[CIT] Le Palais Citadin

[Anora Nakaide]

*Anora, en bonne politicienne, reste impassible face à la colère de Kishi. Elle se contente de boire une nouvelle gorgée de thé avant de reposer sa tasse.*

-Si je pouvais changer les esprits et les idéologies nauséabondes, Kishi, je le ferais. Mais la situation est ce qu'elle est. C'est une donnée de départ avec laquelle je dois travailler, que cela me plaise ou non. Si je t'ai invitée au Pôle, c'est par respect pour toi, ta grand-mère, ta lignée, et ce que vous représentez pour le peuple, pas pour te jeter dans la gueule du loup-garou. Je voulais que tu sois consciente de ce qui se passe ici et des problèmes que ta présence soulève. Quoiqu'il en soit, je veillerai à ta sécurité durant les cérémonies, avant que tu ne décides de repartir...

[Kishi Tanaraq]

Kishi grimace, encore. Pourquoi la traînait-on dans des histoires mortes et enterrées ? Pourquoi voulait-on tant voir en un symbole ? Et un symbole de quoi ? D'une grandeur passée fantasmée ? Ils ne savaient pas. Ils n'avaient pas lu le journal de Himitsu. Peut-être était-ce là le tort de son aïeul ? De ne pas avoir partagé son expérience, de sa vie en tant que Enfant de l'Hiver baptisée. Mais elle avait eu peur de diffuser ce savoir dont certains se seraient emparés pour le faire revivre. C'était en tout cas dans les dernières notes qu'elle avait écrites.

Et elle, Kishi Tanaraq, sang-mêlée née avec des cheveux blancs et des yeux dorés, devait vivre avec le poids de cet héritage.

- Je vous remercie, Cheffe Anora. Il est en effet dans mon intention de repartir après la cérémonie. Et je ne sais pas quand je reviendrai après...

... Ni même si j'en aurais envie.

La jeune femme tira machinalement sur ses manches serrées aux poignets avant de relever la tête.

- Est-ce que je peux aller la voir ? demanda-t-elle, la gorge serrée.

[Pix]

*Perdu dans ses pensées, Blake lève les yeux quand la cheffe parle de la sécurité de Kishi. Ce pourquoi il était payé à la base par Nauja et la raison de sa présence au pôle. Il voit d'un très mauvais oeil l'ingérence des pouvoirs publics des Tribus de l'eau dans la sécurité de la petite. Multiplier les impliqués et les intermédiaires ne fera qu'augmenter le risque de voir des personnes bien mal avisées s'approcher d'elle.

S'il ne dit rien, Blake n'essaierait même pas de cacher qu'il n'aime pas du tout cette nouvelle avec un froncement de sourcil, une petite moue voire même un raclement de gorge si ça lui pète.

Oui, il s'en battait les couilles de l'étiquette.*

[Anora Nakaide]

*Anora ne fait pas de commentaires quant à l'attitude de Blake. Si elle est certaine d'une chose, c'est que ce vieux cendrier dépressif va lui réclamer de l'argent à la première occasion, ce qui la ferait lâcher un soupir d'exaspération si elle n'avait pas un meilleur contrôle d'elle-même.

Mais au moins il fait bien son travail, ça, on ne peut pas le lui enlever.

Elle se lève avec une lenteur calculée.*

-Bien sûr Kishi. Venez.

*Elle fait signe à ses gardes du Manteaux Blanc qui se mettent à escorter le groupe dans les couloirs du Palais. Un flot de souvenirs assaille Kishi. Partou où elle pose le regard, un souvenir de Kaya émerge dans sa mémoire.

Finalement, en bas de l'escalier d'honneur, ils croisent un rassemblement de serviteurs en livrée, d'une poignée de guerriers tribaux que Kishi identifie facilement comme des Elks grâce à leurs casques décorés de bois. Parmi eux se trouvent deux personnes que la jeune femme connaît : Adi l'Intendante du Palais, et Marashi, le Tribun de l'Elk.

Adi se détache du groupe et vient la saluer en l'enlaçant.*

-Oh ! Kishi !

