Précédemment.J'étais descendue du bus il y a déjà un bout de temps et me voilà maintenant en train de marcher sur les contreforts. L'endroit a au moins deux avantages à mes yeux, il est calme et il est beau. En cherchant un endroit où maîtriser en paix, je peux regarder les montagnes qui entourent Republic City encore en train de me surplomber. Pas de soleil pour faire luire tout ça, il faut dire que la pluie battait le sol et moi avec. Une pluie froide qui plus est, il valait mieux que je me mette rapidement à bouger pour me tenir au chaud.
Je trouvais assez rapidement une place où m'installer, c'était un poil éloigné mais au moins j'avais une belle vue en me trouvant légèrement en hauteur et de la place pour bouger. Je retirais alors mes chaussures. Le sol étant boueux, je préférais être pieds-nus pour pour rester stable. Alors j'enlevais le chapeau de paille qui me servait à maintenir ma tête sèche. La pluie avait beau tomber je voulais y goûter.
C'est ensuite que je me mis en position. De bons appuis, le bassin bas, les bras repliés contre le corps.
Soudainement, tapais du pied contre le sol, une roche recouverte de boue un peu plus grosse que ma tête en bondit. Je l'amenais en l'air d'un mouvement souple de la jambe, la faisant passer au dessus de ma tête, gainant mes abdominaux, avant de la planter d'un coup dans la terre, faisant retomber lourdement le pied. Je recommençais plusieurs fois en variant les mouvements, usant tantôt des bras, tantôt des pieds, je répétais des formes d'école que j'avais pu observer et j'allais de plus en plus lentement en décomposant les gestes. C'est quelque chose que je m'obligeais à faire, même si ce n'était pas ma tasse de thé.
Ayant empilé les cinq petits rochers les uns sur les autres, en équilibre, je changeais alors de style. Finissant le petit entraînement que je m'étais fixée, je me mis à maîtriser comme j'avais appris à le faire de mes parents.
En faisant la roue, avec lenteur et souplesse, je relevais rapidement trois des pierres pour les faire graviter autour de moi d'abord en un simple cercle, tournant sur moi-même en prenant appui sur un seul pied. Puis je compliquais les choses, ralentissant ma rotation pour me déplacer, décrivant sur le sol des courbes à l'aide de mes pieds en un geste vif et dansant. Les blocs se mirent à suivre mes mouvements et ne décrivaient plus un simple cercle mais prirent des trajectoires qui à l'oeil d'un observateur anodin sembleraient aléatoires.
Me mettant à danser plus qu'à exécuter de simples séries de mouvements, je ne prévoyais plus vraiment ce que je faisais, je n'y pensais plus tellement. Je me laissais guider par l'inspiration du moment, une fois bougeant rapidement en fuyant dans différentes directions, une fois me plantant sur place dans des enchaînements plus lents sans toutefois être aussi rigide que la plupart des autres maîtres de la terre.
Je finissais en jonglant avec les cinq pierres, devenant plus aérienne, je bondissais à chacun de mes mouvements et tournais sur moi-même en l'air, repartais en ayant à peine posé un pied sur le sol pour renvoyer une roche en l'air avant qu'elle ne s'écrase.
À chacun de mes puissants coups de pieds sur le sol jaillissait une petite colonne de pierre, la taille étant le témoin de mon niveau limité.
Le bruit de ces pas était couvert par le grondement d'un orage qui approchait. La pluie commençait tout juste à se calmer pour sûrement reprendre de plus belle. C'est alors que j'arrêtais de maîtriser, trempée de sueur comme de pluie, les pieds et les jambes immaculées malgré la boue qui m'entourait.
J'essorais mes cheveu et rassemblais alors mes affaires pour partir, je venais de bien me vider la tête.
Avant de m'en aller, je regardais mon œuvre. C'était un sacré chantier! Heureusement sur les contreforts, il n'y avait pas à ranger. Et je repartais alors, entendant la tempête approcher.
Un jour, l'on m'entendra par dessus les coups de tonnerre...