Ba Sing Se

[Grayashura]

*Alors que Gray observait la ville qui s'éloignait, il se demandait quel tournant prenait sa vie à présent. Un être comme lui pouvait-il encore trouver la rédemption. Il ne le savait pas, mais tenterait de la trouver avec Jinroku. Et si quicquonque voulait du mal au moine... Et bien... Des piques voleraient et des viscères aussi.*
Départ de Ba Sing Se pour Hai Ko ku de Gray et de Jinroku
Prochain post là-bas

[Conteur de la Terre]

BouGaloW

Du peu que tu perçois de la conversation, ces gens rechercheraient des maîtres de a terre pour les aider à reconstruire certaines maisons détruites durant le tremblement de terre qui a frappé le centre ville et le saltimbanque refuse de s'engager tout seul sur un tel chantier.

[Jinnai]

Pendant ce temps, une jeune femme se réveillait dans une chambre d’hôtel de la ville haute avec un esprit à son chevet.

Alors... bien dormi ?

[Spoon]

La jeune femme en question se retourne dans sa couette pour ne pas avoir la tronche de l'esprit en pleine face dès le réveil.

- Ça reste quand même flippant quelqu'un qui vous regarde dormir.

Elle se redresse puis, tel un rituel, s'étire dans une symphonie de craquements de tout le haut du corps, avant de lâcher un long bâillement.

- Enfin, je me demande si partager mes songes nocturnes avec vous n'est pas plus flippant. A ce propos...

Nivi pousse d'un coup sec le drap qui lui servait de couverture. Ses pieds nus viennent toucher le sol légèrement chauffé par la lumière naturelle qui baigne dans la pièce. Elle se dirige machinalement vers la fenêtre, laissant passer une légère brise sur son visage encore mal réveillé. Une scène qui n'est pas anodine, puisque le processus est le même qu'à son réveil après son altercation avec le Daï Li. De la même manière, elle se tient face à Jinnai, adossée contre le rebord. La jeune femme marque néanmoins plus d'assurance qu'auparavant. Ses souvenirs sont intacts, les révélations de Jinnai sont ancrés dans sa mémoire. Dire que tout cela n'était qu'une projection astrale de son esprit, alors que son corps rechargeait ses batteries pendant ce temps là, dans un sommeil réparateur.

Un long silence vient emplir la pièce à l'instar des particules lumineuses, laissant Nivi briser le silence.

- Pourquoi ?

Face à elle se tient un homme responsable d'une hécatombe exécutée de sang froid, et ce pour une raison encore obscure aux yeux de Nivi : supprimer la frontières entre les mondes manifesté et non-manifesté ? Qu'y aurait-il à gagner dans ce projet fou, alors que pour le moment les seuls esprits que la géokinésiste a rencontré sont misanthropes ?

- Quelles sont vos motivations au juste ?

Choisir de faire de l'île blanche la nouvelle Atlantide au lieu de récupérer un simple artéfact et ainsi de sacrifier de nombreuses vies innocentes, bien qu'étant une solution de facilité, ne se fait pas en un claquement de doigt. Enfin, envoyer sa propre fille dans la gueule du loup parait insensé pour la jeune femme, mais là est peut-être l'instinct maternel qui prend le dessus sur le raisonnement. Toutefois, le manque d'information la fait rester réservée. Rien n'a été précisé sur ce qui lui est arrivée.

Tout ceci, Nivi l'avait exprimé plus ou moins à voix haute. Ce qui laisse à Jinnai des précisions aux concisions de la maîtresse de la terre. Maintenant, elle se rend compte que l'histoire du tableau a une ampleur bien plus grande qu'elle ne le croyait. Aussi, qu'indirectement, Jinnai est lié à son tourmenteur. Mais étrangement, elle n'est pas en colère contre lui parce que néanmoins, elle a fait plus de progrès envers elle-même en quelques jours que pendant ses trois années de pèlerinage. Bien que les méthodes peuvent être contestables, Nivi ne peut que constater le résultat.

