Le Quartier Résidentiel

[Ermite des vagues]

Au second niveau de la Capitale du Pôle et protégé par un haut mur de glace se trouve le quartier résidentiel. Les Fils et filles de l'eau du Pôle Nord y vivent dans de petites habitations individuelles ou à plusieurs étages, ces dernières s'étant multipliées, lorsque le manque de place et l'impossibilité d'agrandir plus la cité devinrent criant.

Les groupements de maisons sont reliés entre eux par des ponts de glace. L'organisation apparemment aléatoire des allées, et des demeures, fait le bonheur des enfants joueurs, et le malheur du promeneur égaré.
Cependant, celui ci pourra toujours se rabattre sur la contemplation des fines ciselures de glace qui ornent chaque habitation, et qui font de chaque maison un chef d'œuvre, et la fierté de ses habitants.

A l'intérieur des maisons, toujours construites en glace, le confort, même s'il n'est plus aussi spartiate qu'à l'origine, n'équivaut bien sûr pas celui que l'on peut trouver ailleurs qu'aux Pôles, le climat assez rude empêchant le développement des technologies que l'on trouve dans les autres nations. Mais si les grandes peaux, et les braseros sont encore monnaie courante, le bois a su trouver sa place, tant dans le mobilier, que pour être brûlé dans de grands poêles diffusant une agréable chaleur dans les habitations.

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Demeure de Lyanna Teppeï :

Située un peu à l'écart du Quartier Résidentiel, cette petite maison ne paye pas de mine, bien qu'étant en parfait état. Elle ne possède qu'un seul étage, et sa façade étroite ne compte que deux fenêtres, et une porte bien sûr. Quant à l'intérieur, il s'agit pour l'instant d'un joyeux bazar, la propriétaire des lieux venant juste d'emménager. Des meubles sont un peu disposés au petit bonheur la chance, surtout dans la pièce principale, tenant lieu de salle à manger et de cuisine. Et une porte mène à un débarras qui déborde d'affaires en tout genre. Un poêle situé au milieu de la pièce principale réchauffe la maison.

A l'étage se trouve l'unique chambre. Et si en bas, la décoration se fait quasi inexistante, ici, ce n'est pas le cas. Outre des sabres accrochés au mur, se trouve quelques souvenirs glanés au fil des ans, et l'impression de confort est accentué par les épaisses peaux recouvrant le sol. Mais aussi par le lit. Un lit qui est surplombé par un ciel de lit d'un rouge pâle. Une petite table et un coffre achèvent de meubler la chambre. Et près du coffre justement se trouve une porte menant à la salle de bain.

Et voilà, le tour de la maison est fait. Mais le domaine de la jeune épéiste ne s'arrête pas là. A l'arrière de sa maison, dissimulé par un muret de glace, se trouve un petit jardin. Qui n'en est plus vraiment un. Puisqu'il serve désormais essentiellement à l'entrainement de Lyanna. S'y retrouvent un vieux mannequin en bois usé par les coups qu'il a reçu, et un petit appentis, fermé à clé, où se trouvent rassemblés quelques armes et autres brics à bracs.

Demeure de Magena et Migina :

En plein milieu de maisons qui se ressemblent toutes au centre du quartier résidentiel se trouve une demeure qui sans être vraiment insolite ou originale à l'extrême se démarque un peu du simple style "igloo des bas glaciers". Une façade plutôt taillée au carré laisse place à des particularités notables comme une porte épaisse, une multitude de fenêtres et un balcon correspondant aux quatre chambres de la bicoque.
On remarque d'ailleurs bien plus celui des chambres des deux sœurs bien plus ouvragés par les soins des maîtresses dans leurs premières années de maîtrise alors qu'elles s'entraînaient tout juste aux bases, ce qui ne les empêcha pas de rendre la chose jolie voire notable.

En entrant, on tombe sur un sas, une deuxième porte sépare en effet l'extérieur de la pièce suivante afin que chacun puisse se changer en tranquillité et entrer plus avant sans briser la douce chaleur du salon.
En passant la porte on tombe donc sur une pièce extrêmement large et circulaire, le maître mot était visiblement "espace". Un grand foyer trône au centre de l'atrium autour duquel sont disposées des tables courbes. Une marmite ou une bouilloire est en permanence sur le feu que ce soit pour le thé ou pour des herbes médicinales en lotion à préparer.
Le reste du mobilier est épuré sans pour autant être spartiate dans la pièce.

Une simple porte donne sur un placer dans un coin à droite de la salle. Dans la partie ouest du mur s'ouvre une porte vers un petit bureau-atelier que le père de famille utilisait autrefois. Au fond de la salle, un escalier qui s'enfonce donc à l'arrière de la maison pour rapidement partir en colimaçon s'arrête un étage plus haut pour donner sur un couloir avec deux portes de chaque côté donnant sur les différentes chambres, la plupart ouvertes par un balcon sur l'extérieur sauf une comportant une simple fenêtre par pur manque de place dû à la maison jouxtant celle de Magena.

La chambre d'amis est toujours bien présentée, libre de tout superflu, présentée idéalement pour une impression de chaleur et de paix, le souci majeur étant que l'invité se sente chez lui.
La chambre de Magena est plus ou moins classique bien qu'un poil bordélique. Rien de bien affolant mais quelques livres traînent ça et là et des créations réalisées grâce à la maîtrise poussent telles des excroissances sur les murs et le sol si bien que pour quiconque n'est pas habitué, le terrain est miné.
Celle de sa sœur jumelle Migina est spartiate. Ordonnée, bien rangée, elle est tout ce qu'il y a de plus net et propre. Il n'y a pas de grande particularité si ce n'est le tic tac un peu morne d'une horloge comme si le temps hantait les lieux par son sombre flux.
La dernière chambre, la chambre conjugale, la seule ne possédant pas de balcon est bien arrangée même si un vide y est ancré. Le départ du maître de maison a laissé une grande lacune que la mère des jumelles malgré ses efforts ne saurait combler. Malgré tout, elle respire la bienveillance et les souvenirs qui y sont laissés ne sauront que devenir bons avec le temps.

