*Il se retourne et regarde Tundô dans les yeux. Le regard du vieux est un mélange de tristesse et d'un puissant sentiment d'impuissance.*
-Si il meurt, alors je n'aurais réussit à protéger personne.
*Ce n'est néanmoins pas un refus. Voir son compagnon dans cet état bouleverse le vieil homme, largement plus que son voyage astral de l'autre jour.
Il fait signe aux maîtres des marais de rester en retrait, et s'avance de quelques pas dans la clairière. Des souvenirs remontent. Des souvenirs vieux de plus de 50 ans. Ganshi se revoit avec les autres novices. Tous ont des flèches, sauf lui. Ils sont sur l'île des vents. On leur a donné une pomme à chacun. Le reste ne dépend que des bisons. Il revoit le petit animal curieux qui lui vola autour timidement en gémissant pendant plusieurs minutes, avant de finalement s'approcher et manger la pomme, symbole du lien naissant entre le moine et le bison.
S'en est trop. Beaucoup trop d'émotions se mélangent dans l'esprit du vieil homme. Des larmes commencent à s'écouler le long de ses joues et viennent humidifier un peu plus le sol du marais. Ganshi extériorise tout ce qui lui arrive ses derniers temps. Il pleure comme jamais il n'a pleuré. Il réussit à articuler une phrase entre deux sanglots.*
-Pim... je suis tellement désolé...
*Il tombe à genoux.*
La vie des nomades de l'air est basée sur l'absence de désir matériel et le respect de la nature...
Au début, le bison ne voit pas le vieux Ganshi. Puis, dans sa rage, son regard se porte sur lui. Il hésite, un instant.
Dans son regard s'allume une terreur absolue. Il hurle, mais il ne s'envole pas. Il est comme cloué sur place par cette terreur qu'il éprouve soudainement.
L'animal qui a toujours les yeux fixés sur le vieux grogne en entendant l'air nomade sifflé par Ganshi. Mais, lentement, cela semble faire effet. Le bison se détend et semble moins effrayé qu'auparavant. Il semble que Ganshi ait touché une corde sensible dans l'esprit de Pim.
Le bison s'approche et commence à renifler la main de Ganshi qui tient la pomme. Derrière, la tension est à son comble parmi les Maîtres des Marais. S'il y a le moindre couac, ça va tourner en boucherie.