Ba Sing Se

[Jinnai]

L'eau, la terre, le feu, l'air... ainsi pouvait-ont résumer le paysage qui se présenta à Nivi durant son sommeil :
Le reflux des vagues venant paisiblement s'échouer sur le bord de mer, le sable chauffant tandis qu'il était baigné par les premiers rayons du l'aube, et surtout, surtout : la douce brise venue du large qui caraissait la chevelure et le corps éreinté de Jinnai.

Il émergeait d'un établissement dédié aux plaisirs de la vie : pas l'un de ces sordides lupanars au coin d'une sombre ruelle, oh non... l'homme était exigeant et avec les deniers dûment dérobés au trésor royal, il s'était payé les meilleures courtisanes qui soient : des femmes qui savaient ce qu'étaient susciter le désir et donner du plaisir.

Flânant ainsi plusieurs minutes pour s'éloigner peu à peu de ce qui était en quelque sorte devenu sa seconde maison, il finit par arriver dans une crique isolée où personne ne viendrait les déranger.

Depuis qu'il avait vécu en un lieu où nulle lumière ne viendrait l'avertir du danger, l'homme avait développé un instinct de survie hors pair : ainsi, il se fit passer pour aveugle lorsqu'il était finalement réapparu aux yeux du monde, réservant ses émeraudes aux plus belles de ses conquêtes... ainsi qu'aux dangers requérant l'usage de toutes ses capacités.

D'aucun auront remarqué qu'en cet instant, les pupilles du mal nommé "l'aveugle" étaient tout ce qu'il y a de plus ouvertes.

Cessons cette comédie... vous n'êtes certainement pas l'un de ces incapables envoyé par Quan TI et vous savez que je sais : montrez-vous et réglons cette affaire.

[Spoon]

Un rêve vient bercer l'esprit de la maîtresse de la Terre, celui-ci semble être paisible à première vue. Une plage, le clapotis des vagues, une légère brise... et Jinnai. On ne peut pas tout avoir. Sauf que ce dernier ne semble pas sentir sa présence, ni même la remarquer visuellement.

Étrange rêve.

L'esprit, ou plutôt l'homme de son vivant, sort d'un bâtiment qui a pour fonction de satisfaire les besoins masculins. Oui, il s'agit bien d'une maison close de luxe. Jinnai semble en être le propriétaire mais aussi le seul et unique client de ce bordel. Nivi se doutait bien qu'il avait un penchant coureur de jupons mais pas au point de se payer son propre harem. Cependant, la jeune femme n'est pas dégoûtée par la situation, ni par le personnage. Pour elle, s'il a choisit un mode de vie mondain c'est sa volonté, qui sommes-nous pour juger autrui de la façon dont il faut vivre ? Chacun suit sa propre déontologie. Qu'importe si certains œuvrent pour ce qui est définit comme Bon ou Mauvais, la vie est loin d'être manichéenne.

L'homme s'était isolé sur une baie non loin de son coin paradisiaque. Des présences indicibles l'ont rejoint et n'ont pas l'air d'être amicale. Maintenant Nivi est sûre, elle assiste en tant que spectatrice à une vision, ou plutôt un flashback. Seulement, ce n'est pas son histoire, non, mais celle de Jinnai. Pourquoi en est-elle témoin ? Elle ne se pose même pas la question et s'approche du groupe, en gardant une distance raisonnable. En effet, elle se rappelle de la menace spirituelle qui pèse sur son esprit et préfère rester sur ses gardes, non pas physiquement, mais mentalement. Elle évitera de se questionner ou toute réflexion et se contentera de suivre la scène.

[Le Conteur Blanc]

*Dans cette crique abandonnée. La mer si calme, s'agite.
De l'eau émerge un homme. L'eau se déforme pour porter le nouvel arrivant au coté de Jinnai.

Tout en douceur.

L'homme portait une tunique de cuir tanné qui donnait dans les tons marrons. La tunique était entièrement recouvert de neige donnant des allures de monstres polaires à cet inquiétant personnage.

Il pose pied à terre.*

-Vous avez toujours été très malin ...

*Il pose le deuxième pied à erre alors que l'eau retourne doucement à un état un peu plus "normal".*

-Trop, pour votre bien-être.

*Sa voix était posée, froide et empreinte d'une certaine détermination.*

[Jinnai]

Mon bien être ?

Secouant la tête.