Pendant un court instant, la jeune femme se frotte les bras, détournant le regard de son interlocuteur. Loin d'elle de faire l'apologie d'un manichéisme, la situation prend une tournure que Nivi n'approuve pas dans sa déontologie. Tout le monde a ses propres motivations : chacun est animé par son propre égoïsme, croire en une philanthropie est à l'image de celle que l'on se donne aux autres personnes : de l'hypocrisie. Qu'importe les répercutions sur autrui, tant mieux si elles sont bénéfiques et, pour le reste, tant pis.

- Soyez franc et surtout... soyez exhaustif. J'en ai marre d'avoir à reconstituer les pièces du puzzle moi-même alors que le modèle est juste en face de moi.

[Jinnai]

Il était une fois un pays au bord de la guerre civile : l'ambassadeur de île blanche, l'un des personnages les plus influents du Royaume aux côtés du roi Râng d'Omashu et du jeune Roi de la Terre Quan Ti réunissait des fonds dans le plus grand secret.

A quoi pouvaient bien servir ces fonds ? Avant de répondre à cette question il faut comprendre la géopolitique de cette époque : contrairement à Republic City qui est aujourd'hui une nation à part entière avec ses inimitiés, l'île blanche était littéralement le centre du monde et ce aussi bien du point de vue politique qu'économique... Car non seulement elle était le port d'attache de toutes les flottes commerciales au monde, mais elle était également le lieu où les nations réglaient leurs querelles au sein du conseil présidé par l'Avatar... enfin, du moins pas tant que le jeune Aang n'ait accomplit son voyage initiatique au bout duquel il maîtriserait les quatre éléments, ce qui prendrait encore quelques années.

Poursuivant sur un ton plein de malice :

Oh je vous vois venir : qui pouvait donc bien diriger le conseil en lieu et place de l'avatar ? Je vais vous le dire ; un saint homme nommé Wu Cheng, et si j'utilise ce qualificatif pour désigner cet individu, c'est parce que son rôle était de garder bien au chaud le fauteuil d'un morveux en attendant que celui-ci devienne adulte.

Marquant une pause.

Pour être bien certain de me faire comprendre, je vais faire un parallèle avec une situation qui vous est plus... familière : pensez vous que la dirigeante actuelle de Republic City soit ravie de voir l'avatar Korra débarquer dans SA ville ? Je ne connais pas cette personne, mais mon petit doigt me dit qu'après avoir passé des années à être la patronne elle n'est pas prête de laisser la gamine avoir voix au chapitre... était-ce différent il y a deux cents ans ? Bien sûre que non : à ceci prêt que l'influence et la capacité de nuisance de Wu Cheng étaient autrement plus important... me suis-je bien fait comprendre jusque là ? L'histoire est encore longue et il est essentiel que vous en saisissiez les tenants et les aboutissants.

[Spoon]

- Le Consortium se servait de ces fonds pour se débarrasser de l'Avatar. Mais il fallait que ce soit plus subtil qu'un assassinat. La seule solution consistait donc à briser la frontière entre les deux mondes et rendant ainsi la passerelle, l'Avatar, totalement inutile. Ainsi, chacun pouvait retourner à ses petites magouilles secrètes et conserver son autorité sans avoir l'Avatar sur le dos.

Elle marque une pause.

- Et c'est là que vous êtes intervenu. Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué... Non mais attendez si l'esprit de la bibliothèque a dit vrai, il existe aussi un artéfact capable du même effet ?

[Jinnai]

Oubliez l'artefact pour le moment, j'y reviendrai plus tard.

Affichant un sourire moqueur.

Vous avez une imagination vive je vous l'accordes, mais vous êtes loin de la vérité. Pour faire simple, retenez simplement ceci : l'île blanche était le centre du monde et elle était dirigée par un homme qui avait son propre agenda en tête... mettez donc cette information de côté et gardez là pour plus tard.

