[CIT] Le Palais Citadin

[Iluq]

*Je laisse Kishi mener la danse. Après tout, nous sommes dans ses appartements.*

[Guru givré]

*Donc, le serviteur entre en poussant un chariot de type restaurant. Il dépose les plats et les boissons à table. Il y a là du poisson et de la viande en sauce avec des tubercules. De la nourriture classique des Tribus, mais avec une touche raffinée, digne des grandes tables nées de l'internationalisation des échanges.*

-Mademoiselle, Monsieur. Bon appétit.

*Il fait une petite révérence et quitte la pièce, laissant Iluq et Kishi à leur repas. Les quantités sont suffisantes pour satisfaire leur grand appétit.*

[Iluq]

*Le service étant fait, je commence à manger et je poursuis la conversation que j'avais lancé.*

-Donc, vous parliez du Guru Pathik et du fait qu'il pourrait nous aider à découvrir nos capacités.

[Kishi Tanaraq]

Kishi entame également son repas et prend son temps pour répondre à la question de son compagnon de table :

- Je n'ai pas dit qu'il pourrait aider. Je vous demandais juste si vous en aviez entendu parler. Il est... d'une certaine sagesse. Ma grand-mère le respectait et l'estimait beaucoup. Mais même elle ignorait s'il était volontairement sibyllin ou juste sur un autre niveau de conscience que le nôtre, dirons-nous.

Elle se rafraîchit d'un peu d'eau avant de continuer :

- Il est actuellement au Temple de l'Avatar et en est un résident permanent. Je ne sais pas s'il pourra nous aider vraiment. Je l'espère seulement.

[Iluq]

*Je soupire et prend le temps de plonger quelques instants dans mes souvenirs. Je finis par répondre.*

-Je crois que c'est avec lui que Nauja souhaite me mettre en contact. Je crois qu'elle pense qu'il sera capable de faire quelque chose pour moi. Je ne sais pas exactement ce qu'elle s'imagine... Que ça fera de moi un meilleur guerrier ? Ou bien c'est désintéressé et c'est pour que je m'améliore ?

*Je hausse les épaules.*

-Enfin... Je crois que je me fais des illusions. C'est probablement intéressé. De toute façon, je ne suis pas en état de me battre pour le moment, pas sans avoir résolu tous ces mystères.

[Kishi Tanaraq]

Kishi eut un ricanement tout ce qu'il y a de plus sarcastique. "Nauja" et "désintéressé" dans la même phrase. Hi-la-rant.

- Vous êtes donc en... congé sans solde à durée indéterminée ? Libre de vos engagements et responsabilité ?

[Iluq]

*Je fais la moue.*

-On dirait. Je n'aime pas ça. Je n'ai pas l'habitude de rester inactif et oisif. C'est contre-intuitif pour moi. Et ça m'agace. J'ai l'impression d'être inutile alors qu'on a besoin de moi.

[Kishi Tanaraq]

Kishi l'observe tandis qu'elle continue son repas. Sa frustration est évidente. Il n'a pas l'habitude de rester oisif, ni le loisir d'ailleurs. Un petit soldat avide d'ordres à suivre ?

- Peut-être pas de la façon dont vous le vouliez, mais ce que nous allons faire... pourrait aider notre peuple. C'est ce que ma grand-mère a suggéré, en tout cas.

[Iluq]

*Je joue avec la nourriture dans mon bol en posant mon menton dans ma main et en soupirant. Les poils de ma barbe naissante me piquent les doigts. Je devrais me raser.*

-C'est que je ne sais pas vraiment comment agir autrement qu'en soldat. On ne nous enseigne pas vraiment la spiritualité au Manteau Blanc. On en est même très loin, si vous voyez ce que je veux dire.

*Je ferme les yeux.*

-Je ne m'attendais pas vraiment à trouver mon destin dans la spiritualité. C'est une grande surprise pour moi. Un changement de vie. J'ai peur aussi de devoir renoncer à cette vie pour laquelle j'ai tant donné et tant... sacrifié.

[Kishi Tanaraq]

Il émet des réserves qu'elle se rend compte avoir également. Elle sait bien, enfin espère, que l'histoire des Enfants de l'Hiver n'a pas été que des rivières de sang. Elle aussi a beaucoup investi dans sa formation de soigneuse.

- Nous sommes libres d'être ce que nous sommes, Iluq. Personne ne vous a demandé de sacrifier quoi que ce soit.

Pour le moment.

Il fallait être lucide, Nauja devait voir un intérêt dans tout ça. Et cela lui déplaisait beaucoup. Si Kishi devait être honnête envers elle-même, elle mourait d'envie d'antagoniser le Chef des Manteaux Blancs. Mais cela serait puérile et stérile. Elle savait au fond d'elle-même que ce voyage initiatique était nécessaire et lui serait bénéfique ; c'était l'idée qu'il pourrait bénéficier à Nauja qui lui hérissait le poil. Sans compter qu'elle aurait sous ses ordres un petit soldat trop heureux de servir par la suite. Non, rien de tout ça ne lui plaisait.

Iluq n'était pas, pour le peu qu'elle pouvait en juger, quelqu'un de mal intentionné. Mais saurait-il mettre le bien commun au-dessus de sa loyauté et de la hiérarchie ? Rien n'était moins sûr.