Le Quartier Résidentiel

[Daisuke]

-32-

Amarok est enroulé dans la couette, profitant des ces rares instants où le monde semble être suspendu entre rêve et réalité.
Alors qu'il vient à peine de souhaiter que ce moment dure encore un peu, son voisin de chambrée sursaute violemment, provoquant la même réaction chez le pêcheur.
Ce dernier ne manque pas de constater que le marchand itinérant a l'air passablement effarouché et légèrement glacé.

Sans doute un mauvais rêve, pas de quoi réveiller tout le voisinage !

Il fronce légèrement les sourcils mais ne dit mot, laissant au marchand ces pensées qui n'appartiennent qu'à lui et au royaume des esprits.
Si il pouvait lui même se souvenir de quoi sont pavés ses rêves, nul doute que cela le ferait sourire.
La plupart des personnes seraient fort étonnées de voir les chemins qu'empruntent leurs esprits alors qu'ils lâchent la bride de la raison.

Réveil mouvementé on dirait.

Il gratifie Nénietz d'un petite sourire sympathique et s'extirpe du carcan chaud et rassurant de la couette.

Ca fait longtemps que je n'ai pas pu profiter d'une matinée au lit, ça fait du bien !

Amarok a d'ores et déjà décidé de laisser en suspend tous les ennuis qui ne manqueront pas de lui retomber dessus dans un avenir proche et de profiter du peu de paix qui s'offre à lui pour le moment.
Le soleil est pratiquement à son zénith, aussi bas soit-il sur l'horizon en cette période de l'année, il n'y que peu de nuages dans le ciel...une matinée parfaite pour oublier les tracas de la veille autour d'un bon petit déjeuner !
Après avoir passé rapidement une main dans ses cheveux pour tenter de les coiffer et constaté à quel point cette opération s'avère un échec retentissant, Amarok descend joyeusement pour rejoindre le salon.

Dans la pièce se trouvent déjà Migina et une autre femme qu'il suppose être la mère des deux jumelles.
Il les salue en inclinant la tête en un geste plein de respect et se présente à la maitresse de maison tout en s'excusant à nouveau de la gène éventuelle que sa présence chez elle pourrait occasionner.

Dernière édition par Invité le Jeu 20 Déc 2012 13:43, édité 1 fois.

[Atiscomin]

Magena se réveilla tout doucement, un léger filet de lumière filtrant au travers des rideaux de sa chambre. Elle sourit et se rendormit quelques instants, lambinant sous sa couette ce qui est rare pour elle. Elle avait envie de profiter un peu, d'avoir du temps seul pour elle. La journée précédente, elle avait été accompagnée la plupart du temps et avait besoin d'un petit moment seule.

Elle respira un bon coup avant de trouver le courage de s'asseoir sur le bord de son lit puis après quelques moments dans la lune, elle s'adonna à ses ablutions matinales. Si il y avait bien quelque chose qu'elle exécrait, c'était de sortir de sa chambre autrement que parfaitement présentable. L'idée que quelqu'un la voie au lever l'horripilait, elle se sentait comme vulnérable tant qu'elle n'était pas arrangée comme elle le souhaitait, prête à affronter le monde.
Elle finit sa préparation qui n'avait d'ailleurs pas besoin d'être poussée. Juste assez cependant pour être à l'aise avec elle même. Après cela, elle se posa et fixa son image dans le miroir.

Qu'est-ce qu'on a là, hein?

Elle avait bien du mal à trouver une réponse à cette question. Elle s'identifiait la plupart du temps au travers de ce que les autres lui renvoyaient comme expressions, c'était rare pour elle de réfléchir sur elle même, seule.

