La maison des Maîtrises de l'Eau

[Ermite des vagues]

Asti

Tu peux t'apercevoir que Kaleena porte un regard dédaigneux sur Lyanna. Mais cette dernière ne le voit pas. Puis, accompagnée par la Grande Maîtresse de l'Eau, tu rejoins les quelques chanceux, au nombre de trois, qui sont ses élèves. Elle vous explique rapidement pourquoi elle vous a réunie. Elle s'adresse particulièrement à toi :

-Magena, sauriez-vous en trois jours inventer un numéro original ? Seule ?

Le défi est lancé, et à toi de ne pas décevoir la Grande Maîtresse de l'eau !

[Atiscomin]

Bon,elle a pas fini de regarder de travers les gens bien? Lyanna à beau être rousse,il y a des limites! Pensa Magena en voyant sa maîtresse dévisager la jeune femme.

Après les explications brèves à son groupe Magena entendit quelque chose qui lui fit grand plaisir:

-Magena, sauriez-vous en trois jours inventer un numéro original ? Seule ?

Ses yeux brillèrent,ses lèvres s'étirèrent,ses dents se montrèrent,enfin quelque chose à se mettre sous la dent!
C'est du tac-au-tac qu'elle répondit ardemment:

Bien sûr! Comptez sur moi maîtresse,je ne vous décevrai pas!.

C'est alors qu'elle se retourna. Les trois élèves avec elle étaient tous prometteurs,bien que légèrement moins doués qu'elle,ils avaient un talent reconnu pour la maîtrise par Kaleena elle-même.

J'ai l'autorisation et les outils qu'il me faut... Il ne me reste plus qu'à trouver des idées.

[hrp]Besoin d'une spécification avant de commencer Gluglu : Autorisation d'utiliser les pnj élèves pour moi? J'en ai pas forcément besoin je pense mais bon au cas où...[/hrp]

[Azaruk Noji]

*Le jeune homme s’en voulait de s’être emporté sur le cas du jeune prince. Même s’il le méritait probablement, en tant que garde royal il ne devait pas et ne pouvait pas se permettre de critiquer un membre de cette famille si prestigieuse. Le fait que Lyanna l’ai entendu n’était pas le plus important, tous le monde ici avait des oreilles qui trainait, son ancien maitre en premier. Alors il valait mieux taire toute chose que l’on jugeait trop sensibles pour être évoquées en public. Après une petite vérification autour de lui, il se rassura, apparemment personne à part Lyanna ne l’avait entendu. Il se détendit alors d’un coup entendant la jeune femme de toute à l’heure s’adresser à eux. Elle l’avait appelée « le baraqué » se qui le fit légèrement réagir. Il eut un léger sourire avant de graver dans sa mémoire le nom qu’elle lui avait lancé, « Magena ». Même dans son prénom cette jeune femme était quelque peu à part. Il lui fit un léger signe de tête avant de la voir s’en aller vers la maison de maitrise en compagnie de Kaleena.

Alors que Lyanna s’adressait à lui, le jeune homme aperçu le regard en coin de son ancien maitre vers son amie. Par chance la jeune femme ne s’en était pas rendu compte, mais Azaruk se promettait de mettre les choses au clair avec cette femme si froide plus tard. Comment elle qui possédait une particularité similaire à celle de la sabreuse pouvait-elle la regarder avec un tel dédain. Les hommes devraient apprendre à se respecter les uns les autres, ce serait un premier pas vers une meilleure compréhension et entente entre eux. En guise de mise en garde, le jeune homme lança un regard noir à son ancien maitre. Mais cette dernière avait déjà tourné la tête et n’avait sûrement pas dû voir Azaruk la dévisager.*

-« Mais dis-moi, qu'est-ce que tu fais là en fait ? Tu n'es pas de garde aujourd'hui ? »

-« Non, tous les gardes qui seront présents le jour du retour du prince ont eu l’autorisation de prendre un jour de congé. Cela va être une dure journée pour nous…Non seulement nous devrons faire avec le caractère du prince…Mais on ne sait pas ce qui pourrait se passer avec la sortie publique d’une telle personnalité. »

