[HRP : mille pardons pour cet énorme retard, je vais poster en présentant les émotions de Volodia sans changer quoi que ce soit aux événements]
Volodia écoute les paroles du seigneur du feu, qui ne lui évoquent pas grand chose. Elle ne sait rien de la politique, et pour une fillette, les intérêts discordants des adultes lui semblent bien lointains. Toutefois, elle perçoit le pacifisme fort du discours et s'émeut à la façon des enfants, enthousiastes à l'idée d'un monde en paix. D'une oreille, elle entend quelqu'un se mettre à cracher son venin ; attisant les rancoeurs, le patriotisme mauvais et compétitif, l'orgueil d'un peuple qui voit la diplomatie comme une faiblesse, les paroles semées blessent comme un bâton frappant une ruche. Soudain, la place paisible s'échauffe. Les poings se lèvent, les sourcils se froncent, les voix s'élèvent. Le calme du tout-venant disparaît si vite qu'on peine à croire qu'il put être là auparavant.
Mais... N'était-ce pas un message de paix?
Elle se recroqueville près des cages. Les bêtes s'agitent à côté d'elle, sentant la tension ambiante comme une menace. Alors qu'elle se plaque contre le mur, évitant le souffle chaud d'un rhino-féroce, elle aperçoit un homme qui s'avance. Véloce, physiquement charismatique, il dégage pourtant une aura d'instabilité et de danger qui la pousse à se terrer encore plus, priant pour devenir une petite souris. Son sourire faux la déstabilise, mais elle ne peut détacher son regard. Elle le reconnait : c'est lui qui a commencé à lancer l'émeute! Lui qui a vomi tant d'insanité pour attiser le feu... Il s'approche des enclos, l'oeil mauvais.
Non... Il ne va pas leur faire de mal...?
Sa prière silencieuse réveille le peu de colère qui lui reste, étouffé encore par la crainte et la panique. Il faut agir! Elle ne supporterait pas qu'on blesse les animaux sous ses yeux. Son emportement l'enhardit à faire un pas vers la lumière, quand soudain, l'homme fait sauter les cadenas d'un geste. Une bourrasque brise le mécanisme ; aussitôt, les animaux se précipitent au-dehors, leur charge la déstabilisant. Elle tombe sur les fesses, ahurie. Lui, un maître de l'air! Impossible! La maîtrise de l'air est définitivement démoniaque, songe-t-elle avec amertume.
Lorsqu'elle retrouve ses esprits, l'homme s'est fondu dans la foule. Les rhino-féroces creusent des tranchées parmi la masse compacte de corps frénétiques, leurs cornes balayant tout autour d'eux sans préavis. Ils piétinent, accélèrent et écrasent de plus belle. Autour d'eux, tout n'est que chaos. Des boules de feu naissent et frappent au hasard ; au loin, un homme hurle en s'arrachant les cheveux, qui brûlent comme un feu de joie, accompagnés de sa tunique qui fait de son torse une torche mortelle. Une femme est lancée au sol sur le trajet des animaux, et une masse informe prend sa place. Il règne une odeur de chair grillée mêlée au goût métallique du sang. Volodia voit rouge, car partout il n'y a plus que cela. Elle veut fermer les yeux, mais ils désobéissent et le carnage s'impose à elle comme une vérité.
Sa respiration se fait courte, un étau terrible enserre sa poitrine. Elle halète, tentant de refermer ses petits bras autour de ses genoux, mais ils tremblent et faiblissent. Son coeur frappe contre son thorax comme pour en sortir. Des papillons dansent devant ses yeux. Elle s'entend gémir, pense défaillir... Quand tout à coup, un souffle naît au plus profond d'elle ; souffle qui se transforme bientôt en une tornade impétueuse, force de la nature qu'elle a toujours voulu étouffer sans savoir qu'elle ne faisait que l'entretenir. Bientôt, l'énergie rompt toutes ses résistances, et elle perd sa propre bataille.
Hurlant d'une voix aiguë sans s'en rendre compte, elle se redresse vivement, comme possédée. D'un coup, la tornade se libère, projetant des bourrasques dans toutes les directions. Hasardeuses mais puissantes, elles frappent à l'aveugle, plaquant au sol les rebelles les plus proches, se dispersant parfois sans faire de victime. Le souffle lâché contre le mur se retourne brusquement contre elle : cognée dans le dos, elle tombe à plat ventre et son crâne heurte violemment les pavés.
Nooooon, gémit-elle faiblement avant de perdre connaissance.