Tu croyais que la soirée d'hier allait être mémorable, et elle l'a été mais dans le mauvais sens. LE spectacle a été une réussite mais c'est bien la seule. Après, tout a été de mal en pis. Je me demande bien ce que j'aurais à faire au palais... Quel rôle va-t-on m'assigner? Servante? Ça serait gênant, j'ai des amies parmi elles, si elles voient ça, je deviendrais une sacrée bête de foire. Il faudra aussi que je reparle de tout ça à Kenaï. Il a beau être éminemment gentil, je crois bien qu'on l'aura irrité sur ce coup.

Elle entendait des bruits venir du salon. Amarok se présentait à la maîtresse de maison alors que Magena sortait tout juste de la chambre. Elle arriva en bas des escaliers juste à temps pour voir sa mère lui rendre des salutations chaleureusement et Migina, tout en lisant, lui répondre avec son ton tempérament habituel.

-Bonjour.

-Bien le bonjour! Bien dormi, Amarok? J'ose croire que oui, vu l'heure avancée! Installez-vous, je vais vous préparer quelque chose à manger, ce n'est pas ça qui manque ici, j'ai fait des provisions il y a peu. Qu'est-ce que vous voudriez à boire aussi? Un thé peut-être? Tenez pendant ce temps, dites-moi, d'où venez-vous? Et que faites-vous pour vivre? Vous passez souvent dans les environs?

-Ça va l'interrogatoire? Maman, tu vas le faire fuir, le pauvre! Laisse-le se réveiller au moins avant de l'assaillir comme ça! finit par intervenir Magena en riant.

-Mais non! Crois-tu. Un jeune-homme comme lui ne serait pas gêné ainsi, n'est-ce pas Amarok? répondit la maman avec un clin-d’œil.

Hahaha! Comme si tu le connaissais si bien! Tiens, arrête donc de te payer ma tête et dis moi où est le miel s'ilteplait.

-Tu devrais aussi considérer de me parler de façon plus correcte jeune fille. dit Tania la foudre dans les yeux.

-Oh excuse-moi! Peux-tu me dire où se trouve le miel s'ilteplait maman chérie?

L'intéressée se détendit

-Mais avec plaisir, fillette! Il est là bas répondit elle, moqueuse, en pointant du doigt une armoire dans un coin de la pièce.

-Fillette... Et puis quoi après? Gamine aussi? J'ai un nom tu sais.

-Oui, mais j'ai du mal à t'appeler comme ça, tu sais bien que tu restes mon enfant! Au pire, si ça te gêne vraiment, considères ça comme une punition pour jeter le déshonneur sur notre famille en étant sanctionnée par Hakan!

-Comment?! À la bonne heure! Comme si tu en avais quelque chose à faire de l'honneur! Moi qui croyais que tu t'en tirais dignement...

-Tu peux parler de dignité, ce n'est pas moi qui ait une dette envers la tribu quand on y regarde de pus près... renvoya Tania en levant les yeux au ciel.

Magena s'apprêtait à continuer sur une même réplique cinglante mais sa jumelle intervint

-Un peu de calme s'il vous plait vous deux? On vous entend dans tout le quartier. Tssss, pas une pour rattraper l'autre...

Les deux femmes visées par la remarque se regardèrent avant de commencer les messes basses en s'éloignant vers l'armoire où se trouvait le miel.

-Ce qu'elle est irascible!
-Oui, madame je-sais-tout, madame je-suis-parfaite, madame je-suis-sage. Ce qu'elle peut-être agaçante parfois...
-Il faudrait qu'elle décoince un peu.
-Certes! Qu'on lui trouve un mari ou que sais-je, qu'elle passe ses nerfs sur quelque chose un jour!

-J'ai entendu...

Les deux complices se regardèrent et éclatèrent de rire ensemble. Migina elle aussi ne put s'empêcher un sourire. La boutade était monnaie courante dans la masure, en particulier quand les temps étaient durs. Un moyen comme un autre de passer le temps et de garder le moral. Sur ces entrefaites, Magena s'empara du pot de miel qu'elle répandit sur une tranche de pain, se servit une tasse de thé, et mit le reste de la portion de miel dans le breuvage encore brûlant.

