Le Temple de l'air Occidental

[Esprit des Vents]

MAJISSE

*Sur la route du réfectoire, Majisse s'entend interpelée.*

- Pouvons-nous discuter une minute, jeune fille ?

*A côté d'elle, le sage Atô.*

- Cartes sur table, j'entends. Et dans une situation normale de discussion, qui consiste à écouter ce que l'autre a à dire, sans que l'un des interlocuteurs coure après l'autre, etc.

[Majisse]

*Les mains dans le dos, Majisse marche en fixant le sol. La nuit avait porté ses fruits, la jeune nomade voyait les choses sous un autre angle. Oh elle n'avait pas de solutions, mais elle sentait qu'il était temps pour elle de tirer sa révérence. Peut-être dans le village de Xining, où elle serait sûre d'être tranquille. Ici les autorités continueraient à la faire suer.

Un esprit ultra-dangereux s'est libéré ? Et alors ? C'est pas dit qu'il vienne l'embêter ! Par contre, les sages ... C'était une toute autre histoire !

Et puis le Temple Ori... *

Hein ?

*Complètement plongée dans ses réflexions, elle n'avait pas senti la présence du vieux pervers. La voilà complètement prit au piège comme un enfant dans la camionnette d'un pédophile récidiviste. Elle s'arrête, serre les poings alors que le vieillard demande une conversation.*

Zut ! La peste soit ce type ! Qu'il s'étouffe dans ses vomissures !

*Rageante, Majisse est forcée de se retourner. Résister directement au grand sage de l'air du Temple était une idée un peu stupide. Elle avait un soucis avec l'autorité du Temple mais n'était pas non plus totalement stupide. Il lui faudrait coopérer pour endormir l'attention de la bête. Elle eut l'idée d'un sourire et de quelques mots doux, mais un trop net changement de comportement l'alerterait. Il est vicieux ... Il est intelligent.

Prudence donc.

Elle se retourne et lève les yeux vers les siens. Qu'il parle mais qu'il fasse vite.*

[Esprit des Vents]

MAJISSE

*Considérant les antécédents de la petite névrosée, Atô se satisfait du semblant de réponse obtenu. Courir, ce n'est plus de son âge, quoiqu'il ait encore la forme. Il l'aurait bien invitée à le suivre dans son bureau, mais ce serait tendre le bâton pour se faire battre à la narration diffamatoire d'en face. Pour ne pas être entendu, parler doucement devrait suffire ; le temple ne compte pas non plus que des gosses en crise fuyant les cours, il n'y a pas grand monde à croiser à proximité du réfectoire à cette heure.*

- Bien. Puisque tu es d'accord, voici ce que j'ai à te dire : je suis convaincu que tu as d'importantes choses à m'apprendre sur le Temple oriental. Je souhaite les connaître, car je suis censé protéger le peuple nomade, tout en sachant que ta paranoïa dicte probablement à ton instinct que je cache une arme dans ma barbe. Comment faire ?

[Majisse]

*Mouais, inintéressant.

Le coup du faux gentil était un grand classique qu'elle ne connait que trop bien. Être aimable pour baisser la garde de son opposant afin de l'attirer dans son bureau (ou ailleurs, la narration n'est pas contraignante) c'était d'un banal. Bien sûr que le vieux savait de quoi il en retournait dans le Temple Oriental, il voulait juste vérifier ce qu'elle savait ELLE. Et si jamais elle en savait trop, et c'était le cas, il pourrait faire en sorte de la faire taire. Surtout, voyez là où son raisonnement en devient réellement pernicieux c'est qu'en plus il disait qu'elle était paranoïaque. Elle ! Genre c'était de sa faute à elle, et lui ce n'était qu'un gentil chef de Temple qui s'inquiétait de la santé mentale d'une de ses pensionnaires. Mais de quel droit il se permettait le malotru ? Dans le doute, Majisse y regarda de plus près.*

Mais c'est que oui en plus ! Il pourrait y cacher une arme dedans !