Maintenant parlons du Royaume de la Terre à cette époque et des fonds secrets de l'individu qui m'a précédé au poste d'ambassadeur... Comme je le disais, le Royaume était au bord de la guerre civile et ce pour une raison simple : lorsque Quan Ti est devenu roi, quelle ne fut pas sa surprise de constater que l'administration de Ba Sing Se était rongée par la corruption et que l'influence de la capitale n'avait cessé de faiblir durant le règne de son prédécesseur et ce au profit de seigneurs locaux désormais totalement maîtres chez eux... et je ne vous parle même pas de la famine et de la crise économique.

Heureusement, Quan Ti n'était pas stupide : il savait que s'il restait les bras croisé, le peuple finirait par se révolter et réclamerait sa tête, aussi s'est-il attelé à mettre en place un train de réformes visant à changer le pays en profondeur, gagner le cœur de la population, et rétablir son autorité sur une noblesse qui avait tout intérêt à ce qu'un Roi réformiste passe l'arme à gauche de manière prématurée...


Ha ! Je dois lui reconnaître une chose à ce salopard : il savait comment mener sa barque. Les premières années de son règne, il s'est contenté d'avancer masqué, changeant un par un les rouages d'un pays bloqué de la manière la moins douloureuse possible, et lorsque il a finit par gagner le cœur du peuple... il a mis tous ces sangs bleus au pied du mur.

Il sourit.

Ce qui nous mène jusqu'à mon prédécesseur, imaginez vous : vous êtes l'ambassadeur du Royaume de la Terre sur l'île blanche ; c'est votre voix et vos opinions que l'on entend au conseil et pas celle d'un roi trop occupé par les affaires internes de son pays ; le fait que vous soyez le seul habilité à délivrer une autorisation de séjour aux marchands de votre nation vous a permit d'amasser une fortune colossale au fil des années... et là, vous apprenez que ce même souverain qui jusqu'à maintenant vous laissait tranquille commence à s'intéresser à votre cas.

Au même moment, vous êtes sollicité par de nombreux nobles qui auraient bien besoin de votre argent histoire de financer sur le long terme les troupes d'une guerre civile qui ravagera bientôt le pays.

Encore mieux : une fois débarrassés du Roi ces personnes seront vos éternels obligés... et ce aussi bien sur un plan politique que financier.

Reste un problème : ils vous est impossible d'afficher ouvertement votre hostilité au Roi sans quoi vous serez désavoué par le conseil... Que faites vous ?

[BouGaloW]

/Du boulot ! Mais c'est génial ça !/

Sans plus hésiter, Otouto se dirige vers le petit groupe en leur faisant signe. Se plantant devant l'artiste, il oubli un instant le travail.

- Bonjour ! J'ai assisté à votre représentation, c'était magnifique ! Tous ces mouvements et cette fluidité, vous avez une superbe maîtrise de la terre ! Je serai bien incapable d'en faire le quart. Et puis à la fin je n'arrivais plus à suivre quoi que ce soit ! Vraiment, félicitation !

Puis, se rendant compte qu'il tourne le dos aux deux autres personnes :

- Je suis désolé, je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre des brides de votre conversation, vous recherchez des maîtres de la terre ? Je suis un maître de la terre, enfin j'essaye d'en être un. Mais je cherche à travailler rapidement !

[Spoon]

- Hum. Il a tout intérêt à le garder éloigné. Mais il lui est impossible de commanditer directement son assassinat, même par des intermédiaires aussi discrets soient-ils. Cela finirait par remonter jusqu'à lui à un moment donné. Non, pour cela il subventionne discrètement la noblesse pour qu'elle se déniche une milice, gagnant ainsi leur soutien tout en tenant le Roi occupé plus longtemps que prévu.

Croisant les bras.