Pendant ce temps, Tania s'affairait à concocter un plat pour Amarok et mit une bouilloire sur le feu en lui demandant quel thé il voudrait prendre. Tout en disant cela, elle étala divers ingrédients sur un plan de travail et se mit à l'oeuvre. En peu de temps, un petit-déjeuner tardif était composé spécialement pour le garçon qui venait de se lever, en grande partie à base de viande de poisson, de graisse de phoque et de petits gâteaux au miel. La matriarche avait aussi prévu une part en plus pour le second invité qui n'était toujours pas descendu.

-Magena, il faudra que tu sois avec moi pour parler de l'affaire du remboursement de ton ami.

-Oui, pas de souci, on verra ça ensemble quand le moment sera venu.

Tandis que tout le monde mangeait, Magena fut prise d'une interrogation qu'elle souleva

-D'ailleurs Amarok, tu comptes rester un peu plus longtemps en ville ou partir dès que possible?

-Alors d'abord, tu le dis avec un tel tact que l'on pourrait croire que tu veux le voir parti d'ici dans les plus brefs délais Magena, et ensuite je suis sûre qu'il a bien mieux à faire que traîner dans la cité. Un peu de tenue! Tu ne survivras pas longtemps au Palais si tu te comportes de la sorte. répondit Migina cinglante et froide.

-Oui, oui. J'y ferais attention, ne t'inquiète pas.

-Je te fais confiance, mais ne reviens pas en pleurant, tu me ferais de la peine et je me sentirais encore obligée de te consoler dit Migina sans détourner les yeux de sa lecture.

-Ouais...

Et j'ai déjà causé assez d'ennuis comme ça.

-Donc! Plus poliment comme on me l'a conseillé, quels sont tes projets pour aujourd'hui?

Dernière édition par Invité le Sam 29 Déc 2012 11:49, édité 1 fois.

[Daisuke]

-33-

Pour tout dire, le pêcheur s'était attendu à tout, sauf à la réaction que lui offrit la mère de Magena ce matin là.
Sans même lui laisser le temps d'en placer, la voilà qui l'assaille de questions comme si elle désirait connaitre sa vie dans les moindres détails.
Il est quelque peu perturbé par la familiarité qui transparait dans les propos de cette dame qu'il ne connait pas du tout.
Sans doute y a-t-il un peu de préjugé là derrière, mais il s'était attendu à plus de formalisme venant de personnes habituées à vivre dans la capitale du Pôle Nord, milieu bien plus guindé que son petit village perdu où tout le monde se connait dès l'enfance.

Euh...ben...

Comme Magena entre en trombe dans al pièce et se lance dans ce qui ressemble à une joute verbale avec sa mère, Amarok entreprend de refermer se bouche qui commençait à lui donner un air de poisson hors de l'eau et abandonne pour le moment l'idée de tenter glisser un mot dans cette conversation à cent à l'heure teintée de faux airs de reproches et d'une complicité certaine entre les deux femmes.

Il sourit en voyant l'affection que semblent se porter Magena et sa mère et s'installe sur la chaise la plus proche. Sur un éclat de rire commun, Magena entreprend d'avaler son petit déjeuner et sa mère retourne s'occuper du thé et du repas qu'elle compte visiblement servir à ses deux invités imprévus.

Le thé qu'il vous plaira, je ne m'y connais pas vraiment en thé et c'est Magena qui m'a fait découvrir hier soir qu'il en existait d'autres sortes que celui que j'ai toujours bu jusqu'à présent.

Très occupé à savourer son premier petit déjeune tardif depuis des lustres, Amarok manque de s'étouffer avec ce dernier alors que Migina reprend à nouveau sa sœur qui vient de lui poser une question.
Il sourit et fait un clin d’œil complice à Magena qui s'empresse de reformuler sa question à la convenance de sa pointilleuse de sœur jumelle.
Quelle ironie alors que jusqu'à présent c'est plutôt l'inverse qui s'est produit, Migina donnant fort peu l'impression d'être ravie de la présence du jeune homme sous leur toit.

