Le dédale

[Le Kraken]

*Au coeur du labyrinthe d'habitations insalubres qu'on surnomme le dédale, une femme en tenue de combat se dépêche d'arriver à son lieu de rendez-vous dans un appartement en ruine. Arrivée au lieu de rendez-vous, elle est inquiète, on ne lui a pas laissé le choix de venir ici... Alors qu'elle entre dans le bâtiment, elle se fait mettre à terre et un sac rejoint vite sa tête. Réagissant au quart de tour, elle se défend avec sa maîtrise du feu de façon radicale en brûlant son agresseur qui s'apprête à lui donner un coup de trique.*

-T'es malade, faut pas l'abîmer, le patron a dit entière et sans blessure.

*L'un des hommes de main ronchonne mais relève la jeune femme.*

-Bon, écoutez le sac c'est pour votre sécurité à vous !

-Et à nous aussi, purée, elle m'a presque cassé le nez !

-Lee ferme-la un peu !

*Inquiète mais interloquée par la situation, la jeune femme se laisse emmener dans une suite de couloirs qui montent, descendent, tournent à gauche puis à droite de façon aléatoire avant qu'on ne lui retire son sac de la tête, elle ne peut retenir son étonnement et sa respiration alors qu'elle découvre qui se tient face à elle assis dans un fauteuil miteux une tasse de café à la main.*

-Bonsoir mademoiselle, j'espère que mes hommes vous ont bien traité sur le trajet, je m'en voudrais de perdre ma réputation d'hôte de marque.

*Elle se rend compte de sa situation et de l'homme qui est face à elle... Elle fait de son mieux pour ne pas mourir ce soir.*

-Bon, ne perdons pas de temps, vous êtes la capitaine de l'équipe des Canards Tortues, un nom charmant mais une équipe de pro-bending décevante... Tellement décevante que votre coach s'est enfui avec l'argent nécessaire à votre matériel, n'est-ce pas ?

-Oui monsieur...

-Ce manque de respect et de considération pour le sport de notre belle ville me désole particulièrement. Qui n'apprécie pas un bon match de pro-bending de temps en temps ? A ce propos, thé ou café ?

-Euh... café s'il vous plaît...

-Excellent choix, vous allez voir, il est délicieux mais je m'égare. Le sport est une partie essentielle de notre ville et le manque de civilité de la part de votre ancien coach a réveillé la flamme du sportif qui était en moi ! Après tout, ne pourrais-je pas supporter une équipe comme n'importe qui d'autre ?

-Certainement monsieur...

-Parfait ! L'affaire est donc entendue !

*Un des hommes de main dépose deux grands sac devant elle tandis qu'un autre lui apporte une tasse de café.*

-Voilà de quoi mieux vous équiper et de quoi vous améliorer, ne me remerciez pas, ça me fait plaisir d'offrir à la jeunesse une chance de briller. D'ailleurs, je vous présente monsieur... c'est quoi encore votre nom ?

-Lee Fong, monsieur.

-C'est ça, monsieur Fong qui sera là pour m'assurer que les Canards Tortues deviennent la nouvelle équipe tendance de la ville. Je veux voir plein de produits dérivés à votre effigie dans les prochaines semaines, sommes-nous bien d'accord ?

*La jeune femme a du mal à y croire, elle ne sait si c'est un piège complexe, un cadeau empoisonné ou simplement une lubie de son interlocuteur. Mais elle finit par incliner la tête dans un signe de gratitude.*

-Merci beaucoup monsieur.

*Le Kraken se rejette dans son siège en agitant la main.*

-Mais de rien voyons, je compte sur vous pour ne pas me décevoir, je déteste être déçu surtout quand ça peut nuire à de nombreuses personnes... Bien, je vais y aller, j'ai une affaire urgente à régler. Je vous laisse monsieur Fong pour les entraînements et tout le touitouin.

*Le Kraken se lève alors que la sueur coule lentement dans le dos de la jeune capitaine de pro-bending et qu'il disparaît de la pièce accompagné par ses hommes de main à l'exception de monsieur Fong. La jeune femme ne sait toujours pas comment réagir.*

-Buvez votre café, il va refroidir.

***

*Dans un autre lieu, plus lointain, plus sombre, deux hommes sont attachés à des chaises depuis un moment. Ils attendent leurs sort. Depuis combien de temps sont-ils là ? Des heures ? Des journées ? Ils n'en savent rien. Ils ont perdu toute notion du temps depuis qu'ils sont arrivés ici.

Une vive lumière inonde soudain la pièce. Un homme entre. Ils gémissent quand ils reconnaissent Solf, le bras droit du Kraken.*

-Bien le bonsoir messieurs, j'espère que le séjour aura été agréable pour vous.

*Ils sont brutalement tirés de leurs chaises et mis sur leurs pieds par des hommes de main. Ils chancellent. Ils sont maintenus pour ne pas qu'ils s'effondrent.*

-Vous avez causé quelques soucis récemment... soucis que je dois me charger de régler... lequel de vous deux est Leko Ikuza ?

*Les deux hommes restent silencieux.*

-Bon... si vous le désirez, je peux me montrer moins poli...

