La mission de reconnaissance

[Alice Zara]

- Où est-ce que vous me dites que vous l'avez trouvée ?

-A l'intérieur d'une des caisses de matériel, mon Lieutenant.

-Mmmh...

Zara continuait de regarder Hartman, son sourire angélique aux lèvres. Elle ne perçut ni le trouble de l'Armure Rouge, ni la soudaine crise du Jeune Vieil Esprit.
Le Lieutenant la scrutait, songeur, impénétrable.
Un homme qui mérite sa place, songea la jeune fille.
Elle parcourut la pièce du regard, glissa sur les quatre hommes déjà présents à son arrivée dans la cabine, endroit quelconque. Une table, sur laquelle rien n'est posé, des chaises, un tapis, des meubles de rangement, un hublot... Bref, rien d'exceptionnel. Rien qui ne permette de deviner de quoi les quatre hommes parlaient avant son arrivée.
Bien sûr, le cerveau de Zara débordait de suppositions, toutes plus ou moins farfelues.

- Premier test pratique ! dit Hartman en sortant soudainement de sa torpeur. Qu'est ce que vous feriez dans une telle situation ?

Les yeux de Zara pétillèrent. Elle était impatiente d'entendre les différentes réponses.
C'est le Jeune Vieil Esprit qui prit la parole en premier.
Zara tourna son attention vers lui.

- Si ce qu'elle risque d'avoir vu et entendu compromet notre sécurité a tous alors je suis pour l’exécution sommaire.
La maintenir en captivité serait une solution, mais si c'est effectivement un danger, je préfère l'avoir a marcher devant moi que sur mes talons. (il fit une petite pause dans son discours) En ça, mon père m'a toujours appris que quelque soit la qualité d'un outil, son origine, neuf ou ancien. Dans la mesure ou on peut en faire une bonne utilisation, il ne faut pas s'en priver.

Zara écouta tout cela sans bouger, son sourire s'étant désormais fait un brin moqueur. Il ne faisait pas vraiment dans l'originalité, pensa-t-elle. Le Jeune Vieil Esprit était prudent et parlait avec une certaine assurance. Digne de l'opinion que Zara s'était (un peu prématurément) faite de lui.
Elle croisa les bras et attendit que les deux autres prennent la parole.

- Euh, j'ai une proposition... Je crois, fit l'Armure Rouge, hésitant.

Il n'avait donc aucune expérience, au vu de sa façon de parler, comme Zara l'avait deviné.

- Est-ce qu'on ne pourrait pas la, euh... Jeter à l'eau, enfin, la forcer à quitter le navire je veux dire... Je pensais à ça parce qu'elle ne sait rien et la garder sur le bateau peut représenter un certain risque, vis-à-vis de sa maîtrise de l'eau.
Zara plongea ses yeux dans ceux du jeune homme. Pensait-il réellement ce qu'il disait ?
En tous cas, il était vraiment nouveau, et cherchait à l'évidence à faire ses preuves. Il ne songeait quand même pas que jeter Zara à l'eau changerait quelque chose ? Elle les suivrait facilement un temps, remonterait subrepticement à l'intérieur du navire grâce à sa maîtrise... Bref, ça ne changerait rien du tout.
Il reprit :

- Quant à l'exécution, comment pourrait-on de sang froid abattre quelqu'un avec un aussi joli sour... Euh

Il s'empourpra en remarquant qu'elle le regardait.
Et ledit sourire de Zara s'élargit, et elle se retint de rire. L'Armure Rouge (c'était le cas de le dire...) (facile celle là) détourna ses yeux vers Hartman :

- Je... Voilà... Non ?

- Si je peux me permettre, intervint le Colosse Bleu, cette jeune femme ne va pas pouvoir aller loin elle s'épuisera avant d'atteindre un quelconque rivage.

Le regard de Zara se fronça, mais elle ne dit rien. Il la sous-estimait, grave erreur pour quelqu'un d'aussi expérimenté.

- Certes il serait simple, facile, et expéditif de la tuer, dit-il au Jeune Vieil Esprit, et il continua en s'adressant à Hartman : - Nous pouvons toujours l'amener avec nous, ces compétences pourrait nous être utile, des fois qu'il y ait des blessés. Et si elle devient trop gênante nous pourrons toujours la tuer, personne n'en saura rien.