[Atiscomin]

La nuit pesait sur le trio tandis qu'ils avançaient sous les directives de Magena parmi les rues maintenant vides du quartier résidentiel. Le froid mordait durement ces personnes pourtant habituées des températures extrêmes.
Entre deux souffles chargés de buée, Magena se retourna vers ses compagnons.

On est bientôt arrivés, ce n'est plus très loin.

C'était bien tranquille pour une journée aussi mouvementée. La lune éclairait de son éclat glacé les rues de givre qui menaient les marcheurs jusqu'au bercail. Le silence régnait, on n'entendait rien, simplement le souffle du vent tentant faiblement de s'accrocher aux vêtement des trois frissonnants comparses. On pourrait penser que la tentative de meurtre, l'enlèvement de la princesse, la mort du fanatique et l'altercation avec le chef n'étaient qu'un mauvais rêve.

C'est ça, rêve Magena. Demain dur retour à la réalité, tu vas apprécier tiens! Enfin la soirée est loin d'être finie il reste encore deux personnes à loger.

Ils touchaient au but, au milieu du quartier la maitresse aperçut son foyer bien aimé. Elle avança jusqu'à la maison puis s'arrêta devant la porte.

Entrez avec moi puis attendez dans la penderie s'ilvousplait

Elle pénétra donc chez elle, il lui semblait qu'une éternité s'était déroulée depuis qu'elle était partie. Elle retira ses chausses froides et humides pour en enfiler de nouvelles dans la penderie. Elle se tourna vers Amarok et Papy glaçon et mit un doigt devant sa bouche, le message était clair.

Chut.

Elle poussa la porte du salon et tomba nez à nez avec la plus belle vision qu'elle ait pu avoir après les évènements si sombres d'aujourd'hui.

Sa soeur, sa jumelle, la chair de sa chair, le sang de son sang, se tenait en face d'elle droite sur ses pieds la regardant de l'air le plus bienveillant qui soit.

-Toi... dit Migina, laissant une larme couler le long de sa joue tandis qu'elle passait sa main sur celle de sa sœur la caressant avec toute la tendresse d'une moitié.

*SBAFFFFF!!!*

La tendresse? Zut elle ne l'avait pas imaginée comme ça...

Ah oui c'est vrai, la famille s'inquiète aussi quand on est absent un jour de crise nationale...

La baffe était parmi les plus douloureuses que Magena ait reçues, sa soeur n'y avait pas été de main morte!
Elle canalisait toute l'angoisse, la peur, le ressentiment, et le peu de rage qu'elle avait pu éprouver dans la journée sachant sa sœur ailleurs sûrement en danger.
Et les émotions, ça fait mal...

-Mais où étais-tu au nom de la Lune?!! Je t'ai cherchée partout puis j'ai passé la journée à m'inquiéter pour toi!!! Qu'est-ce que faisais bon sang?!

En disant cela elle serrait le bras de sa soeur au point de lui faire mal et les larmes coulaient sur ses joues

-Aïe! Lâche... Lâche mon bras! Tu me fais mal Migina! Là c'est fini, je suis revenue. Je suis désolée de t'avoir laissée sans nouvelles... vraiment désolée. Je te promets de t'expliquer mais...

-J'espère bien que tu vas m'expliquer! Et je compte tout savoir maintenant! Maman est encore dehors à te chercher, elle se faisait un sang d'encre! Tu lui diras tout aussi quand elle rentrera.

-Laisse moi finir! Les explications devront attendre j'ai une personne qui s'est démise l'épaule et en souffre, est-ce que tu peux le soigner?

Sur ces mots, Migina reprit immédiatement une expression neutre. Magena ne vit son visage qu'un instant avant que sa jumelle ne se dirige vers la penderie, mais elle aurait juré d'avoir vu les larmes de Migina geler instantanément.
La plus calme et responsable des deux soeurs s'avança donc vers la penderie et vit les deux hommes qui attendaient.

Elle vit automatiquement lequel était souffrant et le regarda longuement des pieds à la tête déjà en train d'établir un diagnostic. Elle aperçut aussi Amarok auquel elle jeta un regard presque méprisant avant de se retirer un peu de l'entrée et de dire:

Entrez messieurs et installez vous. Vous devez être épuisés, je vais vous soigner et Magena va s'occuper de vous préparer du thé. N'est-ce pas Magena...? Elle appuya ces derniers mots pour bien lui faire ressentir le message "On va avoir une petite discussion là dessus aussi...".

Magena déglutit. Sa soeur pouvait être effrayante quand elle s'y mettait. Elle répondit, avec un temps de retard cependant

Bien sûr! Je m'y mets de ce pas!

Elle se dirigea donc en hâte vers l'armoire à thés. Ils en avaient une variété honorable, leur mère étant connaisseuse en la matière.

Voyons... Ah! Feuilles de raisin d'ours, voilà!

