Au bout du doigt d'Onion, Otouto aperçoit le toit d'une grande battisse biscornue dépassant les autres de plusieurs étages. Environ une heure de marche, sans prendre en compte la foule.
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Ici on aura une vue parfaite. Personne pour nous emmerder. Personne pour jouer des coudes.Le jeune homme baille. Il se saisit de sa pipe dans son sac et s'étire, faisant craquer les os de son dos. Marcher l'aidera à émerger.
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On aura le temps d'y être avant le début ?Comme pour répondre, son guide frappe le sol du plat de son pied. Un petit tremplin de terre le propulse aisément sur le toit de la maison d'en face, laissant Otouto les bras en l'air et la bouche encore déformée par son bâillement.
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Aller dépêche-toi ! Tu te réveilleras en chemin !Cela dit, il s'élance alors, bondissant de maison en maison avec vitesse et facilité. Il ne prend pas la peine d'attendre Otouto, il lui a montré la destination, ce serait dommage de lui tracer tout le chemin. Otouto quand à lui regarde Onion prendre de l'avance puis réagit enfin. Il ferme la bouche, laisse retomber ses bras, range sa pipe et se met en position. L'idée du tremplin est tout à fait cool et il doit absolument l'essayer. Comment s'y est-il pris déjà ?
Quelques secondes de concentration, trois pas d'élan et son pied gauche frappe le sol avec force. Le tremplin jaillit et le jeune homme s'envole, passe par dessus la maison et se dirige un peu trop vite vers la façade de l'immeuble quelques mètres plus loin. Réflexe, bras et jambe en avant, légèrement fléchis, prêt à encaisser. A l'impacte, il lance ses bras, paumes contre la pierre, faisant saillir deux cales sous ses pieds.
/Trop-la-classe !/ Quelques cales supplémentaires et le voilà au sommet. Au loin, la silhouette d'Onion sautille pour atteindre le toit biscornu. Le regard d'Otouto balaye le paysage urbain, un, deux puis trois chemins potentiels lui apparaissent. Il veut retenter le tremplin, il cours puis saute par dessus une ruelle, s'agrippe sur le rebord d'une fenêtre, y prend appuis du bout du pied pour atteindre la terrasse d'un restaurant qu'il traverse rapidement. Il bondit à nouveau, trois pas sur le mur, nouvelle cale, nouveau toit. A mesure qu'il se rapproche du centre ville, les immeubles grandissent et les rues s'élargissent mais, s'habituant peu à peu à l'architecture de la ville, il gagne en aisance malgré tout. Ses tremplins se font plus précis, même si il manque de chuter à plusieurs reprises. La rue principale est en vue et de l'autre côté la grande bâtisse tordue où l'attend son maître. Petit saut pour atteindre le rebord du building, il n'a pas le droit à erreur. Ses jambes se fléchissent alors que ses deux pieds frappent la pierre. Le tremplin jaillit et tous ses muscles se détendent en un bond par dessus la foule grouillante. Les gardes son nombreux. Quelques passants le montrent du doigt, détournant son attention du mur qu'il encaisse un peu trop fort. Le souffle coupé, sa tête tourne un instant. Il se sent tomber en arrière et se rattrape de peu à la corniche un étage plus bas. Là, accroupis, il respire profondément, observant la marée humaine piétiner au dessous de lui. Toute son adrénaline coule maintenant en une sueur froide le long de son dos.
Une fois sa frayeur passée, il rejoins Onion sur le toit en prenant son temps puis s'allonge à ses côté pour cracher ses poumons.
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La vache ! Le tremplin c'est vraiment trop cool.