Lyanna avait toujours eu pour fâcheuse habitude de se lever plutôt tard, mais alors que le soleil commençait doucement à poindre à l'horizon de l'ile d'Hosho, la jeune femme aux cheveux de feu était déjà réveillée. Elle regardait même, accoudée à la fenêtre donnant sur l'esplanade, le levée du jour. Elle avait peu dormi, l'énervement et l'excitation sans doute, et le moindre bruit qu'elle avait entendu durant la nuit avait eu tendance à la réveiller. Elle avait été aux aguets. Mais les traits de son visage ne trahissaient presque aucune fatigue. Un sourire naquit même, alors qu'elle profitait de la magnifique vue que lui offrait la chambre. En contrebas, l'esplanade commençait à s'animer doucement, en prévision des festivités du jour, et surtout des discours que les dirigeants allaient faire. Elle sentait le vent léger et chaud caresser sa peau. C'était agréable. Rien à voir avec le Pôle Nord et son froid glacial franchement, et elle s'imaginait bien vivre là. Mais sa promesse faite à sa défunte grand mère la liait au Pôle Nord, et elle ne pouvait faire tout voler en éclat, son sens de l'honneur, et sa loyauté l'en empêchaient aussi, même si maintes fois, elle s'était reprochée d'avoir accepté. A elle seule, que pouvait-elle faire de toute façon ? Le reste de sa famille, son oncle, sa tante, et ses cousines avaient laissé tomber cette « tradition familiale ». Et que dire de ses propres parents ?...Elle soupira, et quitta la fenêtre. Il fallait qu'elle pense à autre chose.
Elle s'agenouilla alors au pied des maigres bagages qu'elle avait emporté pour le voyage, et fouilla parmi ses vêtements de rechange, et autres objets plus ou moins utiles qu'elle avait emporté, pour en ressortir un carnet vierge, et une plume et de l'encre, ainsi qu'une planche de bois faisant office d'écritoire. Elle n'était en rien une écrivaine ou une poète, mais il lui arrivait souvent de coucher sur le papier ses états d'âme du moment, et retrouver ainsi une certaine paix d'esprit. Et là, elle avait envie de noter ses impressions sur Hosho, pour mieux partager les souvenirs de ce voyage avec son grand père par la suite. Elle s'installa alors bien confortablement sur le lit, son dos calé par les oreillers moelleux. Sa plume se mit à courir élégamment sur le papier, l'écriture de Lyanna était fine et légère. Elle avait noirci deux pages, lorsque son écriture se fit plus rapide, énervée même. Elle venait d'écrire quelques mots à propos de Kharstak. Sûrement pas une partie qu'elle ferait lire à son grand père, mais elle déversa sa haine du chef de guerre sur le papier, et finalement, l’exercice la fit relativiser. Le chef de guerre n'était pas un si mauvais bougre que ça après tout, il faisait son travail, et Lyanna n'était pas de celle qui le lui facilitait.
Elle abandonna alors sa plume, et referma l'encrier, et s'étira longuement, avant de se lever du lit, en direction de la salle de bain que comprenait la chambre. Avisant la baignoire, elle ouvrit les robinets, et de la vapeur chaude emplit la pièce. Son déshabillé tomba au sol dans un bruit soyeux, et elle vérifia la température de l'eau, avant de se plonger dedans avec délice. Elle y resta bien une bonne vingtaine de minutes, avant de revenir dans la chambre, un peignoir sur les épaules, et les cheveux emmêlés et mouillés. Elle les sécha rapidement, avant de sortir de ses bagages plusieurs tenues qu'elle déposa sur le lit. Ce serait une journée ordinaire, elle se serait habillée comme la veille, ou tout aussi simplement. Mais là, on parlait quand même du jour qui lancerait les festivités d'Hosho, et en toute logique, elle serait aux côtés de Kenaï, et donc sur l'estrade, avec les autres dignitaires. Malheureusement, la jeune femme n'était pas du genre sophistiquée, même s'il lui arrivait de porter des jupes longues. Mais pas de robe. Après plusieurs essais et plusieurs minutes, elle était toujours indécise. Puis, elle eut comme une révélation, et fouilla à nouveau dans ses bagages, et en sortit un paquet bien enveloppé. Elle l'avait pris avec elle par sentimentalisme, et lorsque, à genoux, elle l'ouvrit, elle eut un petit sourire appréciateur. C'était un ancien kimono, que son grand père avait offert à sa grand mère. Il était bleu nuit, avec un col rouge et un obi dans les mêmes tons. Elle l'enfila. Et en se regardant dans le miroir, elle eut un choc.
On dirait une autre personne..
Pour se sentir "plus elle", elle laissa ses cheveux onduler librement, et passa dans sa ceinture le seul sabre qu'elle avait pris avec elle. Et si quelqu'un se posait la question sur sa lame, elle avait déjà une réponse toute faite !
Enfin, elle sortit de sa chambre, et avant de rejoindre les autres, si jamais ils étaient en bas, elle se prit un rapide petit déjeuner.