Elle prit le pot de thé et en versa un peu dans la bouilloire déjà remplie d'eau bouillante et attendit que ça infuse pendant que sa soeur s'occupait des arrivants. Elle laissait Amarok se poser tandis qu'elle installait près du feu sur une chaise bien droite Papy glaçon afin de l'ausculter plus avant

-Voilà essayez de bouger le moins possible à moins que je ne vous le demande. Bon, d'abord je dois vérifier l'état des muscles et des tendons. Essayez de lever le bras à l'horizontale et décrivez moi ce que vous ressentez. À propos comment vous appelez vous messieurs? demanda-t-elle au deux hommes.

[HRP]Désolé d'anticiper pour vous Latmolk et Daisuke, je voulais simplement planter la scène et le décor. Ne m'en veuillez pas trop siouplé? ^^
À propos, joli post en rimes à la fin Latmolk! [/HRP]

[Gwlaglus]

post précédent

Elle parvint rapidement jusqu'au quartier résidentiel. Et en chemin, son humeur ne s'était pas améliorée, bien au contraire. Si bien qu'elle ouvrit assez violemment la porte de sa maison, et la referma de la même façon, d'un claquement sonore, qui réveilla le bébé de ses voisins, ce dont elle se moqua bien.

La première chose qu'elle fit en entrant chez elle fut d'allumer le poêle. Elle ne décolérait pas. Sans même en avoir la moindre idée, le chef du Pôle Nord avait touché une corde sensible. Pestant contre ce dernier, et pas que lui d'ailleurs, elle monta telle une furie à l'étage. Les nerfs complètement à vif, elle savait qu'elle regretterait plus tard ce qu'elle s'apprêtait à faire, mais tant pis. Son idée première avait été de fuir la cité. Réaction extrême peut-être, mais entre intégrer l'armée ou se voir confisquer ses sabres, elle préférait de loin partir d'ici. Seulement, il y avait cette promesse qu'elle avait faite, et qui pour le moment, entravait ses mouvements, et sa liberté même. Amère, elle se dirigea vers le coffre posé dans un coin de sa chambre. Elle l'ouvrit, et en sortit une liasse de parchemins jaunis par le temps. Si elle ne pouvait partir, au moins allait-elle défouler ses nerfs sur quelque chose.

Elle redescendit d'un pas décidé jusqu'au rez-de-chaussé, et se stoppa devant le poêle, dont elle ouvrit la trappe. Les flammes, rouges-orangés, y dansaient, vivaces. Comme hypnotisée par elle, elle ne les quitta pas du regard, et prenant le premier des parchemins, elle laissa les flammes lécher le papier. La feuille, presque vierge celle là, commençait déjà à se consumer sous les yeux bleus de Lyanna. Qui étaient devenus vagues.

Un souvenir était revenu à sa mémoire. Qui datait de quelques années, du jour de la mort de sa grand mère. C'était Lyanna qui l'avait retrouvé à terre, inconsciente. Paniquée, la jeune adolescente qu'elle était alors avait fait son possible pour la transporter dans son lit, avant d'appeler les secours. Entre temps, sa grand mère avait rouvert les yeux, et affaiblie par son malaise, lui avait raconté des choses dont Lyanna n'avait jamais soupçonné l'existence. Puis était venue cette promesse qu'elle avait du faire à sa grand mère. Cette dernière lui avait alors sourit. Et ses yeux s'étaient fermés. Définitivement.

Lyanna lâcha un juron, et fit tomber à terre la feuille enflammée qu'elle tenait. Perdue dans ses souvenirs, elle s'était laissée surprendre par le feu, qui lui avait brûlé légèrement les doigts. Ses joues étaient humides de quelques larmes qui avaient coulé, et regardant de nouveau les parchemins, elle referma la trappe du poêle.

-Pourquoi t'aies-je promis une telle chose, grand mère ?, soupira t-elle.

Elle posa négligemment les parchemins dans un coin, et plongea ses doigts dans une eau glaciale, pour se soulager. Le froid calma tant le feu sur ses doigts que ses nerfs. Et elle ressentit alors de façon plus pesante la fatigue. Et pourtant, anxieuse, elle n'avait pas plus envie que cela de dormir.

[Latmolk]

*Nénietz avait été entraîné dans les ruelles par la manieuse, suivi de près par Amarok. Les rues étaient désertes mais l'ambiance était différente. On aurait pu parler de calme après la tempête mais la tempête en question n'avait heureusement pas causé de dommages. Enfin presque, si l'on enlevait son épaule, son chariot et la mort du vieil homme. Mais aux yeux du vendeur de glace, il n'avait eu que ce qu'il méritait pour avoir enlevé une enfant.
Toujours est-il que c'est dans une ambiance presque joyeuse que le petit groupe débarqua dans le quartier résidentiel.

Arrivé à la porte de sa maison, la manieuse leurs fit signe de faire moins de bruit. Il eut été logique de penser qu'elle ne voulait pas réveiller sa jumelle mais cette action fut inutile : elle attendait en effet de l'autre côté de la porte. Était-ce dû au fameux lien qu'entretenait les jumeaux ensemble ou avait-elle juste entendu le groupe arrivé, toujours est-il qu'elle était là.

Bien qu'elle lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, l'expression de sa jumelle était à l'exact opposé de la manieuse. Alors que la jeune fille était énergique et impulsive, sa jumelle montrait un visage sans expression. Bien que son visage pouvait montré de la peur ou de l'angoisse. Ce sentiment fut validé suite à la gifle et la rapide prise de bec des jumelles. Ne sachant quoi faire, le marchand de glace soupira et regarda Amarok d'un air presque gêné.

