[Capitale]Le Quartier Résidentiel

[Houka]

Un frisson ignoble traverse le dos tout entier d'Houka qui se fige comme une statue marbre a la vision de son paternel et au son de sa voix, il est plus blanc qu'il n'avait pu l'être lorsque sa vie était mise en danger durant leur traversée de la ville jusqu'ici. Les deux questions semblent anodines prononcées ainsi mais il sent un étaux se serrer autour de sa gorge avec une violence inouïe, il tente de parler une première fois mais le stress intense passé et présent se cumulent et ses mots deviennent un bafouillage incompréhensible.

Il tousse une ou deux fois pour s'éclaircir la gorge et reprend d'une voix faible qui laisse comprendre la relation établie entre les deux personnes, il parle bas, avec politesse et un manque d'assurance évident détonnant bien trop avec l'assurance dont il avait fait preuve malgré sa situation lorsqu'il avait entamé la discussion avec Lyanna et Flamme.

- Rien de bien grave, père, nous avons été prit dans une bagarre mais nos ennemis en ont payé le prix fort et nous avons évité le pire.

Il marque parfois des pauses dans ses paroles, cherchant la bonne formulation et se concentrant pour ne pas bafouiller une fois de plus.

- J'étais...

Il devient d'autant plus blanc. Il ne peut pas mentir, Hazai connait la vérité et n'hésitera pas a la dire si c'est pour venir aggraver un peu plus cette situation délicate. Il baisse a moitié le visage et détourne le regard, ses mains moites tremblant un peu plus.

- Au... Au feu intérieur...

Il tente de changer le sujet rapidement.

- Je suis rassuré de voir que vous semblez aller bien au vu de la situation, Hazai est-il en sécurité lui aussi?

Ces paroles, même si il a l'habitude de jouer cette comédie, sonnent un peu faux. Il aurait préféré qu'il ne rentre pas ce soir, qu'il reste là bas, sur cette place et il en va de même pour son frère. Il anticipe alors la question évidente qui allait suivre en se décalant un peu pour montrer d'un geste de main Lyanna et Flamme.

- Ces deux personnes semblaient perdues et en danger, je leur ai proposé le gîte pour la nuit afin qu'ils puissent survivre a cette nuit et dormir aussi paisiblement que possible au vu des circonstances. J'assumerai tout écart de leur part.

[Flamme]

Flamme (152) Tire-larme

Flamme ne comprit pas pourquoi le blond se décomposa devant son géniteur ni pourquoi son instinct lui criait que c’était anormal que le vieux ne réagisse pas plus que ça en voyant les deux intrus. Quand Houka les désigna, Flamme sut immédiatement que c’était à son tour de jouer la comédie. Se plaçant un peu à côté de Houka, pas tout à fait au même niveau, la voir enrouée et les yeux tristes dont Flamme trouvait la source dans ses traumatismes précédents, l'enfant dit :

Fais-toi misérable et adorable.

Flamme repensa aux cris, aux bruits de casse pour convaincre le patriarche.

- Oui, sans m’sire Houka, ils nous auraient écorché la peau ou même pire pour un peu d’notre argent. À deux, on pouvait rien faire.

Mine de rien, même les miséreux ont de l’argent. Pas beaucoup mais quand même supérieur à zéro yuan.
Flamme se cacha derrière Lyanna pour appuyer le côté vulnérable. La fripouille avait pensé à choisir Houka comme protecteur mais il n’était pas possible de savoir si l’effet serait bénéfique ou non. De même pour montrer le dos brûlé au prix d’une protection d’inconnus aussi vulnérables et innocents soient-ils.

[Gwlaglus]

Le trio n'était pas resté longtemps seul. Des serviteurs avaient surgi, mais surtout le père du blondinet était arrivé. Et Lyanna nota bien vite le changement de comportement de Houka. Comme s'il craignait l'homme qu'était son père. Silencieuse, et en retrait, puisque que seul Houka était au centre de l'attention, elle écouta le récit que commençait à faire ce dernier de leur rencontre et aventure dans la capital. Et c'était bien malin de sa part de les présenter, Flamme et elle, comme des personnes perdues et en danger.