*En effet, le prince Eiki de part son caractère n’avait pas dû se faire que des amis. De plus certains marginaux ou personnes instables ne rêvaient que d’une chose, se faire connaitre du monde en effectuant une action mémorable à l’encontre d’une personnalité. Azaruk n’osait même pas imaginer ce qui allait arriver au chef du Pôle Nord si son fils était tué ou blessé. Après le décès de sa femme il ne supporterait pas un autre évènement de ce genre avant de perdre la tête. Sans compter qu’Azaruk risquait sa carrière et sa tête si une telle chose se produisait. En imaginant sa tête séparée de son corps, le soldat eu un léger mouvement de dégoût. Puis reprenant le sourire, le guerrier mit une note d’humour dans cette conversation qui depuis ce que lui avait raconté son amie sur Magena. Elle avait eu un destin assez atypique mais en même temps, la disparition de son père était tragique.*

-« Et puis tu sais que j’aime bien venir voir les jeunes s’entrainer… Il y a ici ceux qui seront peut-être dans deux trois ans la prochaine génération de garde. Autant surveiller les plus prometteurs tu ne crois pas ? »

[Atiscomin]

Sa maîtresse était partie. Magena ne s'était pas retournée pour le voir,mais elle le sentait,l'ambiance était tout de suite moins froide.
Elle s'assit alors devant les trois acolytes et leur demanda :

-Montrez moi ce que vous savez faire.

-Mais comment,euh...? Commença à demander l'un des élèves.

-Pas de euh,pas de madame ou de mademoiselle. Magena. D'accord? Et faîtes moi une démonstration! Kaleena vous a bien appris des techniques,des mouvements,seul comme à plusieurs non? Il y a moyen de s'amuser!

-Bien,Magena! répondirent les trois jeunes-hommes en chœur.

Ainsi ils commencèrent à répéter les exercices que la grande-maîtresse leur avait enseignés. En vérité,cela n'avait qu'un intérêt minime pour Magena,elle savait déjà plus où moins quel était le niveau des trois compères,ayant déjà maîtrisé avec eux. Cette exigence lui permettait surtout de gagner du temps pour réfléchir à cette représentation. Son regard se fit vague,sur son air faussement attentif,de façon à ce qu'elle puisse réfléchir sans être gênée.

Que faire pour dans trois jours? C'est court donc on ne peut pas faire extrêmement complexe. Quoique... En tout les cas,il n'est pas question de faire quelque chose de simpliste,on parle d'un prince,cadet ou pas!

Elle imagina plusieurs plans. Un récit du voyage du prince? Non,elle ne connaissait pas les détails et elle n'aurait pas le temps de demander. La simulation d'un combat? Pourquoi pas,mais ça paraissait peu festif pour le retour d'un noble si important. Une ode à la lune et l'océan? Un peu trop classique,quoique. Magena voulait surprendre,ne serait-ce qu'un tant soit peu les convives,et si possible laisser un souvenir étonnant de la chose. Il fallait quelque chose d'inhabituel,qu'on ne voyait pas dans les cours de maîtrise de la tribu.

On donne des formes à l'eau c'est sûr mais... Si on rendait ça plus vivant...

Tandis que les élèves continuaient leur démonstration,elle se leva et commença à maîtriser l'eau des grands bacs de la place d'entraînement. Elle la sculpta petit à petit s'aidant des images que lui avait envoyé son père durant ses voyages,cherchant la précision extrême,une forme de perfection. Il le fallait pour que son projet fonctionne. C'étaient surtout ses poignets et ses doigts qui bougeaient,lentement. Méticuleusement. Aucun geste brusque. Surtout pas.
Les élèves se regroupèrent autour d'elle,incrédules et virent se former petit à petit ce que Magena souhaitait.
Une hirondelle apparut,mais la maîtresse n'arrêtait pas ses mouvements,ceux-ci devinrent plus amples qu'avant,légèrement plus rapides aussi. Ses bras et ses jambes entrèrent dans la chorégraphie magnifique de sa maîtrise. Cependant rien ne se passa. Elle continua,encore,encore,des gouttes de sueur perlèrent sur son front plissé,et les élèves commençaient à se demander ce qu'elle pouvait bien essayer de faire.