La crise passée, la manieuse partit préparer du thé alors que sa soeur s'approcha du nordique pour commencer l'auscultation* :

« Voilà essayez de bouger le mois possible à moins que je ne vous le demande. Bon, d'abord je dois vérifier l'état des muscles et des tendons. Essayez de lever le bras à l'horizontale et décrivez moi ce que vous ressentez. À propos comment vous appelez vous messieurs »

*Nénietz leva alors le bras à l'horizontal, tentant de cacher une grimace de douleur. Si la douleur lui passait quand il était immobile, le bouger continuait de le faire souffrir. Il tendit donc le bras avec un angle approximatif de 82,3° par rapport à la verticale et répondit à la guérisseuse* :

« Jespère que ca suffira pour l'angle parce que c'est assez douloureux quand je dois le lever. Et moi c'est Nénietz Taïmor, marchand itinérant et vendeur de glaces. Et en parlant de présentation, nous n'avons pas été présenté, jeune manieuse. » *dit-il en se tournant vers la responsable de ses désarrois.*

[Daisuke]

-30-

Apparemment, ils tombent mal. Très mal au vu de la claque retentissante que se prend Magena sur la joue.
Sans savoir pourquoi, Amarok s'imaginait que la guérisseuse était de loin celle des deux jumelles possédant le tempérament le plus calme et posé, d'où son choix d'orientation.
Méfiez-vous de l'eau qui dort comme dit le proverbe.
Le regard que la "douce et tendre" Migina lui lance alors semble l'accuser personnellement de tout ce qui est arrivé ce soir.
L'attitude de la jumelle le touche plus qu'elle ne le devrait normalement. Au fond, n'était-il pas de son ressort de s'assurer qu'il n'arrive rien de fâcheux à Magena ?
Il ne voit pas très bien comment lui, simple pêcheur, pourrait protéger qui que ce soit et encore moins une maitresse aussi talentueuse que Magena, mais il se dit qu'il aurait forcément dû essayer d'être moins inutile.
Une bonne leçon pour l'avenir, assurément.

Les deux touristes s’installent près du feu et reçoivent une tasse de thé fumante. Le pêcheur n'est pas un expert en la matière mais il lui semble que c'est le même que plus tôt dans la soirée.
Comme quoi, tout aura commencé et fini par une tasse de thé. La présence du finit de les désengourdir et manque d'achever le peu de résistance au sommeil qu'Amarok possède encore.
Si les longues sorties dans la nuit polaire ont plus souvent qu'à leur tour fait son quotidien, rentrer au chaud a toujours été synonyme de repas et dodo.

Amarok, simple pêcheur du district sud-ouest de la Toundra et accessoirement coursier pour une boutique d'herbes. On s'est déjà croisés il y a quelques jours sur la place devant la maison de guérison.

Il touille d'un air distrait dans son thé, attendant que celui-ci ait quelque peu refroidit avant de le boire.

On a eu une soirée et une nuit plutôt euh...mouvementées. Magena nous a invités à venir ici, j'espère qu'on ne dérange pas.

[Atiscomin]

-Nénietz Taïmor! Bien. Je ne l'oublierai pas. Je suis Magena, maîtresse de l'eau, rien de bien extravagant.

Magena prit cette fois-ci le temps de dévisager cet homme d'âge mûr qui savait apparemment aussi bien supporter la douleur que la raillerie. Bien bâti, l’œil vif, droit et carré, Nénietz était un vrai nordique. Et enfin ils avaient pu faire connaissance après cette éreintante journée.

Sûrement aussi dur en affaire que face aux chocs...

Le vendeur s'esquintait à lever le bras, Migina réagit aussitôt.

-C'est bon parfait, laissez le retomber. Désolée de vous avoir imposé ça monsieur Taïmor. Bon vous avez de la chance les seuls dommages sont localisés au niveau de l'articulation et votre muscle a juste un peu accusé l'étirement provoqué par le choc et le déboitement. Je devrais pouvoir régler ça rapidement tournez votre épaule vers moi, posez votre main sur votre genou pour soulager le poids pesant sur celle-ci et laissez moi faire.

La guérisseuse tira un peu d'eau d'une des vasques de la pièce et manipula un peu l'eau avant de l'appliquer doucement sur l'épaule. Elle ne s'occupa pas de savoir si Nénietz bronchait ou pas, elle se concentrait sur son travail.

L'eau prit d'abord une teinte plus claire puis s'illumina un peu tandis que Migina agissait sur les points de faiblesse de l'épaule endommagée. Le diamant aqueux courait sur la peau du nordique soulageant la douleur, réparant les dommages causés par l'intrépide chevauchée.

Ses poignets bougeaient au rythme de ses doigts, des mouvements simples, très limités voire infimes mais où chacun avait son importance. C'était un travail de précision et non pas quelque chose de plus violent comme la maîtrise habituelle. Pendant qu'elle opérait, Amarok se présentait et la guérisseuse lui répondit bien qu'elle eut l'air absorbée par sa tâche:

-Amarok. Pêcheur et coursier. Et Nénietz, vendeur de glaces... Je suis Migina et comme vous le voyez guérisseuse. En effet, ma jumelle a du culot de vous amener ici après ce qui s'est passé. Si ça ne tenait qu'à moi...

Elle n'en dit pas plus mais son ton était parfaitement neutre. Jamais Migina ne refuserait de soigner qui que ce soit, cependant cela ne voulait pas dire qu'elle allait se lier d'amitié avec le premier venu loin de là. Et rester un minimum correct avec les invités était la moindre des choses.

Magena pensa qu'il était nécessaire de clarifier la situation et alla chuchoter à Amarok:

-En gros, ça veut dire oui...

