[hrp]Et deux mois après...[/hrp]
Lorsque Lyanna atteignit sa petite demeure, la neige s’accumulait sur sa longue chevelure écarlate. Laquelle contrastait avec la pâleur de son visage. Et quelques sillons humides sur ses joues montraient qu'elle avait pleuré, encore. Fatalement, son chemin l'avait mené à passer devant la maison de son grand père, elle avait même aperçu son oncle de loin, il l'avait vu et interpellé, mais elle était partie aussitôt. Elle avait besoin d'être seule, et de se reposer aussi. Elle se sentait vidée de toute énergie, et elle détestait cet état de fait. Sa peine alourdissait son cœur, alors qu'elle pensait être assez forte. Mais tout lui était tombé sur la tête d'un coup, la mort de son grand père, et sa maîtrise du feu. C'était trop, même pour elle.
Frissonnant, elle verrouilla la porte derrière elle, et ralluma le poêle qui chauffait sa maison. S'agenouillant en face, elle réchauffa ses mains glacées quelques instants devant les flammes. La chaleur douce pour le moment lui rappela Flamme, et la jeune femme eut un bref sourire. Le gamin, et ce court voyage en bison avaient quand même réussi à atténué un peu sa peine. Mais là, de retour chez elle, qu'importe où elle posait son regard, tout lui rappelait son grand père, du sabre accroché au mur, au service à thé posé sur une petite table.
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Je n'aurais jamais du partir à Hosho...il était déjà malade, j'aurais du m'en rendre compte, quand il a refusé de m'accompagner. Pourquoi ais-je était si aveugle ? Prostrée contre le poêle, la culpabilité commençait à la ronger. Plusieurs choses lui revenaient en mémoire, la chute que son grand père avait fait quelques mois plus tôt, le regard qu'elle avait alors perçu entre lui et la guérisseuse, le fait qu'il travaillait de moins en moins chez Sun. Mais une part d'elle même ne pouvait s'empêcher de penser que c'était à cause d'elle qu'il était mort finalement, qu'elle l'avait achevé en quelque sorte. Cette idée la révolta, et lui donna la nausée, mais son estomac était vide. Elle n'avait rien avalé depuis presque vingt-quatre heures.
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Grand père...Ses bras entourant ses jambes, la tête baissé, elle laissa échapper de nouveaux sanglots. Elle pleura longtemps, mais la chaleur qui l'enveloppait finit par l'endormir. Pendant une petite demi-heure au moins.
Quand elle rouvrit ses yeux, en plus d'avoir trop chaud, et mal à la tête, elle se sentait légèrement courbaturée. Dormir contre le poêle, sur le sol, ce n'était pas vraiment le plus douillet qui soit. Les membres endoloris, elle se leva, en grimaçant un peu. Elle monta à l'étage et retint un soupir, devant la vision d'autres sabres offerts par son grand père. Elle ouvrit alors la porte de sa salle de bain. Et resta longtemps sous le jet de l'eau chaude, qui délassa et détendit un peu son corps.
Quand elle en termina avec sa douche, et rejoignit sa chambre, ses cheveux gouttaient encore un peu dans son dos. Et elle eut presque peur en apercevant son reflet dans le psyché à côté de son lit. Les traits tirés, le visage encore pâle, et les yeux rougis, elle avait vraiment mauvaise mine. Alors, elle gagna l'antre douillet de son lit à baldaquin, et s'emmitoufla sous ses couvertures.
Cette fois, elle dormit de longues heures. Jusqu'à ce que le soleil soit en passe de terminer sa course. Et quand elle s'éveilla, elle se sentait un peu mieux, et son mal de tête avait disparu. Niveau moral par contre, ce n'était pas encore ça, mais elle décida de ne pas trop se morfondre. Son grand père ne l'aurait pas supporté. Et elle allait avoir bien d'autres moments pour le faire. Dans deux ou trois jours, le temps que toute sa famille soit réunie, du moins la partie de la famille qui vivait au Pôle, son corps deviendrait cendres, et ça, elle savait déjà que ça allait être difficile à supporter. En plus de revoir ses cousins et cousines.
Elle fouilla dans sa commode, et s'habilla rapidement, avant de regagner le rez-de-chaussé. Là, elle avala ce qui lui tomba sous la main, même si elle n'avait pas vraiment faim, et s'apprêta à quitter sa maison. Mais un détail la figea. Sur l'un de ses fauteuils était posé son sabre favori. Elle s'en saisit, et serra le fourreau dans ses bras. Son père, ce ne pouvait être que lui après tout, avait du le déposer ici pendant qu'elle dormait. En elle même, elle le remercia, tout en attachant le sabre à sa ceinture. Peut-être aurait-elle du leur rendre visite, et voir si sa mère allait bien, mais elle n'en avait pas la moindre envie. Elle voulait se vider l'esprit, et aller à la
Rose des Glaces, ça lui semblait l'idée parfaite pour ça.