Les Îles

[Morthan]

Morthan, tout en montant sur le pont du navire tout en fixant la missive qu'il avait entre les mains.
Etant très concentré, il ne prit pas vraiment attention à ce que lui avait dit la sentinelle, ni aux villageois qui lui faisaient des signes pour lui souhaiter bon voyage.

Après avoir passé la matinée seul à réfléchir et à caresser Narron qui finissait sa nuit, allongé sur le point, dans un coin où il ne dérangeait personne. Il partagea son repas quand les marins avaient jugés la mer assez calme pour que la plupart puisse manger ensemble. Il leur parlait de Narron qui lest intriguait, ce dernier sachant se faire remarqué quand il le voulait et de sa maîtrise de l'eau mais aussi de son père que tous connaissaient. Il écouta à son tour quelques récit de navigateurs.
Après ce déjeuner il s’entraîna à la maîtrise de l'eau, il profita d'en être entouré pour tester de nouvelles techniques d'un niveau plus élevé que se dont il avait l'habitude. Puis vers le milieu de l'après-midi il aida les marins comme il le pouvait.
Le soleil se couchant et lui étant épuisé, il s’emmitoufla dans sa veste et alla dormir là où il avait passé sa matinée. Il savait qu'on le réveillerais au matin, arrivé ou non.

[Ermite des vagues]

La journée était déjà bien avancée, et voyait certaines des équipes envoyées en patrouille sur l'ïle, à la recherche du tueur, ou du moins d'indices à son sujet, revenir. Cela faisait déjà quelques jours que le vieux maître de l'eau Taarlon avait perdu la vie, et l'enquête piétinait.

Sous sa grande tente, à l'atmosphère rendue douce grâce au poêle à bois, le chef du village des Peaux Bleues était penché sur un parchemin. Il l'avait reçu la veille mais n'y avait pas encore répondu. Son regard était préoccupé. Il avait préféré attendre le retour des patrouilles, pour envoyer sa réponse à la grande cité du Nord, mais à part confirmer les dires du messager qu'il avait envoyé à la capitale, il n'avait rien de plus à dire, aucun nouvel élément concret à offrir aux autorités du Pôle Nord.

Azran Yulak prit sa plume, et écrivit son message. Message qu'il laissa en suspend, lorsqu'un membre du village s'introduisit sous sa tente. Se retournant, il reconnut Ethor, le père du jeune Morthan.

-Du nouveau ?, lui demanda le chef des Peaux Bleues sans tarder.

-Non. Et toutes les patrouilles sont maintenant revenues. Enfin...presque, avoua l'homme gêné. Deux hommes manquent à l'appel.

-Qui ?

-Ennak et Zenko.

Deux prénoms bien connus du chef des Peaux Bleues. Ces deux hommes, qui vivaient ici depuis une dizaine d'années maintenant, étaient deux de ses meilleurs éléments. Deux hommes qui avaient prouvé leur valeur à de nombreuses reprises. Logique après tout. Ils étaient en fait deux gardes royaux. Un fait qu'Azran Yulak ignorait. Ce dernier soupira de façon bien audible. Au fur et à mesure du retour des patrouilles, il avait fini par fonder ses espoirs sur ces deux gaillards là.

-Qu'on les retrouve !, ordonna t-il seulement, avant de congédier Ethor, et de continuer à écrire sa lettre. Il ne pouvait attendre plus longtemps. Et quelques minutes plus tard, le courrier fut confié à un messager, qui partit aussitôt pour la Capitale.

[Ermite des vagues]

Des silhouettes humaines se détachèrent dans l'horizon. Cela faisait maintenant une paire de jours qu'ils ratissaient chaque parcelle de la petite île, dans ses moindres recoins. Et jusqu'à présent, ils n'avaient rien trouvé.

-Ils ont peut-être décidé de déserter le coin ? Ou alors, ce sont eux qui ont tué le vieux maître Taarlon, et ils ont fui les lieux, hasarda l'un des plus jeunes hommes de cette troupe armée.

-Ne dis pas n'importe quoi ! Enaak et Zenko n'auraient jamais fait un truc pareil !

-Ouais. J'les connaissais bien ces deux loustics. Pas plus loyals et sérieux qu'eux, y'a pas !, renchêrit un autre de ces hommes, qui avait la fâcheuse habitude de parler dans sa barbe grisonnante.

Quoi qu'il en soit, la petite troupe continua ses recherches. L'air se faisait plus vif et plus iodé maintenant. Ils approchaient d'un endroit assez dangereux de l'île, pour qui s'y promenait la nuit. Une falaise, dont le pied disparaissait sous les flots plus bas. La marée était haute, et la mer houleuse ce jour là, et le soleil recouvert par d'épais nuages. Nos hommes observèrent les lieux, sans rien trouver de prime abord. Jusqu'à ce que l'un d'eux ne s'écrit soudainement :

-Là !

