Pendant sa couse jusqu'à la maison des maîtrises de l'eau, et plus particulièrement la maison des guérisseurs, le temps s'était dégradé. Des flocons de neige parsemaient la chevelure rouge de la jeune femme, la capuche de son manteau doublée de fourrure s'étant rabattue, à cause d'une forte bourrasque de vent. Mais elle n'avait pas froid, ses larmes auraient pu geler sur son visage, qu'elle ne s'en serait pas rendue compte. Elle jeta un bref regard autour d'elle. Enfant, elle détestait cet endroit, puisqu'elle n'avait aucun don pour la maîtrise de l'eau.
Elle continua sa course, en essayant de ne heurter personne au passage. Elle ne s'arrêta que seulement en arrivant aux portes de la maison des guérisseurs. Là, sur le seuil, elle tâcha de reprendre contenance, et essuya ses larmes. Elle ne voulait pas que son grand père la voit dans un état pareil. Elle espérait toujours que son père se soit trompé, et qu'Hayao avait juste fait un malaise, comme la fois où il était tombé justement en sortant d'ici. Elle voulait espérer, mais quand elle entra, et interpella l'un des guérisseurs pour savoir où était son grand père, le regard du guérisseur, compatissant, et désolé, balaya tout espoir.
Muette, elle le laissa la conduire jusqu'à une petite alcôve située un peu à l'écart. Elle le vit aussitôt, il était allongé sur un lit, confortable installé sous d'épaisses peaux, et la tête posée sur un oreiller moelleux. Il était paisible. Il dormait. Elle eut un petit sourire en l'observant. Elle se rappelait ces moments, où quand elle était petite, il faisait semblant de dormir, pour mieux lui faire peur. Sauf que son sourire se figea, quand elle aperçut que sa mère était là, assisse sur une chaise près du lit, et qu'elle serrait la main d'Hayao. Elle sanglotait doucement, et son regard n'était que tristesse. Lyanna ne la voyait que maintenant, comme si elle avait été invisible à ses yeux, et que seul comptait pour la jeune femme son grand père. Sa mère non plus ne l'avait pas vu de toute façon.
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Pour être dans l'ambiance...)
Telle une statue, la jeune femme resta immobile à quelques mètres du lit. Elle n'osait plus faire un pas de plus. Mais ses jambes finirent par la lâcher et elle se laissa tomber au sol.
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Je suis arrivée trop tard...Tête rivée vers le sol, sa masse de cheveux rouges masquait son visage, mais pas ses larmes qui ruisselaient. Sa mère la remarqua alors enfin.
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Oui. Alors qu'il te réclamait.Derrière la tristesse de la voix d'Inko, Lyanna perçut cette dureté qui avait été toujours sienne.
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Quand il se réveillait, c'était en pensant à toi. Alors qu'il ne me reconnaissait plus. Lyanna le prit comme un reproche qui transperça son cœur. Mais elle ne trouva rien à répondre à sa mère.
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Ta naissance ne m'a apporté que du malheur ! Avec ton allure, tu lui as toujours rappelé sa terre natale, tu m'as supplanté dans son cœur. J'aurais voulu que tu maîtrises l'eau. Comme tes cousins et cousines. Il se serait peut-être moins attaché à toi alors. C’était un homme fier, fier de ses origines. Sais-tu que ses propres enfants ne pouvaient même pas toucher ses sabres ? Bien sûr, avec le temps et ta présence, il s'est adouci....Sous les frissons que parcouraient son corps, Lyanna sentait son sang bouillir. Ses poings étaient serrés à lui blanchir les phalanges. Même si elle comprenait que sa mère réagissait de la sorte à cause de la tristesse, elle aurait préféré ne rien entendre de tout cela.
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Je suis désolée...je suis désolée...Sa mère ne l’entendit pas de cette oreille et haussa le ton contre elle, allant jusqu'à lui dire qu'elle la détestait, et qu'elle n'était qu'une égoïste.
Le poing de Lyanna heurta la glace, laissant une trace humide là où elle avait frappé. C'était elle que la colère gagnait maintenant.
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Tais-toi ! Et vas-t-en ! Laisses-moi seule avec lui !Ses cris allaient alerter le personnel, mais c'était le cadet de ses soucis. Parce qu'une odeur de brûlé commençait à se sentir sur son manteau, là où était sa seconde main. Et elle voyait une flamme en sortir. Elle se releva, totalement paniquée, et sa mère ne réagissait pas.