Soudain,un petit craquement se fait entendre. L'hirondelle bouge,une aile s'étire,puis l'autre,Magena sourit en coin et continue de plus belle. L'hirondelle s'ébroue rapidement,puis s'envole,la jeune-femme accompagnant chacun des mouvements de l'oiseau dans un ballet majestueux,forte de ses années de pratique.
Le volatile parait vivant,chacune de ses articulation se mouvant d'abord avec maladresse,puis avec exactitude et fluidité. Elle fait décrire des cercles à l'oiseau,puis demande à un des garçons:

-Toi,viens m'aider.

-Hein? Ah! Euh... B...Bien Magena.

L'apprenti se met à bouger également,mimétisant les mouvements de Magena,se calquant ensuite sur son rythme de maîtrise. Magena sent la difficulté qu'elle éprouve à mouvoir l'oiseau s'alléger,et ensemble ils lui firent décrire des figures bien plus complexes avec aisance ; piqués,vrilles,boucles et plongeon s'enchaînent pendant une vingtaine de minutes tandis que leurs corps ondulent gracieusement.

L'hirondelle finit par se poser doucement sur le sol froid de la place d'entraînement,perdant toute sa vitalité, reprenant un aspect de statue,d'objet,avant de simplement retourner à l'état d'eau informe et d'être ramenée dans les puits froids de la place. Magena s'arrêta de bouger pour rire à gorge déployée,toute heureuse d'avoir réussi son oeuvre,puis s'affala sur le sol,éreintée,sous les regards effarés des deux autres élèves. Le disciple qui l'avait aidé s'assit à son tour,fourbu,souriant lui aussi. Magena se releva après avoir repris son souffle et s'adressa aux trois maîtres :

Voilà une première idée! On a trois jours pour parfaire ça. Autant vous y mettre tout de suite vous deux!
On fera ça avec quelque chose de bien plus gros le jour venu!

[Gwlaglus]

Elle accueillit la réponse d'Azaruk avec un bref sourire. Oh que oui, le retour du prince ne serait pas une journée comparable aux autres. Le Pôle Nord s'agitait déjà tout autour d'eux ; personne n'était indifférent face à cette nouvelle. Et même elle si elle ne le montrait pas, elle ne l'était pas non plus. Elle en était plutôt pensive.

-#Et puis tu sais que j’aime bien venir voir les jeunes s’entrainer… Il y a ici ceux qui seront peut-être dans deux trois ans la prochaine génération de garde. Autant surveiller les plus prometteurs tu ne crois pas ?#

Comme pour appuyer ses dires, les élèves de la grande maîtresse de l'eau venaient de se mettre à l'ouvrage.

-Oui, tu as bien raison, , commence t-elle à dire, admirative cette fois, puis regardant la course du soleil dans le ciel, elle s'exclama : Zut, déjà cette heure là ! Avec mon grand père, et tous ces imprévus, j'en aurais presque oublié que je travaillais ce midi ! Sun va encore râler, je le sens.

Pressée, elle commençait déjà à s'éloigner :

-On se revoit plus tard Azaruk !

Et elle ne fut bientôt qu'un point rouge se fondant dans le décor.

Post suivant !

[Atiscomin]

Magena se leva tôt ce matin. Elle voulait s'entraîner pour le spectacle à la faveur de la lune et tenter de trouver de nouvelles idées avant que ses aides arrivent. Elle arriva rapidement à la place d'entraînement du cours de Kaleena.
Celle-ci était encore debout, en train de maîtriser devant l'astre sacré. Magena s'échauffa en sa compagnie, comme le jour précédent.
Cette expérience tacite était d'autant plus plaisante qu'elle parvenait à suivre les mouvements de la grande maîtresse, mais celle-ci la dépassait nettement en aisance, en fluidité, et en grâce, forte de ses années d'expérience mais aussi de sa certaine passion pour son art. C'était d'ailleurs la seule chose dont son élève était sûre par rapport à sa maîtresse,elle aimait ce qu'elle faisait plus que n'importe qui d'autre.