Zara tût le fait qu'elle ne savait pas guérir. Ils seraient bien surpris lorsqu'un d'entre eux serait blessé. Mais si elle voulait les accompagner, autant qu'ils ne la croient pas trop dangereuse, mais utile.
Le Colosse Bleu s'approcha d'elle, se baissa pour être à sa hauteur. Il était si près qu'elle pouvait sentir le souffle de l'homme sur son visage.

- Et puis si elle est une citoyenne du feu elle se fera un plaisir d'aider la nation en tant que bonne citoyenne qu'elle est !

Zara répondit, toujours aussi souriante :

- Oui, bien sûr !

Elle avança dans la cabine et désigna du doigt la petite troupe qui l'escortait :

- M. Pyromane ne vous a pas dit mon nom. Alice Zara, Maître de l'Eau, originaire de l'île d'Hosho. Mon père est Citoyen du Feu, et moi aussi. (Zara observa une petite pause, scrutant les quatre hommes un à un. Elle leva sa main, et compta sur ses doigts.) Je ne suis ni une espionne, ni dangereuse. Je suis écrivaine. C'est tout. Et bien sûr, aider ma nation sera un plaisir, en particulier si cela me permet de nourrir mes récits.

Elle prit son sac qu'elle gardait en bandoulière, l'ouvrit et en laissa tomber le contenu à terre. Se déversèrent sur le sol de la cabine une combinaison de cuir doublée, une robe, une paire de collant, des rubans bleus, une trousse de toilette contenant tout ce qu'une femme a besoin, un boomerang soigneusement plié, un carnet et un stylo. C'est fou tout ce qui peut rentrer dans un sac de fille.

- Voici mes armes. Très dangereuses, j'en conviens. Vous pouvez examiner mes notes, et vous verrez que je me suis déjà inspiré de vous quatre pour créer des personnages, ainsi qu'un début de récit. Une fiction. Je ne raconte pas les choses réelles, elles ne m'intéressent pas. Enfin si. Elles m'intéressent, car elles nourrissent mon imagination. Et donc me permettent de faire des fictions. Parce que le réel, c'est ennuyant... Enfin, d'habitude, parce que là, ça n'a pas l'air d'être ennuyant, ce qu'il va se passer...

Elle se tut. Sourit.

- Enfin bref. Je ne suis pas plus dangereuse sur ce bateau que vous, Lieutenant Hartman, M. Pyromane, et vos hommes. J'ai de l'eau à volonté, certes. Mais vous, votre feu, vous pouvez le créer n'importe quand. C'est à peu près équilibré, pour une fois. L'équilibre fait-il peur, dans un monde qui fonctionne grâce au rapport de force ? Vaste question.

Elle haussa les épaules.

- Et je serais ravie d'aider mon pays, comme le Colosse Bleu l'a si gentiment fait remarquer. Mais après, c'est à vous de décider entre sa proposition, celle de Jeune Vieil Esprit et celle de l'Armure Rouge. Ma vie est entre vos mains, mais j'aimerais vous être utile. Cela me ferait évidemment très plaisir.

Zara acheva là de parler, discours un peu chaotique, semblable à sa personnalité. Et, plantée là, en robe blanche au milieu de ses affaires étalées à terre, elle attendait la décision du Lieutenant.

[Shurat]

*Shen prit le livre à terre et le consulta rapidement.*

Et bien écouté lieutenant je sais que la plume peut être plus forte que l'épée, mais dans le cas présent je vois mal la menace que pourrait représenter cette fille. Et comme je l'ai dit, au pire on pourra toujours s'en débarrasser. Je pourrais même m'en occuper moi même si vous le souhaitez.

*Il regarde Zara*

Le colosse bleu?! Vraiment, je vous impressionne tant que sa jeune fille?

*Cette fille ne semblait pas une combattante mais néanmoins elle était intéressante et à terme pourrait se révéler être un élément utile du plan de Shen, en plus elle était water bender.*

[Alice Zara]

Le Colosse Bleu prit le carnet de Zara, et le feuilleta rapidement, avant de déclarer :

- Et bien écoutez Lieutenant, je sais que la plume peut être plus forte que l'épée, mais dans le cas présent, je vois mal la menace que pourrait représenter cette fille. Et comme je l'ai dit, au pire on pourra toujours s'en débarrasser. Je pourrais même m'en occuper moi même si vous le souhaitez.

