Je souriais en voyant que rien n'avait changé. Certes, c'était comme si je n'étais jamais parti, pourtant, je n'avais pas l'impression d'être chez moi pour autant. J'étais parti depuis trop longtemps... Et puis, le fait d'être traité comme un étranger devait y jouer un peu, il est vrai. Mais bon. Ce n'était pas tout à fait le moment d'y penser. Nous arrivions devant la porte.
Bon... C'est pas le moment de flancher.
Je prenais une grande inspiration. Je savais que cela allait être difficile, mais je devais rester ferme. Mon angoisse devait devenir une force, pour pouvoir résister: c'est parce que l'on a quelque chose à perdre que la peur prend le dessus. Mais dans ce cas présent, je n'avais rien à perdre: tout à gagner. Retrouver ma mère, la rassurer... Non, je n'avais pas à être inquiet. Et puis, après les événements que j'avais vécu pendant mon absence, je revenais avec du vécu et pleins d'expériences. Je n'étais clairement plus l'enfant qu'ils avaient connu. Mon esprit avait bien changé.
Hirano ouvrait la porte, et me laisse entrer. Lui, restait dehors. Ce qui me rendait un peu triste, j'aurai bien aimé qu'il fasse partie de la discussion également, moi qui avait grandit à ses côté, qui l'avait toujours connu... A mes yeux, il faisait partie de la famille. Mais je savais qu'il n'était pas sécurisant de l'avoir à nos côtés pour le moment. Il valait mieux pour lui qu'il reste à l'écart.
-Merci Hirano. Je vous retrouve tout à l'heure? Dis-je, en lui souriant.
Je rentrais donc dans la pièce, mais cette fois, pas angoissé. Non... Impatient. Mes parents m'attendaient, assis en position du lotus. Face à eux, et entre nous, un coussin. Je savais qu'il m'étais destiné. Mais, par esprit... De provocation? Non, pas réellement. Juste pour rentrer dans le jeu de mon père jusqu'au bout, je décidais de ne pas m'asseoir, et rester debout, en tant qu'invité, attendant que l'on me prie de m'asseoir. Ce qui ne m'empêchais pas de prendre la parole, par contre.
Je regardais donc mon père, et plantais mon regard dans le sien. Ses yeux étaient froids. Comme d'habitude. Après tout, j'avais hérité de ces yeux là... Bref, je pouvais lire un air de victoire dans ses yeux. Comme si il avait parié sur mon retour ici, et qu'il avait gagné son pari. Comme si il se sentait puissant, et qu'il pensait que je rentrais suite à sa lettre, pour présenter des excuses. Bon sang, il allait être déçu au plus haut point pendant la discussion. De mon côté, je le regardais sur un regard... Neutre, mais déterminé. Adulte, et confiant.
-Bonjour, père.
Je regardais ensuite ma mère. Ses yeux brillaient. Elle avait clairement les larmes qui lui montaient. Mais, elle n'avait pas pu s'empêcher de se faire un brin de toilette avant mon arrivée: aucune trace des larmes qu'elle avait laissé coulé pendant notre entretien au téléphone. Mais l'émotion se lisait clairement dans son regard. Aussi, mon visage s'adoucissait à cette vue, et je souriais, heureux de pouvoir enfin la revoir.
-Bonjour, mère.
J'attendais maintenant l'ordre de m'asseoir.