant descendre, lui et ses enfants. De là où il se tenait, il entendit même des « Loués soient les esprits, ils sont tous de retour ! ».

Sourire aux lèvres, il se tourna alors vers Flamme, lui donnant enfin les réponses qu'elle voulait :

-Je dirige ces lieux, oui, et, il désigna alors ses enfants, dont une Yuuna qui ne lâchait pas Flamme, lui racontant même qu'elle mangerait bien encore une glace avec elle, tout en lui rappelant comment elle s'appelait, Ce sont mes enfants.

Ils atteignirent alors le quai, sous les acclamations de la foule. Toruuk Hakan les salua en retour, mais il ne voulait pas s'éterniser ici, mais rejoindre le Palais. Il avait déjà prévenu les membres de son conseil qui étaient restés au Pôle de venir immédiatement. Il fallait qu'il les informe de ce qu'il passé sur Hosho. Mais il n'en oublia pas Flamme.

-Tes parents doivent être morts d’inquiétude, non ?

-Elle peut venir avec nous ? , l'implora alors sa fille.

Aussitôt, il y eu un échange de regard entre Toruuk Hakan et son chef de guerre. Ce dernier semblait désapprouver l'idée, même s'il ne s'agissait là que d'un enfant. Mais ce fut Toruuk qui prit la décision :

-Pour aujourd'hui seulement.

En temps ordinaire, le clandestin aurait été conduit à la caserne, enfermé, et interrogé. Une procédure que le chef du Pôle Nord rechignait à appliquer à ce cas précis. Et sa fille avait retrouvé le sourire qu'elle avait perdu depuis le départ de son nourrice. Il allait devoir lui en trouver une autre d'ailleurs. Son regard s'arrêta un instant sur Lyanna. Avant de se dire que non, elle ne conviendrait pas pour cette tâche, d'autant que Yuuna ne l'appréciait pas trop. Il ne savait pas pourquoi, mais s'il avait connu la raison, la jalousie de sa fille, envers cette jeune femme beaucoup trop proche de Kenaï, il en aurait bien ri. Mais il se tourna vers son ami, Kharstak :

-Tu as décidé de l'intégrer à l'armée, alors ?

-La dernière fois que j'ai évoqué ce sujet avec elle, elle m'a encore dit non. Elle a un sacré tempérament. Je vais la laisser tranquille pendant quelques jours. Après Hosho, vu son caractère, et son besoin d'action, je doute qu'elle décide de reprendre son emploi de serveuse définitivement. Elle va s'ennuyer. Et, au pire, j'enverrai son ami le garde royal pour la convaincre.

Tout en discutant, le petit groupe arrivait en vue de la place centrale et du palais de l'eau.

Suite

[Ermite des vagues]

Ce matin là, les soldats de faction aux Portes virent arriver un navire à toute vitesse. Ils l'identifièrent bien vite comme le bateau personnel du chef des Tribus des Peaux Bleues, son emblème était peint sur la voile, et la présence de maîtres de l'eau à bord étaient avérés par la vitesse de pointe du navire. Vitesse qui revint à la normale, quand le bateau approcha des portes qui s'ouvrirent devant lui.

Sur le pont, Azran Yulak était sur le pied de guerre. Il avait attendu que le capitaine dont le navire marchand avait fait "naufrage" près des côtes de son île se remette un peu du choc, pour partir. Mais sa patience avait été telle qu'il n'avait attendu qu'une journée, et n'avait même pas pensé à prévenir la Capitale de sa venue. Mais l'affaire était trop grave pour qu'il laisse passer plus de temps.

Devant les soldats qui l'attendaient sur le quai, il signifia seulement qu'on devait le conduire au Palais au plus vite, et que si l'on pouvait prévenir en même temps le chef de guerre, ce serait encore mieux ! Les soldats l'escortèrent donc lui et sa suite, dont le pauvre capitaine qui posait des regards méfiants un peu partout.