*Les hommes de main retournent les deux Fils de l'Eau et les violentent en leur collant des coups de poing dans l'estomac. Ils gémissent de douleur. Le plus vieux d'entre eux semble tenir le coup. Le plus jeune gémit et est pris de hauts-le-coeur. Solf cale ses poings sur ses hanches.*

-Lequel de vous est Leko ?

*Des bruits étouffés se font entendre et Solf retire le baillon d'un des hommes, le plus vieux.*

-Est-ce bien toi ?

-Oui, c'est moi Leko ! Ne lui faites pas de mal !

-Félicitations, Leko Ikuza ! Tu vas recevoir une promotion dans notre grande organisation à une seule et simple condition !

*Leko le regarde interloqué alors que Solf sort une seringue qu'il lui met en main.*

-Injecte ça dans ton camarade et ta promotion sera définitivement acceptée.

*Le regard de Leko devient apeuré alors qu'il prononce ses mots.*

-Mais... c'est mon fils...

-Pardon, est-ce que j'entends des excuses ? Tu as reçu un ordre, non ? Si tu ne t'en sens pas capable, pourquoi devrais-je te garder parmi nous ?

*Leko fixe son fils. Itok commence à pleurer.*

-Papa...

-Je... Je dois nous sauver, Itok. Pense à Yue, pense à ta mère...

*Des larmes silencieuses glissent sur les joues de Leko alors qu'il enfonce l'aiguille dans le bras de son propre fils et injecte le produit dans le corps de ce dernier.*

-PAPA ! HAAAAAAAAAAA !

*Le jeune homme s'effondre soudain. Son corps s'agite et est pris de soubresauts avant de se calmer.*

-Félicitations, te voilà promu au sein de notre grande famille !

[Krasghârn]

Fian était donc dans la rue qui faisait face à l'entrée de l'immeuble où étaient planqués les types. L'appart en question était au premier, seconde fenêtre sur la gauche. C'était ici que la tise était coupée avant d'alimenter les foies des trois immeubles alentours.

-Ma, le sac.

Ma'Lik et Fian se connaissaient depuis leurs années de guetteurs. Ils avaient ensuite évolué plus ou moins à la même vitesse, et ils avaient fait pas mal de petites missions ensemble. Quelques années plus tard, il avait usé de son influence pour ramener sa sœur, Sina, dans le réseau. Elle s'était révélée redoutable à son tour; il faut dire que le duo frère-sœur était incroyablement bien rodé à se battre ensemble.

Quant à Siraak, le firebender, il s'était associé à Fian lors de son "coup d'état". Il l'avait aidé en échange d'une bonne place. Fian lui aurait avec plaisir offert le siège de boss, mais il était encore moins intéressé par le pouvoir que lui. Il savait que Fian ne serait pas un patron dangereux à servir, comme le précédent dont les hommes mourraient à cause de rixes personnelles dans lesquelles il impliquait son réseau.

Bref.

Ma'Lik lui passa donc le sac, lequel contenait deux bouteilles d'un alcool de contrebande bien distillé, et la tête du traître.

-Soyez prêts.

En effet, Fian venait pour discuter, mais ça pouvait toujours partir en couille. Ma'lik et Siraak resteraient là. Ils ne se ramèneraient que s'ils entendaient le grabuge, Ma créant une rampe jusqu'à la fenêtre pour qu'ils aillent casser des bouches.

Quant à Fian est Sina, ils montèrent les escaliers. Sina ouvrit les deux bouteilles et les accrocha à sa ceinture, Fian sortit la tête du sac.

Il se cala devant la porte, sur laquelle il donna trois coups sec, mais pas particulièrement forts. Si on alertait le voisinage, ça serait qu'en dernier recours.

Il tint la tête par les cheveux, et la plaça en face du judas, mais assez loin pour que l'enfoiré(e) qui regardera ait aucun doute sur le fait qu'elle était pas rattachée à un corps. Il ne la tenait pas non-plus devant son visage. Il venait en patron, pas en ennemi, sans quoi tout aurait déjà cramé.

[Le Tribun]

*Il y a du bruit à l'intérieur de l'appartement. Le judas glisse. Quelques secondes s'écoulent... Y'a un bruit de pas précipités.*

[Krasghârn]

Bon. Je toque à nouveau, plus fort. Parce que je suis là pour discuter, mais c'est leur dernière chance, parce que bon, je suis chez moi, faut pas me faire chier.

[Le Tribun]

*Aucun son ne répond à Fian.*

[Krasghârn]

-Bon, on y va.

Je fais donc signe à Sina de se positionner. Le plan est on ne peut plus simple : j'ouvre la porte d'un coup de pied bien placé, au niveau de la serrure environ, et Sina se répare à asperger d'alcool la zone, si la situation s'envenime.

Pour rappel, on est dans un appart où on gère la tise avant de la vendre. Il y en a donc entreposée un peu partout. Bref : pas le genre d'endroit où on veut que y'ait un départ de feu. Même ceux qui y travaillent n'osent pas y fumer, et les réchauds sont électriques.

