La Toundra

[Iburi]

-Mmh ...

*Iburi continuait de fixer le ciel étoilé en faisant tournoyer son pied nu dans le vide.*

-T'arrives pas à dormir ? Un truc te tracasse ? Tu sais ce que je fais dans ces cas-là ? Je me pose, et je regarde les étoiles...

*L'ermite souriait en caressant derrière sa tête le petit ourson endormi.*

-J'ai toujours trouvé ça joli à regarder puis ça aide à se détendre. Méditer sur le sens de la vie toussa toussa.

*Il fut prit d'un sourire désabusé.*

-Les humains ne prennent finalement jamais le temps de se poser. Toujours dans l'action, comme un désespéré qui se noie dans une mer déchainée ... Alors que parfois, faire la planche suffit ...

*Le maitre des glaces soupire.*

-Parce que sans déconner, même un aveugle pourrait voir que t'es tracassé comme jamais. Même moi tu pourrais me bousiller mon transit, c'est dire ! Prends un thé et détend-toi !

[Guru givré]

EYRAN

-T'es pas bien causant, mon gars.

La vieille alla farfouiller dans des petits pots, les jetant sans ménagement par-dessus son épaule quand elle les identifiait comme inadéquats puis elle se releva enfin, faisant craquer son dos. Elle te donne un petit pot en os contenant un onguent à base de graisse de phoque et d'herbes médicinales.

-Mets-en régulièrement sur tes engelures, ça calmera la douleur, les protégera et aidera ton corps à se réparer. Lésine pas sur la dose, hein ! Tu as la figure bien abîmée, faudrait pas que tu ressembles à ton grand-père, hein !
-Que le Loup t'emporte, vieille bique ! Ce p'tit n'est pas de moi, voyons ! Je l'ai trouvé face dans la neige en revenant de ma chasse.
-C'est ça, c'est ça ! Et c'était quoi la dernière fois ? Un petit garçon venu de nulle part qui tombait du ciel ? Et ben tiens, qu'est-ce que tu faisais dans la Toundra, toi ? Tu cherchais la mort ?

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DARIO

-Je doute que vous compreniez où je veux en venir, l'ami. Tout d'abord, c'est le général, en chef, des armées du Pôle Sud. Il ne négocie pas, ou alors c'est à vos dépends. Ensuite, oui, il y a une garde postée ici. Et il est possible d'envoyer un message par leur intermédiaire. J'ignore où se trouve précisément Taïga Namra, mais il est certain qu'il sera intéressé par vos informations.

La femme médecin leva les bras au ciel.

-Ce sont vos vies après tout. Cette décision ne me revient pas. Je me charge transmettre le message à la garde. En attendant une réponse, profitez-en pour vous reposer et reprendre des forces. Il semble que vous en aurez besoin. L'hospitalité est notre fierté.

Ina sortit, un peu dépitée.

-Eh bien, dans ce cas. Vous pouvez venir dans mon auberge ! Ce sera bien plus confortable ! Qu'en dîtes-vous ?

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IBURI

Il n'en fallut pas plus à Marashi pour bondir, blême de rage.

-Tracassé ? Tra-cassé ? Je suis mort d'inquiétude pour les miens ! Pauvre andouille ! Il est facile de prôner une vie posée et tranquille quand on n'a aucune attache et aucune responsabilité ! Comment pourrais-tu seulement comprendre ce que je vis ?! As-tu seulement perdu quelqu'un de cher dans des conditions aussi tragiques et injustes ? As-tu seulement été persécuté par quelqu'un qui ne comprend que la violence et l'oppression alors que tu ne lui as rien fait de mal ?

Bon, ben, s'il y en a qui dormait, ce n'était plus le cas.

[Iburi]

*Les hurlements de Marashi en viennent même à réveiller en sursaut le pauvre petit bébé ours polaire qui grogne de mécontentement tandis qu'Iburi se redresse. L'animal ensommeillé vient se placer sur les genoux après avoir jappé contre Marashi.*

Il est vraiment taré c'lui là ...

*Iburi, très calme, caresse d'une main distraite l'animal en regardant Marashi avec de grands yeux.*

-La vie est tragique et injuste. T'as pas fini de geindre ?

*Il continue de caresser l'animal.*

-Je parcours la toundra depuis très longtemps et j'ai déjà vu la mort à de nombreuses reprises. Mais même si je n'étais pas attaché personnellement à toutes ces ames, chacune de leur perte était un drame à mes yeux.