Une fois qu'elle se sentit prête, elle recommença à former l'hirondelle du jour précédent. Elle y arriva plus rapidement et celle-ci s'envola sous le regard de Kaleena. Magena recommença à lui faire décrire des cercles,puis essaya d'exécuter des figures comme elle l'avait fait,mais seule cette fois. C'était bien plus facile à la faveur de la Lune, cependant cela restait ardu et la jeune maîtresse ne fit pas durer l'exercice trop longtemps pour ne pas être complètement épuisée avant même le lever du jour.
Lorsque la lune se couchait finalement,elle s'assit pour réfléchir à nouveau aux possibilités envisageables pour sa représentation:

On a déjà quelque chose, mais ce n'est pas suffisant... Que faire d'autre?

Elle jeta un regard en coin à Kaleena puis se ravisa:

Non n'y pense même pas, elle t'a demandé de le faire seule et tu vas t'en sortir haut la main!

Elle essaya de se concentrer mais son regard se perdit vite dans la lente descente de Séléné qui cédait ses derniers instants à l'apparition du soleil. Ses pensées se mirent à vagabonder et elle repensa à ses premières leçons:

-Pour maîtriser l'eau vous devez d'abord comprendre comment elle fonctionne. Cet élément sublime et limpide est aussi versatile. L'eau s'adapte, sans cesse, changeant de forme,de physique,d'état. C'est l'élément du changement. Quoi qu'il arrive, on peut en faire quelque chose, quelle que soit la situation, quelle que soit notre envie, pour peu qu'on en ait les capacités.

Elle avait retenu ça comme une leçon de vie et s'efforçait de s'adapter, ce qu'elle avait bien été obligée de faire toute son existence. En vérité, ce premier cours lui avait été plus qu'utile jusque là. C'est comme ça qu'elle avait pu assumer la disparition de son père tout ce temps finalement.

L'élément du changement,hein...

Elle se lève alors, comme la dernière fois, une idée en tête. Elle amène à elle une boule aqueuse d'un des bassins de la place et commence simplement à lui donner différentes formes, puis elle la gèle, la vaporise,et la gèle à nouveau.
Pendant qu'elle se démène pour trouver quelque chose d'original,les trois acolytes arrivent et commencent leur échauffement, sans même que la maîtresse le remarque. À la fin même de ce dernier Magena relâche sa concentration et l'eau tombe par terre.

-Raaaaaaah! Je n'y arrive pas!

Puis elle se rend compte de la présence de ses trois aides, ainsi que de la disparition de la grande maîtresse.

-Ah! Bonjour! Désolée pour ça... Enfin c'est juste que j'ai beau me creuser la tête je n'arrive pas à trouver quoi que ce soit pour la représentation.

L'un des élèves prit la parole

-Ne vous inquiétez pas. Nous avons réfléchi aussi de notre côté et n'avons encore rien trouvé. Ce n'est pas aisé de créer quelque chose d'original avec la pression que cela apporte de se présenter devant le fils du chef!

Magena sourit brièvement puis reprit

-Bien! Alors entraînons nous déjà au numéro d'hier. Si on a pas d'idées autant avancer autrement! On aura peut être une épiphanie ce faisant.

Et ils se mirent à quatre, sculptant le même volatile que la dernière fois, la facilité pour animer l'hirondelle était déconcertante lorsqu'ils maîtrisaient ensemble. Ils décidèrent alors d'un commun accord de la faire plus massive,elle atteignait à présent plus de quatre fois sa taille, et ils recommencèrent à la mouvoir dans les airs. C'était bien plus dur, mais pas aussi éreintant que la première fois.

Soudain, un des élèves s'arrête net dans son élan,il se tourne vers les autres qui achèvent en catastrophe le numéro, l'effort étant subitement décuplé,et le regardent alors surpris et un peu irrités par son brusque changement d'attitude.

-Ça y est j'ai trouvé quelque chose! s’enthousiasma-t-il -Regardez bien, ce n'est peut être pas clinquant comme hier mais ça peut être bon. Cependant, il faudrait que vous exécutiez notre premier numéro pendant que j'agis.