Flamme en rajouta une couche, jouant parfaitement la comédie et allant même se cacher derrière elle ! Là, Lyanna prit la parole à son tour :

-Nous étions des proies faciles pour ces hommes-là. Et mon sabre ne faisait pas vraiment le poids face à leur maîtrise du feu. C'est en nous protégeant que votre fils s'est blessé, monsieur. Si notre route n'avait pas croisé la sienne, notre sort aurait été semblable à celui de ces pauvres gens que nous avons croisé sur notre chemin. Ils nous auraient tué, après avoir...profité de nous..., fit-elle, d'une voix devenue plus faible au fur et à mesure du récit.

Le regard de Lyanna s'était presque fait larmoyant, pour rendre plus convainquant ce qu'elle venait de dire. Mais elle ne se forçait pas, elle restait marquée par ces pauvres femmes violentées, et le fait qu'elle ait été spectatrice de ces agressions, sans pouvoir rien faire.

[Conseiller du Feu]

*Le regard de Tenga Shanhuo se fait plus dur.*

-Au Feu Intérieur, dis-tu... Tu y a donc passé la nuit alors que je te cherchais pour te donner un travail ? Cherches-tu à fuir tes responsabilités ? Parce que... vois-tu... si tu ne fournis plus le minimum de travail que j'arrive à tirer de ton apathie permanente, le fait que tu perçoives un salaire ne se justifie plus réellement, n'est ce pas ? Quoiqu'il en soit, nous aurons une conversation approfondie à ce sujet plus tard dans la journée, quand toute cette triste histoire sera enfin terminée.

*La conversation dérive ensuite sur la présence de Flamme et Lyanna, qui enchaînent les justifications sans laisser à Tenga le temps de réagir. Il soupire d'impatience mais garde son calme. Il garde toujours son calme. Houka ne l'a jamais réellement vu en colère d'ailleurs. Non, la colère de Tenga Shanhuo est glaciale mais brûle comme un brasier infernal celui qui y est exposé. Les mots de Flamme, puis de Lyanna lui font hausser dubitativement les sourcils.*

-Depuis quand es-tu une âme charitable qui vole au secours des va-nu-pieds ? Je ne crois pas un seul mot de cette histoire. Assumer tout écart possible de leur part ? Avec quel argent ? Celui que je te donne, donc le mien ? De plus, nous ne sommes pas une maison de charité; tes "protégés" n'ont rien à faire ici. D'autres institutions, que je finance d'ailleurs, sont nettement plus adaptées à leur accueil.

*Là, Houka sent que son père commence à se mettre en colère.*

[Houka]

Il est rassuré de voir que les deux autres jouent le jeu, il a l'impression de pouvoir se détendre un peu mais cette impression s'évanoui dès que le son de la voix de son paternel claque dans l'air tel un fouet venant arracher avec violence cette pseudo assurance grandissante. Il a l'impression que le monde autour de lui commence a tourner et sa respiration accélère a une vitesse alarmante.

-Au Feu Intérieur, dis-tu... Tu y a donc passé la nuit alors que je te cherchais pour te donner un travail ? Cherches-tu à fuir tes responsabilités ? Parce que... vois-tu... si tu ne fournis plus le minimum de travail que j'arrive à tirer de ton apathie permanente, le fait que tu perçoives un salaire ne se justifie plus réellement, n'est ce pas ? Quoiqu'il en soit, nous aurons une conversation approfondie à ce sujet plus tard dans la journée, quand toute cette triste histoire sera enfin terminée.

Son visage se baisse lentement, ses mains tremblent un peu plus fort, on n'entend alors plus de lui qu'une respiration lourde et douloureuse.