*Iburi donne une petite tape sur les fesses de l'animal qui saute hors de ses genoux, l'ermite se relève en s'étirant.*

-Car vois-tu, petit abruti, une vie vaut... Une vie. Rien de plus rien de moins. Le fait que tu sois attachée à une personne n'agrandit pas la valeur de sa vie.

*Iburi pointe l'animal du pouce.*

-Tu ne vaux pas plus que Polar, ni que moi. Ni que chacun des hommes derrière-nous. L'avatar elle-même ne vaut pas plus que toi.

*Iburi croise les bras.*

-C'est triste, parce que j'ai cru comprendre que tu guidais ta tribu, mais t'es complètement aveuglé par ta peine... Tu condamnes la femme-loup sans même chercher à comprendre ses motivations. Pour lui avoir causé, la bougresse est certes une sacrée tête de mule, mais pas mauvaise. Si elle agît de la sorte. C'est qu'elle a ses raisons. Après je pardonne pas ce qu'elle a fait hein ! On est d'accord, faut que ça s'arrête, mais avant de vouloir zigouiller tout le monde à tour de bras, si une solution intermédiaire peut être trouvée, autant qu'elle le soit pas vrai ?

[Eyran]

Eyran attrapa le petit pot, l'odeur nauséabonde qui s'en échappait força le jeune homme à l'éloigner de son visage.

/Dieu que cette chose sent mauvais... Immonde./

« [...] -C'est ça, c'est ça ! Et c'était quoi la dernière fois ? Un petit garçon venu de nulle part qui tombait du ciel ? Et ben tiens, qu'est-ce que tu faisais dans la Toundra, toi ? Tu cherchais la mort ? »

Les mots de la vieille femme tournèrent et retournèrent dans son esprit, il réfléchit alors quelques secondes avant de répondre :

-J'essayais plutôt de fuir la mort... Enfin, c'est une histoire compliquée, j'étais un peu perdu et je n'avais nulle part où aller, alors j'ai marché droit devant moi.

Le mot "perdu", sortant de sa propre bouche, provoqua chez lui un léger sentiment de mal-être, pendant une seconde, il lui sembla que ses jambes allaient le lâcher, puis il se reprit. Peut-être n'était-ce que la faim.
Quoi qu'il en fut, le jeune homme décida qu'il devait quitter cet endroit au plus vite, les senteurs d'huile le mettaient mal à l'aise.

Eyran recule en direction de la sortie de l'igloo, courbant la tête en signe de remerciement.

[Guru givré]

IBURI

Ses poings irrémédiablement fermés tremblèrent tandis que Marashi ne gratifia la "leçon" de l'énergumène que d'un regard noir.

-Nous verrons bien.

Ce fut tout. Et il retourna sous sa tente, non qu'il allait mieux dormir maintenant que la colère l'habitait. Mais il voulait être seul, seul et loin du disciple de Gondhôl. Car il avait eu l'impression d'être en présence du guru pendant qu'Iburi abandonnait quelque peu son insouciance et sa bonhommie. Il s'endormit avec l'image de deux yeux marrons au regard assassins.

Le lendemain, Major Bob, en tête, ils trouvèrent le campement de sa tribu. Ils allaient gagner les terres où passer l'Hiver. Ils furent accueillis chaleureusement, et avec un soulagement avéré.

-Marashi ! Tu es revenu !
-Loués soient les esprits ! Tu nous as rapporté de l'aide !
-Oui, ces hommes sont des manteaux blancs. Ils évalueront la situation et tenteront de trouver une rapide solution. N'est-ce pas, Major Bob ?
-C'est exact !

Des murmures d'approbation et des acclamations fusèrent dans la foule constitués de la Tribu de l'Elk. Peu après, ils furent invités à se rendre auprès des Anciens. L'arrière-grand-père et la tante de Marashi en faisaient partie. Ils étaient assis d'épaisses peaux, elles-mêmes posées sur une estrade en bois. Un igloo impressionnant avait bâti autour de cette installation. Les anciens avaient attendus leur arrivée avec un calme olympien.

-Soyez les bienvenus dans la tribu de l'Elk. Mon nom est Hebosi, et je suis la porte-parole du conseil des Anciens de cette tribu.
-Major Bob, officier des Manteaux Blancs. Au nom de Kaya Iluak, chef du Pôle Sud et de Nauja Kalena, chef des Manteaux Blancs, je viens ici avec des troupes afin de faire cesser les exactions de la "Femme-Loup". Veuillez nous raconter toute l'histoire.
-Cela a commencé il y a quelques années.

