[Capitale]Maison des Plaisirs - Le Feu Intérieur

[Houka]

Houka se crispe une fois de plus, cet enfant est réellement trop intelligent, il aurait du s'en méfier bien plus et ce depuis longtemps. Il s'arrête, ne pouvant le suivre sans avoir payé ce qu'il devait, qu'il ait une réputation de coureur de jupon ou de fils indigne, qu'importe, mais de mauvais payeur dans son havre de paix c'était hors de question.

Il dégaine sa bourse, plein de bonne volonté et en vide le contenu dans sa main avant de devenir blême. Cent... Cent yuans... Il pose les yeux sur la personne tenant l'acceuil, un sourire gêné sur le visage. Il lui en manque quatre-cent pour espérer payer une telle bouteille...

- C... Comment dire...

Il se sent défaillir... Est-il... Pauvre? Cette idée le frappe de plein fouet et il a l'impression que son coeur va s'arrêter. Il n'a pas assez. Il n'est pas assez riche... Il... Ne peut pas payer. De plus en plus pâle il a l'impression qu'une partie du sol se dérobe sous ses pieds et il ne voit aucune solution. Il est pauvre. Pauvre... Pauvre... Les yuans fermement gardés dans sa main, il dépose son verre sur le comptoir et s'y appuie, la tête lui tourne, son coeur s'emballe, c'est un cauchemar, une horreur, cette nuit étant supposée devenir une des plus belles de l'histoire, le début de tant de grandes choses, vient de dégénérer a cause de son frère.

Son père finira par savoir qu'il n'a plus réellement sa maîtrise, du moins clairement plus assez que pour oser appeler cela ainsi et il est incapable de payer... Ce ne pourrait pas être pire.

[Conseiller du Feu]

HOUKA

*Si, ça pourrait être pire.

Dehors, y'a le discours qui commence.*

-Dites, vous comptez payer comment ?

*Fait la voix du gros bras qui garde l'entrée et qui fait payer les consommations. Pas de pitié pour les mauvais payeurs dans cet établissement.*

[Houka]

Le début du discours provoque un frisson glacé dans son échine, il aurait préféré ne pas l'entendre, c'est tout sauf une bonne chose. Le son du gong le traverse telle une lance et il se sent un peu plus faible, passant son bras sur son front pour en retirer la sueur qui commence a couler. Ses yeux se lèvent vers le gros bras et il se sent de moins en moins à l'aise.

- Hé bien...

Comment? Il a de bonnes questions, lui... Il n'en a pas la moindre idée ! Il prend une grande inspiration et tente de se remettre droit, gardant bien le peu d'argent qu'il lui reste scellé dans sa main.

- Mon visage ne doit pas vous être inconnu.

Il tente de reprendre son calme, mais il a encore presque la nausée d'avoir réalisé sa propre pauvreté.

- Je suis un client régulier, je n'ai jamais manqué de payer la moindre de mes consommations, sans oublier les bonus que j'ai souvent laissé, alors...

Il sourit, pas sur de lui, mal à l'aise, la tête qui tourne, quelques goûtes de sueur perlant sur son front blême.

- Puis-je espérer payer lors de ma prochaine visite?

Après tout, n'est-il pas un des meilleurs clients du lieux? Il se sent la bougeotte, son regard passant sur le coté du garde de temps en temps, il ne veut pas rester... Il aurait voulu rentrer plus tôt et son frère est dehors... sans doute pas bien loin de la place d'ailleurs... Sa respiration est trop rapide, il se sent de plus en plus mal, c'est trop d'un coup.

- Si... Si vous allez chercher mon frère sinon il a de quoi payer, j'en suis certain...

[Conseiller du Feu]

HOUKA

*Le gros bras garde le silence durant toute la tentative de justification et de gain de temps pour ne répondre qu'avec un seul mot.*

-Non.

*Il décroise les bras.*

-Tu paies maintenant. La patronne n'aime pas les mauvais payeurs et on sait que tu as les moyens de payer sur toi en ce moment.

*Il pointe un des bracelets en or de Houka.*

[Houka]

Les moyens de payer? Bien persuadé de ne pas les avoirs il ouvre la bouche, prêt a expliquer cette ignoble situation mais avant que le moindre mot n'en sorte ses yeux glissent vers le bracelet indiqué par le gros bras. Si cela avait seulement était possible, il serait d'autant plus blanc qu'il ne l'était alors.

- Pa... Pardon?

Il relève les yeux vers le gros bras, il n'en revient pas, est-il seulement sérieux? Ses possessions? Ses bijoux, un paiement? Il repose ses cent yuan dans sa bourse avant de glisser sa main avec une lenteur indécise vers son poignet.

- Je... Je vois.

Aisé de voir qu'il n'avait même pas pensé a cette idée. Il commence a retirer doucement le bracelet mais une fois celui-ci presque retiré du bras qu'il n'a jusqu'alors jamais vraiment quitté, Houka vacille. Entre cette situation et les mots qu'il peut entendre de la place il sent sa respiration s'emballer. Submergé par l'angoisse de se sentir si pauvre, il a un moment de flou et se retrouve un genoux au sol.