Il se tourna vers la Maître de l'Eau :

- Le Colosse Bleu ?! Vraiment, je vous impressionne tant que ça, jeune fille ?

Zara plongea son regard dans celui de l'homme, et dit en souriant, d'un ton qui laissait entendre que la question était très bête et la réponse très évidente :

- Tu es grand, tu es musclé, tu t'habilles en bleu. Tes caractéristiques morales ne sont guère évidentes à saisir au premier coup d'oeil. "Colosse Bleu" est un terme qui te décrit tel que tout le monde peut te voir, c'est un surnom qui définit ce que chacun pense en premier de toi, et tu ne veux pas qu'ils en sachent plus n'est-ce pas ? Mais ai-je dit quelque part que tu m'impressionnais ?

Elle haussa les épaules, et retourna son attention vers le Lieutenant, qui devait toujours prendre une décision.
Le tutoiement s'était fait naturellement, peut-être parce que le Colosse Bleu ne l'impressionnait effectivement pas...?

[Conseiller du Feu]

Alice, Draven, Shen et Yiwang

*Le lieutenant écoute attentivement chacune des réponses, et intervient alors que les choses commencent à s'emballer.*

Oulah, on se calme les jeunes !

*Prenant le cahier des mains de Shen, il le tend à un des gardes d'Alice, et lui fait signe de ramasser toutes ses affaires éparpillées sur le sol.*

C'est bien beau tout ça jeune fille, mais vous n'avez pas vraiment répondu à ma question...

*Puis, après s'être gratté la tête quelques secondes...*

Allez, mettez moi ça en cellule. Et vous trois, allez vous préparer.

*Et hop ! Petite ellipse temporelle d'une demi-heure où.. vous vous préparez un peu comme vous voulez. Sauf Alice, elle, est est enfermée dans une cellule à la cale. Et oui, l'aventure c'est bien, mais quand on rencontre les secrets d'état... tout ne se passe pas forcément comme prévu.

Pendant ce temps Hartman, lui, réfléchit dans sa cabine. Les trois hommes ont chacun donné leur avis, et des choses intéressantes ont été dites - même si la raison donnée n'était pas toujours la meilleure. Mais finalement, c'est son instinct qui va le pousser à se décider. Un instinct qui ne lui a pas encore fait défaut jusqu'à présent, alors autant ne pas le contrarier cette fois, non ?

Et c'est ainsi qu'il se rend dans la cabine d'Alice, accompagné d'un de ses hommes. Là, la jeune fille est complètement entravée, les yeux masqués et les oreilles bouchées. Et c'est du travail de pro, donc pas la peine d'espérer une quelconque erreur. Elle est alors trimbalée sans jamais voir où elle va, ni sans que personne ne s'attarde sur ses éventuelles protestations.*

Qu'est ce qu'il faut pas faire des fois...

*Evidemment, cette remarque n'appelle pas de réponse, la jeune fille ne pouvant rien entendre. Puis, après un voyage qui semble avoir duré une éternité, la voilà qu'on la force à s'asseoir, et que ses bras et pieds sont fixés respectivement au mur et au sol. Puis que plus rien ne se passe pendant un bon moment.

En se qui concerne les trois loustics, et bien, une fois la demi-heure écoulée, ils ont tout simplement été conviés à se rendre dans la cale avant du navire. Là, ils ont pu se rendre compte que certaines des caisses ont été transportés à l'intérieur d'un plus petit navire... Et à l'intérieur, sur un des bancs, la jeune fille de tout à l'heure.*

Bon... J'espère que vous êtes prêts, parce que là, c'est la bonne. Pour la fille, pour l'instant on l'emmène, mais elle reste comme ça jusqu'à nouvel ordre.

*Quelques minutes plus tard, la proue du navire s'ouvre, et le plus petit engin est poussé à l'eau, avant de s'éloigner vers la zone de l'ancienne Île Blanche... Le bâtiment principal, lui, continue sa course autour de l'archipel comme si de rien n'était.*

[Micky]

*Le Colosse Bleu, Jeune Vieil Esprit, l'Armure Rouge.
Ainsi les avaient elle caractérisée tous les trois. A juste titre si on s'en referait a l'apparence sauf pour lui. Il s'étonnait d'être le seul dont le surnom avait attrait au psychologique, sans couleurs.