-Depuis quand es-tu une âme charitable qui vole au secours des va-nu-pieds ? Je ne crois pas un seul mot de cette histoire. Assumer tout écart possible de leur part ? Avec quel argent ? Celui que je te donne, donc le mien ? De plus, nous ne sommes pas une maison de charité; tes "protégés" n'ont rien à faire ici. D'autres institutions, que je finance d'ailleurs, sont nettement plus adaptées à leur accueil.

Il ouvre la bouche, le temps passe, la seule chose qui en sort est son souffle, il ne sait même pas quoi dire, il ne sait pas quoi faire, il aurait presque préférer rester dans l'émeute le sentiment d'insécurité alors n'est rien comparé l'étau qui se resserre autour de son cœur, de sa gorge, a chaque seconde de plus passée dans cette pièce, devant cet homme là. Il voudrait courir, courir aussi vite qu'il le peu dans l'autre sens mais ses jambes n'en seraient pas capable il doute même pouvoir faire le moindre pas de plus, son dos lui fait soudainement bien plus mal, il a envie de vomir, il a envie de disparaître juste pour quelques heures et revenir quand le monde aura recommencé a être comme il l'était avant.

Mais c'est impossible.

- J... Je...

Il aurait du se douter que son paternel ne croirait pas a un élan de charité de sa part. Il aurait du rentrer seul. Non... Il aurait du rester au feu intérieur, accepter la proposition d'Hama et ne plus jamais revenir ici. Le décor et les couleurs se distordent au rythme de l'angoisse qui ne cesse de grandir, il ne sait pas quoi répondre, il ne voit pas comment se défendre, pas devant lui. Il est plus fort qu'il ne le sera jamais, il trouvera toujours une réponse, ça ne sert même a rien de tenter de se justifier, pourquoi avoir essayé pour commencer?

Son torse se courbe, ses bras viennent longer son corps dans une courbette basse puis finalement ses jambes le laissent tomber, il se laisse glisser sur les genoux et la courbette devient plus formelle encore, il a presque le front contre le sol, ses deux mains placée aux cotés de son visage.

- Je vous offre mes excuses, père... Mais ces deux personnes... N'ont pas a être punies pour mes propres actes...

Sa voix tremble comme jamais, il a envie de pleurer, d'attraper une bouteille et de filer se cacher quelque part, n'importe où, mais personne ne se cache de Tenga Shanhuo bien longtemps... Son ego jeté aux ordures, il se prosterne en excuse devant son père, n'ayant cure de ce qu'en penseront les deux qu'il a entraîné jusqu'ici, complètement dominé par ces deux yeux rouges qui le fixent avec froideur.

[Gwlaglus]

Très vite, Lyanna en vint à la conclusion qu'elle n'appréciait pas du tout le père de Houka. Et pas seulement parce qu'il venait de les traiter, Flamme et elle, de va-nu-pieds, et qu'il ne comptait pas accepter leurs présences chez lui. Elle roula même légèrement des yeux, au mot institution. La tension devenait vraiment palpable, mais la colère de Tenga Shanhuo, elle n'en eut bientôt cure, abasourdie de voir le blondinet courber l'échine de la sorte devant son père. Même devant le chef du Pôle Nord, elle ne s'était jamais inclinée aussi bas.

Le regard bleuté de la fille de l'eau passa du fils au père. La posture bien droite, elle sentait l'exaspération la gagner. Elle comprenait qu'on puisse avoir un respect profond pour ses proches parents, mais s'abaisser à perdre toute dignité, juste pour obtenir des excuses et contenter un parent, ça elle avait bien du mal à l'appréhender. Ainsi que la peur de Houka pour son père. Pour qui se prenait-il celui là d'ailleurs ? Même le Seigneur du Feu n'avait pas cette aura menaçante et autoritaire, qui émanait du père de Houka.

Bientôt, elle n'y tint plus de rester immobile devant se désolant spectacle. Elle lâcha un soupir de désapprobation.

-Houka, relevez-vous ! Il n'y a pas de raison pour que vous courbiez l'échine de la sorte, ou que vous vous excusiez, à cause de Flamme et moi-même...Vous n'avez rien fait de mal, bien au contraire.