Hum, euh je n'en sais encore rien. Je suppose qu'il faut que je passe d'abord à la boutique pour voir si il y a des livraisons à faire et, si j'ai le courage, je devrai bien à un moment pousser jusque chez moi pour aller expliquer mon absence de ce matin.

Il a un sourire pincé, ne sachant pas trop à quel accueil s'attendre de la part de ses parents, bien qu'il doute que les choses soient aussi joviales que dans la cuisine ce matin.

*Le nordique s'était assoupi un moment après cet étrange rêve mais il ne s'endormit pas complètement. Cette vision onirique l'avait troublé plus qu'il ne l'aurait voulu. Il aurait pu y penser pendant des heures et se lancer dans une profonde réflexion sur le sens de sa vie. Oui, il aurait pu. Mais l'instant n'était pas à la réflexion. Sur cette pensée, il se releva brutalement et se rendit compte que le pêcheur avait quitté la pièce. Après une rapide réflexion, le nordique se rendit compte de deux chose : il ne savait pas l'heure qu'il était et il risquait de donner mauvaise impression à une personne qui devait lui donner de l'argent.

Le marchand se leva en vitesse et rassembla ses affaires, qu'il avait balancé en vitesse la nuit précédente. Après un dernier regard dans la chambre, il quitta les lieux et suivit la direction des bruits qu'il entendait plus loin.

Nénietz trouva les habitants de la maison attablés dans la pièce commune. Il voyait les deux jumelles, Amarok et une troisième femme qui devait être leur mère. Espérant ne pas être trop en retard, bien qu'aucun planning n'avait été décidé la nuit précédente, le nordique entra l'air gêné dans la pièce et lanca à l'assemblée* :

« Bien le bonjour et encore merci pour l'accueil »

[Atiscomin]

Alors que la maîtresse de maison servait un thé aux feuilles de raison d'ours à Amarok, un nouveau-venu fit son entrée:
-Ah! Bonjour Nénietz! Bien dormi? Viens donc t'asseoir là et mange un morceau!

Tania invitait la marmotte à prendre place parmi tous. Elle s'assit à son tour, grignotant un biscuit, pensive. Sans doute réfléchissait-elle encore à la meilleure somme à proposer au marchand et évaluait-elle la bévue de sa jeune et fougueuse fille. Tout le monde attendit plus ou moins que le vendeur de glaces prenne son repas, à l'exception de Magena qui n'était pas d'humeur à être très sage. Dans sa tête se bousculaient les questions tandis qu'elle se dandinait d'impatience sur sa chaise.

Les négociations vont-elles bien se passer? Quelle somme va-t-il bien pouvoir demander? Le dommages étaient tout de même importants. Je ne sais pas exactement ce que vaut ma mère en marchandage, mais j'espère qu'elle y a des compétences.

Elle tenta de se rassurer et de se détendre un minimum, regarda sa sœur jumelle qui lui rendit un regard rassurant et chaleureux. Elle y trouva un peu de réconfort comme d'habitude et s'impatientait un peu moins. Le papy avait beau l'avoir aidée sans réfléchir et s'être dévoué pour elle, Magena ne pouvait pas savoir si il était rancunier ou dur en affaires. La maîtresse tenta encore de casser la tension qui s'installait en elle en s'adressant à Amarok:

-Vu que tu vas d'abord passer chez l'herboriste, je pourrait venir avec toi, je n'ai rien d'autre à faire pendant ce temps.

-Ahem. Pas vraiment Magena, tu as des choses à faire ici, à la maison, et puis tu risques encore de nous provoquer un impondérable qui va déclencher une catastrophe.

