*Volodia reste cachée le temps d'observer un peu la scène. Il reste encore sur le quai un bon paquet de caisses à embarquer, et deux gros bras se chargent de la corvée. L'autre, celui qui inventorie le tout, est plus fin mais athlétique malgré tout.
/Je ne pense pas que je réussirai à passer devant sans attirer son attention.../
Elle voit le tas de caisse s'amenuir alors qu'elle cogite pour trouver une solution. Il lui semble peu probable que le capitaine accepte sans broncher qu'une gamine monte à son bord, surtout si elle n'a rien pour payer le voyage. Et puis, si jamais elle tombait sur de mauvais bougres, Dieu sait ce qui pourrait lui arriver en mer, lorsqu'elle n'aurait plus aucun moyen de s'enfuir.
L'idéal aurait été une diversion, pour distraire les marins le temps de monter à bord...
C'est alors qu'elle aperçoit un petit bateau de sauvetage, relié au navire par des cordes et poulies, qui mouille aux côtés du navire. / Tiens, c'est curieux, pourquoi ne l'ont-ils pas remonté?.../
Une idée lui traverse l'esprit. Elle fait un détour pour éviter les trois hommes, après avoir formé un petit baluchon de ses affaires de moine. Arrivée près de la jetée à une centaine de mètres du bateau, elle se jette à l'eau, ses affaires posées sur sa tête. Lentement, avec une brasse mesurée et toujours en longeant consciencieusement le bord pour ne pas être vue, Volodia finit par s'approcher du navire. Elle entend les hommes grommeler quelque chose, et comprend que l'embarquement touche à sa fin.
Accélérant le mouvement, elle nage jusqu'à la chaloupe, pose ses vêtements secs sous la bâche qui la recouvre, puis monte elle-même et se dissimule dessous. Dégoulinante d'eau salée, un peu claustrophobe de ne pouvoir voir le ciel, elle prend son mal en patience, ainsi qu'une grande inspiration. Il s'agit de ne pas se faire prendre avant d'être arrivée en pleine mer...