Les terres hostiles

[Aguétiel]

*Iorek se tourne vers Yukan et le regarde d'un air pensif et grave à la fois. Que ce type peut être sinistre, parfois !*

-Tu m'as insulté et tu t'es évanoui.

-Ha bon ? L'évanouissement, je m'en souviens mais pas l'insulte.

*En fait, si, il s'en souvient très bien, mais il n'a pas envie de vexer Iorek, et puis la tête qu'il a fait à ce moment là valait tout l'or du monde.
Mais cependant le regard du cartographe fait plus insistant sur Yukan.*

-Tu te souviens de ce qu'il s'est passé dans la forêt ?

*Il hésite un instant. Les souvenirs de cette vision lui donnent la nausée.*

-Je... Je ne suis plus sûr de ce que j'ai vu.

[Ermite des vagues]

Iorek avait comme l'impression qu'il allait devoir tirer les vers du nez à ce jeune moine !

-Qu'importe. Racontes-moi quand même.

Le cartographe ne ralentit pas pour autant la cadence de sa monture. Le jour tombait peu à peu, amenant avec lui un vent glacial.

[Aguétiel]

*Yukan est toujours allongé. Son visage se ferme. Derrière ses paupières mi-closes se rejoue la vison qu'il a eue dans le bosquet.*

-Je crois avoir vu des esprits. Tout avait l'air si réel. Ils se sont approchés de moi et ils m'ont accordé une vision. J'ai vu la mort. La mort et la destruction. Partout... Il y avait quatre hommes aussi... Et...

*Il est prit de nausées. Il fait de grands efforts pour donner une réponse intelligible à Iorek.*

-J'ai vu les corps déchiquetés d'Azran Yulak et de Toruuk Hakan dans la neige...

*Il doit se contrôler pour ne pas vomir.*

-Tout était si réel. Je pouvais presque sentir l'odeur de leur sang.

*Il tourne son visage vers Iorek.*

-En fait, je crois même que c'est réel. Ils sont en danger !

[Ermite des vagues]

Iorek, habituellement si peu bavard, sorti une flopée d'insultes et d’injures en tout genre. Il en maudit même les esprits, lui qui ne croyait pas en eux, et lorsqu'il se tourna vers Yukan, son visage était encore plus dur et terrible.

-Tu as vu où ils étaient, dans ta vision ?!?

Le cartographe ne mettait pas en doute les paroles du moine. Les esprits, tout ça, ça le dépassait. Mais là, il s'agissait du chef du Pôle Nord ! S'il pouvait le trouver, et le sauver...Iorek n'avait jamais paru aussi perturbé de sa vie.

[Aguétiel]

*Yukan voit Iorek péter un plomb à cette annonce.*

Hé bé...

*Il voit ensuite le vieux cartographe tourner son regard dur sur lui. Le Moine est figé sur place.*

-Tu as vu où ils étaient, dans ta vision ?!?

-Non. Tout se ressemble dans cette immensité gelée...

*Il peut voir l'agitation de Iorek... Et il n'apprécie pas particulièrement ça. C'est comme de voir un ciel d'hiver froid envoyer soudain des rafales de neige sur la terre.
Cette histoire trouble Yukan, mais il ne serait sûr de la situation que lorsqu'il verrait Toruuk Hakan vivant... ou mort.*

[Tengu]

Le chef, interloqué, fixait le prisonnier. Il ne comprenait plus grand chose. Daichi, ça ne lui parlait pas du tout. Mais alors pas du tout. Par contre, l'homme à la pièce d'échec se tendit un peu, mais pour le moment, il ne pouvait rien faire.

- Tu te crois vraiment malin gamin. Des Daichi, j'en connaissais aucun, jusqu'à ton arrivée. C'est dire combien ton "clan", et il insista sur ce mot,m'importe peu. Et tes menaces...