-La confiance règne... Ne t'inquiète pas Migina, je resterai sage

-J'y compte bien! Mais c'est une bonne idée d'aller chez l'herboriste, je suis en manque de thym, de feuilles de raisin d'ours, et de quelques plantes médicinales. Tu donneras ça au gérant, il te passera ce qu'il faut. intervint leur mère en donnant un papier à Magena ainsi qu'une petite bourse.

-Bon, comme ça, c'est réglé.

Mais le nordique finissait de manger, Tania en profita pour lui servir une autre tasse de thé avant d'entamer les choses sérieuses. Après l'accueil sympathique qu'elle avait prodigué au nordique, son ton se fit plus formel et courtois.

-Bon! Donc, ma fille vous a porté préjudice il y a peu en vous emmenant avec elle bon gré mal gré pour arriver à la fin. Et ici, en l'occurrence, la fin correspond à la destruction de votre chariot.

-Ainsi que de plusieurs objets dedans, dont certains étaient de valeur, maman. Cependant, pour le peu que j'en ai vu, l'hippopotame laineux qui servait de bête de trait n'a pas été blessé, ce qui est tant mieux d'ailleurs car je ne crois pas que l'on trouve ce genre d'animaux à tous les coins de rue.

La matriarche réfléchit un peu à ce que Magena venait de dire, son regard se perdit quelques instants encore, introduisant les autres variables que sa fille venait d'introduire dans l'affaire, modifiant tout de même de façon non négligeable la somme à proposer.

-D'accord. Magena m'a donc aussi spécifié à l'instant qu'il y avait plusieurs objets de valeur dans votre moyen de locomotion qui ont été détruits, et que votre hippopotame laineux qui le tractait n'avait lui-même pas subi de blessure importante. Il est évident que nous devons vous rembourser du dommage causé et au vu de ce dommage, je vous propose une somme de 2000 yuans. Cela vous convient-il?

[HRP: J'ai mis "Yuans" car je ne sais pas si la monnaie est différente au pôle nord ou non, si jamais c'est autre chose je me ferais une joie d'éditer ça ^^]

[Gwlaglus]

Les heures filaient, et Lyanna ne dormait toujours pas. Pourtant, elle avait fini par monter à l'étage, et par s'installer bien au chaud et douillettement dans son lit. Mais Morphée la fuyait cette nuit. Agitée, elle se retournait sans cesse dans son lit, et se cacha même la tête sous l'oreiller, mais quoiqu'elle fasse, le sommeil ne venait toujours pas. Si bien qu'elle finit par se relever, et s'installer sur le rebord de sa fenêtre, une chaude couverture posée sur les genoux. La nuit était calme dehors, nul vent soufflait, et aucun flocon ne tombait, et la Lune se reflétait dans le canal qui bordait sa petite maisonnette. Le ciel d'encre était constellé d'étoiles scintillantes. Oui, qu'on se le dise, la nuit était belle, mais Lyanna s'en contrefichait royalement. Cette vision nocturne ne lui inspirait qu'un profond ennui, au lieu de calmer ses nerfs. Soupirant une nouvelle fois, elle essaya de continuer la lecture qu'elle s'était imposée, mais la liasse de parchemins jaunis qu'elle tenait dans ses mains ne semblait pas l'inspirer plus que cela.

Et d'ailleurs, elle les reposa dans un coin, ou plutôt les y jeta. Encore une fois, elle avait stoppé sa lecture. Elle avait essayé maintes fois pourtant, mais le dégoût qu'elle éprouvait était trop fort pour qu'elle réussisse à passer le cap des premières pages, et ce, malgré sa curiosité. Il fallait dire que même si elle ne l'avait pas lu, elle connaissait en grande partie l'histoire qui y était contée, sa grand mère avait veillé à cela, juste avant sa mort.

