le Palais de l'Eau

[Toruuk Hakan]

Toruuk Hakan ne répondit pas. Il venait de se saisir d'un parchemin, et seul le bruit de sa plume sur le papier troubla le long silence. Puis, il s'appliqua à rouler le parchemin, et à y appliquer le seau du Pôle Nord dessus. Il se leva, et donna le parchemin scellé au capitaine Nagao.

-Une fois à la Nation du Feu, apportez ceci au Palais Royal. Sung Den Hill doit être mis au courant. Il comprendra certainement, même sans preuve, et il insista sur ce mot, que le Pôle Nord n'est pas responsable de ce qui est arrivé à votre navire.

Le chef du Pôle Nord surprit le regard de son chef de guerre. L'idée ne lui déplaisait apparemment. Faire de ce capitaine un messager ? N'était-ce pas risqué ? Mais Toruuk Hakan n'était pas un idiot. Il avait prévu entre autre chose d'écrire un double de ce message.

-Un de mes gardes vous accompagnera, pour assurer votre sécurité. Et vous empêcher de commettre une quelconque erreur. Comme parler de ce qui vous est arrivé. Il serait fâcheux d'attiser la flamme de la haine que cet esprit a réveillé à Hosho. Nos deux peuples doivent au contraire resté unis en ces temps troublés. N'êtes-vous pas d'accord, Capitaine ?

Et Toruuk Hakan lui tendit sa main.

[Ermite des vagues]

Avec une réticence certaine, le capitaine Nagao serra la main du chef du Pôle Nord. Ainsi, il allait pouvoir rentrer chez lui en effet, mais en compagnie d'un garde royal. Il posa un long regard sur le parchemin qu'il avait en main. Tout ça ne lui disait vraiment rien qui vaille. Peut-être que Sun Deng Hill l'écouterait, et se rendrait compte de l'implication des Tribus ? Il l'ignorait, et à vrai dire, qu'une guerre éclate ne lui plaisait pas plus que ça, à cause des vies qu'elle faucherait, et pas que des vies de fils de l'eau. Il marchandait depuis longtemps avec le Pôle Nord, et jusqu'à l'attaque de son navire, il n'avait jamais eu le moindre souci avec ce peuple. Mais là, il lui suffisait de les regarder pour avoir peur d'eux, et revoir son équipage décimé par les lances, et pics de glace, et autres...Il revoyait ce sang, qui l'avait même éclaboussé. Il ferma ses poings, résistant mal à l'envie d'utiliser sa maîtrise du feu.

Mais ça aurait été de la folie, et il tâcha de ne plus y penser.

-Oui, bien sûr...

Sa gorge était sèche, et saluant rapidement les trois hommes, il quitta le bureau de Toruuk Hakan. Une fois dans le couloir, il poussa un soupir de soulagement. Un soulagement de courte durée, car Azran Yulak fut vite sur ses talons.

-Venez Nagao. Toruuk Hakan vous prit d'accepter son hospitalité au palais, pour le temps que vous allez rester ici.

Le chef des Peaux Bleus tâchait de se rende sympathique, même s'il n'appréciait toujours pas Nagao. Mais le chef du Pôle Nord l'avait prié de faire des efforts. Pour ne pas envenimer plus cette situation délicate. Il guida alors le capitaine, jusqu'à sa chambre. Ou plutôt, chercha l'intendant, pour qu'il les guide.

[Toruuk Hakan]

Pendant ce temps, dans le bureau, Toruuk Hakan était en pleine conversation avec son chef de guerre.

-C'est vraiment risqué. Mais heureusement que Sun Deng Hill n'est pas un idiot, comme ce Nagao.

-Il est juste terrorisé. Et terrifié.

Il laissa un long silence passer.

-Il faudra envoyer une flotte, au large de nos côtes, et retrouver ces pirates. Prévenir le Royaume de la Terre serait sans doute judicieux aussi. La situation là bas est déjà assez catastrophique.

-Avec la reine de la terre disparue, et la pagaille qui règne là bas, ils n'ont pas besoin en plus de pirates. Ce Ryo n'a pas encore réapparu d'ailleurs ?