Les trois maîtres refont alors voler l'hirondelle, lui faisant continuer son ballet aérien, souple et rapide.
Celui ayant eu l'idée, confectionne des boules d'eau qu'il gèle instantanément pour ensuite les projeter en l'air avant de les faire exploser dans des gerbes de liquide autour de l'oiseau, cascades de larmes divines à la brillance du diamant. En effet, le soleil se reflétant dans les gouttes éparpillées donnait aux éclats un air de feu d'artifice en l'honneur de l'envol de la sculpture.
Le disciple a une expression de surprise en voyant ensuite l'eau s'évaporer et se condenser rapidement en petits nuages,créant un ciel artificiel dans lequel vole l'hirondelle. En tournant la tête vers ses trois compagnons,il voit Magena lui faire un clin d'oeil espiègle.
Un ciel né dans une magnifique explosion scintillante.

Ils s'arrêtèrent alors et prirent une pause bien méritée. Magena entreprit de féliciter l'ingénieux élève

-Excellente idée! C'est simple, c'est beau, c'est bon! On a une nouvelle partie à notre spectacle donc. Mais c'est loin d'être fini. L'hirondelle est pour l'instant véritablement la partie la plus complexe. Il faut que l'on s'entraîne un maximum à la contrôler, que ça devienne aussi simple que de maîtriser une flaque d'eau!

-Oui Magena! répondirent les compères en chœur.

Bon, ça ne sera jamais aussi facile que cela, mais il faut qu'on soit le plus à l'aise possible avec ça!

Les trois aides sourirent,une détermination nouvelle dans leur regard. Et se relevèrent bien vite pour recommencer à maîtriser. Cependant Magena les arrêta rapidement :

-Attendez, j'ai une autre idée en tête. Générer simplement l'hirondelle dès le départ manquerait de panache. Il faut qu'on l'introduise dans le courant du numéro, que ça soit fluide. Alors suivez moi et faites ce que je vais vous dire.

Elle prit un large filet d'eau et les trois autres maîtres firent de même. Elle en désigna alors deux successivement en expliquant :

-Toi, tu vas me faire de la glace, mais je veux qu'elle soit aussi souple et malléable que de l'eau liquide. Et toi,tu vas me suivre avec de la brume, je veux qu'il soit épais pour être visible, mais qu'il adopte la même forme que mon filet d'eau. Donc maintiens le en une ligne assez dense.

Ils s'exécutèrent puis Magena commença donc à maîtriser l'eau qu'elle maintenait près d'elle. Elle lui faisait simplement décrire des figures de base que les autres suivaient sans poser de questions.
Puis elle demanda à celui qui maîtrisait de l'eau de fusionner leur deux filets qui en formèrent simplement un plus gros puis ils maîtrisèrent à nouveau ensemble faisant danser eau, glace, et brume entre elles, telles de gracieuses ballerines changeantes.
Sur l'ordre de Magena, glace et vapeur se mirent à tournoyer en spirale autour du filet aqueux qui continuait de se mouvoir rapidement, limpide. Enfin, celles-ci commencèrent à se mêler au liquide petit à petit, changeant d'état, dans le but de constituer à terme une seule et même lance aqueuse, et la maîtresse envoya:

-Maintenant! On forme l'hirondelle dans le même mouvement!

Les trois états de l'élément se réunirent progressivement tandis que l'altier volatile se formait. Les quatre maîtres suaient, ahanaient, sentant la fatigue peser sur eux durant cet effort accumulé avec ceux du reste de la matinée. Enfin,l'oiseau était formé et commença de voler, ses créateurs s'efforçant de le contrôler. Après quelques minutes ils finirent par désintégrer leur création et s'affalèrent à nouveau, fourbus mais satisfaits.

On a enfin quelque chose de consistant! jubila Magena.

-Magnifique! C'était superbe! Avec l'idée de tout à l'heure,le rendu sera excellent! s'écria un des élèves.

-Certes,mais vu le mal qu'on à eu pour faire ça il va falloir pratiquer au moins toute la journée pour s'en sortir. répondit-elle. Puis elle nota la position du soleil dans le ciel et l'appel de son estomac lui donna confirmation

-Cependant, il est déjà midi, allons manger quelque chose avant de nous y remettre. On maîtrise mal le ventre vide!

Ils allèrent donc manger un morceau rapidement puis se remirent sans attendre au travail.
Magena proposa à deux des élèves de refaire le dernier numéro avec elle et de maîtriser l'oiseau pendant que le dernier préparerait les explosions destinées à former les nuages.