Il dégaina la lame qu'il portait à sa ceinture. Et en posa la pointe effilée sur le visage de Tengu. L'instant était plutôt critique. Le chef aurait très bien pu tuer Tengu immédiatement. Par pur plaisir. Sauf qu'un de ses hommes débarqua, essoufflé. Il lui tendit un pli. Et un sourire apparu sur le visage terrible du chef. Il avait entre temps ôté sa lame, laissant quelques petites gouttes de sang perler sur la joue droite de Tengu.

-Dommage. Le devoir m'appelle. Un coup de chance pour toi.

Il s'éloigna de son "invité". Et ajouta d'un ton glacial :

-Ou pas.

A ses hommes, il s'adressa ensuite :

-Tuez-le. Il ne m'inspire pas confiance.

Et il laissa Tengu seul, avec ses anciens guides, et les trois autres hommes. Ils échangèrent un regard l'air de dire : "Qui s'en charge ? ". L'homme à la pièce d'échec, avec un haussement d'épaule je-m’en-foutiste, s'avança alors vers Tengu, tandis que Sekna donna un coup sec avec sa lance en plein dans les jambes de Tengu, pour le forcer à s'accroupir.

L'homme fixait Tengu. Il cligna de l'oeil. A moins que ce ne soit un tic ? En tout cas, juste après, il enfonça un poignard en os dans la poitrine de Tengu. Puis lui décrocha une belle droite, qui le sonna totalement. Il s'écroula sur le sol de glace, inconscient, et du sang sous lui.

*****************

Le froid le réveilla. Tengu se trouvait non loin de l'entrée d'une grotte. Il pouvait sentir le vent glacial, et le voir ramener des flocons de neige avec lui. Mais il vit surtout l'homme qui avait enfoncé ce poignard dans sa chair. D'ailleurs, s'il se sentait vaseux, il était bien en vie.

-Désolé, j'ai pas vraiment eu le choix. Je t'ai soigné, ça devrait aller, normalement. On a pas beaucoup de temps, je leur ai dit que j'allais donner ton corps en pâture aux ours. Si je traîne trop, ils vont se méfier. Mais il faut que je sache quand même. Tu es vraiment un membre du clan Daichi ? Et tu nous cherchais ? Qui t'envoie ?

Le cul dans la neige, Tengu retrouve petit à petit ses esprits. Regardant à gauche puis à droite, il pose immédiatement sa main sur son sabre toujours à ses côtés. Soulager de retrouver son arme, il la garde en main tout en se relevant sans un peu de difficulté, encore bien engourdi. Regardant rapidement autour de lui, il finit par répondre à son "sauveur" en ouvrant ses vêtements du haut, les faisant ensuite glisser pour dévoiler son torse et le haut de son dos. Pivotant ensuite sur lui-même, il lui offre la meilleur preuve qui soit : la marque du Dragon. La laissant un bref instant à sa vue, il se rhabille tout en s'approchant de lui.

Tu as du boulot. Le réveil a été ordonné par la Reine Mère. Elle m'a chargé de faire le tour des cellules, et celle-ci est la première.

D'un geste rapide du pouce, il fait sortir de quelques centimètres la base de la lame de son arme.

J'espère que ton allégeance n'a pas changé et que tu serais faire le nécessaire pour l'avènement de l'organisation ? Tu m'as aujourd'hui sauvé. Je n'aimerais pas devoir revenir pour toi... Alors si ta place est toujours avec nous, fait le ménage et reprendre contact avec Republic City.

[Ermite des vagues]

Yukan

Désemparé. Iorek ne savait que faire. Il lâcha une nouvelle injure. Et eut un regard glacial envers le jeune moine. Il commençait à se dire que s'il n'était pas là, il pourrait encore parcourir ces terres glacées dans l'espoir de retrouver le chef du Pôle. Il n'y avait plus qu'un seul elk en plus. Le pauvre cartographe s'en voulait aussi de ne pas avoir penser à prendre un oiseau messager avec lui.

