par Nefer » Dim 18 Sep 2016 11:25
#-Un nom ? Pffff ! Une chose serait-elle différente si on l'avait appelée autrement ? Une rose appelée "shtouma" par exemple, deviendrait soudain autre chose qu'une rose parce qu'on l'appelle différemment ? Le nom est une construction humaine. Je suis ce que je suis, et vous êtes ce que vous êtes. Un être ou une chose ne peut être réduit à un nom seul !#
*Bien sûr les mots étaient une construction humaine et ils ne pouvaient changer la nature profonde des choses et surtout des objets. Une rose était une rose qu'elle se nomme "shtouma" ou "rose".
Pour autant Cahaya ne partageait pas entièrement la vision du nomade. Bien qu'il existe, il va de soi, de multiples façons de communiquer, elle qui vivait avec son chat le savait, les mots étaient celle des humains et avaient de fait, pour eux, leur poids et leur importance. Ainsi si celui qui utilise le mon "rose" verra sûrement cette fleur comme noble et belle, celui qui la nomme "shtouma" ne la considérera peut-être que comme une banale fleur. Si cela ne change certes pas la nature d'un objet il change son statut dans le regard humain. Et puis Cahaya avait l'intime conviction que les mots avaient une influence plus grande encore pour les humains eux mêmes.
Un prénom selon le lieu et l'époque pouvait faire vieillot ou jeune. Les gens selon leur culture et leur vécu pouvaient avoir des avis subjectifs positifs ou négatifs sur un prénom. Ils n'abordaient pas l'individu face à eux de la même façon en fonction de ce prénom. Et d'ailleurs en choisissant un prénom les parents eux mêmes y projetaient inconsciemment ce qu'ils désiraient que soit leur enfant à l'avenir.
Cahaya était convaincue que le prénom qu'on portait avait toujours une part, aussi infime soit-elle, dans la construction et la personnalité d'un individu.
Mais à vrai dire pour l'heure elle était trop fatiguée et affamée pour philosopher sur la valeur des mots et leur poids. Elle garda donc pour elle ses pensées et se contenta de répondre.*
Certes, mais pouvoir nommer quelqu'un c'est tout de même pratique pour converser avec lui. Ou l'interpeller autrement qu'en disant "Hé machin". Vous même vous nous avait appelé par nos prénoms lors de notre arrivée.
*Elle n'épilogua pas plus, et ne chercha pas d'avantage à connaître le nom de leur étrange hôte. Elle s'installa à table, véritablement reconnaissante envers l'individu pour son accueil et son repas au fumé si délicat.*
#-Tout est dans Tout. Nous nous imaginons dans notre arrogance que nous sommes des êtres extraordinaires parce que nous pouvons parler et écrire. Mais ce n'est pas la seule façon de créer du lien. Nous sommes tous partie intégrante du Tout, de l'Univers. Cette forêt également en fait partie. Il suffit juste de savoir écouter ! Quant à son aspect menaçant, ce n'est que le reflet de l'état actuel de notre monde. Ou en tout cas, c'est ce que vous, vous y avez vu.#
Un Tout...*murmura Cahaya songeuse. Inconsciemment cela lui rappela la conception de la médecine des Tribus de l'eau. Pour eux il ne fallait pas se contenter de soigner une blessure ou une douleur à l'endroit ou elle se manifestait mais prendre le corps dans son ensemble et agir sur lui dans son entier, car l'être est un Tout.
Si les organes d'un être vivant sont tous reliés entre eux et doivent être vu comme un Tout, il était facile d'élargir cette vision. De comprendre que l'humain comme ses organes n'est pas esseulé et fait lui aussi parti d'un Tout plus large.
Elle opina du chef.
Je vois. Mais alors...Vous voulez dire que la forêt réagit à notre "vision du monde"? Ce peut-il que nous soyons si sombre et sans espoir?Que devons nous faire?
Lin, Shloka, Cahaya & Savant
Lin, Shloka, Cahaya, Savant, Yukan et Jigme