-Non. Heureusement. L'Avatar réussira peut-être à le renvoyer d'où il vient. Il faut lui faire confiance, même si elle est jeune, et peu expérimentée, fit-il, laissant un temps d'arrêt, avant de poursuivre :Tu sais déjà qui envoyer à la Nation du Feu ?

-J'ai une petite idée oui. Tu sais, ce jeune garde qui nous a accompagné sur Hosho ? Celui qui avait aidé à retrouver ta fille ?

-Azaruk Noji, n'est-ce pas ? Je dois avouer que ce jeune homme a l'air prometteur. Comme son ancêtre avant lui.

Ils discutèrent encore un peu, avant que le chef de guerre ne reparte en direction de la caserne. Il fallait qu'il prévienne Azaruk de sa mission, mais ce dernier était encore en permission, chez lui sans doute.

[Aguétiel]

Après être repassé par la caserne pour y reconduire Tashiik et s'assurer qu'on lui prodiguait les bons soins, Yukan, ayant remercié les hommes qui veillaient sur son bison, se dirige vers le Palais accompagné de son guide.

[Ermite des vagues]

Et les portes du Palais de l'Eau s'ouvrirent pour le moine, et le garde royal. Ce dernier, bien loin de se sentir un guide touristique dans l'âme, se contenta de demander à Yukan de le suivre. Et ils gravirent alors les degrés de l'escalier de glace, puis le garde mena le moine de l'air jusqu'à une porte close et gardée.

-Est-il occupé ?

Là, ses collègues l'informèrent qu'il était seul, mais peut-être pas de charmante humeur. A cause d'un certain capitaine marchand de la Nation du Feu. L'homme aurait bien voulu quelques détails, mais il se souvint du moine, et se contenta de frapper à la porte. Et d'entendre la voix autoritaire du chef du Pôle Nord l'autorisant à entrer.

-Venez, fit-il au moine, en pénétrant dans la pièce. Il laissa le soin aux deux autres gardes de la refermer. Là, il s'inclina devant son chef, assis à son bureau.

-Chef Hakan. Ce moine de l'air souhaite s'entretenir avec vous, fit-il, réfléchissant quelques secondes, puis continua de cette façon : Enfin, il vous expliquera mieux que moi la raison de sa venue.

Une petite courbette plus tard, le garde royal s’éclipsa. Cette affaire ne le concernait plus.

[Toruuk Hakan]

Toruuk Hakan remercia brièvement le garde, et considéra l'homme qui lui faisait face. Au moins, ce n'était pas un Nagao bis. Et heureusement, parce que le chef du Pôle Nord ne l'aurait pas supporté sans doute. Un nomade de l'air, avec des cheveux qui sortaient de l'ordinaire, et qui devait avoir seulement quelques années de plus que son aîné.

-Prenez place jeune homme je vous prie.

Il désigna l'un des fauteuils disponibles en face de son bureau.

-Seriez-vous le nomade dont le bison a fait une chute hier ? Les nomades de l'air se font rares sur ces terres, et je pense que votre arrivée a du marquer les esprits.

Il ne savait pas encore à ce moment que sa fille Yuuna avait pû profiter d'une balade à dos de bison.

-Mais qu'est-ce qui vous amène ici, alors ?

Autant ne pas tergiverser après tout !

[Aguétiel]

*On mène Yukan à l'étude du chef du Pôle Nord Toruuk Hakan. Un homme que Yukan ne connaît que de nom et de réputation. Réputation qui le décrivait comme un homme dur mais juste. Ce qu'il fallait pour être un bon dirigeant en-dehors des Temples.

Yukan entre avec le garde. Le garde s'incline après avoir introduit le moine, qui salue le chef avec la même révérence. A vrai-dire, il n'avait aucune idée de la déférence qu'il devait montrer à cet homme. Bah, il comprendrait. Les Nomades ne sont pas des habitués de l'étiquette.

Yukan regarde le chef Hakan qui semble l'étudier avant de déclarer:*

-Prenez place jeune homme je vous prie.

*Il désigne l'un des fauteuils disponibles en face de son bureau.*

-Seriez-vous le nomade dont le bison a fait une chute hier ? Les nomades de l'air se font rares sur ces terres, et je pense que votre arrivée a du marquer les esprits.