Leur chorégraphie recommença, reprenant les trois idées dans l'ordre. Alors que l'oiseau entame les figure les plus compliquées,celui-ci se divise, donne naissance à un deuxième volatile, le quatrième maître se joignant aux autres. Les deux créations continuent de se tourner autour quelques minutes dans une parade ponctuée par les mouvements des quatre artistes et le son des battements d'ailes liquides.

Magena et ses trois aides s'entraînèrent le restant de la journée à parfaire ce morceau de leur spectacle, en ajoutant de nouveaux mouvements aux différents traits de l'élément,en planifiant ceux du duo aérien, en programmant l'endroit et le moment des explosions. La nuit tomba doucement. Magena s'adressa donc au trio :

Bon, il est tard et on a quasiment tout pour le spectacle. Demain,on reprend tout, on perfectionne et on finalise! On devrait pourvoir être prêts pour le jour fatidique. Reposez-vous bien vous en aurez besoin!

Les trois apprentis la saluèrent donc et partirent se reposer. Magena, elle, resta quelques temps sur la place, assise et pensive, réfléchissant à ce qu'elle avait pour son show.

Il nous manque tout de même un final... Il faut absolument trouver un final! Bon jusque là on a fait la plupart des états. L'eau liquide, la glace, la vapeur, même les nuages. Il en reste encore un que l'on pourrait mettre en scène,mais comment? Bah, je ne trouverai rien comme ça à tourner en rond. Mon esprit se ferme à force de bloquer là dessus, mieux vaut que je parte me reposer. La nuit porte conseil.

Elle repartit enfin chez elle,remettant cela à plus tard,simplement contente de sa journée et de retrouver sa jumelle adorée dans peu de temps.

Le lendemain, Magena se leva à nouveau aux dernières heures de la nuit et s'échauffa seule cette fois face à la Lune.
Les apprentis arrivèrent plus tôt qu'hier et ils purent se mettre au travail assez vite.
Au fur et à mesure que la journée avançait, ils réglaient chaque détail qui ne convenait pas, une figure un peu hésitante,une explosion dans un timing inapproprié, tout cela devait être supprimé pour demain. Cependant la journée avançait,et le soleil allait bientôt se coucher. Magena restait soucieuse et irritée.

Je n'ai toujours pas mon final... Rah! Comment vais-je bien pouvoir faire? Il ne me reste que peu de temps...

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Pendant que les trois autres maîtres s'exerçaient,elle prit une pause et s'adossa contre une colonne. Elle soupira, lasse. Ses cheveux légèrement poussés par la douce brise crépusculaire prenaient une teinte chocolatée au soleil. Le contact froid de la glace contre son dos ne la fit pas frissonner. Elle regarda d'un œil contemplatif celui qui devait faire exploser ses sphères de glace dans le ciel. Les gerbes d'eau prenaient une jolie teinte ambrée dans la lumière du couchant. Lors de l'explosion, en un microscopique intervalle de temps, l'eau se dispersait dans toutes les directions. C'est alors qu'une idée lui vint.

Un choc violent,une fraction de seconde, c'est tout ce dont j'ai besoin! Le timing doit être parfait,mais si je réussis...

Elle se leva alors, ses yeux bleu lagon illuminés d'une lueur d'excitation, et dit à ses équipiers :

Allez on reprend tout depuis le début, une dernière fois pour être fin prêts! J'ai enfin trouvé comment finir en beauté, alors suivez moi quand vous verrez ce que j'essaye de faire!

Elle se mit en position, les élèves derrière elle,en formation,et le spectacle commença.

