[Capitale]Le Quartier Résidentiel

[Conseiller du Feu]

FLAMME / GWLA

*Les gardes se regardent, un peu incrédules. Ils se détendent quelque peu.*

-Vous logiez dans une auberge ?

-Près de la Place Centrale ?

-Vous êtes des touristes en fait ? Mince... Ça complique un peu les histoires.

*L'officier s'avance.*

-Nous avons pour ordre de faire rentrer tous les citoyens chez eux afin de les mettre en sécurité. Des bandes armées se baladent toujours en ville.

*Il se masse la nuque.*

-Quant à votre auberge, j'ai bien peur qu'il n'en reste rien. Pratiquement tout le secteur a brûlé durant l'émeute.

*Pour le décor, le tonnerre roule dans le lointain. Une goutte de pluie tombe sur le nez de Flamme.*

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HOUKA

*Houka se couche au bord de la route, sans le caniveau, comme un mendiant. Jusqu'à ce que le ciel couvert décide enfin de laisser tomber sa pluie.

Un orage éclate.*

[Houka]

Si il n'était pas persuadé que c'est impossible il suspecterait son père d'être derrière cet orage qui lui semble soudain, mais qu'importe le pouvoir que possède son paternel, il n'a pas celui là. Son visage se décolle finalement du sol, suivit lentement par son torse et ses genoux, il a froid...

Il se remet en marche, d'une façon plutôt mécanique, un pied devant l'autre sans but précis. L'eau sur son dos brûlé lui rappelle que son esprit n'est pas le seul a avoir subit des dégâts, il serre les dents, ça fait mal. Que devrait-il faire? Il se rappelle les patrouilles... Et se met en route vers le poste de garde temporaire qu'il a déjà franchit pour venir jusque là. Une fois qu'il voit son objectif, il se redresse un peu, essuie ses yeux et inspire un bon coup, affichant un sourire navré des plus faux en s'approchant des médecins qui l'avaient auscultés tout à l'heure.

- Excusez-moi...

Sa voix est encore un peu tremblante, mais il peut tout aussi remettre ça sur le froid, après tout il est trempé, ou encore sur le choc de son aventure en basse ville.

- Nous n'avons plus d'onguent chez nous... Je pourrais demander un peu de vos soins?

Il joue la comédie, il a l'habitude, a-t-il jamais cessé de la jouer? Pas depuis longtemps. Il a l'air en état de choc relatif, mais rien de ce qu'il semblait être en sortant de sa maison, son sourire se fait même de plus en plus naturel, il ne veut pas expliquer les réelles raisons de sa présence ici ou de ses yeux rougis par les larmes, il veut juste être soigné et repartir... N'importe où, tant qu'il n'est plus sous la pluie ferait l'affaire pour le moment.

[Gwlaglus]

Et une mauvaise nouvelle supplémentaire. Lyanna accusa le choc de la destruction de l'auberge par un beau juron. Elle s'en excusa auprès des soldats mais porta bien vite son attention vers l'enfant caché derrière elle :

-Désolée Flamme. Je sais que tu dois être fatigué, mais on trouvera bien un autre endroit où nous reposer, ne t'en fais pas. On ne va pas se retrouver dans la rue.

Elle reporta son attention vers les soldats et notamment l'officier :

-S'il n'y a plus d'auberge, où pouvons-nous donc aller ?...

Ce fut à ce moment là que Lyanna réalisa pleinement ce que signifiait la destruction de l'auberge :

-Oh bordel ! Heureusement que ma grand mère est déjà morte, sinon, elle me tuerait ! J'ai laissé à l'auberge des objets appartenant à ma famille depuis des générations ! Des écrits vieux de deux cents ans viennent de partir en poussière !

Elle éclata de rire. Presque jusqu'aux larmes, devant l'énormité de la perte que représentait le journal. Ainsi que le poignard d'Ariana Nanucq. Sa famille avait fait en sorte de préserver les mémoires de son ancêtre et à cause d'elle, plus personne ne les lirait Et elle était bien incapable de les réécrire, elle n'avait pas tout lu. Et dire qu'elle était arrivée à un moment crucial : la destruction de l'Île Blanche !

Mais son fou rire se stoppa bien vite. Et son regard se fit angoissé et presque apeuré.

-Il y a t-il eu des victimes ?...Des amis logeaient aussi là bas...

Faites qu'il ne leur soit rien arrivé...

L'orage éclata alors. Et la pluie tomba, comme pour nettoyer une ville souillée par le sang et la cendre.

