[Capitale]Place Centrale

[Marvan]

Un large sourire s'épanouit sur le visage de Volodia. La gentillesse du vieil homme la touche au coeur, sans qu'elle s'étonne pourtant que cela soit encore possible. Après tout ce qu'elle a vécu, elle se pensait hors d'atteinte, inflexible, inatteignable. Mais après tout, elle reste une jeune fille... Et elle est prête à faire confiance de nouveau, quitte à se faire trahir encore et encore.
Elle se redresse, enthousiaste. Pour la première fois depuis longtemps, elle n'est pas seule, quelqu'un veille sur elle! Elle imagine déjà ce toit comme un nouveau foyer, un endroit qu'elle pourrait enfin appeler son "chez-soi" sans avoir le sentiment d'être prisonnière...

Elle se met à sautiller autour de son nouveau comparse, incapable de tenir en place.

- Allez, on y va! Qu'est-ce qu'on attend?!

[Le Vieux Wan]

-Oulah, oulah ! Doucement ma petite Pastèque !

*Il se met à rire.*

-On dirait ma petite fille, avant qu'elle ne se fasse engloutir par la mer et ne meure noyée !

*Il rit toujours en disant cela.*

[Marvan]

Euuuh, d'accord.

*Volodia élude avec des yeux ronds la remarque déplacée du vieil homme. Après tout, elle va sans doute devoir s'y faire, si elle se met à côtoyer ce drôle de personnage pendant quelques temps. Alors qu'il rit à gorge déployée en parlant de sa descendante morte tragiquement, la jeune fille sent un début de fou rire s'imposer à elle. Ses lèvres s'étirent contre son gré et en quelques secondes, elle rejoint l'hilarité du vieillard sans pouvoir s'arrêter. Les larmes lui montent aux yeux, elle se plie en deux, son rire rendu étonnamment bruyant dans la petite ruelle.

Lorsqu'elle parvient à se calmer, elle se rend compte qu'un tel moment de simplicité ne lui a pas été accordé depuis bien longtemps. Alors, elle ne se torture pas sur le fait de s'être esclaffée de bon coeur sur la mort d'une gamine de son âge et emboîte le pas à son nouveau camarade.*

[Le Vieux Wan]

*Et le vieux de bon cœur de voir Volodia rire de bon cœur. Il se lève et se lance rapidement dans les ruelles entourant la grand place. Il en a pas l'air comme ça mais il sait tracer ce vieux taré !*

[Marvan]

*Alors que son hilarité cesse enfin, Volodia voit le vieillard détaler à toute vitesse. Elle cligne des yeux, éberluée l'espace d'un instant. Lorsqu'elle reprend ses esprits, la silhouette fine de son compagnon disparait dans une ruelle.

Vite! Il ne faut pas que je le perde de vue!

Elle est quasiment persuadée que si elle se fait semer par son nouvel ami, il oubliera son existence en quelques minutes. L'idée de perdre simultanément une des rares personnes aimables avec elle et une chance rare d'avoir un toit au dessus de sa tête lui donne des ailes. Elle s'élance à sa suite, ses chaussures abîmées par le voyage malmenant les pavés. Bientôt, elle parvient à trouver un rythme de course convenable. Elle voit défiler le paysage sous ses yeux, désintéressée par les maisons sordides qui l'entourent, uniquement accaparée par le besoin d'apercevoir le vieillard au détour d'un carrefour.*

[Le Vieux Wan]

MARVAN

*Ça va. Volodia tient la distance. C'est une Nomade après tout. La vitesse et l'agilité sont des traits naturels chez eux.

Cependant, ils arrivent face à un pignon aveugle. Le vieux saute pour attraper une prise et grimpe comme un singe. Ou une araignée. Au choix.*

[Marvan]

Volodia voit le vieillard bondir et grimper comme s'il avait fait ça toute sa vie. Ce qui, pour ce qu'elle en sait, peut bien être le cas. En quelques secondes, il escalade et la plante bêtement devant le mur. Spontanément, elle freine des quatre fers, les yeux écarquillés.

Jamais elle n'a essayé ce genre d'exercice auparavant! Pendant un instant, elle reste paralysée, se sentant profondément incapable d'un tel exploit. Alors que la surprise est sur le point de laisser place au découragement, elle crispe ses poings, déterminée.

Je ne veux pas que ça se termine ainsi!

Et terminer quoi?! Elle qui vient à peine de rencontrer son bienfaiteur, voilà qu'elle perd bêtement toutes ces belles promesses à cause d'un simple mur! Cette idée la pousse en avant, et elle se laisse guider par son instinct. Elle recule de quelques pas, prend son élan.

Surtout, ne pas réfléchir.

Elle essaie de mettre de côté toutes les émotions inutiles : la peur d'échouer, de se faire mal, de se rendre ridicule... En une inspiration, elle balaie tout cela et s'élance. Ses pas rebondissent sur les pavés, elle prend de la vitesse. Ses bras balancent à chaque foulée. Et tout à coup, elle saute, tâchant d'imiter aussi bien que possible l'adresse de son camarade.

[Le Vieux Wan]

*Volodia est plus petite et moins forte que le Vieux Wan. Elle n'arrive pas à se hisser à sa hauteur, mais, alors qu'elle allait retomber, le vieux lui saisit la main.*

-Allez, hop !

*Et il la hisse dans une pièce abandonnée et sale, pleine de vêtements vieux et usés et de couvertures poussiéreuses.*

-Voilà mon chez moi !

[Marvan]

Alors qu'elle se sent retomber lamentablement, et que sa crainte du ridicule refait surface, une main secourante attrape Volodia et la soulève avec facilité. Avant même qu'elle ait le temps de comprendre l'inversion soudaine de son mouvement, la voilà sur ses pieds, instable, dans une espèce d'alcôve pleine de bazar.

Le vieillard lui présente son foyer, un grand sourire aux lèvres. Aussitôt, c'est l'odeur qui l'assaille : des vieux vêtements fripés traînent sur le sol, dont le dernier lavage doit remonter à une bonne semaine. La crasse suinte des murs, mais cela ne semble incommoder en rien son camarade, qui ne fronce pas une seconde ses narines.

Volodia ne peut s'empêcher de ressentir un petit pincement au coeur, une légère déception. Dans la bouche de son nouvel ami, ce lieu sûr a pris des airs de coin douillet, rassurant, confortable : elle ne peut que s'apercevoir qu'il est tout l'inverse. Rien ici n'est accueillant, hormis, bien sûr, son hôte qui est parfaitement ravi de sa présence ici. Elle baisse les yeux, troublée.

Lorsqu'elle parvient à retrouver sa bonne humeur, elle se tourne vers le vieil homme et lui lance un sourire timide.

-Où puis-je m'installer?

[Le Vieux Wan]

*Le vieux s'avance vers un tas de couvertures qu'il commence à retourner pour en extraire les plus propres et aménager un lit douillet pour Volodia. Quand il a terminé, il pointe son travail en s'exclamant.*

-Tadaaaaa ! Regarde comme c'est beau !

*Bon, il ne s'agit que de quelques draps et d'une couverture, mais c'est déjà mieux que dormir dans la rue !*