N'y tenant plus, et toujours énervée, elle quitta le rebord de la fenêtre, et saisit au vol manteau et sabre. Et fit claquer une nouvelle fois sa porte en la refermant derrière elle. Et à nouveau réveilla le bébé de ses voisins, ce qui fit naître un léger rictus amusé à ses lèvres. Elle n'alla pas bien loin à vrai dire. Il lui fallut parcourir quelques mètres seulement dans la neige pour rejoindre l'arrière de sa maison. Là, à l'abri des regards, puisque dissimulé par un petit muret en glace, se trouvait un jardin, qui transformé à l'aide de son grand père, était devenu le lieu où la jeune épéiste s’entraînait la majeure partie du temps. Un mannequin en bois et autres matériaux récupérés, et usé tant par le temps et les coups reçus l'y attendait, posé contre le mur. Le voir sembla la détendre immédiatement, et elle le déplaça jusqu'au centre du jardin glacé. Aussi surprenant soit-il, elle s'inclina devant son ennemi immobile, avant de s'élancer vers lui. Ses gestes, d'ordinaires vifs mais subtils, étaient là brutaux et nerveux. Trop même pour le pauvre mannequin. Qui après quelques passes et assauts vit quelques uns de ses membres choir lourdement au sol.

-Aïe, mon vieil ami, j'ai été trop dur avec toi ce soir. Il va me falloir encore te rafistoler.

L'air sincèrement désolé, Lyanna ramassa les morceaux du mannequin, et les posa sous un petit appentis. Et le reste du mannequin connut le même sort. La jeune bretteuse regarda alors le ciel, le décompte des heures avant l'aube avait bien diminué, mais elle ne retourna pas chez elle pour autant. Pendant pas loin d'une demi heure, elle s'imposa divers exercices, et combattit même quelques ennemis qui n'existaient seulement que dans son esprit fertile.

Le règne de la lune cette nuit là arrivait presque à sa fin, lorsqu'enfin, après une douche bien méritée, Lyanna trouva le sommeil. Pour quelques heures seulement. Quand elle rouvrit les yeux, le soleil était déjà bien haut dans le ciel.

-Et merde. En retard pour mon premier jour de travail forcé à la caserne, c'est juste la cata !

Une quarantaine de minutes plus tard (eh oui, quitte à être en retard, autant l'être pour de bon !), elle quitta sa maisonnette, direction la caserne.

*Après avoir marché un long moment tout en faisant connaissance, Inné et Morthan s'arrêtèrent dans le quartier résidentiel.*

- Je vais y aller,*dit la jeune fille légèrement mal à l'aise*, Je n'habite pas dans le quartier résidentiel et je vais mettre un bout de temps à rentrée. Je suis contente d'avoir fait ta connaissance ! A bientôt !

*Elle se retourna. Soudain, Morthan l'interpella.*

- Hey ! Euh... Comment dire... Tu connaîtrais pas un endroit où dormir par hasard ?

Le jeune homme, gêné d'avoir attendu la fin de la petite visite pour demander continua cependant :

- Et si possible pas trop chère... Je ne pensais retourner à l'auberge où j'ai logé avant qu'on ne se croise mais je me suis souvenu que c'était la garde qui m'avait payé ma nuit et mon repas... Et comme mon argent se trouvait dans mon sac... Et que je dois rester plusieurs jours... Enfin tu vois quoi c'est pas pratique.

Un énième sourire s'afficha sur son visage avant qu'il ne se gratte le sommet de crâne en signe de gêne.

*Inné compris tout de suite où il voulait en venir et sourit*

- Tu peux venir dormir chez moi pendant quelques temps si tu veux ! J'ai une chambre de libre et je suis sur que mes parents seront d'accords ! Suis-moi, j'habite à une heure de marche d'ici.

Toujours un peu honteux d'avoir eu à demander se service, le jeune homme inclina solennellement la tête tout en remerciant chaleureusement sa nouvelle camarade.
Puis, voyant que celle-ci partait déjà, il se pressa pour arriver à ses côtés dans le but de la suivre jusqu’à chez elle.