Bien sur, pour n'importe qui d'autre, cela pourrait paraître bien peu, mais pour Houka c'est comme si le monde s'ouvrait sous ses pieds et le tirait avec violence dans les entrailles sombres et brûlantes de la terre. A chacun ses peur, a chacun ses phobies, la pauvreté était une des siennes... Devoir se débarrasser de ses possessions, comme un malpropre, comme un enfant de rien... Il reste un fils de noble, membre d'une famille plus qu'aisée, déjà privé de ses privilèges maintenant on lui demandait son or.

- I... Il doit y avoir un moyen...

Il plante ses yeux rouges dans ceux du garde, un rien suppliant, au bout du rouleau.

[Conseiller du Feu]

HOUKA

*Le garde soupire en voyant le cinéma pathétique que Houka déploie. Tellement pathétique que ça en est suspect en fait. Il fait signe à un autre gros bras.*

-Va chercher la patronne. On a un mauvais payeur potentiel qui pleure dans le salon d'accueil. Ça risque de tacher la moquette.

[Houka]

Cinéma? Si seulement tout cela n'était qu'un jeu finement pensé, mais l'étau qui se serre autour de son misérable cœur est réel. Ses yeux, agités, observent les alentours, combien le voient ainsi? Combien en parleront demain? Combien de secondes faudra-t-il pour que cette histoire n'arrive aux oreilles de son père? L'angoisse grandit. "La nation du feu a changé", ces mots viennent tels un marteaux briser son esprit déjà surchargé, est-ce le résultat de ses actions? Non...

- Hazai...

Le seul coupable dans cette histoire, n'est-ce pas lui? Il n'a rien a se reprocher... Il a agit comme il le désirait, en accord avec ses désirs, rien ne devait le mener ici, dans ce mur, dans cette impasse. Il le paiera... Ce renard. Il ferme les yeux, le visage baissé, presque a genoux devant le gros bras qui lui barre le chemin. Est-il si idiot pour se faire avoir ainsi? Il aimerait pouvoir se calmer, mais le visage de son père est imprimé sur sa rétine, il sait que ce n'est que le début, ici... Ce n'est sans doute que la partie facile.

Demain, son père sera au courant, aucune hésitation a ce sujet car le vieux sait toujours tout, tout ce qui n'est pas caché minutieusement en tout cas. Sa main glisse jusqu'à sa poitrine, serrant sa tenue faiblement, les sons n'ont plus aucun sens, c'est un brouhaha douloureux, mais tout cela n'importe que peu. Ici, maintenant... Rien qu'un avant gout amer du lendemain, a moins que le paternel ne puisse rentrer cette nuit mais cela il en doute. Il est trop rusé et doué pour se faire avoir ainsi.

Il tremblote, terrifié, tout autant par sa pauvreté présente que par les représailles futures.

/Que quelqu'un me sauve.../

[Conseiller du Feu]

HOUKA

*Houka, prostré, amorphe, en pleurs limite, attend quelques minutes en tachant la moquette de ses larmes alors que le gros bras attend tranquillement l'arrivée de la patronne.*

-Hé bien... Hé bien... Qu'avons-nous là ?

*Houka relève la tête et découvre une petite vieille dame à l'air adorable, au corps tout petit et menu.*

-Houka Shanhuo ?

*Elle tend la main vers le jeune homme.*

-Allons, allons, ne soyez pas terrifié comme ça. Nous allons tout arranger.

[Houka]

Un halo de lumière visible uniquement par lui entoure la dame, il tend sa main encore tremblante vers la sienne, acceptant son aide volontiers. Son appel a donc été entendu? Il se relève, s'aidant d'elle aussi peu que possible, mais son corps réagit encore mal aux derniers événements.

Cette vieille femme a des allures de divinité, d'ange, le sauveur tant attendu. Le temps de se resituer et son visage s'imprime sur sa rétine, oui, il l'a vue quelques fois ici et d'aucun client aussi fidèle que lui ignorerait de qui venait cette main tendue... La patronne.

- Je... Je...

Il secoue un peu le visage, inspirant une grande fois en essuyant du revers de sa manche les quelques larmes s'étant frayées un chemin sur ses joues délicates.

- Je suis navré des soucis... Que je vous cause.

Il parle, plus ou moins distinctement, mais l'arrivée de cet ange n'a pas pour autant brisé la panique qui le prenait aux tripes.

- J'espère ne pas... Ne pas donner une trop mauvaise image de votre établissement. Je serais le premier troublé... Si il venait a perdre de sa gloire.

[Conseiller du Feu]

HOUKA

*La Patronne lève une main apaisante.*

-Non, non, mon petit. Ne vous en faites pas pour ça. Venez, nous allons en discuter dans mon bureau. Je viens de faire du thé au jasmin. Il est délicieux !

*Elle invite Houka à la suivre.*