Pendant ce temps Migina s'était recentrée sur son travail bien que n'ayant pas fini sa phrase, elle expliqua ce qu'elle opérait à son patient

-Votre nerf n'est pas endommagé c'est pourquoi vous avez pu lever l'épaule, mais le fait que vous ne soyez pas parvenu à l'élever à angle droit montre qu'au delà de la douleur musculaire, il y a un problème au niveau des ligaments de l'épaule et de l'insertion des muscles. Je ne sais pas si ça vous parle vraiment, mais j'ai toujours préféré expliquer les maux d'une façon quelque peu simplifiée à ceux que je soigne. En tout cas ça sera bientôt réglé je n'ai pas grand chose à arranger en vérité, vous êtes robuste.

Elle changea de sujet sans détourner son attention.

-Magena, tu veux bien montrer sa chambre au pêcheur? Il se fait tard et je pense qu'il a besoin de sommeil. D'ailleurs vous la partagerez avec Nénietz, nous n'avons qu'une chambre d'amis.

-D'accord. Tu viens Amarok? Je vais te montrer ça, tu verras tu y seras bien. Tu peux prendre ton thé avec toi si tu veux.

Alors que la maîtresse tournait les talons, sa jumelle l'interrompit

-Magena.

L'interpelée s'arrêta net.

-Oui?

-Reviens au salon après j'aimerais qu'on parle un peu. Et il faut aussi attendre que maman revienne.

-... D'accord.

Sur ces mots Magena prit le bras du pêcheur pour l'entraîner à l'étage. Elle commençait à étouffer malgré la taille du salon. Les mauvaises vibrations de sa sœur contenant sa fureur avec brio prenaient tout l'espace dont elle avait besoin et commençaient franchement à mettre la maîtresse mal à l'aise. Elle poussa la porte de la chambre pour le laisser entrer avec elle et en profita pour ranger un peu, bien que l'endroit était plutôt ordonné.

Voilà c'est ici que tu dormiras cette nuit! Fais comme chez toi, j'espère que tu t'y sentiras bien. Excuse ma soeur, Migina n'est pas la plus chaleureuse du Pôle Nord. Enfin il faut dire que ça va bien à l'endroit! Mais j'aimerais qu'elle soit moins cassante parfois, même si il n'y a rien à lui reprocher côté politesse.

Elle se retourna pour sortir de la pièce

Bon, repose-toi bien. Et encore une fois, désolée pour tout ça...

Mais tu vas arrêter, la chochotte? se gourmanda-t-elle intérieurement

Pendant ce temps, en bas, la guérisseuse finissait son travail.

Bien! Voilà qui est fait. J'espère que vous vous sentez mieux. Essayez de ménager votre bras autant que possible dans la semaine qui suit. Allez y doucement sur la maîtrise, et évitez de vous faire à nouveau embarquer par ma sœur dans une de ses histoires louches. Vous pouvez monter à l'étage si vous souhaitez vous reposer, les escaliers sont là bas.

Elle pointa la volée au fond de la pièce menant à l'étage.

Désolée de ne pas vous accompagner, je vais attendre Magena ici. Si jamais vous montez de suite, redites lui de descendre me voir, la mémoire peut être sélective chez elle parfois.

Ce n'était pas dans son habitude de parler si durement de sa jumelle bien aimée, mais Migina était en rogne et elle avait de bonnes raisons pour cela. Et elle espérait bien avoir des explications de la part de sa sœur. Il était difficile pour elle de s'énerver contre Magena mais quand elle le faisait c'était en général plutôt sérieux.

[Latmolk]

/ Cette gamine s'appelle donc Magena/

*Le nordique regardait son bras d'un air pensif. Il avait rapidement décroché quand Migina s'était lancée dans les termes techniques : Nénietz ne voulait pas savoir ce qu'il avait, il voulait être soigné. Il regarda avec attention les mouvements de l'eau et des mains de Migina lors des soins. Bien les mouvements étaient gracieux, la différence de caractère entre les deux sœurs était encore visible. Les mouvements de la guérisseuse était nets et précis et semblaient suivre des lignes et des courbes que seule Migina avaient en tête. Ses mouvements étaient aussi efficace car le vendeur de glace sentit la douleur le quitter peu à peu.*

/Aussi bonne manieuse que sa soeur mais dans un autre style/

*Le marchand tourna un regard vers Magena. Elle discutait avec le pêcheur à voix basse. Elle était bien plus calme depuis la crise de colère de sa sœur et elle ne paraissait pas à l'aise. Ce qui était compréhensible en les regardant toutes les deux : elles n'en avaient pas fini l'une avec l'autre. Elle quitta ensuite la pièce avec Amarok pour lui montrer sa chambre, qui seraient aussi celle du nordique par la même occasion.

Quand la guérisseuse eut fini, elle procéda aux recommandations habituelles que Nénietz écouta à moitié, s'étonnant néanmoins du conseil sur la maîtrise. Il faut croire que les manieurs se reconnaissent entre eux. Elle lui montra sa chambre d'une main distraite, lui demandant de faire descendre Magena au passage.

