[CIT] Le Palais Citadin

[Kishi Tanaraq]

Kishi se touche le front, pressant le bout de ses doigts contre l'os de son crâne. Elle expire, elle essaie de contrôler la tension dans sa gorge. Elle se lève raidement, fait quelques pas et finit par se placer devant la fenêtre en croisant les bras.

- Je sais, An... Cheffe Anora.

Yaya était très aimée mais elle restait une politicienne. J'apprécie les gants que vous prenez mais je ne suis pas en mesure de supporter les rond-de-jambes. S'il vous plaît, allez au fait.

Et tout cela en appréciant le paysage de toitures enneigées de la Citadelle et de la Toundra s'étendant au loin. Ce paysage familier lui apporta un peu de réconfort. Mais cela n'allait pas durer.

[Anora Nakaide]

*Anora laisse Kishi se lever et s'installer devant la fenêtre mais reste assise pour sa part.*

Elle est comme on me l'a décrite...

*Elle boit une gorgée de thé et commence.

-La Matriarche est morte de mort naturelle avant d'être poignardée, empoisonnée, et étouffée.

[Kishi Tanaraq]

Un lourd silence s'en suit.

Les mots lui parviennent, elle les comprend mais leur sens lui échappe pourtant.

Mort naturelle ? Puis assassinée, trois fois ?

...

...

...

Kishi est soudainement frappée par la situation, et se met à trembler. Elle plaque une main sur sa bouche, tentant d'étouffer l'émotion terrible qui la submergent sans prévenir. Au bout d'un moment, elle cède, la lutte était perdue d'avance. La petite-fille en deuil se met à rire à chaudes larmes sans pouvoir s'en empêcher.

C'est ridicule, tellement ridicule. Trois assassins et la Mort les avait coiffés au poteau. C'était bien Kaya tout crachée ça. Toujours à avoir le dernier mot sans élever la voix, sans faire d'esclandre mais avec dignité. Elle était partie sans leur laisser le plaisir de prendre sa vie. Elle était partie comme elle l'avait toujours voulu. Dans la sérénité du sommeil.

Lorsqu'elle reprit son souffle et que son hilarité tout à fait déplacée se calma, elle avait regagné son siège, plus à même de la soutenir que ses propres jambes.

- Donc, si je résume bien... Yaya est morte de sa belle mort pendant que pas moins de trois opposants ont commandité sa mort la même nuit et ont disparu sans laisser de traces ? Et on a exposé aux éléments un homme prétendant être mon frère disparu car complice du complot ?

C'est bien ça ?

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*Se gratte la barbe en silence.*

Sont bizarre dans ce pays...

*grat grat*

[Anora Nakaide]

*Anora conserve une contenance digne de sa fonction face au rire hors de propos de Kishi. Elle ne fait pas de commentaire et se contente de regarder en silence la jeune femme éclater de rire et rejoindre son fauteuil. La conversation reprend.*

-C'est exact. Nous menons toujours l'enquête pour savoir précisément qui a commandité ces tentatives, mais il semble au moins évident que les Sourciers ont trempé dans le coup. Il se peut même que le fait que cet homme prétendant être ton grand-frère a porté un coup fatal au moral de ta grand-mère, qui n'a pas supporté ce stress. Et donc que les Sourciers soient bel et bien coupables, bien qu'indirectement, de cette mort.

Nous ne serons jamais certains.

Elle va beaucoup nous manquer... Me manquer...

*Elle ferme les yeux une seconde pour reprendre sa contenance et poursuit en extrayant une lettre de sa pile de dossiers et en la poussant vers Kishi.*

-J'ai pensé également que ce genre d'information pourrait t'intéresser. Il y a quelques jours, un avant-poste basé dans la Toundra a fait parvenir au Manteau Blanc un message signé par la Capitaine Haka. Il se trouve qu'un membre de ma Tribu, le Loup-Garou, soit comme toi Kishi. Lui aussi a les cheveux blancs des Enfants.

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La déco est pas mal.

[Kishi Tanaraq]

[/jKishi n'écoute que d'une oreille distraite la réponse qui suit. Elle devrait être attentive, elle le sait. Mais elle s'en montre incapable pour le moment. Elle tique cependant à la tournure familière que la nouvelle cheffe du Pôle Sud utilise pour parler de sa prédécesseure. La jeune femme n'avait pas souvenir que sa grand-mère et Anora étaient... amies ? Proches ?