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Magena et les deux autres maîtres commencent à sortir l'eau des bacs et à réunir ses trois états principaux. Le trio de lances s'élance, chacune indépendante dans ses mouvements réalisant un contraste saisissant, puis elles se coordonnent pour danser ensemble dans une continuité parfaite, forment tantôt un anneau triparti,tantôt un seul et même jet. À nouveau elles se rejoignent en une spirale, se réunissent et fusionnent pour dessiner l'énorme hirondelle d'eau d'un seul et même élan qui étend ses ailes vivement et s'envole en un instant.
Au même moment, d'éblouissants éclatements dorés de glace et d'eau détonent aux côtés de l'oiseau, formant ses nuages et son ciel, tandis qu'il commence à voler en cercles. Puis celui-ci commence à partir en piqué et enchaîne vrilles,freinages, remontées rapides, et loopings dans une majesté impressionnante. Puis il se fractionne en deux entités qui se séparent chacune de leur côté, vives et fugaces, se déplaçant en miroir avant de revenir voler l'une près de l'autre dans un sensationnel duo, encore plus splendides, toujours plus véloces. Soudain, Magena commence à rapprocher les nuages lentement, aussitôt les autres maîtres l'aident dans son action, au dernier moment,les hirondelles se percutent de front et Magena pousse sèchement une exclamation pour marquer son effort :

-Ha!!.

Le tout éclata d'un coup.

En un instant, toute l'eau devint neige et tomba doucement avec volupté autour du groupe. Cela donna à la scène un aspect surréaliste, dans le crépuscule un décor féérique était apparu. Il était éphémère mais resplendissant de beauté.

Magena prit une forte inspiration,sourit à pleine dents et tourna sa tête vers le ciel, où les derniers rayons du soleil se perdaient dans le restant de flocons chutant tranquillement.

-J'ai réussi. murmura-t-elle pour elle-même.

L'endroit était plus silencieux lui paraissait-il. Elle goûta un petit moment au calme qui l'entourait, puis se tourna vers ses équipiers qui eux aussi souriaient, comblés de l'accomplissement de leur spectacle.

-Excellent! Demain on fait comme ça et on n'aura pas à rougir devant le prince!

Les disciples accueillirent le compliment avec des exclamations joyeuses et se congratulèrent mutuellement.

Magena salua les élèves et décida de repartir chez elle pour raconter tout ça à sa soeur.

Jusqu'à ce soir, jamais l'eau ne m'avait paru aussi belle.

[Ermite des vagues]

Précédemment

Enfin, fils de feu et fils de l'eau parviennent à la maison de guérison. Loin d'être calme, l'endroit semble sur le pied de guerre, les guérisseurs ayant reçu l'ordre de se tenir prêt à toute éventualité. Non à cause du fils du feu blessé, mais des possibles conséquences de l'enlèvement de la princesse. La tension est dès lors assez palpable. L'inquiétude puis le soulagement avaient d'ailleurs pû se lire sur le visage des guérisseurs lorsqu'ils virent entrer tant de monde dans leur sanctuaire habituellement si paisible.

Le maître de ces lieux, une femme d'une quarantaine d'année s'avance vers les nouveaux arrivants, et les salut avec respect.

-Déposez-le ici, fit-elle, en désignant d'une main un lit situé dans une alcôve un peu à l'écart.

Résistant à l'envie de leur demander le pourquoi du comment des blessures de l'homme, elle l'examine avec beaucoup plus d'attention que ne l'avait fait la jeune soldate :

-Il est faible et a perdu beaucoup de sang. Je vais faire mon possible pour le soigner, mais il est peut-être trop tard...

Oui, même puissante, la maîtrise de l'eau ne peut être responsable de miracle. Elle demande alors à avoir un peu plus de calme et d'espace pour pouvoir au mieux le soigner.

-Tout va de travers ce soir vraiment !, peste t-elle pour elle même.

[Conseiller du Feu]

*Trop préoccupé pour relever l'allusion de la femme en face de lui, l'homme se contente de renvoyer la plus grande partie de l'escorte vers le navire. Seuls restent deux gardes devant la porte, et lui même à coté de Menshi Fei.*

Faites tout votre possible, c'est tout ce que je... non, tout ce que la Nation du Feu vous demande.

*S'installant au chevet du messager, il attend que le traitement fasse son effet... S'il doit en avoir un. Mais au cas où le blessé reprendrait conscience, ne serait-ce que quelques secondes, il est de son devoir d'être présent.*

[Ermite des vagues]

Voyant une grande partie de l'escorte quitter les lieux, la guérisseuse pousse un léger soupir de soulagement. Au moins une chose de moins à gérer. Et alors qu'elle ôte une partie des vêtements humides de sang du blessé, pour mieux nettoyer ses diverses plaies, avant de commencer à proprement parler les soins, elle n'hésite plus cette fois :

-Puis-je au moins savoir qui est cet homme ?, demande t-elle, concentrée sur sa tâche.