Ne se faisant pas prier, Nénietz monta à l'étage et croisa Magena qui sortait de la probable chambre du pêcheur et du marchand. Nénietz l'interpella au passage et lui dit avec un sourire en coin* :

« Je crois que ta sœur a deux mots à te dire petite, bonne chance »

*Nénietz rentra ensuite dans la chambre et jeta un rapide coup d’œil aux alentours. La pièce était propre et comportait une table de nuit, 2 chaises et un grand lit. La manieuse avait disposé des couvertures à disposition des deux visiteurs. Laissant le pas à la fatigue, le marchand de glace se laissa tomber sur le lit et dit au pêcheur* :

« Je ne sais pas pour toi, mais des journées pareilles, j'en ferai pas tous les jours. Faudra qu'on parle demain mais là je suis mort. Bonne nuit et je te préviens, je ronfle. »

*Et Nénietz s'endormit avant même de laisser à Amarok le temps de répondre.*

(HRP: désolé pour le retard, j'ai la grippe et ca me ralentit)

[Daisuke]

-31-

Amarok suit docilement Magena jusqu'à la chambre qui leur a été attribuée. Il ne l'avouera pas à haute voix mais il est quelque peu soulagé de s'éloigner de la pièce où se trouve Migina.
L'orage couve sous la glace des yeux de la guérisseuse, et le pêcheur préférerait nettement être ailleurs quand il explosera.
Il sourit en voyant l'empressement de la jeune femme à ranger la chambre qui n'était pourtant pas vraiment en désordre.

Quelle curieuse façon de s'occuper les mains et l'esprit.

Soudain, Magena semble vouloir se justifier de l'attitude de sa sœur, comme si l'angoisse et la peur de cette dernière pouvaient être dignes de reproches.
Il secoue la tête et lui sourit gentiment.

Ce n'est rien, je suis très content d'être là. Merci pour tout.

Il ne va pas non plus lui en vouloir pour son hospitalité envers deux parfaits inconnus. Mais à peine a-t-il prononcé la fin de la phrase qu'il prend conscience de sa signification.
Pour tout. Du début à la fin, malgré tout ce qui aurait pu se produire ce soir, il est vraiment ravi qu'elle l'ait tiré avec lui.

Alors que Magena quitte la pièce, il l'entend vaguement discuter avec Nénietz dans le couloir. Peu de temps après, le marchand entre, lui dit quelques mots et finit par s'affaler sur le lit.
Amarok suit son exemple et se roule dans une couverture, attendant que se calme le fil de ses pensées pour trouver enfin un repos bien mérité.

[Atiscomin]

-Je crois que ta sœur a deux mots à te dire petite, bonne chance

-... Merci, bonne nuit à toi! répondit Magena en se frottant l'arrière de la tête, un peu gênée.

Comme il fallait s'y attendre, Migina a parfaitement fait son travail. Son épaule est comme neuve. Je pourrais presque l'emmener se la déboiter de nouveau! Enfin, trêve de plaisanteries. Allons avoir cette discussion une bonne fois que l'on mette tout à plat.

Magena retourna donc au salon. En descendant lentement le long escalier, elle repensa à la journée qu'elle venait d'avoir, plus ou moins libérée de la plupart des tensions qu'elle avait provoquées et surtout de l'urgence qui avait régné tout au long de la crise finalement mineure. Malgré tous les problèmes qu'elle en avait tiré et surtout qu'elle avait causé, à y repenser ce n'était pas si mal.

Au final, c'est moi qui aurait fait le plus de mal.

Elle rit à cette pensée. D'abord un petit rire jaune, qui devint rapidement plus simple et sincère. Elle avait eu une chance monstrueuse aujourd'hui. Personne ne lui en voulait vraiment bien qu'il y avait largement de quoi. Le ton de Nénietz, compatissant et un brin paternaliste l'avait agréablement surprise, elle n'avait pas pu s'empêcher de voir le léger sourire d'Amarok alors qu'elle quittait la chambre ce qui la rassurait. Et la remise de peine de la part du chef, quel soulagement! Le feu de l'action, c'était vraiment son élément, même si pour le coup c'était plus ou moins raté.

Il n'y avait que deux choses qui ternissaient le tableau en fin de compte. L'inquiétude de sa soeur ainsi que de sa mère encore dans le froid à la chercher, et Lyanna.

Son air faussement joyeux en partant... Impossible pour moi de savoir si elle était déçue, en colère ou encore désespérée. En tout cas ce n'est pas la plus joyeuse des choses qui lui soit arrivée c'est certain. C'est à cause de la caserne j'imagine. À moins que ça soit l'ensemble de la journée qui l'a portée sur les nerfs... Il faudra que j'aille lui présenter mes excuses aussi quand je le pourrais. Discuter avec elle de tout ça si possible.

Elle finissait de descendre et vit Migina une tasse à la main dans laquelle elle versait un peu du thé confectionné plus tôt par sa soeur. Une autre tasse était posée sur la table juste en face de l'âtre au centre de la pièce, orientée là où le foyer lui-même cachait la porte d'entrée à ceux qui s'y installaient.

-Ah, te voilà. Assieds-toi je te sers ton thé.

Magena prit place et répondit d'un chaleureux -Merci! à la tasse que lui tendait sa jumelle.
Elle but une gorgée qu'elle appréciât à sa juste valeur. La chaleur envahit sa bouche puis descendit doucement de sa gorge à son ventre, répandant les bienfaits d'un feu intérieur dans tous le corps de la jeune maîtresse. Elle ne put retenir un soupir de satisfaction qui lui fit expirer une buée chaleureuse marquant un moment de répit enfin permis.

Migina s'assit de même et profita aussi du thé aux feuilles de raisin d'ours. Elle se contint plus que sa sœur cependant, bien que le thé fut véritablement revigorant. Elle aussi avait passé une dure soirée mine de rien. Les festivités n'étaient pas son fort et après avoir aidé à gérer la cohue et avoir soigné de légères blessures dues à la panique générale, elle s'était faite du mouron pendant des heures attendant le retour de sa soeur. Elle n'était pas vraiment épuisée physiquement, c'était plutôt ses nerfs qui étaient irrités à force.