Loin de s'y attarder non plus vu que le sens même de ces mots témoignaient de l'image qu'elle avait de lui, il resta silencieux a écouter les réponses des deux hommes, puis le duo entre le géant et la jeune femme. L'un comme l'autre semblaient lui témoigner un intérêt certains mais aux origines foncièrement différentes.

Ils étaient, décidément les militaires les plus lisibles, les plus indisciplinés jamais rencontrés, osant aller jusqu’à tourner le dos a leur supérieur pour répondre a une de ces questions directe qui comme il l'avait annoncé restait un exercice, geste que le novice qu'il était ne se serait pas permit.
Soit l'image qu'il avait de l'organisation de ce corps d'état était faussée par les normes de ce père intraitable. Soit il avait a faire a deux éléments un peu différents du lot.

Ce qui en soit ne l'aurait pas étonné vu l'origine de celui qui finissait le trio, et peut être le quatuor.
Hartmann restait impénétrable mais ce qu'il avait sentit de lui ne présageait pas d'une issue sanglante.
Réservant son jugement a plus tard, il les congédia ensuite en leur donnant rendez vous avec l'ordre de se préparer.

Draven attendit que tous soient partit pour saluer et quitter la pièce a son tour. Une fois dans le couloir, il erra quelques minutes sur la coursives avant de demander son chemin a un marin tellement trempé que sa barbe et ses cheveux s'étaient confondus en un amas de poils d'une blancheur salée par la mer. Le jeune homme déambula sans se presser, la nuit tombait, il l’aperçut par le hublot qui décorait le bout du couloir. D'une main, il l'ouvrit un instant pour s'enivrer de l'odeur puissante, puis se détourna, laissant a plus tard ces premières minutes de paix depuis qu'il s'était présenté devant la capitale, tout a sa mission.



L'armurerie avait la taille d'un dépôt, deux gardes a l'entrée vérifièrent son identité avant qu'il ne fut autorisé a demander au taulier ce dont il avait besoin. Profitant de l'occasion, il troqua ses vieilles guenilles qui sentaient le bouquetin et la fanges des cellules contre un complet noir léger.
Le pantalon de toile sans être ample le laissait libre de ses mouvements, tout comme la veste de lin assez large qu'il finit de boutonner avant d'en tester le confort d'un coup ou deux portés dans le vide.

A la sécurité des armures même légère, il préférait la mobilité et la simplicité. Si ces petites merveilles technologiques flanchaient, il faudrait peut être finir le chemin a la nage, nul doute qu'une protection lourde l'aurait noyée facilement avec l'épuisement.

Une paire de chaussure de cuir souple, hautes et de même couleur, un bonnet aussi sombre pour lui couvrir la tête. Sans avoir le temps de se laver, il se sentit malgré tout presque propre, rassuré, a neuf. Mission de reconnaissance certes, mais sur un territoire dangereux, il s'équipa de deux lames courtes a la ceinture et de deux Tantô qu'il ceignit dans son dos au niveau de ses hanches, a l'horizontale..


Paré, prêt, Draven salua l'armurier avant de filer vers l'avant du bâtiment, descendit aux cales et se faufila entre les caisses de transport pour rejoindre le navire de taille réduite qui allait les prendre en charge. Hartmann, présent, supervisait le chargement. Premier des trois apparemment, il embarqua sur un signe de tête de l'officier.

L'engin semblait taillé pour la vitesse, d'une facture toute autre que le grand transporteur lourd et clinquant des couleurs du pays du feu, il lui renvoyait son propre choix sur la couleur discrète. En entrant, il se dit que l'équipement nécessaire stocké limitait de toutes manières la taille de l'équipe mais sourit en constatant néanmoins qu'elle venait de se renforcer d'une Waterbender.

Assise, attachée plutôt, sur un banc, la jeune femme était entravée lourdement, aveugle et sourde si on en croyait le soin qu'ils avaient mit la privée de ses perceptions. Avec fermeté mais douceur, il prit sa main droite entre les siennes et la serra comme il l'aurait fait pour rassurer n'importe qui. Bien que le destin de l'inconnue qui se prénommait Alice l'importait peu, Draven estimait qu'elle avait le droit d'être fixée dessus. Il espérait qu'elle comprendrait le message, et que l'apparente tranquillité qu'il lisait sur les traits de son visage refléterait non plus ce maintien forcé.