-Oui, Chef Hakan. C'est bien moi. Je vous présente mes excuses pour avoir causé autant de trouble en ville. Dans l'urgence de ma situation, j'ai dû pousser Tashiik dans ses derniers retranchements pour arriver ici à temps.

-Mais qu'est-ce qui vous amène ici, alors ?

-Le Temple de l'Air Austral fait face à une épidémie. Quand je suis parti, deux hommes étaient atteints. Une maladie maligne, qui se manifeste sous la forme de fortes fièvres et de taches violettes sur tout le corps. Je crains que ce soit une sorte de fièvre hémorragique. Il semble que le seul remède connu soit le Lys des Neiges, qui pousse dans la Toundra.

*Voilà, le Chef savait tout. En espérant qu'il puisse l'aider...*

[Toruuk Hakan]

Soucieux et silencieux, tel fut le chef Hakan après avoir écouté le moine. Une épidémie, ce n'était pas en soi une bonne nouvelle. Mais si en plus le remède se trouvait dans les terres hostiles, c'était limite la cata.

-Le lys des neiges...

Même pour les guérisseurs du Pôle Nord, cette plante était la rareté incarnée. Et Toruuk Hakan savait qu'il n'y en avait plus à la maison des guérisseurs, Ama Sikut lui avait déjà réclamé de monter une expédition pour lui en trouver. Mais si le chef du Pôle Nord avait bien envoyé des hommes dans les terres hostiles, ce n'était pas pour qu'il jouent aux jardiniers.

-Malheureusement, il va falloir en cueillir là bas je le crains. Et je suppose qu'il vous en faut plutôt rapidement.

Il se mit à réfléchir. Et une idée lui vint à l'esprit.

-Le climat des terres hostiles aurait été moins rude, une carte aurait suffit, et vous auriez pu y aller par la voie des airs, avec votre bison. Dommage. Mais Iorek Anaak pourra certainement vous en trouver. Il détestera le faire, mais il vous en rapportera.

[Aguétiel]

*Le Chef Hakan reste silencieux et soucieux après les explications de Yukan. Finalement, après de longs instants de réflexion, il dit:*

-Le lys des neiges...

-Malheureusement, il va falloir en cueillir là bas je le crains. Et je suppose qu'il vous en faut plutôt rapidement.

-Oui. Il s'est déjà écoulé dix-huits jours depuis mon départ et il m'en faudra dix-sept pour revenir.

-Le climat des terres hostiles aurait été moins rude, une carte aurait suffit, et vous auriez pu y aller par la voie des airs, avec votre bison. Dommage. Mais Iorek Anaak pourra certainement vous en trouver. Il détestera le faire, mais il vous en rapportera.

-Merci, Chef Hakan.

*L'homme ne devait rien aux Nomades et il les aidait très généreusement. Yukan allait parler de lui positivement autour de lui et il trouverai une place de choix dans les descriptions de Cosmos.
Mais la dernière phrase du chef le gêne.*

-Vous voulez dire que je ne pourrai pas accompagner ce Iorek Anaak dans cette recherche ?

*C'était l'occasion inéspérée et parfaite pour aller faire des relevés au Pôle Nord et les croiser avec ses données du Pôle Sud. Une occasion qui ne se représenterait peut-être jamais. Il devait autant que possible tenter d'y aller aussi.*

[Toruuk Hakan]

Toruuk Hakan posa un regard bien sérieux sur le jeune moine.

-Les Terres Hostiles sont dangereuses, et pas tant à cause du climat que des animaux qui y vivent. Ce ne sera pas un voyage touristique, je préfère vous prévenir.

Il n'en dit pas plus. Préférant ne pas évoquer quelques événements troublants s'y étant passés ces derniers temps.

-Mais si c'est votre souhait. Je ne m'y opposerai pas. Il vous restera néanmoins à convaincre Iorek.

Et à l'expression du visage du chef du Pôle Nord, ça ne risquait pas d'être une affaire bien facile. Il ajouta qu'il allait faire prévenir Iorek de cette mission.