Toutes les deux fixaient le feu qui brûlait, toujours vivace lui, bien qu'il commencerait bientôt à manquer de bois. Il se reflétait dans leurs yeux, teintant le bleu de ceux-ci d'une couleur nouvelle tandis qu'elles savouraient l'instant.
Le calme avant la tempête? Non. L'ouragan avait déjà eu lieu. Rapide, simple. Néanmoins l'on pouvait sentir le malaise dans l'air, presque palpable, avec Magena partagée entre soulagement et culpabilité, et Migina déchirée par son amour mais aussi par son devoir

En effet, elle devait donner une leçon à sa sœur, bien qu'elle l'aimât plus que tout au monde et qu'elle n'avait pour envie que de l'entourer de sa tendresse pour son retour, il lui incombait de châtier ou tout du moins de rappeler à l'ordre. Mais elle savait qu'elle ne saurait pas le faire assez souplement pour que ça ne soit pas incisif.
Aucune des deux sœurs n'avait la moindre envie d'avoir cette discussion, mais cela était fatal, elle aurait lieu.

-Tu n'aurais pas dû t'impliquer ainsi là dedans.

Magena fixa aussitôt sa jumelle dans le blanc des yeux alors qu'elle brisait le silence protecteur.

-Je sais bien, mais je le devais. Ils allaient emmener Lyanna, et la fille de Toruuk Hakan était...

-Ce n'était pas de ton ressort coupa Migina haussant à peine le ton
Tu n'avais pas à intervenir, les forces de l'ordre s'occupent très bien de tout ça. Nos gardes royaux son entrainés et formés pour gérer ce genre de situation. Qu'est-ce qui te fait croire que tu peux faire mieux qu'eux?

-Rien! Rien bien sûr! Mais il fallait bien que je fasse quelque chose! Je ne pouvais pas rester plantée là à simplement regarder les choses se passer. Être passive... Je ne sais pas... Je ne peux pas.

-Je le sais bien. Je te connais par cœur. Et ça tu le sais aussi. Mais il faut que tu apprennes où est ta place, et à y rester. Prendre du recul, penser, examiner, ça ne te ferait pas de mal!

-J'étais dans l'urgence Migina. J'imagine qu'à ma place tu serais simplement rentrée à la maison, attendant que les choses se calment et laissant Lyanna se faire emmener par les gardes pour avoir agi dans l'intérêt de la famille royale!

-Si cette jeune dame a été appréhendée, c'est pour une bonne raison Magena. Et puis quand bien même, tu as pensé à l'aider soit. Mais as-tu pensé à ceux que tu as entraînée dans ta folie? Ils n'avaient rien demandé. Ce pauvre vendeur de glaces, Nénietz, s'est déboité l'épaule, et cet... Amarok... A bien dû être traumatisé par ce que tu lui as fait faire aujourd'hui.

-Mais ne dramatise pas tout! Ils vont bien, je te rassure! Pessimiste aussi comme d'habitude. Tu pourrais essayer de comprendre que certains risques en valent la peine.

-Et tu as pensé à nous Magena? Ta famille? Ta soeur, ta mère? Non, bien sûr! Je suis sûre que pas une seconde tu n'as imaginé pouvoir nous inquiéter. C'est vrai que c'est commun que tu fasses preuve d'ingérence dans les crises et les affaires d'État.

Magena détourna le regard. C'est vrai, elle n'avait pas pensé à elles. Elle ne pouvait reprocher à sa sœur d'avoir eu peur pour elle. C'était tout ce qu'il y avait de plus naturel.

-... Oui. Excuse-moi. J'aurais dû vous prendre en considération avant de me plonger dans cette histoire. Mais tu ne peux pas non plus me blâmer pour avoir agi selon ce que je pensais juste. Car si c'était à refaire, je n'hésiterais pas une seconde.

Sur ces paroles, un bruit les coupa dans leur intimité. La porte venait de s'ouvrir dans le salon et des pas se faisaient entendre. Magena se leva brusquement, et courut pour voir sa mère sur le palier qui entrait juste dans le salon.

-Maman!!

Elle courut vers elle pour la serrer dans ses bras, s'excuser, se faire pardonner pour tout ce qu'elle avait fait et le souci qu'elle avait pu causer.

*SBAAAAF!*

Et de deux... Sa mère avait plus de poigne de sa soeur, et elle venait de reléguer la claque, pourtant monumentale, de Migina au rang de bonne deuxième dans le classement des plus douloureuses de son existence.
La tendresse maternelle... Quel bonheur...

MAIS OÙ ÉTAIS TU?! QU'EST-CE....

-Chuuuuuuut! souffla Magena en ayant l'audace de poser une main sur la bouche de sa mère.

Celle-ci ne l'entendait d'ailleurs pas de cette oreille et s'apprêtait à pulvériser de nouveau le record de la journée.

-Attends! Je vais tout t'expliquer! On a deux personnes en haut qui sont épuisées et souhaiteraient dormir.

La maîtresse de maison abaissa sa main vengeresse et foudroya sa progéniture du regard.

Oooooooh tu as intérêt à tout me raconter jeune fille. Et dans les moindres détails! Attention à ce que tu diras, ta réponse aura de lourdes conséquences sur ton avenir...

Elle ne plaisantait pas. Magena entreprit de tout lui raconter du début à la fin, sans omettre quoi que ce soit et en expliquant pourquoi elle avait agi, quelles avaient été ses motivations, et ses ressentis sous l'oreille attentive de sa mère, Tania, comme de sa sœur d'ailleurs. Une fois qu'elle eut finit elle ajouta:

-Et je suis désolée de ne pas avoir mieux réfléchi avant tout ça... Excuse-moi maman.