Elle regarda de nouveau le père de Houka, avec un éclat furibond dansant dans ses yeux. Puisqu'il ne voulait pas de « va-nu-pieds » sous son toit, elle n'allait pas se gêner de lui dire le fond de sa pensée, tout en restant polie et courtoise, dans la mesure du possible.

-S'il ne vous sied pas que nous restions ici, même pour la nuit, soit. Nous ne sommes que des inconnus à vos yeux, ça, je peux le comprendre. Je pourrais alors vous expliquez que nous logions dans une auberge à proximité de la place centrale, et que les émeutes nous ont obligé à nous retrouver ici, avec votre fils, mais je doute que vous y trouviez un intérêt quelconque. Ni même que vous nous croyez. Nous ne sommes que des va-nus-pieds apparemment, c'est ça ?

Elle n'avait toujours pas baissée son regard, même si elle restait consciente qu'elle risquait gros.

-Mais laissez-moi ajouter quelque chose, avant de nous jeter dehors. Au lieu de rabaisser votre fils, vous devriez être fier de lui, et heureux de le revoir en vie. Parce qu'il aurait pu mourir là bas, en faisant face au danger. Ces gens là bas, ce n'étaient pas des enfants de cœur. Et est-ce vraiment commettre une erreur ou salir le nom de sa famille que de vouloir aider son prochain, quel qu'il soit ? Houka mérite votre respect, et votre amour, non votre haine, monsieur.

Elle lança un dernier regard vers Houka, en lui souriant. Il devait sans doute la trouver folle, de s'être opposée à son père de la sorte. Elle l'était sans doute un peu, mais vraiment, cette situation l'avait mis hors d'elle.

[Flamme]

Flamme (153) Bien pendue

L’enfant écouta les retrouvailles sans trop prêter attention aux détails. Son instinct lui soufflait avec certitude qu’il y avait un froid entre eux. La situation ne lui plaisait pas du tout. Traiter avec le blond n’était pas l’idée du siècle. Comment espérer qu’il défende leurs intérêts s’il ne gardait même pas sa dignité devant sa propre famille. Après la tirade de Lyanna, Flamme l’agrémente d’un :

- Pas la peine d’nous raccompagner à ton institution. On va aller à notre auberge et sur nos deux jambes. T’en fais pas si on crève, t’as pas d’conscience !

Flamme tira la langue.

[Conseiller du Feu]

*Tenga croise les bras et jette un regard froid à son fils. Un rictus nait sur ses lèvres.*

-Tu sais au moins encore reconnaître tes torts et demander pardon d'une façon qui sied à quelqu'un de notre rang. Mais ces gens que tu as ramené, eux, n'ont aucune éducation. Tes fréquentations ne font que se détériorer. Pathétique. Tu jettes l'opprobre sur notre famille et notre rang.

*Et puis, là, Lyanna entre dans la danse. Elle balance ses quatre vérités à Tenga qui ne l'interrompt pas. Les gens autour (je rappelle qu'ils ne sont pas seuls) prennent un air terrorisé. Jamais personne n'a osé parlé au Conseiller de cette façon, du moins depuis des années.

L'homme... contourne Houka toujours prosterné au sol et s'avance vers Lyanna comme un serpent prêt à mordre.*

-Eeeeeeet... Vous êtes ? Une fille de noble ? Vous avez un statut ? De l'argent ? Une fonction ? Qui êtes vous donc pour me parler sur ce ton, vous qui ne semblez être qu'une fille de joie que mon fils a ramassé au bord de la rue pour quelques minutes de plaisir facile ?
Vous venez dans ma maison, et devant l'ensemble de mon personnel et de ma famille remettez en question mon autorité et ma façon de gérer ma famille et mes enfants. Vous venez de m'insulter très gravement. Vous ne savez pas de quoi vous parlez. Vous ne savez pas de qui vous parlez. Vous ne savez pas à qui vous vous adressez. Vous parlez sans savoir. Votre parole ici ne vaut rien... Tandis que ma parole, ici, a force de loi.
Il y a quelques années, de tels propos tenus devant un conseiller vous auraient valu un radiation des registres de citoyenneté de la nation du feu et un exil. Et en des périodes plus sombres, une exécution pure et simple.