Le voyage ne risquait pas d'être long. Ainsi se posa t'il tout a l'arrière, entre deux des grandes caisses de bois, les yeux fixés sur l’extérieur. Une cale pour l'instant certes, mais dans quelques minutes, la mer et le ciel sans fin.*

[Alice Zara]

- Oulah, on se calme les jeunes ! intervint rapidement Hartman.

Zara attendait. Elle oscillait d'une jambe à l'autre, signe rare de légère nervosité chez elle. Son corps trahit ce que son esprit ne veut pas admettre, trop têtu et trop fier.
Le lieutenant prit le carnet des mains du Colosse Bleu, le tendit à l'un des gardes qui encadrait la Maître de l'Eau et fit signe à celle-ci de ramasser ses affaires, geste qu'elle exécuta gracieusement.

- C'est bien beau tout ça jeune fille, fit Hartman, mais vous n'avez pas vraiment répondu à ma question...

Zara s'apprêta à ouvrir la bouche pour protester. Selon elle, sa réponse avait été parfaitement claire pourtant ! Mais le Lieutenant reprit rapidement, non s'en s'être machinalement gratté la tête :

- Allez, mettez moi ça en cellule. Et vous trois, allez vous préparer.

Zara plissa la bouche et fronça les sourcils, mais se laissa escorter par Pyromane, qui avait l'air de se réjouir de la situation (même si la jeune fille, encore une fois, ne voyait que le dos du soldat, elle décida qu'il en était ainsi). Bien que traînant des pieds et ruminant son échec, elle fut rapidement enfermée dans une cellule au fond de la cale.
On lui avait laissé ses affaires, et Zara s'assit donc sur le sol dur, prit son carnet, et commença à y écrire. Elle changea certaines caractéristiques sur ses fiches de personnages. Elle exagéra un trait, en supprima certains ou en rajouta d'autres, de son invention. Les quatre hommes étaient réinventés, réarrangés pour coller aux exigences de la jeune fille, et à celles du récit qui commençait lentement à se mettre en place dans son esprit. La cellule était froide et austère, seul le lointain - et peut-être imaginaire - bruit des vagues contre la coque en métal et le lent tangage du navire qui berçait la jeune fille venaient égayer l'atmosphère. Ainsi, le temps passa, ponctué par le grattement du stylo de Zara sur le papier blanc.
Alors que la jeune femme plantait le contexte de son récit en un premier jet d'introduction, elle perçut le lourd pas de bottes militaires sur le fer de la cale. En quelques instants, des soldats pénétrèrent dans sa cabine, la saisirent par les bras et les jambes. Zara se mordit la lèvre. Elle se demanda ce qui allait lui arriver.
Allait-elle mourir ?
Fin assez minable, il n'y aurait vraiment rien à raconter d'intéressant. "Jeune femme disparue 18h seulement après avoir quitté ses parents !". Pas très glorieux.
Mais elle sut que ce n'était pas ce qui l'attendait alors qu'on lui mettait un foulard sur les yeux. Sur un bateau loin de tout, pourquoi lui épargner la vue du canon ou de la flamme qui allait la tuer ? Non. C'était à autre chose qu'on la préparait. C'est alors qu'on lui boucha les oreilles.

Sourde. Elle était sourde.
Peut-être est-ce à cause de cela qu'elle ne protesta pas, que ça ne lui vint même pas à l'esprit.
Elle était sourde. Elle eut beau se concentrer pour tenter de percevoir quelque choses, un son très assourdi, ne serait-ce que le lourd son des pas militaires sur le navire. Mais rien. Rien d'autre qu'un silence-ence-ence-ence. L'écho de ses pensées résonnait-ait-ait-ait… Mais la pensée n'était pas son.
Elle essaya de parler. Mais elle ne sut pas si elle réussit. Peut-être dit-elle effectivement la phrase "N'oubliez pas mes affaires, s'il vous plait", peut-être n'émit-elle qu'un gargouillis. Elle avait sentit sa gorge vibrer, elle avait bougé la bouche. Mais avait-elle réellement réussi à émettre un son audible ? Elle ne savait pas.
Et c'était effrayant.