Tania resta silencieuse quelques instants, visiblement à concocter quelque délicieuse punition pour sa fille adorée.

-D'accord. Va te coucher Magena, tu dois être fatiguée.

La jeune femme en resta bouche-bée

-Hein? Euh... Je veux dire, comment? Rien d'autre?

-Non, rien d'autre. Toruuk a bien agi, et la punition qu'il t'a infligée est suffisante à mon goût. J'espère que tu apprécieras ton service au palais, je crois que je vais y passer plus souvent d'ailleurs...

... Vicelarde.

Enfin c'était bien plus que ce que Magena pouvait espérer. Elle savait bien que sa mère allait profiter de sa fille autant qu'elle le pouvait pour qu'elle comprenne la leçon, mais c'était toujours mieux qu'autre chose.
Elle se tourna alors vers sa sœur.

Viens Migina, allons nous coucher.

-Oui.

Et en suivant Migina, juste avant de disparaître dans les escaliers, elle lâcha

-Au fait! J'ai faili oublier. Il faudrait rembourser le chariot de Nénietz, vois ça avec lui demain s'ilteplait d'accord?

Et elle pressa le pas pour disparaître à l'étage supérieur

Qu'est-ce que?! Je n'y crois pas, cette fille va vraiment causer ma perte... dit-elle en se massant les tempes avec le bout des doigts.

Magena et sa soeur se retrouvaient au premier étage en face de leurs chambres respectives. La jeune maîtresse se tourna vers sa jumelle

-Tu m'en veux encore?

Migina adoucit son regard et passa une main douce sur la joue de sa sœur. En souriant un peu. Elle ne pouvait pas s'empêcher de lui pardonner ce qu'elle avait fait. Peu importe ce que cela pouvait être d'ailleurs elle était toute sa vie et bien plus. Et elle ne pouvait contenir plus longtemps sa joie d'être à nouveau avec sa jumelle. Elle avait bien envie de pleurer de joie. Mais aussi de chagrin car c'est la première fois qu'elle la voyait l'oublier.

-Cette fillette est bien chanceuse... dit-elle dans un demi-murmure avant qu'elles aillent toute les deux se coucher.

Malheureusement, ses larmes avaient déjà gelé.

[Latmolk]

*Un homme se promenait seul. Autour de lui, les plaines gelées du pôle Nord. A perte de vue, la neige et la glace recouvraient le paysage. L'homme entendit un bruit et se retourna. Rien n'était visible, si ce n'est l'immensité des plaines gelées. Mais l'homme n'était pas fou : quelque chose avait fait du bruit. Au loin, un nuage de neige et de poussière commençait à se développer. Il approchait, et il approchait vite. L'homme était désarmé et il n'y avait nul endroit où se cacher. Il se baissa et, grâce à sa maîtrise, il changea la neige en glace, qu'il modela en une coutille. Se baissant à nouveau, il se fabriqua un épais pavois. Maintenant armé, il était prêt à recevoir l'intrus. Le nuage se stoppa brutalement et une masse en fut projeté vers l'homme solitaire.

Levant son pavois il repoussa la masse et remarqua qu'il s'agissait d'un humain âgé de la quarantaine. En y regardant de plus, c'était même cet humain âgé de la quarantaine.*


- "Tu ne maîtrises toujours pas tes entrées à ce que je vois.

- Fiche-moi la paix, j'ai passer une dure journée.

- Et moi donc."

*L'homme contempla Nénietz, l'air dédaigneux, avant de s'asseoir sur un banc qu'il forma d'une main négligente. Le marchand de glace se releva pitoyablement et s'assit lourdement dans la neige, face à face avec l'homme.*

- « Tu es toujours aussi pitoyable à ce que je vois, tes actes furent misérables cette nuit, tu n'as servi à rien, m'a attiré des ennuis et tu t'es fais avoir par des gamins.

- Les gamins en question étaient manieurs, épéistes, etc. Je ne suis qu'un vendeur de glace.

- Alors j'ai raison, toujours aussi pitoyable. Tu n'es qu'un faible Nénietz.

- Je t'ai déjà dit que ta voie n'était pas la mienne. Je leur ai promis de reprendre l'affaire, je suis trop vieux pour tout çà.

- Mais tu t'es pourtant entraîné. Tu as fais progresser ta maîtrise, tu as appris les enchaînements de base. Et tu as survécu dans les plaines glacées.

- Oui je me suis entraîné, mais c'était il y a plus de 15 ans. Je ne contrôlais rien et c'était devenu indispensable. Et pour les plaines gelées, tu sais aussi bien que moi que le combo chariot-hippo est suffisant pour s'en sortir.

- Nous le verrons bien assez tôt. Ton chargement étant en miette, tu devras bien retourner faire le plein. Et qui sait ce qui peut arriver dans ces terres hostiles. »

*L'homme se retourna et contempla les immensités gelées. Le nordique en profita pour se relever et retourner vers son chariot quand, sans avertissement, l'homme se retourna et planta la coutille dans le ventre rebondi du marchand de glace.*

« Tu manques d'entraînement Nénietz. Si tu continues à me tourner le dos, c'est ainsi que tu finiras. Transpercé par la lance d'un brigand ou par le croc d'un chien-ours. Reprend toi en main avant qu'il ne soit trop tard. »

*Il retira lentement la coutille des entrailles du vendeur qui tomba à genou. Il s'approcha de Nénietz, pointa sa coutille vers sa gorge et lui dit avec un sourire malsain* :

« A la prochaine Nénietz »

*Et il enfonça la coutille quand le nordique se réveilla en sursaut dans la chambre de Magena, à bout de souffle et couvert de givre.*