-Mais merde quoi!

Il regarda de nouveau le moine, repensant à la mission que Toruuk Hakan lui avait confié, et à ces moines en danger.

-...On rentre...

Résigné.

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Tengu

Le fils de l'eau sourit en voyant la marque du dragon. Il avait vraiment bien fait de prendre tous ces risques. Et la mention de la reine mère le fit aussitôt réagir.

-Elle veut ajouter du chaos au chaos?, fit-il avec l'espoir d'en savoir plus.

Quant à son allégeance...

-Je ne suis qu'un pion, chargé par Ho Chibi, de garder un œil sur ces gus là. Mais je peux envoyer un message à l'Abysse. La reine mère pourra peut-être apprécier notre dernier coup d'éclat : l'attaque d'un navire de la Nation du Feu au large du Pôle Nord. Hosho a ravivé les tensions entre ces deux nations et cette attaque pourrait bien enfoncer le clou !

[Tengu]

Tengu rengaine alors son arme tout en la plantant dans la neige, pour s'en servir d'appui. Sachant la raison de sa mission, il préfère toutefois éviter de trop s'étaler sur le sujet. Après tout la décision de nommer prochainement sa petite-fille comme héritière de l'organisation pourrait être mal perçu. Les chefs de cellules depuis trop longtemps livrés à eux-même, pourrait y voir une marque de faiblesse et une occasion de prendre la place des Hinori. Chose que Tengu ne laisserait jamais faire tant qu'il lui restera un souffle de vie.

J'ignore les desseins de ma Maîtresse, je ne sais que ce que j'ai besoin de savoir. Mais si tu veux mon avis, je dirais qu'elle souhaite justement profiter du chaos pour en tirer profit. Et pour cela, l'organisation a besoin d'être forte et uni comme jadis.

Soupirant, il regarde rapidement l'horizon avant de reprendre.

Mais je devrais peut-être voir directement avec ton chef Ho Chibi dans ce cas. Histoire d'être sûr que le message soit bien passé. Je ne voudrais pas que sur un malentendu les esprits s'échauffent...

Faisant partie du cercle le plus intime et surtout le plus fidèle des Hinori, il compte bien être sûr à 100% que les autres montreront une loyauté aussi zélée que la sienne.

[Aguétiel]

*Que dire de plus ?

Yukan reste allongé à l'arrière du traîneau en espérant de tout coeur qu'aucun problème ne surviendra sur le trajet du retour... Et que cette vision n'était qu'hallucination. Le Chef Hakan est un homme bon et respectable, et le Moine regretterait sa mort, si, du moins, il est décédé.*

-Faites que non...

[Ermite des vagues]

Yukan

Après plusieurs jours éreintants et pesant, Iorek étant encore plus silencieux que de coutume, la silhouette de la capitale du Pôle Nord se détacha dans l'horizon glacé.

D'ordinaire, Iorek s'arrêtait chez son ami Wousqi, mais là, même si le moine, son elk et lui étaient exténués, il fila droit vers la cité.

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Tengu

L'homme acquiesça en silence, et se mit à réfléchir. Ho Shibi était en mer, de ce qu'il savait, et au vue de sa mission ici, dans les montagnes, il lui était impossible de guider l'envoyé de la reine mère jusqu'à un navire qui lui permettrait de rejoindre les pirates de l'Abysse. Mais de toute façon, comme il devait leur envoyer un message...

-Hum..., le mieux serait que tu restes caché ici quelques jours tout au plus, le temps de recevoir des instructions de l'Abysse.

Le fils de l'eau poursuivit, ajoutant qu'il lui apporterait de la nourriture et autres choses indispensables dès qu'il le pourrait. Car, il était bien obligé de retourner là bas.

Une semaine se passa ainsi, jusqu'à ce qu'un soir, à la nuit tombée, l'homme ne revienne, à la fois excité, et tendu.

-Il arrive !