[Flamme]

Flamme (158) Début des intempéries

En entendant la destruction de l’auberge, Flamme n’y crut pas sur le coup. Déjà que voir n’importe quel bâtiment en feu n’est pas drôle. Ce ne pouvait pas être l’action de citoyens qui en avaient marre de ne plus être la plus grande nation du monde, ce devait être des terroristes qui voulaient faire tourner le gouvernement à leur rythme. Flamme n’avait pas de possessions inestimables, juste la tenue de la tribu du Nord. Seulement ce n’était pas le cas de Lyanna qui avait peut-être perdu des objets inestimables, pour les parchemins c’était sûr et certain.

- On fouillera demain. En attendant, on n’a qu’à ouvrir les salles des fêtes et les stades pour loger tous les démunis.

C’étaient des paroles censées, étonnant de la part de touriste aussi jeune. Flamme se contenta de demeurer stoïque, sur l'économie. Il n'était pas l'heure d'enjouer le monde, loin de là.

- Il y a t-il eu des victimes ?...Des amis logeaient aussi là bas...

Flamme se remémora l’amie à la peau mate de Lyanna et le bagarreur de rue qui en avait gros sur le cœur. Que leur était-il arrivé ?

Pouic.

- Oh j’avais besoin d’une douche de toute façon, dit Flamme avec un sourire ironique tandis que la pluie rinçait diligemment sa crinière.

[Conseiller du Feu]

HOUKA

*Les gardes et les médecins sont partis. Il n'y a plus personne.*

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FLAMME / GWLA

*Les gardes restent circonspects devant la réaction folle de Lyanna. Il se doutent que ça doit être le choc et ne font pas de commentaires.*

-Oh ! Des victimes il y en a eu. Impossible de dire si vous amis en font partie. Vous allez devoir passer dans les morgues temporaires ou prier les esprits pour qu'on les sorte à temps des décombre ou bien qu'ils aient été épargnés, tout simplement.
Quant au logement, on a mobilisé toutes les auberges et hôtelleries de la ville pour accueillir les sans-abris. Nous pouvons vous mener à l'une d'entre elles.

[Houka]

...

Il pousse un long soupire, il se serait trompé d'endroit? Non... Aucun doute... Il connaît assez bien ces rues ci que pour savoir qu'il n'y a simplement plus personne. Ah... Est-ce que le monde s'est retourné contre lui? Sans savoir où aller par la suite il se remet en marche, devrait-il aller au feu intérieur? Si seulement la route jusque là bas n'était pas remplie de malades... Quand les choses seront calmées, il irait là bas, Hama pourrait quelque chose pour lui, elle.

Il cherche du regard un lieu calme, n'y-a-t-il pas des maisons abandonnées dans cette partie de la ville? A moins qu'elles aient toutes été rachetées depuis la chute des nobles qui y vivaient? Il veut un toit, mais il ne veut pas expliquer a qui que ce soit la raison, il veut juste trouver un endroit sec et vide ou passer la nuit.

[Gwlaglus]

Le regard sombre, Lyanna tâcha de se rassurer du mieux possible, sauf que la mention de victimes et de morgues temporaires ne l'aidait pas tellement. Mais Amarok et Magena avaient sans doute réussi à fuir l'auberge et si par malheur, ils s'étaient retrouvés sur la place centrale, en plein dans le chaos, ils avaient de la ressource, n'est-ce pas ? Ils ne pouvaient pas être morts. Il était trop tard pour se lancer à leur recherche de toute façon, elle n'allait quand même pas entraîner Flamme dans une course à travers la ville pour retrouver leurs traces. Elle devait se faire une raison.

-L'ambassade établira peut-être un registre des victimes, fit-elle à elle même, plongée dans ses pensés, songeant à Azaruk qu'elle espérait en sécurité là bas. Il pourrait peut-être même l'aider qui sait.

La pluie continuait de tomber et elle frissonna légèrement. Elle se rendit compte alors qu'elle n'avait pas encore répondu aux soldats.

-Conduisez-nous à l'une de ces auberges alors, s'il vous plaît, fit-elle, d'une voix quelque peu éteinte, son regard se portant alors sur Flamme. Elle se saisit de sa main, avec douceur, et commença donc à suivre les soldats.

-Une douche bien chaude, ce sera mieux que cette pluie, non ?

Pour Flamme, elle tâcha de se reprendre. Et de ne plus imaginer le pire pour ses amis. Puis, elle s'adressa de nouveau à la patrouille qui les guidait dans la ville

-Merci pour votre aide messieurs. Tout ça n'a pas du être facile à gérer pour vous, fit-elle, reconnaissante envers ces soldats.