L'appart est assez simple, la porte donne directement sur un nano-vestibule puis directement sur la pièce à vivre.

Je pose mon index et mon pouce sur le bout de la clope que je viens de sortir de son paquet et l'allume ainsi, puis j'expire longuement.

Et là ça part. On va pas se mentir, je suis légèrement, mais alors trèèèèèèèèèèèès légèrement énervé. Je donne un violent coup de talon juste en dessous de la poignée. Si celui là ne fait pas céder la porte, les suivants feront l'affaire. On est dans un immeuble de prolos, les portes sont pas blindées.

En supposant que Sina fait sa part du taf, j'avance dans le vestibule, avec elle sur mes talons. Si une attaque vient, ou que ça part en combat, je vois au prochain post.

Sinon, je m'avance dans la pièce à vivre. Le premier humain que je vois sera gratifié d'un :

-Va réparer cette putain de porte.

Puis je me calerai dans le seul fauteuil pas complètement miteux de l'appart (le vert, près de la fenêtre), quitte à dégager celui où celle qui le squatterait, et je verrai la suite au prochain post.

[Le Tribun]

*Fian et sa clique entrent dans l'appartement après avoir défoncé la porte.

Il n'y a personne. Ce qui est tout à fait anormal.

Soudain, il y a un son de bris de vitre dans le salon.*

[Krasghârn]

Bah en fait, Fian entre pas. Parce que s'il ouvre la porte et que y'a personne, c'pas normal. Il y a toujours au moins trois gars qui font tourner le truc, d'une part, de l'autre, y'avait clairement quelqu'un y'a 10 secondes, qui a pas ouvert la porte.

Donc : c'était un piège. Vu que l'appart était plein de tise, faire pêter ça était assez ezpz.

Bref, il se décale immédiatement de la porte en entraîne Sina derrière lui. Elle était pas firebender, et courrait un danger encore plus grand que lui si ça pétait.

-Fais gaffe.

Si les types s'étaient barrés par l'autre issue, les fenêtres, Siraak et Ma' les auraient déjà récupérés.

Vous remarquerez qu'à aucun moment Fian ne doute de ses trois potes. Donc j'en profite pour détailler un peu plus la relation qu'il a avec eux et beaucoup de son réseau.

En fait, la pensée qu'ils trahissent effleurait même pas son esprit. Parce que, d'une part, il avaient rien qu'ils puissent vouloir. Sa position ? Il la laisserait, et ils le savaient, au premier des trois qui demanderait, sans arrière pensée, et continuerait à taffer dans le réseau, aux ordres de celui- ou celle-là. Il les en savait capable. L'argent ? Il était pas plus riche qu'eux, les richesses étaient bien répartie dans le réseau. Certes, un chouf était largement moins bien payé, mais il vivait pas dans la misère non-plus, loin de là. Quand à Fian, il prenait autant que ses potes, ce dont il avait besoin pour vivre bien; et leur association marchait tellement bien qu'elle rapportait beaucoup plus qu'elle ne coûtait...

D'autre part, si l'un des trois l'avait voulu mort, inconscient ou autre, il ou elle aurait eu toutes les occasions qu'il ou elle voulait, fut-ce même 10 minutes plus tôt, quand ils s'étaient réunis avant de partir. Fian était pas gardé, buvait avec eux fréquemment... Ils avaient même les clés de son appart. Enfin, ils étaient des benders, donc de bien meilleurs combattants que lui en terrain ouvert, il avait un certain avantage en intérieur.

Bref. Il laisse Sina garder ses arrières. De toute façon, si elle, son frère ou Siraak avait voulu le poignarder dans le dos, la vie de Fian vaudrait plus la peine d'être vécue; donc il s'en battait les couilles.

Cette parenthèse background étant fermée, Fian tend l'oreille. Plaqué dans le couloir, à côté de la porte, Sina à sa gauche, il vérifie si c'est en train de se taper dehors, avec Siraak et Ma. Sinon, c'est que les types sont encore dans l'appart. On verra au prochain post.

[Le Tribun]

*Y'a justement des bruits de combat dehors.*

[Krasghârn]

Les srabs sont en train de se fight. Sans moi. Dès que j'entends le bruit du combat, je rentre donc dans l'appart. Plus précisément, je charge tout droit vers la fenêtre qui, logiquement, se trouve en face de la porte. Mais bon, j'étais de la rue, les attaques de pute je connais.

Le vestibule débouchait sur la pièce principale où se trouvait la fenêtre que je voulais atteindre. C'était, avec le placard, les deux seuls endroits d'où pouvaient venir un guet-apens. Je comptais sur Sina pour me couvrir si un fdp sortait du second. Pour le premier, je sautai dans la pièce plutôt que d'y courir. Si on m'attendait derrière la porte, je balancerai un coup d'épaule pour le projeter contre le mur. Sinon, je charge vers la fenêtre, qui est en théorie pétée, sinon elle est ouverte d'une chaise balancée et je saute dans la mêlée. Mes kheys sont dans la merde, on verra après.

Si je réalise en rentrant que y'a des gens dans l'appart, on verra au prochain post.