*Il passe les mains dans le dos.*

-Je vous enjoins donc à décliner votre nom, votre prénom, et votre statut, afin que je sache à qui j'ai affaire. Une fille de joie comme tout semble l'indiquer ? Ce qui, dans ce cas, signifiera la fin très rapide de votre carrière... Ou bien une fille de bonne famille ? Une innocente qui a commit une effroyable erreur, et dont l'acte risque d'avoir des conséquences fâcheuses pour l'ensemble de sa maison.

*Quant à Flamme, il l'ignore purement et simplement.*

[Houka]

Il jette l'opprobre sur la famille, ce n'est pas nouveau, mais l'entendre une fois de plus et prononcé de cette façon lui donne le sentiment qu'il s'agit d'une menace et le malaise grandit un peu. Si seulement il était au bout de ses peines avec juste cela...

Il veut disparaître, chaque parole que Lyanna prononce de plus renforce ce sentiment, qu'est-ce qu'elle fait?! Il n'ose pas relever le visage, de plus en plus tétanisé, qu'est-ce qu'elle fait?! Quand son père passe a ses cotés il sent son cœur s'arrêter, les compliments qu'elle lui offre semblent dénués de sens, ils sonnent faux même a son oreille à lui, il n'est pas ce genre de personne et qu'est-ce qu'elle espère en lui offrant de tels mots? Un peu plus d'argent, pour aller remplir sa bourse avec celui qu'il devrait lui donner pour avoir menti sur le combat? Sans nul doute, quoi d'autres que cela?

Arrête...

Il a l'impression que le temps est sur le point de s'arrêter, est-ce qu'il pourrait revenir en arrière? Ne pas revenir ici? Surtout sans ces deux là qui n'aident absolument pas, qu'est-ce qu'ils espèrent achever en parlant ainsi a un conseiller? Surtout ce conseiller là, ils sont ridicules, autant aller directement couvert de viande dans un lieux rempli de carnivores affamés, le résultat ne serait pas bien différent. Qu'est-ce qu'il est supposé faire? Il leur a promis un logement sécurisé, certes, mais jamais il n'aurait pensé qu'ils agiraient ainsi, qu'est-ce qu'ils ont? Si ils avaient été polis, si ils avaient accepté calmement les faits, il aurait encore pu négocier mais ici? Il aura beau dire a son père qu'il est le fautif, ce n'est plus tellement le cas.

Arrêtez...

Sa gorge se serre et il n'est plus correctement en excuse au sol, ses mains ont glissées jusqu'à son visage et il le tient, courbé au sol, n'osant pas faire la moindre mouvement, son corps secoué par ses tremblement et les pleures qu'il tente de dissimuler, arrêtez, arrêtez, arrêtez... Il ne veut pas entendre un mot de plus de cette conversation, il ne veut pas être mêlé a ça, comme si ses propres actions n'avaient pas déjà suffit a faire naître la colère chez son paternel, pourquoi ils se sentaient obligés d'en rajouter une couche?! Il vit depuis des années en dosant ses maladresse intentionnelles, pour aller contre sa famille sans risquer trop gros, mais là, il avait fait une erreur de trop la veille en n'étant pas là lorsque son père avait besoin de lui et avec la discussion en cours il redoute amèrement la suite. Chaque larme, poussée hors de son corps par le stress intense, silencieuse, chacune d'elle lui déchire la gorge et lui brûle les yeux, il se sent mal, si seulement il pouvait juste... Disparaître... Pour quelques jours, quelques heures, si seulement...