Elle ne cherchait pas réellement à engager la conversation, mais ces hommes méritaient bien ses remerciements, même s'ils ne faisaient que remplir leur devoir.

[Flamme]

Flamme (159) Toute la pluie...

Flamme espérait évidemment que les amis de Lyanna s'en soient sortis.
Ils se dirigaient vers l'auberge. L'enfant ne se plaignit pas de la pluie, espérant même de l'orage. Flamme raffole des éclairs et du tonnerre. Et cette pluie lavera les brûlures de cette journée. De sa voix d'enfant, Flamme commença à chanter :

- Toute la pluie tombe sur moi
Et comme pour quelqu'un dont les souliers sont trop étroits, tout va de guingois
Toute la pluie tombe sur moi, de tous les toits.
A chaque instant, je me demande vraiment ce qui m'arrive et ce que j'ai fait aux bon dieux
Ou à mes aïeux pour qu'autant de pluie tombe soudain, comme ça... Sur moi
Mais je me dis qu'au fond j'en ai connu bien d'autres dans ma vie
Que je m'en suis toujours sorti, avec le sourire !
...

[Conseiller du Feu]

FLAMME / GWLA

*Le chef de troupe fixe Lyanna gravement.*

-Vous ne semblez pas prendre toute la mesure de la situation, mademoiselle.

-Vous êtes des Fils de l'Eau ? *Demande un garde derrière.*

-Silence. Je vais lui dire.

*Il pose une main conciliante sur l'épaule de Lyanna.*

-La cible des émeutiers a été les Fils de l'Eau. L'Ambassade des Tribus a été prise d'assaut et pillée. L'ensemble de la délégation diplomatique a été massacrée. On ramasse des cadavres de Fils de l'Eau dans toutes les rues de la ville. La situation est catastrophique. Les tensions sont encore palpables. Nous allons vous menez dans un endroit sécurisé.
N'espérez pas de confort. Nous sommes dans le flou le plus total et nous avons paré au plus pressé.

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HOUKA

*Houka progresse dans les rues du quartier. Il arrive devant un manoir inoccupé qui montre ses premiers signes de délabrement.

Il s'agit de l'ancienne demeure des Fei, une des anciennes familles rivales des Shânhuô (ancienne parce qu'il n'y en a plus aucun en vie ou capable de réclamer l'héritage). Un panneau "à vendre" est cloué sur la porte du domaine, lourdement cadenassée.

Peut-être qu'en passant par les murs du jardin ?*

[Gwlaglus]

Le sourire retrouvé de Lyanna, après la chanson de Flamme, se figea bien vite. Le regard de l'officier, grave, n'augurait rien de bon. Il posa sa main sur son épaule, et au fur et à mesure qu'il lui parla, le visage de la fille de l'eau se ferma, regard vrillé vers le sol et elle se mura dans un silence pesant.

« L'ensemble de la délégation diplomatique a été massacrée »...cette phrase emplissait son esprit, et s'y répétait en boucle. Elle avait l'impression qu'on déchirait son cœur en mille morceau et qu'un étau enserrait sa gorge. A l'ambassade des Tribus se trouvait Azaruk Noji, son ami d'enfance, celui qu'elle considérait comme un frère, son grand frère. Ils n'avaient que quelques mois de différence pourtant. Des souvenirs lui revenaient, la toute première fois qu'ils s'étaient rencontré, enfants, la fois où elle l'avait giflé et était partie en courant car il maîtrisait l'eau et elle non. Et cette promesse qu'il lui avait faite, de ne jamais se servir de sa maîtrise devant elle. Leur amitié n'avait jamais failli, même s'il avait utilisé finalement sa maîtrise contre elle, lorsqu'il l'avait arrêté...

Elle se recula d'un bond, échappant à cette main posée sur son épaule. Elle se mit à courir. Elle voulait aller à l'ambassade, voir de ses propres yeux si ce que l'officier avait dit était vrai. Mais il ne fallut pas longtemps pour qu'elle s'effondre et tombe à genoux sur le sol trempé. La pluie remplaçait sur son visage les larmes qu'elle n'arrivait pas à verser. Car une certitude macabre et douloureuse s'était imposée à elle. Si la délégation diplomatique avait été massacrée, si l'ambassadrice était morte, il devait être mort aussi. Elle le connaissait trop bien. Il était un homme d'honneur, qui se battait jusqu'au bout. Un merveilleux combattant. Un ami irremplaçable. Que la Nation du Feu venait de lui arracher.

Colère et haine refroidissaient son cœur meurtri.