*La voilà coincée avec un dangereux psychopathe qui pourrait l'égorger dans l'indifférence totale étant donné que chaque fichu habitant de ce maudit temple est enfermé dans un carcan routinier qui altère la poussée de leur réflexion. Moine névrosé au cerveau atrophié.

Elle les méprisait tous, et un jour elle se vengerait. Enfin, les esprits maléfiques la vengeront quand ils laisseront échapper toute leur puissance de destruction sur ce peuple de faible.

Tout ça, parce qu'elle a voulu les aider, ces pauvres idiots ! Quels bande d’ingrats !
Qu'ils périssent tous !*

En attendant, il me faut réagir à tout ça.

*Il avait parlé, grand bien lui fasse, la suite de la conversation ne l'intéresse guère. Le bien-être des nomades ? Et puis quoi encore ! Non, Majisse n'avait rien à lui dire à ce vieux pervers. Aussi sourit-elle néanmoins, parce qu'elle est polie ; Puis elle fait volte-face et s'en va.*

[Esprit des Vents]

*Et youplaaaaaa ! Majisse se retrouve les fesses en l'air, prise dans une petite tornade que le vieux sage maintient en la regardant avec un air neutre.*

- Chère enfant. Puisque tu me prends pour un macaque, prends-moi au moins pour un macaque à qui on n'apprend pas à faire la grimace. Tu triches. Reprenons. Comment faire ?

[Majisse]

*Alors qu'elle marche, la voilà prise dans une mini-tornade qui la soulève momentanément du sol. Diable ! Que faire à présent.
Le vieillard semble déterminé à ne pas la laisser partir sans avoir de réponse. La voilà qui tournoie mollement dans les airs sans avoir une possibilité de fuite. Ses sourcils froncés laissent place à un regard neutre.

Sérieusement ?

Le voilà qui la retient par la force ? Elle était déçue, quel manque de tact envers une pauvre et innocente jeune fille. Il est beau le calme et le sang-froid des nomades. Dans son regard, il serait aisé de lire une sérieuse affliction.

Comment faire disait-il ? C'est simple. Toi tu fais une tornade, moi je prends l'air.

Par contre évite de m’enrhumer sinon je te filerais la note des dolirhumes.

Pour les ramollis du bulbe qui ne comprendraient pas, Majisse a un faible sourire, un poil narquois et fixe le vieux dans les yeux en lui signifiant que de un: Elle a toute sa journée contrairement à lui, et que de deux: Elle ne parlerait pas et que cette situation l'amusait beaucoup.

Non mais.*

[Esprit des Vents]

*Une image traverse l'esprit d'Atô. Celle d'une petite fille s'écrasant violemment sur un mur, mue par un courant aérien, ahlala c'est pas de bol, soudain hors de contrôle. Le côté obscur de la force commence à se montrer hautement attrayant, tiens. Mais respirons un grand coup et restons moine.*

- Ai-je dit que tout travail mérite salaire ?

*C'est moine, ça ?*

[Majisse]

*Ouais et ?*

Crache ta boulette papi.

[Esprit des Vents]

*Allo la Lune ? *

/Bon sang.../

- Ton poids en fraises, un animal de compagnie, ton billet pour un autre temple ? Que sais-je, jeune fille ?

[Majisse]

*Le sourire de Majisse s'élargit.*

Et voilà comment on apprend à un vieux singe à faire la grimace.

*D'un geste franc des mains, Majisse propulse un jet d'air qui lui permet de s'extirper de l'emprise de la tornade impie. Tournoyant sur elle-même, la jeune nomade descend petit à petit vers le sol avec la grâce du Cygne. Après avoir remit sa robe, ses cheveux et son bandana en place, elle sourit au Sage Âto.*

-Vous voilà raisonnable vieil homme. Nous pouvons parler affaire maintenant.

*Elle croise les bras et toise de sa petite taille, le nomade qui lui fait face.*