Zara n'aimait pas avoir peur. C'était déstabilisant, la peur. Ca commence, puis ça empire-pire-pire-pire…
Elle souffla. Expira. Inspira. Expira.
Et se calma doucement.
Se raccrocha au tissu qu'elle sentait frotter sur son corps. Elle sentait également les mains des soldats la soutenir, le vent sur son visage. Elle huma l'iode salée de la mer, ce parfum qu'elle aimait tant. Se sentit mieux.

On l'installa sans la ménager, elle sentit ses chaînes bouger contre ses poignets, essaya de bouger mais comprit qu'elle était attachée au bateau. Elle sentit le métal sous ses cuisses.
Mais elle avait changé d'endroit. Elle respirait la mer, sentait le tangage sous ses hanches et ses pieds plus fortement, un vent soufflait, petit courant d'air qui caressait son visage et se servait des mèches de ses cheveux pour la chatouiller.
Avait-elle changé d'embarcation ? Etait-elle sur un navire plus petit, d'après le tangage plus important ? Si c'était le cas, où l'emmenait-on ?
Se poser ces questions ne servait à rien.
Zara fit le vide.
Laissa son esprit vagabonder.
Songerie…

C'était un monde sans nom, car personne n'avait jamais pensé à le nommer. On ne savait pas si ce monde était plat, ovale, ou carré… Peut-être était-ce un triangle ou un cône. Personne ne s'en préoccupait.
Ce monde sans nom était bleu, car il possédait une mer immense, si grande et vaste que jamais un habitant de la terre n'avait jamais réussi à atteindre une autre rive quelconque, le bout du monde ou l'autre côté du continent - des possibilités qui n'étaient pas exclues. Sur cette mer immense, posé pile en son centre, il y avait un continent circulaire et plat, pas très grand et qui comptait sept royaumes.
Il y avait six royaumes méridionaux, qui était de superficies égales, et aux ressources identiques. Et il y avait le septième royaume, au centre du continent, cercle dans le cercle, qui était plus beau, bien que plus petit que les autres, et qui possédait pour seules ressources des mines de magnifiques cristaux violets et de grands champs sauvages de cassis et de lilas. Les souverains de ce royaume étaient bons et généreux. Le peuple les aimait ainsi que les nations voisines qui n'étaient pas belliqueuses.
Le continent était paisible et n'avait jamais connu la guerre. Tous s'entraidaient avec bienveillance et espéraient un jour percer le mystère de l'océan. Mais il avaient le temps, et cette quête était celle de toutes les successions de générations qui tour à tour se disaient qu'elles avaient le temps. Les habitants de ce monde sans nom tenaient d'abord à être parfaitement heureux sur leurs terres avant de partir découvrir de nouveaux horizons.
Ainsi était la vie sur cette terre sans nom…
Mais un jour survint la….

Réalité.
Zara émergea brusquement. Redevint sourde. Redevint attachée. Redevint prisonnière. Voulut crier, même si elle ne s'entendait pas.
Mais alors, elle sentit un contact sur sa main droite. Une autre main, beaucoup plus grande. Rugueuse, mais qui se voulait douce.
Zara reste quelque instant sans réaction, alors que le contact cesse.
Elle était entourée, quelqu'un au moins n'était pas hostile. Et elle allait vivre une aventure. Vivre-ivre-ivre-ivre...
Elle essaya de dire :

- Merci.

Mais elle ne sut pas si elle réussit ne serait-ce qu'à le murmurer, car elle était toujours sourde et enchaînée.
Elle ne sut pas non plus si le soupir qu'elle pensa émettre s'entendit.

[Nefken]

Allez, mettez moi ça en cellule. Et vous trois, allez vous préparer.

*Yiwang était déjà prêt. Il avait ses armes ainsi que son armure, il n'avait besoin de rien d'autre. De ce fait, en sortant de la cabine du lieutenant il se dirigea vers la proue du navire. Il profita de la brise marine pour laisser ses pensées divaguer, les yeux fixés sur l'horizon.*

/Cette jeune fille... Qui est-elle ? Que fait-elle ici ? La mission... En quoi cela consiste vraiment ? Que va-t-il advenir de notre petit groupe ?/