De sa main, il désigna quelque chose en contrebas. Un morceau d'étoffe, coincé un peu plus bas sur le flanc de la falaise. Nos hommes se mirent à l’œuvre, et après qu'un volontaire se soit désigné pour escalader la falaise et récupérer ce peut-être indice, ils tirent fermement la corde pour l'aider dans sa descente. Cela ne dura guère bien longtemps, et bientôt, l'homme, celui à la barbe grisonnante en fait, remonta. Avec dans ses mains, l'étoffe qui se révéla être un morceau de la peau teinte en bleu d'un manteau typique de chez eux. Qui se trouvait être tâchée de sang. Maigre indice direz-vous, mais après d'autres et méticuleuses recherches, ils trouvèrent quelque chose qui ne laissait aucun doute : quelques fragments brisés d'une lance. Une lance qu'ils reconnurent à ses ornements si particuliers, comme étant celle de leur comparse disparu : Enaak.

Pour eux, la conclusion était dès lors très simple : Enaak était mort, et son corps avait du être jeté dans la mer. Et s'ils ne trouvèrent pas de trace de Zenko, leur conclusion était la même pour lui. Tant il était inconcevable que Zenko ait tué Enaak, avant de fuir : ces deux là étant liés par une forte amitié.

Et lorsqu'ils revirent dans leur village, porteurs de ces mauvaises nouvelles, le chef des Peaux Bleues, Azran Yulak, bien que semblable à un roc d'habitude, en fut quelque peu ébranlé. Leur village et l'île avaient toujours prospéré tranquillement, sans qu'il ne s'y passe rien de vraiment digne d'intérêt à vrai dire, et voilà qu'en l'espace de quelques jours à peine, il se retrouvait face à plusieurs meurtres. Qu'il était dans l'incapacité d'expliquer.

Et un nouveau courrier fut donc envoyé vers la capitale du Pôle Nord.

[Ermite des vagues]

Le calme avait fini par revenir au village des Peaux Bleues. Le souvenir des meurtres, et surtout la mort du jeune Morthan, là bas, à la Capitale, avait fini par s'effacer, et la peur, puisqu'on n'avait pas mis la main sur les responsables, était elle aussi partie finalement. La vie reprenait son cours habituel, bien loin des tracas des grandes villes du monde.

Les rumeurs d'Hosho étaient bien parvenues jusqu'ici, mais peu de monde y attachait de l'importance. Un esprit et un dragon ? Qu'avaient-donc fumé les gens durant cette fête ? C'était une interrogation partagée par beaucoup.

Sauf qu'un matin, un jeune garçon du village arriva en courant. Il avait vu un navire en détresse non loin des côtes. Un navire de la Nation du Feu.

Alertés donc, les soldats, et le chef du village, Azran Yulak, parvinrent vite sur les lieux. Il y avait bien un navire, à quelques centaines de mètres du rivage, mais ce n'était presque plus qu'une épave, qui s'enfonçait sous les flots. Des débris étaient même venus s'échouer sur la plage.

-Mais qu'est-ce qui c'est passé ? , s'interrogea Azran, tout en ordonnant à ses hommes d'aller voir ça de plus près.

Les esquifs des fils de l'eau ne mirent pas longtemps pour y parvenir. Ils découvrirent l'ampleur des dégâts, le navire, marchand, au vue des marchandises qui flottaient un peu partout, avait l'air d'avoir subi une attaque des plus violentes. Il était éventré, mais surtout les soldats trouvèrent des corps sans vie, dont l'un avait une lance fichée dans le torse, une lance ressemblant fort aux armes des Tribus.

Un survivant fut trouvé, et ce dernier, avait de sombrer dans l'inconscience, parut avoir bien peur des fils de l'eau qui venaient pourtant le secourir. Il répéta d'ailleurs, que cet esprit avait raison finalement, les fils de l'eau étaient les ennemis des fils du feu.

Le chef du village, devant cette nouvelle tragédie qui touchait son village, prit une décision radicale, il se rendrait lui même à la capitale, et il emmènerait ce fils du feu avec lui, dès qu'il pourrait voyager. Il fallait tirer cette affaire au clair, et rapidement, avant que les fils du feu ne l'apprennent, et que cela ne ravivent les tensions entre les deux peuples.

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Pendant le "sauvetage", les hommes du village des Peaux Bleues ne virent même pas qu'on les observait d'un peu plus haut, sur la falaise qui surplombait la plage.

Un homme, tenant un grand cimeterre en main, et avec de nombreux tatouages, s'amusait beaucoup de la situation ! Ce coup d'éclat allait signer son grand retour !