*Quand elle recule, Kishi peut voir qu'elle a les larmes aux yeux. Marashi arrive derrière avec un noble et respectueux qu'elle sait naturel chez lui.*

[Kishi Tanaraq]

L'étreinte d'Adi met à mal ses résolutions d'être elle aussi digne mais elle n'y arrive pas. Quand elle recule l'émotion de l'intendante fait écho à la sienne, elle sort rapidement un mouchoir et tente de se sécher.

- Je vais bien, Adi... enfin, tu vois.

Elle avise alors Marashi et lui fait un signe de tête qu'elle essaie de faire aussi réglementairement que possible, comme Adi le lui a enseigné plus jeune. Au vu des circonstances, elle espérait juste qu'il serait indulgent avec sa mise et son manque de protocole.

- Je vois que tu es occupée, ne te dérange pas pour moi. J'allais... la voir, explique-t-elle simplement comme une évidence.

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*Blake suit la procession en silence. Il se contente de gentiment fumer son cigare en suivant tout le monde, restant bien entendu au plus près de Kishi. En bas des escaliers, une femme se jette dans les bras de Kishi. Le sang de Blake ne fit qu'un tour et il se rapproche subtilement mais certainement de Kishi jusqu'à presque la toucher. Il paraissait évident vu la démarche que cette femme ne ferait aucun mal à Kishi mais les réflexes sont ce qu'ils sont.

Il valait mieux s'inquiéter pour rien que de laisser la petite se faire égorger gratuitement. Ça ferait tache.

Il fait un pas de recul et grogne. C'était bien la peine de se faire chier à la faire passer incognito si tout le monde la reconnaissait et beugler son nom dans les palais du couloir.

Quelqu'un à pensé à faire une annonce dans le journal ou à envoyer un mémo aux sourciers ?*

[Guru givré]

*Adi relâche Kishi et recule. Elle s'essuye les yeux d'un revers de sa manche et se contente d'incliner la tête pour répondre qu'elle comprend. Elle constate alors la présence de Blake et le salue.*

-Je suis Adi, Intendante. Pardonnez cette démonstration... Bienvenue au Palais, Monsieur.

*Derrière Adi, dans un geste d'authentique camaraderie guerrière, Marashi laisse tomber le protocole et fait une accolade à Kishi. Quand il la relâche, il laisse une main sur son épaule. La jeune femme peut voir qu'il a les yeux humides.*

-Je ne sais pas trop quoi te dire, Kishi. Pardonne ma gaucherie. Je n'ai jamais été doué pour ce genre d'exercice... Je suis désolé pour toi. Si ça peut te soutenir, l'Elk sera là pour lui rendre un dernier hommage.

*Il se reprend et donne un coup sur sa poitrine avec son bras gauche couvert d'un brassard en cuir d'Elk. Kishi sait qu'en-dessous, la chair du jeune Tribun est complètement ravagée.*

-Gloire à Kaya Iluak, qui fut digne de ses ancêtres !

*Voilà un hommage guerrier plus digne du protocole.*

[Kishi Tanaraq]

Les effusions de sentiments, cela la mettait mal à l'aise. Vraiment. Elle se sentait exposée et vulnérable, et seule. Et ces personnes qui la prenaient dans leurs bras, elles n'étaient pas étrangères mais de quel droit pouvaient-elles estimer que leur douleur était égale à la sienne ? Déjà qu'elle avait toujours eu horreur des apparitions publiques et des événements mondains, elle allait devoir lui dire adieu devant une foule qui partagerait son deuil.

Même ça, elle ne pouvait l'avoir pour elle seule.

Quand on est Chef des Tribus du Pôle Sud, toutes les filles et fils de l'eau sont nos enfants. C'est ce que Kaya disait.

Kishi se force à sourire aux déclarations de Marashi puis de lui sortir des remerciements d'usage avant de presque s'enfuir en direction des catacombes. Qu'ils mettent son comportement inconvenant sur le compte du chagrin, elle n'avait cure du protocole et des politesses.

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*Blake suit le mouvement sans un mot.*

[Guru givré]

*Kishi quitte donc l'attroupement devant l'escalier d'honneur et s'engage avec Anora et quelques gardes dans les souterrains du Palais. Là, ils s'engagent dans un couloir qui débouche sur une antichambre où veillent deux Manteaux Blancs en costume d'État.

Anora donne l'ordre d'ouvrir la porte et invite Kishi et Blake à entrer.

Elle ne les suit pas.*