On nous rapporta que des elks étaient retrouvés égorgés, la carcasse sauvagement déchiquetée. Des loup-garous étaient vraisemblablement les responsables, même s'il était rare qu'ils descendent aussi loin vers le Sud. Plus tard, nous avons reçu la visite de cette femme. Elle n'avait qu'un mot à la bouche. "Pourquoi ?"
-C'est tout ? "Pourquoi" quoi ?
-Aucune idée. N'obtenant pas de réponse, elle repartit en proférant des menaces. Qu'elle exécuta par la suite. Nombre des nôtres s'opposèrent à elle, et nombre d'entre eux passèrent de l'autre côté. Malgré nos tentatives, elle est demeurée sourde à nos suppliques de dialogue. Marashi a perdu des membres de sa famille dans sa dernière attaque mais, fait étrange, nous n'avons subi aucune autre attaque depuis celle-ci.
-D'après nos informations, elle a été gravement blessée et a dû se retirer pendant un temps. Aujourd'hui, elle serait remise, et apparemment, prête à remettre le couvert.
-Voilà de bien sombres augures, Major Bob.

Tout à coup, le regard d'Hebosi se posa sur un personnage n'ayant visiblement pas sa place ici.

-Maître Iburi ? Votre visite est une véritable surprise. Nous ne nous y attendions pas le moins du monde. Comment allez-vous depuis la dernière fois ?
-Ma tante ? Vous le connaissez ?!
-En effet, le disciple du guru est toujours le bienvenu chez nous depuis qu'il nous a aidé à retrouver des bêtes du troupeau. Cela remonte à quelques années maintenant, mais il dispense toujours son aide sans compter.

Un spasme agita la joue de Marashi qui fixait sa tante avec ébahissement.

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EYRAN

-Nan mais dis donc, garnement ! Tu crois pouvoir t'en tirer comme ça ?

La vieille fit le tour de son comptoir et alla choper le jeune homme par le col de son manteau et le tira vers une table basse. D'une poussée, elle le fit asseoir.

-T'es pâle comme la neige. Il n'est pas dit qu'un mort-en-sursis sortira de mon établissement ! Tiens, mange et n'en perds pas une miette !

Elle dépose devant toi un ragoût de viande de lapin-kangourou, du pain à base de farine de légumineux et une tisane.

-T'es vraiment sûr qu'il n'est pas de toi ?! Nan, je dis ça parce qu'il a l'air aussi paumé et asocial que tu l'es !
-Pffft ! J'avoue que la ressemblance est troublante, mais non. (à Eyran) Perdu, tu dis ? Nulle part où aller ? Mais et ta famille ? Ta tribu ? Tu ne vas pas me dire que tu vivais seul au milieu de la Toundra quand même ?

[MondayNight]

L'homme venait donc de proposer l'hospitalité à Dario, encore une fois.

- Je ne voudrait pas trop abuser de votre gentillesse, mais je ne suis pas sur qu'il soit convenable de lui proposer de dormir dans la neige après ce qu'elle vient de vivre.

Eka sur les talons il proposa donc à la jeune fille blonde de les suivre si elle le voulait, ou bien de rester ici. Dans les deux cas quelqu'un s'occuperait d'elle.
Il attendrait donc que la femme revienne avec des nouvelles, il se faisait tard, il avait sommeil.

- Savez vous ou se trouvent les quelques affaires que j'avais encore sur moi lorsque je suis arrivé ici ?demanda t-il à l'homme.

Quelle que soit sa réponse, une nuit au calme et au chaud lui ferait le plus grand bien.

[Eyran]

Eyran regarda un instant le repas qu'on lui avait donné, cela ne ressemblait à rien de ce qu'il connaissait, mais l'odeur ne lui était pas désagréable. Il commença à manger tout en réfléchissant. Ce "ragoût de viande de lapin-kangourou", bien que fort, n'avait pas mauvais goût.
Sa réponse vint au bout d'un court instant :

-Je vivais plus loin dans la toundra, avec ma tante. On habitait dans une maison creusée dans la glace... Mais elle est morte il y a quelques jours... Alors je suis parti.

Eyran repensa à son problème, à ce qu'il avait prévu, et c'était ça son problème justement, il n'avait rien prévu. Il eut encore une fois une montée de stress, comme il en avait souvent quand les choses allaient mal. Il n'arrivait même plus à savourer son repas alors que le dernier remontait à plusieurs jours.

Eyran regarde dans le vide, l'air pensif, sa main tremble légèrement.