Elle n'a pas vraiment le temps de chercher dans sa mémoire des éléments qui l'étaieraient... qu'un autre élément bien plus grotesque et improbable n'arrive dans la conversation.

- Je ne comprends pas en quoi cela me concerne, Cheffe. Je ne suis pas une Enfant de l'Hiver. A-t-on déjà vu des yeux jaunes et des cheveux blancs ensemble auparavant ?

Elle a un rire amer avant de croiser bras et jambes.

- Himitsu doit se lamenter dans l'Au-delà. Elle qui avait tant œuvré pour faire disparaître cette culture sanguinaire. Voilà que des nostalgiques veulent la garder en vie. Bon, je suppose que c'est en partie grâce au doute qui plane sur ma personne que je suis encore en vie aujourd'hui alors...

Elle hausse des épaules, laissant sa phrase en suspens. Mais la temporalité l'interroge malgré son avis tranché sur la question :

- Mais euh, c'est un soldat... adulte ? Et on n'a jamais remarqué auparavant qu'il avait des cheveux blancs ? Ce n'est pas spécialement discret pourtant.

Elle en savait quelque chose.

[Anora Nakaide]

*Anora joint les mains et incline la tête. Son sourire est crispé.*

-C'est précisément cet élément qui me fait tiquer. J'ai demandé à ce qu'on enquête sur lui. Peut-être en saura-t-on plus dans quelques jours. Je ne voudrais pas que ce soit encore un coup tordu des Sourciers pour nous miner et rallier des nostalgiques extrémistes à leur cause... Comme tu le dis, c'était une culture particulièrement barbare, basée sur des éléments de spiritualité discutables et eugénistes. Un pan sombre de notre histoire. Ce ne serait guerre surprenant que les Sourciers se penchent sur son cas... Voire l'aient monté de toutes pièces.

*Elle soupire.*

-Tu sais Kishi, en ces temps troublés, les gens voient preuve là où il n'y a que rumeurs et doutes. Ton cas suscite des interrogations dans le camp Sourcier. Es-tu un héritage de cette prétendue glorieuse histoire, ou bien es-tu une abomination sang-mêlé à éliminer comme les autres...

[Kishi Tanaraq]

Kishi a une moue dubitative. Ce serait leur accorder beaucoup plus de pouvoir et d'influence qu'ils ne doivent réellement avoir. La jeune femme se passe nerveusement une main sur le crâne sur les dernières réflexions d'Anora.

- Je sais ! la coupe-t-elle d'une voix tendue.

Elle inspire difficilement, tentant de contrôler les tremblements dans sa voix.

- Je sais, répète-t-elle plus calmement. Cela a longtemps été un sujet de discorde dans ma famille. Et je crois que cela l'est toujours, aux dernières nouvelles en tout cas. Qu'ils se querellent donc - tous - sur un détail sans importance, il y a des sujets plus urgents et bien plus importants. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à fantasmer sur un passé révolu qu'ils n'ont jamais connu ?!

La jeune femme se relève vivement, manquant de renverser son siège :

- C'était la survie à tout prix ! On tuait les anciens qui n'apportaient plus rien avant qu'ils ne deviennent un poids ! On faisait de même avec les nouveaux-nés malformés et les malades ! On réglait les conflits par des combats à mort pour réguler la population ! Les nuits d'hiver étaient longues et meurtrières, vous ne vouliez pas être nés à cette époque en période de disette !

C'est ÇA qu'ils veulent ?!

Kishi vibre d'une colère brûlante.

- Je ne suis. Pas. Une enfant de l'Hiver. Qu'ils me laissent en-dehors de ça.

Je me préoccupe de l'avenir, moi.

Elle regretta d'avoir explosé malgré elle. Cela dit, elle dut reconnaître se sentir un peu plus légère.

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... Qu'est ce que je fous là moi... Qu'est ce qu'elle fout là ? On s'en fout un peu de ce que les gens des Tribus pensent d'elle ou quoi puisqu'elle était en sécurité à Republic City et qu'elle envisage de se carapater au Royaume de la Terre.

Je devrais facturer cette réunion 500 Yuans moi.

*Se prépare un cigare pour faire passer la réunion.*