*Hài ne put empêcher le rose de lui monter aux joues devant l'évident manque de tact de l'herboriste. Maladroitement, il bafouilla quelques excuses qui, pour une oreille extérieure, ressemblaient à ceci :
- Mais...hem...Non...kofkof...enfin...c'est à dire que... Il jeta un rapide coup d'oeil à Meïlin qui se trouvait toujours à l'extérieur.
Son interlocutrice ne lui laissa cependant pas de répit. Devant ses taquineries incessantes, le moine sentit le cramoisi envahir ses pommettes pour de bon. Un peu plus, et sa barbe allait prendre feu, c'était certain. Lorsque la vieille dame partit au fond de la serre en clopinant, il ne pipa mot, tant il était gêné.*
#- Tenez, mon bon ami ! Une gorgée de ce breuvage et il ne vous faudra pas plus de quelques minutes pour tomber sur l'édredon. Toutefois... Méfiance. Si vous en abusez, votre organisme s'accoutumera et vous ne tirerez plus rien de cette substance. Un bon coup de masse sur le crâne, c'est tout ce qu'il vous restera comme option pour dormir pendant un bon mois.#*Hài toussota en essayant de reprendre son air sérieux. Il accepta volontiers la fiole, et la rangea dans sa besace.*
- Merci infiniment, vénérable herboriste. Et je tiens à préciser que ce n'est pas la faute de votre petite fille si... Enfin je veux dire... Il ne s'est rien passé... Enfin...*Le moine eut la désagréable sensation que le sol se liquéfiait sous ses pieds et l'aspirait. Sentant qu'il ne faisait qu'aggraver son cas, il s'inclina prestement, et remercia à nouveau son interlocutrice. Alors qu'il allait prendre congé, il réalisa que Meïlin dormait toujours à l'extérieur de la serre. Il se tourna à nouveau vers la malicieuse vieillarde.*
- Puis-je vous la confier ? Je veux dire, je n'ose pas la réveiller, mais il me faut poursuivre ma route. Et je ne veux pas non plus la laisser là sans lui faire mes adieux. Pourriez-vous les lui transmettre de ma part ? Ah, et au cas où elle chercherait à me contacter de nouveau...*Hài lui tendit une petite carte parcheminée, griffonnée à la main, laquelle indiquait
Hài Xi Feng
Professeur de voltige aérienne
Académie Gaïenne
Temple de l'Air Occidental
Le moine avait plusieurs de ces cartes en réserve. L'idée lui venait d'un fleuriste qui avait tellement de mal à épeler son nom qu'il les avait fait préparer par quelqu'un d'autre, afin que ses clients puissent aisément le retrouver. Jusqu'ici, le concept fonctionnait à merveille.
A nouveau, Hài s'inclina devant son aînée, puis il prit la route qui menait au temple, non sans accorder un dernier regard à Meïlin, la grand-mère et la serre, qui semblaient entourées d'une aura flamboyante dans le soleil couchant.*