- Avec un peu de chance et un bras suffisamment un peu long, le Roi pourrait avoir un malheureux accident dans cet affront. Du coup c'est tout bénef' pour lui. Quan Ti passe pour le martyr du peuple, la noblesse est pointée du doigt et on retrouve le traditionnel schéma des aristocrates opprimant la populace. Qu'importe, ce n'est pas le péon de base qui fait la révolution. Et lui, dans tout ça, en retirez tous les avantages sans même avoir été soupçonné par des diplomates dont la situation leur a été présentée comme une énième guerre civile.

Elle donne une impulsion en arrière, s'asseyant ainsi sur le rebord de la fenêtre.

- M'enfin, j'imagine que ça ne s'est pas passé ainsi et que j'ai une imagination débordante. Que voulez-vous, la citoyenne de base que je suis n'a aucune idée des rouages de la politique. Mais je vous en prie, continuez, pour une fois que vous êtes bavard.

Là où n'importe quel quidam aurait hurlé au scandale, à la corruption, que les leaders sont tous des pourris, etc... Nivi y voit une machination remarquablement bien orchestrée.

[Jinnai]

A vrai dire vous n'êtes pas très loin de la vérité, à ceci prêt que cette stratégie avait une faille : mes services qui le surveillaient jour et nuit depuis des mois. Pourquoi me direz vous ? Et bien comme vous le savez déjà, j'avais... certains projets pour l'île blanche.

Marquant une pause.

Et pour mener ce projet à bien sans me faire repérer par les autorités de l'île, j'avais besoin d'un certain nombre de moyens : le genre de moyens qui exigent que je rende des comptes au roi en personne. Je vous laisse imaginer le large sourire qui s'est affiché sur mon visage le jour où j'ai appris que bon nombre des adversaires de Quan Ti correspondaient avec l'ambassadeur, certains ayant même pris a peine de faire le voyage jusqu'à là bas : dès cet instant, j'ai su que même sans aucune preuve directe Quan Ti me donnerait le feu vert tellement tout ça sentait mauvais.

Donc, je me retrouvais avec un certain nombre d'agents infiltrés dans l'île, ce qui me permettait de surveiller notre ami l'ambassadeur tout en assignant un certain nombre d'entre eux à des taches annexes tel que se renseigner sur un ancien artefact caché dans un temple se trouvant au coeur d'une forêt où la frontière entre le monde des hommes et celui des esprits est des plus... fragile.


C'est à ce moment là que les pièces du puzzle ont commencé à se mettre en place : l'ambassadeur a fauté et je me suis servi de ce prétexte pour l'exécuter en faisant passer ça pour un accident, me rendant personnellement sur place et me faisant passer pour son successeur afin de m'assurer que les autorités locale ne mettent pas leur nez dans nos affaires.


Se dirigeant vers la fenêtre.


C'est aussi à cette période que le jeune Aang s'est rendu en visite officielle sur l'île blanche... et qu'une organisation terroriste nommée l'échiquier a tenté de l'assassiner pendant qu'une cérémonie était organisée en son honneur, et ce en présence des dirigeants des quatre nations.

Il se retourne vers la jeune femme.

C'est ce jour là que Quan Ti a commencé à s'intéresser au cas de l'île blanche : les autorités de l'île avaient-elle simplement fait preuve d'incompétence ou bien avaient elle détourné les yeux le temps que quelqu'un s'occupe de la basse besogne ? Personnellement... je pensais qu'il sous estimait le problème.

Se triturant la barbe.

Je me suis beaucoup intéressé à l'échiquier : tout m'indiquait qu'ils disposaient d'énormes moyens que seul quelqu'un de haut placé pouvait leur apporter. Il ne me restait plus qu'à répondre à cette question : à qui profite de le crime ? Les quatre nations étaient bien trop occupées par leurs querelles et leurs conflits internes pour se soucier du jeune avatar... ce qui nous ramène à ce bon vieux Wu Cheng.