Vous vous trompez : c'est justement la quête de ce bien être qui m'a mené jusqu'ici. Sans elle, je serais encore en train de lécher les bottes d'un pseudo idéaliste auréolé de lauriers pendant que je me chargerais de sa salle besogne, sans elle, je ne serais depuis longtemps plus qu'un cadavre perdu dans une grotte au fin fond du désert, sans elle, je ne serais que l'esclave l'esclave d'un esprit mal luné se croyant plus malin que les autres...

Marquant une pause.

... sans elle, je n'aurais pas les mains tâchées du sang. Est-ce que j'ai du mal à dormir la nuit pour autant ? Pas le moins du monde : il s'agit du prix à payer pour mener mon existence comme je l'entends et cela me convient parfaitement. Qui plus est : mes crimes, mes victimes, les assassins envoyés à mes trousses... tout ça disparaîtrait-il si je me confondais en doutes et en remords ? Pas le moins du monde. Je suis quelqu'un qui voit toujours le côté positif des choses voyez-vous : même en cet instant où je fais face à un type dans votre genre, je sais que quoiqu'il advienne les prochaines minutes figureront parmi les plus palpitantes de mon existence.

Se triturant la barbe.


Venons en au fait : Que puis-je donc faire pour être agréable ? Vous avez pris la peine de vous déplacer jusqu'ici et il serait très impoli de ma part de vous faire attendre. Laquelle de mes fautes êtes vous donc venu punir?

Il sourit.


Ne dites rien : laissez moi trouver! J'ai suffisamment fréquenté cette abomination pour sentir les dangers publiques dans votre genre, et vu qu'en dehors de mon vieil ami j'ai toujours pris soin de les éviter cela veut dire...

Jinnai semblait détendu mais il n'en était rien : pendant tout ce temps : il n'avait pas laissé une seule ouverture et il n'avait cessé de jauger son adversaire.

... que vous êtes probablement l'un de ces précieux alliés qui m'ont aidé à me débarrasser de mon plus gros problème : je vous remercierais bien, mais vu que vous ne m'avez pas l'air d'être venu boire un verre vous me pardonnerez que je n'en fasse rien.

[Le Conteur Blanc]

*L'homme répondit simplement.*

-Sans elle... Je ne serais pas là actuellement.

*Il se tait et laisse Jinnai palabrer. Décidément, cet homme aime faire dans la mise en scène. L'inconnu des neiges n'émet pas plus de commentaires et quand Jinnai a enfin terminé. L'homme reprend la parole.*

-Je pourrais vous pardonner ça. Mais oui, vous avez en partie raison. Je suis l'un des hommes dont vous avez forcé la main. Non pas que la destruction de l'ile blanche ne servait pas nos plans ... Mais j'aurais préféré le faire à ma manière. Mais soit... Je ne suis pas mauvais joueur. Ce n'est pas pour ça que je suis venu jusque ici.

*Il marque une pause.*

-L'homme panda a du vous en parler. Peut-être était-il ... Plus passionné que moi actuellement... Mais il se trouve qu'il y a des choses auquel les hommes ne devraient jamais se confronter.

*La voix de cet homme était aussi froide que la glace qu'il le recouvrait. Empreinte d'aucune animosité, d'aucune émotion. Il déclamait son texte dans la plus pure des indifférences.*

-Vous avez joué avec des forces qui vous dépassent Jinnai. Et si l'ile blanche a été rasée, sans notre intervention, il y ait des chances que le monde traverse une crise tel qu'elle se terminerait par sa chute. Et encore, je ne me demande si il n'est pas déjà trop tard ...

*Il prend une longue inspiration.*

-Il est l'heure de votre jugement Jinnai...

*Dit-il sombrement ... Et froidement... Car oui, j'y tiens, il est froid, il vient des Poles, c'est un fils de l'eau qui maitrise de l'eau, alors il est froid. POINT.*

[Jinnai]

Mazette ! Si les manigances d'un fonctionnaire du Royaume de la Terre représentent une menace capable de faire vaciller les fondations du monde, ce sera un sacré merdier quand les stars du show entreront dans la danse!

Dans un murmure.

Nous savons tous deux qu'aucune prison n'est inviolable et qu'un beau jour mon bon ami brisera ses chaines... heureusement, vous n'avez aucun souci à vous faire : l'avatar saura corriger les erreurs causées par votre incompétence ainsi que celle de vos semblables.

