par Chizuka » Dim 26 Fév 2017 23:00
Malgré mon immense fatigue et mon mal de crâne, je fais un effort mental pour faire remonter tous les souvenirs que j'avais. Peut-être cet effort calmera les ardeurs de mon double, enfin. Depuis le temps que je l'attendais...
Je ne suis pas au mieux de ma forme, mais je vais tenter de vous en dire le plus possible.
J'inspire profondément, me laissant le temps de réfléchir, puis me lancer.
J'ai grandi dans un village reculé de la nation du feu, avec ma mère divorcée. Elle m'éaimais beaucoup et je le lui rendais bien. En grandissant, je me suis intéressée à la charpenterie, au point d'en faire l'apprentissage et de le réussir. Finalement, jusqu'à 20 ans tout ce passait bien, dans le meilleur des mondes.
Je m'arrêtai quelques secondes, commençant à devoir parler du pire.
Mais entre 21 et 25 ans, j'ai commencé à changer. Il m'arrivait de plus en plus souvent de tenir des propos crue et de manifester des comportements violent avec mon entourage. Au bout d'un moment, ma mère m'a enfin expliqué de quoi il retournait. J'avais en moi une autre personnalité qui se réveillait. C'est une tare héréditaire qui sautait une génération pour venir s'ancrer dans les gênes du nouveau né. Jusqu'à 20 ans, sa force n'était pas assez forte pour prendre le contrôle du corps dans lequel il était, mais se nourrissant des colères et de la tristesse de son porteur, il parvenait au fil des années à se forger une plus grande force. Mon grand-père a vécu la même chose en son temps.
Une pointe de nostalgie me prit. J'aurais tellement aimé les revoir, tout les deux... j'ai tellement peur de Riko que je n'ose pas les approcher,,, Même mon mari l'a compris et a fui... Ma gorge se noue.
À 26 ans, je débutais dans ma bataille avec Rikom et plus habile que moi, elle prenait souvent le dessus, allant jusqu'à tuer un de mes collègues de travail parce-que selon elle, il était soûlant... Ma culpabilité n'a pas fait l'ombre d'un doute, et personne ne voulait entendre parler de mon double. C'est vrai après tout, qui pouvait croire une histoire si surréaliste...
Quelques larmes perlèrent.
J''ai été admise dans un hôpital psychiatrique mais en chemin entre le commissariat et ce bâtiment, Riko a de nouveau frappé et a tué la majorité des policiers qui m'escortait avant de prendre la fuite. J'ai du vivre à l'écart de la population un temps, pour ma propre sécurité. Depuis, je n'ai plus le droit de retourner dans ma ville de travail natale, si ce n'est pour intégrer l'institut psychiatrique. Même le mari tendre et aimant avec qui j'ai pu vivre quelque années a pris peur et a fui avec notre fils.
Un soupire sanglotant part de mes poumons.
En fait, le seul moyen de freiner Riko, c'est de m'isoler, comme d'habitude... Ne vous attardez pas avec une condamnée comme moi...
Je ne savais pas pourquoi je disais ça, alors que j'avais peut-être une chance de m'en sortir... probablement n'y croyais-je pas vraiment au fond de moi...