[Iburi]

*Iburi s'était donc contenté de suivre en regardant les étoiles la nuit, les nuages la journée. Puis vint l'arrivée au village. L'ermite libéra le petit ours avec une claque au cul tandis que les manteaux blancs étaient déjà rentrés dans le village. L'ermite des glaces rentra finalement dans le village à son tour, suivant silencieusement le groupe, les mains croisés derrière sa tête. Il sifflotait gentiment en regardant autour de lui. C'était un petit village comme ils pouvaient les supporter à défaut de franchement les apprécier. Pendant toute la traversée, il se contenta de divers sourires ou signes de la main aux différentes personnes qu'il avait du certainement croiser par le passé.

Puis ils arrivèrent dans l'igloo des anciens. Genre de congélateur géant pour conserver la viande avariée.

Iburi, encore une fois, garda le silence. Laissant ces bonnes gens se présenter, se faire des compliments, et ceci et celà. Et tiens que je te raconte mon histoire, et que moi je parle de Mami Kaya et tiens, regarde c'est Iburi qui nous a aidé.

Ah bah oui c'est vrai.*

-Salut Mami Hebosi !

*Il laissa la dame l'introduire auprès du blanc-bec, puis il reprit.*

-Bah je continue de voguer aux gré des vents dans la toundra. J'aide toujours les promeneurs et ce genre de connerie. Accessoirement je suis ici parce que j'ai retrouvé la femme-loup sans savoir qui elle était vraiment. Je l'ai rapporté au Temple de l'avatar où avec l'aide de Gondhôl, je l'ai soignée.

*Iburi venait de lâcher l'information fâcheuse discrètement camouflée par le Major bob à la gentille dame... Et tout les types derrière.*

-J'ai appris par machin que vous aviez des problèmes avec elle, et avec Gondhôl, je reste persuadé qu'une issue pacifique est possible. Et accessoirement, j'aimerais autant que possible qu'elle crève pas vu le temps que j'ai passé à la soigner.

*Iburi met les mains dans ses poches, car c'est important d'avoir des poches ; sinon, on ne saurait jamais où ranger ses mains !*

-En gros, je suis là pour aider.

[Guru givré]

MONDAYNIGHT

-En voilà une idée saugrenue ! Vous venez chez moi, un point c'est tout ! Ina saura où vous trouvez. Il faudra quelques jours pour qu'une réponse nous parvienne alors, on se détend !

Embarquant les deux par le bras. Il les ramena chez où sa femme les accueillit.

-Bonjour, je suis Kaina. Vous pouvez rester autant que vous le voulez.
-Merci. Mais je ne pense pas que nous nous éterniserons ici.
-Aucun souci ! Ah ! Sinon, vos affaires sont dans le coffre au pied de votre lit là-haut, l'ami.

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EYRAN

-Seuls ? Dans la Toundra ? Encore des personnes qui se veulent "indépendantes" mais qui veulent faire leur intéressant ! Wouhou ! Regardez-nous ! Nous bravons les dangers du désert blanc ! Ils n'ont que ce qu'ils méri... AÏEUH !

La vieille venait de lui abattre une cuillère en os sur la tête.

-Un peu de respect pour les morts ! Si tu ne souhaites pas finir comme eux, tu f'rais bien de surveiller ta langue ou bien, tu pourrais bien la retrouver clouée sur ton front ! Pfff ! L'écoute pas, gamin ! Mais, cela dit, il a pas t'fait tort. Où est le reste de ta tribu ?

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IBURI

Hebosi se figea. Major Bob se fit un epic facepalm et Marashi eut un rictus.

-Est-ce que ce qu'il dit est vrai ?
-J'en ai peur, ma tante.
-C'est ce que notre enquête a en effet révélé, Madame.

Hebosi se tourna vers le conseil, ils se consultèrent du regard, échangèrent quelques mots à voix basse puis elle inclina la tête avant de se retourner.

-Maître Iburi, personne ici ne doute du bien-fondé de vos intentions. Mais quels que soient les intentions que la Femme-Loup a ou ait pu avoir, cela n'excuse en rien ce qu'elle a fait. Elle a du sang sur les mains, il ne s'agit que de rendre justice et de faire cesser l’hémorragie. Vous l'avez soigné et pris soin d'elle, les Esprits nous auront donc donné une chance de mettre fin à ce conflit plus pacifiquement, mais si elle persiste... elle passera de l'autre côté.

Une vie vaut une vie. Pas plus la sienne que la mienne. N'est-ce pas ?

[Iburi]

*Iburi se gratte l'oreille avec un doigt en soupirant.*

-Ouais ouais je sais... Je suis justement là pour voir si une issue pacifique est possible.

*Un petit geste de la tête vers Marashi.*

-Parce que l'autre, il a un peu le sang chaud !

*L'ermite baille un coup, limite à s'en décrocher la machoire, puis il se gratte un peu le menton.*

-Sinon, on commence quand ?