*Autant de question qui donnèrent matière à réfléchir au jeune durant la demi-heure qui leur était accordée. Il songea ainsi aux risques qu'encourait la jeune fille. La mission était spéciale et le fait qu'elle en apprenne trop pourrait mettre sa vie en danger. Yiwang pensa alors un moment à une manière de la protéger si jamais l'armée en voulait à sa vie. Puis il se sentit stupide... Que pouvait-il bien faire, lui, un jeune garçon dénué de tout talent pour aider une maître de l'eau apparemment confirmée ? Sa réflexion lui parut caduque. Certes, il aurait bien aimé aider la jeune fille mais il ne voyait pas comment. Toujours est-il qu'il pourrait aviser le moment venu, la libérer, l'aider à s'enfuir, ou quelque chose du même acabit. En effet, si elle posait problème à la Nation du Feu alors il ne pouvait qu'être de son coté, et elle pourrait l'aider en retour quand il en aurait besoin... peut-être. Il ne doutait pas, bien sur qu'elle puisse se défendre, mais dans la situation où elle se trouvait, c'était difficile. Sans oublier qu'il n'avait pu lui parler pour la tenir au courant de ses intentions... Bref, c'était inextricable, donc inutile de se concentrer là-dessus pour le moment.*

*Il songea ensuite à la nature de leur mission. Il redoutait ce qui avait attrait aux phénomènes étranges, et tout ce qui pouvait avoir un lien avec les esprits. Les impressions qu'il avait eu de prime abord semblaient se confirmer plus ou moins. Sans parler de leur groupe, on ne peut plus hétéroclite. Un lieutenant, militaire avant tout, mais aussi un homme doté d'un certain sens de l'humour. Il répondait toujours aux questions de façon détournée, signe qu'il aimait mener ses inférieurs en bateau (sans jeu de mot), d'autant plus des bleus... Des bleus... Justement, Yiwang s'interrogea à propos de la fameuse équipe. Lui-même était jeune, n'avait pas grande expérience des combats, encore moins de l'armée, et comble de tout, il détestait cette même armée. C'est cet homme... Shen, qui l'avait incité à s'engager à propos d'un projet qu'il avait. Le problème c'est que ce projet, Yiwang n'en connaissait pas la teneur. Il était alors partagé. D'un coté, maintenant qu'il était dans l'armée, il lui serait très facile de mettre des bâtons dans les roues de cette expédition tout en faisant croire à la maladresse du jeune récemment engagé. De l'autre, il pouvait faire confiance à Shen et son projet, laisser l’expédition se dérouler normalement et agir lorsque le Colosse Bleu, comme aimait l'appeler la jeune fille, lui dirait quoi faire. Cependant, même si l'homme lui avait sauvé la vie une fois, il n'avait pas confiance en lui. Quelque chose dans son attitude incitait Yiwang à se méfier de lui, comme si son projet avait quelque chose de malsain... D'autant que Shen ne voulait rien dévoiler. Encore une fois, l'esprit de Yiwang s'évadait dans des reflexions trop complexes. Il n'avait pas assez d'éléments pour prévoir ses agissements sur le long terme. Il s'en remettrait alors uniquement à son instinct et ses réflexes. Ça devrait lui suffire pour survivre, ce qui bien sûr, était primordial.*

*Enfin, le dernier homme, Draven... Yiwang n'en savait pas beaucoup à son sujet et c'était peut-être mieux ainsi. L'homme était intelligent, aucun doute là-dessus mais il y avait autre chose que le jeune homme inexpérimenté que Yiwang était ne pouvait pas appréhender. Penser à l'équipe étrange le fit de nouveau se poser la question d'un éventuel échec de la mission. En effet, la mission semblait importante car, si Yiwang avait bien compris, elle émanait d'un souhait direct du Seigneur du Feu. Alors, une question restait, et non des moindres. Pourquoi envoyer trois hommes aussi peu fiables et aussi peu expérimentés, plutôt que l'élite ? Sitôt engagés, sitôt sur une mission de premier plan, voilà qui était bien étrange. Surtout que l'armée n'avait vérifié aucune des informations que les hommes avaient donné lorsqu'ils s'étaient engagés. Décidément, cette mission était singulière, c'est pourquoi Yiwang continuait de penser que le lieutenant conservait des informations importantes et qu'au final, la mission pourrait bien être une sorte d’expédition suicide. Yiwang s'était bien évidemment préparé cette éventualité, que cette mission pourrait bien marquer la fin de sa vie. Mais il ne se rendrait pas sans combattre et s'il trouvait un moyen d'en réchapper, il saisirait sa chance, quoi qu'il lui en coûte.*

*Il n'avait pas vu passer la demi-heure, si bien qu'il dû courir pour se rendre à la cale. Lorsqu'il arriva, il vit que les autres avaient pris place dans un bateau plus petit et que la jeune fille faisait partie des passagers. Il se dépêcha de s'installer.*

Bon... J'espère que vous êtes prêts, parce que là, c'est la bonne. Pour la fille, pour l'instant on l'emmène, mais elle reste comme ça jusqu'à nouvel ordre.

