par Micky » Mar 26 Juin 2012 19:45
Forêt de bambou sur les hauteurs au Nord de la capitale.
Je le répète, c'est pour le mieux, rien de tout ça ne saurait me correspondre.
Vous rejetez bêtement la faute avec indifférence.
* Un silence de mort était tombé sur les trois hommes, seul le feu crépitait faiblement en cette fin de journée. La combe ou Ahmra, Ko-Many et Draven s'étaient installés après leur fuite de la prison se pâmait des couleurs du couchant. Le rouge sang couvrait le rideau épais de bambou qui surplombait la pente abrupte qui une vingtaine de mètre plus bas laissait place a petit cours d'eau et a l'abri de fortune qu'ils avaient améliorés sans cesse avec le temps.
Assis sur un tapis de joncs, au pied de la porte, Draven dévisageait gravement les deux hommes qui lui rendaient les années, la force et l'expérience. Malgré ce décalage important, il lisait en chacun d'eux que ses mots trouvaient leur place, et que si il n'avait pas entièrement raison, le principe était la, suffisant pour creuser complétement la distance qui les séparait eux de lui.
Reniflant lourdement avec dédains, le géant se retourna, les mains dans les poches, le regard perdu dans le lointain. Seul Ko-Many ne s'était pas détourné.
Plus fin que son compagnon, il avait l’intelligence de reconnaitre quand sa mauvaise foi était en cause sans pour autant assumer les conséquences induites.
La main sur la garde du sabre qui ne quittait pas sa ceinture, il pesait intérieurement chacun des mots qu'ils venaient tous d'échanger d'abord dans une tension timide puis dans une explosion de voix et de colère. Ahmra avait beau être le plus critiquable, il avait lui aussi sa part de responsabilité.
Ainsi, ce ne fus pas une surprise quand Ko-Many reprit la parole avec douceur.*
# Es tu réellement sur de ta décision ? #
* Draven s'abîma a son tour dans la contemplation du feu. Tout ce qui se jouait ici avait son importance, dans le passé et pour la suite. C'était un groupe fort qu'il allait, non, se devait de dissoudre.
Les dissemblances sur certains points de vues n'avaient encore été que des broutilles, mais si les deux autres comptaient a nouveau passer par la voie du meurtre et du pillage pour subvenir a leurs besoins, alors il n'en était plus, foncièrement plus. Tuer ne lui faisait pas peur tant que les raisons restaient claires, appartenaient a un certain contexte.
La c'était gratuit, c'était la morgue et la haine accumulée durant les années d'emprisonnement qui parlait, et ces deux la n'en auraient pas finis avant de l'avoir consumée. Draven aussi bouillait, mais pas de la même manière, il bouillait de pouvoir reprendre ce qu'on lui avais enlevé mais pas a n'importe qui, même si cette pause, ce havre comme il goutait si souvent avec plaisir de l’appeler l'avait aidé a reconstruire et renforcer ce que les années de détention avaient détruites et ébranlée.
Dur a dire si il s'en voulait de n'avoir sut les détourner pleinement de ce gâchis, ou si il se sentait fier d'avoir réussit a laisser couver le feu qui les dévorait pendant si longtemps. Ils avaient tous repris goût a la vie, au final. La nature a ce quelque chose de salvateur que tout ce qui est donné est rendu, elle est simple, honnête, et sans jugement. Le cadre, autant que le lieu qui les avaient vu se connaitre avait lié un lien d'une force et d'une nature étrange.
Embarqué dans ses tourbillons personnels, il remarqua a peine qu'Ahmra s'était assis face a la rivière, leur tournant ostensiblement le dos. Le plus ancien des trois, le plus renfrogné, le plus dangereux avait pris sa décision, et de son corps marquait le point final de leur association de fortune.
Un demi sourire sur les lèvres, Draven reporta son attention sur le bretteur qui le fixait toujours. L'homme savait que sa décision était prise mais il semblait le rejeter profondément, au point d'avoir besoin de l'entendre encore de vive voix.*
Je suis sur.
* Plus que le ton de sa voix ou le choix de ses mots, l'intensité de son regard parlait pour lui, ce regard gris, métallique. La messe était dite, le reste était superflux. Ko-Many s'approcha et Draven se releva rapidement, les deux hommes s'étreignirent avec force et sans un mot.
Puis le bretteur se recula sans croiser son regard et entra a l'intérieur pour rassembler leurs affaires, laissant Draven a sa contemplation.
Le profil qu'Ahmra lui offrait respirait la puissance contenue et la préoccupation. Sans lui, jamais il n'aurait échappé a sa cellule, jamais il n'aurait connu a nouveau la chance de pouvoir dormir la nuit sans avoir peur d'être réveillé d'un baquet d'eau froide et battu quasi a mort sans raison apparente. La reconnaissance qu'il avait pour ce géant allait au delà des mots, il se serait sentit malhabile de les exposer ainsi.
Ko-Many sortit enfin de l'abri et jeta un paquetage prés de celui qui était resté assis tout en réajustant les sangles du sien sur son dos. L’énorme main d'Ahmra se referma sur son sac et il s'équipa en se levant, les yeux baissés. Sans plus de cérémonie, il se mit a marcher, sans un regard, le visage fermé a tout signe intérieur de remous. Ko se retourna une dernière fois, comme pour se faire une image mentale de la combe a cet instant, il hocha la tête a l'adresse de Draven et suivit la piste toute tracée devant.
Lui, les observa s’éloigner, gravir la pente du versant sud et disparaitre derrière le rideau de végétation dense qui les avait sauvegarder tout ce temps. Soufflé, dépossédée un peu. Il se rendit compte a cet instant que c'était la première fois en sept ans et demi qu'il se retrouvait seul et véritablement "libre" de ses choix.
Ce soir la, il but, beaucoup, chanta même, déversant dans le feu ses sentiments qu'il aurait cru en fouillis mais qu'il extériorisait avec délice. Peu a peu, et durant les semaines qui suivirent, une idée qu'il connaissait bien se fraya un chemin plus profondément dans sa tête.
Rythmées par la chasse et la cueillette, les journées défilèrent rapidement, goutant un peu plus a cette liberté qu'il savait éphémère et qu'il retardait a brader. Il n'en concevais pas de rancune, non, c'était au delà de ça. Il allait offrir ce qu'il avait de plus cher au monde pour atteindre un idéal qu'il cernait a peine.
Il relâchait peu a peu lui aussi la bride de ce feu brulant et salvateur. L'excitation du risque reprenait ses droits, le cruel sentiment d'injustice lui rendait sa force. Nul doute que ce lieu hors du monde avait guérit certaines de ses entailles, mais il restait celles qu'il avait a rendre, et il le ferait de la bonne manière.
Au lendemain, a l'aube, ne tenant plus il s'équipa très légèrement et partit aussi sur la route du sud sans un regard en arrière.*