Il relève un peu le visage, observant alors les serviteurs tétanisés et son regard glisse jusqu'au bar, s'illuminant a la vue des bouteilles d'alcool soigneusement rangées. Il en veut une, il en a besoin, sans ça il ne survivra pas a cette nuit mais aucun serviteur ne fera l'erreur de lui en apporter une au vu de la situation et lui il n'est plus capable de bouger jusque là, respirer lui semble déjà une tâche des plus complexes et il sent que cela ne va pas s'améliorer, si Lyanna prend une nouvelle fois la parole, si elle ose ouvrir une fois de plus la bouche... Il en tremble d'avance.

[Gwlaglus]

Le père de Houka se rapprocha d'elle, et même si elle essaya de rester impassible, de près, il était encore plus impressionnant. Et il ne semblait pas des plus ravis de ce qu'elle lui avait dit. Même les employés et autres personnes présents avec eux avaient l'air carrément terrorisé.

Lyanna reconnaissait bien qu'elle y avait été sans doute un peu fort sur le coup, mais sans sourciller, toujours aussi droite, elle écouta Tenga Shanhuo. Et elle trouva bien vite que ce conseiller-là devait faire la paire avec le conseiller Zafar. Les menaces qu'il faisait peser sur elle, elle ne les ignora pas, elles ne faisaient que rajouter un poids supplémentaire sur la balance des faits pouvant la conduire à devoir quitter la Nation du Feu, ou à finir en prison, au mieux. Mais il était trop tard pour faire machine arrière désormais, et Lyanna n'avait aucun regret. Elle ne tarda d'ailleurs pas à répondre au conseiller Shanhuo. Mais avec un ton plus posé malgré tout. Et elle n'allait pas lui mentir. Surtout qu'en sa qualité de conseiller, l'homme avait peut-être eu vent de toute l'affaire la concernant.

-J'ai manqué à la plus élémentaire des politesses, veuillez accepter mes excuses pour cela. Je suis Lyanna Teppeï, petite fille d'Hayao Yoshida, et élève de ce dernier.

Oui, elle zappa proprement le fait qu'elle n'appartenait pas à la Nation du Feu et venait du Pôle Nord. Mais s'il connaissait l'histoire, autant ne pas trop insister dessus. Et petite fille d'Hayao Yoshida, ça lui donnait un peu de panache, son grand père ayant été reconnu pour son art des sabres, jusqu'à ce qu'il parte pour le Pole Nord, du moins.

-Et au risque de vous décevoir, il ne m'a pas appris à charmer les gens avec mon corps, insista t-elle lourdement sur ces mots, apparemment mécontente d'avoir été prise pour une vulgaire fille de joie, mais plutôt à me servir de ceci, fit-elle, en désignant le sabre attaché à sa ceinture. Et là, si Tenga était connaisseur, il pouvait se rendre compte que ce sabre, ou le fourreau, puisqu'il ne voyait pas la lame, n'avait pas l'air d'être de la pacotille.

Son regard bleuté était devenu bien sérieux. Mais elle n'était pas menaçante envers le père de Houka.

-Récemment, j'ai mis mon sabre au service du prince héritier du Pôle Nord, Kenaï Hakan, durant le festival d'Hosho. J'ai été sa garde du corps. Un emploi qu'une fille de joie aurait eu du mal à remplir, surtout au vu des événements s'étant produits là-bas.

Elle continua de fixer Tenga, sans même regarder son fils, toujours au sol, pitoyable. Le conseiller devait sans doute se poser des questions, mais même si Houka manquait de courage, elle, elle ne donnerait pas plus de détails pour l'instant. Et si Tenga se demandait comment une garde du corps pouvait être prise au dépourvu par des émeutes, la mort de son grand père et la découverte de sa maîtrise du feu pourraient lui servir d'excuses.

-J'ai conscience que je n'aurais peut-être pas du vous juger de la sorte, mais ce que j'ai vu allait à l'encontre de ce que l'on m'a inculqué. J'ai sans doute un sens du respect, et des valeurs différents du votre.

Non, on ne pouvait pas du tout prendre ça pour des excuses.