- [Désolée pour le temps de réponse très... tardif ]
L’atmosphère du lieu donnait des frissons. Ni ciel, ni horizon n'étaient visibles au milieu de cette étouffante humide forêt de conifères.
Ils étaient enfermés à l'extérieur.
Sensation étrange et indescriptible. Ils étaient écrasés, compressés par une force surnaturelle qui les dépassait. C'était du moins l'impression qu'avait Zara.
Nouveau frisson lui parcourant l'échine.
Le Jeune Vieil Esprit s'était péniblement tiré jusqu'à une branche, et essayait de rester debout tendis qu'elle essayait de décrocher Hartman. Le Lieutenant ne répondait pas à ses appels. Il semblait dormir paisiblement entortillé dans un cocon de branchages. Paisiblement après être passé au grille pain, cela dit. Il restait cependant au militaires quelques sourcils. C'était déjà ça.
L'autre blessé se releva juste à temps pour recevoir son supérieur et amortir une chute pour la troisième fois.
Il y a des jours comme ça on se demande pourquoi on s'est levé.
Ce qui n'était absolument pas le cas de Zara. Quelque part, malgré le fait qu'ils soient perdus dans une forêt sans qu'elle ait la moindre idée de l'endroit où ils se trouvaient, l'atmosphère effrayante du lieu et l'homme ayant les réponses inconscient, la jeune femme trouvait cela excitant. Palpitant.
Aventurier.
Oui, elle était certainement folle, se dit-elle d'elle même en souriant.
Elle aida le Jeune Vieil Esprit à appuyer Hartman sur le côté, et le regarda enlever les restes de la combinaison de son supérieur pour examiner son pouls et ses blessures. Le militaire ne s'était pas raté. Zara contempla ses mains avec compassion.
Néanmoins, le lieutenant respirait régulièrement, et il ne saignait pas.
- On a de la chance apparemment, fit l'autre.Tu n'es pas blessée ?
Zara secoua la tête. Elle était apparemment la seule à s'en être tirée totalement indemne. Comparée à Hartman ou au Jeune Vieil Esprit, ses quelques bleus et griffures n'étaient strictement rien.
Son compagnon la sonda de ses yeux perçant. La jeune femme soutint son regard sans faillir. Il cherchait à la comprendre, qui elle était, ses motivations. Il allait être obligée de lui faire confiance, et voulait savoir qui était cette personne, l'inconnue de l'équation, la passagère clandestine.
Zara n'avait rien à cacher. Rien à enfouir au plus profond de son coeur, pas un secret. Ses rêves étaient sa liberté, son esprit un monde gigantesque et insaisissable que quelques secondes d'oeillade ne suffirait pas à cerner, fusse par un regard aussi perçant que celui du Jeune Vieil Esprit.
Le contact visuel cessa, interrompant la scrutation muette commencée par les deux personnages.
Ils installèrent le corps d'Hartman en sécurité, et l'homme aux tatouages couvrit son supérieur de sa combinaison. Zara ouvrit la sienne, laissant apparaître le haut de la robe blanche qu'elle portait en dessous. Ainsi, elle serait plus libre de ses mouvements.
Le Jeune Vieil Esprit récupéra ses armes, et essaya de les ceigner en son dos, tentant de se tenir droit, ce qui lui arracha une imperceptible grimace. Zara plissa les lèvres. L'homme avait plus trinqué qu'il n'y paraissait. Il leva la tête vers la lune qui apparaissait par intermittence, rare rayon lumineux à travers les frondaisons obscures.
Il se retourna vers elle, qui était restée près du corps :
- Il a l'air mal en point. Soit on l'emmène en espérant qu'il se réveille en chemin. Soit l'un de nous deux reste ici afin de veiller sur lui pendant que l'autre rechercher Shurat et Yiwang et je ... (il jeta un coup d'oeil circulaire à l'oppressante forêt) Je suis pas d'avis pour qu'on se sépare honnêtement. T'es en état de bouger ? De combattre le cas échéant ?
Zara répondit d'une voix claire :
- Je suis en état de nous défendre, je pense. Je ne suis pas blessée.
Son ton faisait comprendre qu'elle avait perçu les blessures de l'homme et qu'elle n'était pas dupe quand à son réel état physique.
- Shurat et Yiwang... reprit-elle. Est-ce que ce sont les noms respectifs du Colosse Bleu et de l'Armure Rouge ? Et puisque que l'on y est, quel est le tien, Jeune Vieil Esprit ?
Elle se tourna vers Hartman, s'accroupit devant le blessé.
- Autre question : comment va-t-on le transporter ? Je suis Waterbender, pas Airbender... Et incapable de le soutenir seule, comme ton dos en ce moment...
Une idée éclata dans son esprit. Elle se tourna vers l'homme aux tatouages, en sortant les deux longs rubans bleus de son sac qui servaient à attacher ses cheveux lorsqu'elle ne voulait pas des rouges, ainsi que son boomerang, découvrant le côté tranchant.
- Je n'ai aucune expérience, mais penses-tu que nous pourrions créer une civière de fortune avec ça ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils. J'ai peut-être trop d'imagination, est-ce réalisable ? En réalité ? Maintenant ?
Oui, le grand problème, quand on passe la moitié de son temps dans un monde onirique, c'est qu'il est difficile de percevoir les réalités possibles.