*La proue s'ouvrit et leur nouvelle embarcation prend le large, s'éloignant de plus en plus du navire principal. C'était parti, pour de bon cette fois. Yiwang était à la fois anxieux et impatient. Il n'attendait que ça de partir à l'aventure, mais les circonstances n'étaient peut-être pas idéales...*

[Shurat]

Allez, mettez moi ça en cellule. Et vous trois, allez vous préparer.

*Les ordres semblait clair et simple, la jeune femme était pour l'instant épargné et ils pouvaient se recentrer sur la mission.*

Cette mission d'ailleurs qui prenait un tournant intéressant, des sac a dos permettant de voler, d'incroyable source d'énergies, peut être même de quoi équipé une nouvelle arme.*

Shen partit prendre son sac, le reste de son armure et de ses armes. Il se dirigea tranquillement vers le point de rendez vous où il trouva ces deux coéquipiers et leurs adressa un signe de la tête dans une forme de salut de politesse.

Soudain Hartmann arriva avec la fille soigneusement entravée*

Bon... J'espère que vous êtes prêts, parce que là, c'est la bonne. Pour la fille, pour l'instant on l'emmène, mais elle reste comme ça jusqu'à nouvel ordre.

*Le bateau s'ouvra pour laisser sortir de son ventre une petite embarcation, un ingénieux système qui permit de faire diversion.*

[Conseiller du Feu]

Alice, Draven, Shen et Yiwang

*Et voici donc tout ce beau monde à bord du petit vaisseau. Le Lieutenant ne parle pas du voyage, visiblement concentré sur le maniement de la bête... Ou sur la mission à venir et la décision qu'il va devoir prendre, qui sait. Toujours est-il que le voyage se passe sans qu'il ouvre la bouche, ou qu'il donne l'impression qu'on puisse le déranger.

Puis, finalement, voilà que l'embarcation ralenti alors que quelques affleurements rocheux commencent à apparaître ça et là. Cherchant ostensiblement quelque chose du regard, Hartman finit par se décider et se dirige vers un récif plus grand que les autres. Avant de s'arrêter non loin, puis de se lever.*

Allez hop, vous me trouvez de quoi amarrer ça bien solidement, et moi je vais jeter un oeil aux caisses et à notre invitée surprise...

*Aussitôt dit, aussitôt fait, et le voilà devant Alice. Une profonde inspiration... Puis il détache les entraves bloquant sa vue et son ouie.*

Et bien jeune fille, vous n'avez pas idée de ce dans quoi vous vous êtes fourrée... Vu ce que vous avez peut-être pu voir dans ces caisses, soit vous passiez quelques années au fond d'un cachot, soit vous veniez avec nous. Et encore, rien ne vous garantie de ne pas, malgré tout, finir au trou à notre retour au pays...

*Se rendant compte que le navire est maintenant bien attaché, il confie une nouvelle mission aux trois hommes.*

Bien, maintenant vous allez pouvoir m'ouvrir la première série de caisse. C'est pas bien compliqué, y'a un grand "A" dessus.

*Puis il se tourne à nouveau vers Alice.*

Quant à vous... Vous allez redevenir sourde et aveugle quelques instants.

*Les yeux de la jeune fille de nouveau bandés, ses oreilles bouchées, le Lieutenant se joint à la tache, réceptionnant les différentes pièces métalliques et les assemblant d'une main experte. Rapidement, une structure assez étrange en émerge. Des leviers, des tubes, des sangles...*

Messieurs... Le Jet Pack !

*Yeux qui brillent, le retour. Mais apparemment, ce n'est pas celui que lui-même utilisera... car le voilà qui se tourne vers Shen et Yiwang.*

Bon, question piège. Y'en a un qui maîtrise le Feu ?

[Shurat]

*Shen regarda Hartmann interrogatif:*

Euh... Non pourquoi c'est un problème?