MESSAGE TEMPORAIRE
/Puis tout s'arrête, te laissant pantelant, hors d'haleine. C'était la première fois que des souvenirs aussi clairs te revenaient en mémoire./Haletant tel un animal, il secouait la tête pour reprendre ses esprits, et se tournait vers le ciel. La sueur perlait à grosses goûtes sur son visage. Il se repassa de l'eau sur le visage et s'appuya sur le rebord du puits, pris d'une toux qu'il étouffa avec son avant-bras.
« Qui était cette femme... Sura... ce nom m'évoque au-autre chose et... qui étaient ces hommes qu'est-ce que... »- hurk …La migraine le prit soudain. Les mêmes images revenaient en boucle, qui disparaissaient en laissant de vagues images... puis elles cessèrent.
Il finit par rentrer dans la boutique, pour vainement tenter de reprendre des forces. Ces visions l'avaient épuisé, son visage avait pallie, son teint était laiteux. La propriétaire s'était retrouvée à servir les clients. Il lui fit un signe de tête, et reprit le service sans dire mot.
- Je peux vous resservir ? demanda-t-il en arrivant à hauteur d'un client en fond de salle.
L'homme acquiesça par un léger signe de tête. Aren lui servit une nouvelle tasse, et pris soin de déposer la théière.
- Je peux vous servir autre chose ? continua-t-il d'un air qui se voulait, il s'y efforçait, chaleureux.
Ses pensées étaient assaillies par les paroles du patriarche et de la gérante. Tout se mélangeaient dans sa tête, et les visions n'avaient rien arrangé. Elles étaient encore confuses à ses yeux. La discussion avec l'homme prit fin, et il repartit voir la gérante ; il avait une discussion qu'ils avaient débuté tantôt à terminer.
- Je remplirais l'eau avant de partir. Il fit une pause avant de reprendre.
Ce que vous m'avez dit, se faire apprécier, tout ça... c'était pas utile. Je ne vois pas comment je pourrais leur paraitre moins agressif.Sourire, c'était le conseil donné par la propriétaire. Il n'y arrivait pas, pas encore malgré tout ses efforts, mais son visage qui s'était rigidifié, à se rouiller pendant tout ce temps commençait à grimacer. Il avait plus progressé en un jour de travail à la boutique qu'en des mois passé à s'entrainer au dojo. Quelque part en lui, il le comprenait. Son insertion sociale commençait maintenant.
/-T'en poses de ces questions, mon gars ! Tu le fais déjà. Te prends pas trop la tête avec des questions. On n'obtient que rarement les réponses qu'on attend et cela ne fait qu'en amener d'autres. Il faut vivre dans la réalité, pas avec des questions. Allez, range la boutique. On va pas tarder à fermer./Il s'inclina pour seule réponse, puis s'affaira au rangement de la boutique, passant un dernier coup pour la poussière avant de reprendre son chaperon, son étoffe et d'emprunter la porte en silence après une dernière courbette au propriétaire.
Les rues en cette heure tardive s'étaient vidées. La neige encore marquée par les nombreux passages de la foule avait perdu sa couleur opaline d'origine, s'accordant avec un ciel ombragé et couvert de ces même nuages noirs des fabriques d'acier. Aren progressait lentement à travers la ville, parcourant les ruelles, traversant les venelles et les places, avant de finalement tomber sur une auberge.
Il y prit une chambre, déposant bien plus qu'il ne le fallait sur le comptoir, le chasseur ne savait visiblement pas vraiment compter - ou du moins pas plus que jusqu'à dix . Il se rendit dans sa chambre pour y déposer ses affaires. Celle si était très modeste meublée : un simple lit équipé de quelques couvertures pliées à ses pieds, et une commode. Il ne fallait pas plus. Dormir... un moment de calme et de repos vengeur pour la majorité des gens.
Seulement ce n'était pas aussi simple pour Aren. Ses nuits étaient agitées, son sommeil entrecoupé de cauchemars et de visions. Son passé semblait vouloir refaire surface. Un passé qui depuis son enfance le terrifiait. À son grand dam il ne dormait guère que quatre heures par nuit, trente minute par ci, quarante-cinq minutes par là. Quand ses nuits n'étaient pas interrompues.
Il décida de prendre son repas : quelques boulettes de riz préparées avec quelques ingrédients divers le contenterait, lui apportant suffisamment de calories et autre protéine pour tenir une demi-journée. Une fois qu'il eut terminé, il tira l'une des couvertures dont il se couvrit les épaules, s'assit contre un mur, et s'endormit sous la fatigue de sa rude journée.
Les cauchemars ne se firent pas prier. Les visions étaient désordonnées et glauques. Des visages effacés. Des rivières de sang. Des cris résonnaient dans sa tête.
Maman !!Cette nuit encore, son sommeil fut perturbé. Il se réveillait, tenant sa gardce, prêt à se battre. Mais rien... aucune ennemi n'était là. Si de l'eau avait été présente dans la pièce, sa maîtrise aurait assurément fait surface pour taillader les murs et les meubles. Il s'approcha de la fenêtre. Il voulait partir et se changer les idées, mais il se souvint qu'emprunter la porte était plus urbain. Il finit par sortir sans un bruit, telle une ombre.
Il vagabondait dans les ruelles, pour passer le temps il faut dire car il n'y avait pas grand chose à faire. Il s'engouffra dans les quartiers populaires qui menaient au port. Une marque étrange à la peinture bleue recouvrait une façade. Elle aurait pu attirer son attention s'il avait su lire, néanmoins il poursuivit son chemin et finit par arriver sur les docks d'un petit fleuve qu'emprisonnait la ville. Il y fit halte, se posa devant, les pensées fuyantes, en regardant la lune.
Trois ombres se muèrent dans les ténèbres. Apparemment, un homme seul et frêle n'était pas tout à fait en sécurité dans ses lieux avilis...