[Spoon]

Nivi, en retrait, suit la scène silencieusement. Elle ne comprend pas grand chose, si ce n'est que Jinnai est loin d'être immaculé. Aujourd'hui, il semble devoir répondre de ses actes, mais il ne se laisse pas déconcerter par son adversaire, à l'apparence plutôt atypique. Un détail finit par retenir son attention : l'île blanche. La jeune femme en avait vaguement entendu parler, comme étant les prémices à Republic City. Sûrement lors de sa scolarité, ou dans un coin de rue, impossible à déterminer, cela remontait à plusieurs années déjà.

Préférant être prudente depuis son dernier songe, elle cesse de penser trop longtemps. Quoiqu'il en soit, Jinnai est concerné de près ou de loin avec cette île. Complots, querelles de succession, trahisons... la conversation tourne autour de ces thèmes, mais le sujet dépasse complètement les capacités de la maîtresse de la Terre. Toutefois, ce n'est pas la curiosité qui manque et Nivi écoute d'une oreille attentive le dialogue. La réflexion viendra plus tard, au réveil. Elle ne veut pas prendre le risque de ramener son tourmenteur.

[Le Conteur Blanc]

*L'homme rit. Un petit rire, presque un simple gloussement.*

-L'ile blanche est au fond des flots. Personne ne peut y accéder. De plus, même si vos bêtises nous ont affaiblis et qu'une stase est nécessaire, nous serons rapidement opérationnel à nouveau et nous prendrons à coeur de faire en sorte que personne ne s'approche de cette "prison" de trop prêt.

*Un poing serré émerge de la tunique tandis que le corps de Jinnai se raidit.*

-L'avatar n'est rien. Le pauvre n'a toujours rien compris et sa présence dans ce monde est une erreur que nous devrons corriger si l'échiquier se montre décevant... Mais tout ceci ... N'est plus de votre ressort.

*Le corps de Jinnai s'élève en même temps que le poing de l'inconnu.*

-Rassurez-vous. La mort est un châtiment trop doux. Même si il est vrai que je vais arracher votre ame de votre corps et que ce dernier est condamné à la pourriture. Votre ame ira faire un séjour dans un endroit où je suis sûr que vous pourrez vous tenir tranquille...

*Mais il ne dit rien de plus. La scène se fige, seul l'homme reste en mouvement ... Il tourne doucement la tête vers...

Nivi.

Il la fixe longuement, dans le noir de la capuche, deux yeux d'un bleu pâle la fixe sans exprimer le moindre sentiment.

Le temps ralentit.

La scène s'obscurcit.

Il fait noir.*

[Spoon]

La scène qui se déroule sous les yeux de Nivi lui fait presque s'étouffer avec son pop corn. Après tout, nous sommes dans son rêve et bien qu'elle ne puisse pas interférer avec ce songe, elle peut toujours contrôler son "corps" donc quitte à être spectateur... Ce qui semble être la mort de Jinnai est plutôt spectaculaire et effrayant. Comment un tel acte est-il possible ? Et là, c'est le drame. Tout se fige, sauf le tortionnaire, qui tourne lentement la tête vers Nivi.

- Comment est-ce...

La maîtresse de la Terre frise l'Expérience de Mort Imminente. Tout disparait à l'exception de l'homme. Ses yeux, bleus, pâles, impassibles, transpercent son âme. Tout devient noir, seuls subsistent ses organes de la vue. Nivi reste pétrifiée, entre effroi et paralysie, avant de ressentir un effet de pesanteur. Elle a la sensation de tomber, sans pour autant être détachée du regard de l'individu. Nivi panique, quand une lumière approche à toute allure aveuglant la jeune femme. Avant de crier intérieurement, elle sent une main l'agripper.

[Jinnai]

Et soudain la lumière : celle de la chambre dans laquelle la jeune femme s'était assoupie. Jinnai était là, se dressant droit comme un i, le regard tourné vers le sud.

J'espère que tu as bien profité de ton sommeil, parce qu'en deux cents longues années j'ai appris tout un tas de chose dont je compte bien te faire profiter... tôt où tard.

Se tournant vers la jeune femme, un sourire satisfait aux lèvres.

Comprenez vous maintenant ma chère? Il existe en ce bas monde des choses bien plus terrifiantes que vos démons, et dites vous bien que ce à quoi vous avez assisté n'est qu'un reflet de ma mémoire.

Se penchant vers elle.

La terreur ressentie lorsque l'on arrache votre âme de votre corps est incomparable, et je parle d'expérience.