Si elle nettoie avec attention la blessure à l'épaule et la coupure au bras, elle semble soucieuse face au flot de sang qui s'écoule encore de l'abdomen du pauvre homme. Ce dernier est encore plus pâle que lorsqu'il était entré. Et elle regarde l'eau dans la bassine près d'elle, avant de s'en détourner.

-Ça ne suffira pas...pas avec cette hémoragie, fait-elle plus pour elle même que pour l'homme assit près du blessé.

Elle cherche alors quelque chose dans sa poche, et en sort une petite fiole contenant de l'eau. Mais pas n'importe laquelle.

-Voyons si les esprits seront cléments, déclare t-elle tout en ouvrant la fiole. Avec sa maîtrise, elle crée un filet d'eau qui se dépose sur ses mains, bientôt entourées d'un halo bleuté. Elle les pose sur l'abdomen du blessé, et ferme ses yeux. Sa concentration est telle, qu'aucun bruit ne la dérange. Même pas l'arrivée d'un garde royal requérant un guérisseur pour le palais. Ni même la rumeur, après le départ dudit garde, que le kidnappeur se serait réfugié au temple.

Le front de la guérisseuse se fronce et quelques gouttes de sueurs perlent dessus. Peu à peu, alors que le chi d'Ama Sikut se répand dans le corps inerte du blessé, et qu'elle s'échine à réparer les dégâts, le flot de sang se tarit peu à peu, et finalement les bords de la plaie se referment. Même avec l'aide de l'eau sacrée, sa tâche n'avait pas été aisée. Et lorsqu'elle rouvre ses yeux, ces derniers sont couverts par un léger voile de fatigue. Mais sans un mot, et toujours aussi calmement, et déconnectée de la réalité, elle s'occupe des autres blessures. Quand enfin, elle en termine, et qu'elle couvre l'homme d'épaisses peaux bien chaudes, plusieurs dizaines de minutes se sont écoulées. Et elle brise enfin le silence qu'elle s'était imposée durant les soins :

-Il n'y a plus qu'à attendre qu'il se réveille maintenant...Il semble fort, ça devrait aller, fait-elle, tant pour rassurer le fils du feu qu'elle même. Parce que même si elle avait fait son maximum pour sauver cet homme, ce dernier avait perdu beaucoup de sang.

Une apprentie guérisseuse, qui semblait avoir suivi les opérations de loin, s'approche alors, portant un plateau qu'elle dépose sur une petite table. Sur ce plateau, une théière fumante, deux tasses, et quelques biscuits secs.

-Une tasse de thé, pour vous réchauffer ? , propose t-elle au fils du feu, joignant à ses paroles un sourire bienveillant.

[Conseiller du Feu]

*Les minutes, puis les heures passent sans que la situation ne semble s'améliorer. Au contraire, même, si l'on tient compte du soldat essoufflé venu informer l'officier de la tentative d'évasion des deux suspects, puis de leur transfert dans une cellule des tribus. Ne pouvant pas quitter son poste, l'homme se contente de rédiger un bref courrier à destination de sa hiérarchie, de distribuer quelques consignes, avant de retourner au chevet de Menshi Fei.

Ce dernier ne semble toujours pas vouloir se réveiller alors que le soleil monte au dans le ciel, puis recommence sa descente. Quand soudain...*

Aaah...

*Se redressant d'un bond, le soldat se penche vers l'homme allongé.*

Ne bougez pas, les guérisseurs des Tribus s'occupent de tout...

*Menshi Fei secoue alors la tête, un air résigné sur le visage. Relevant difficilement son bras, il pose la main sur une poche sur sa poitrine.*

Le... mess...

Ne parlez pas, préservez vos forces !

*N'osant pas quitter son supérieur des yeux, l'homme ne s'intéresse plus à ce qui se passe autour de lui. Des membres des Tribus se sont-ils approchés pour faire leur office ? Il serait bien incapable de le dire. Cédant à la demande du mourant, il glisse sa main dans la poche... Pour en ressortir une enveloppe cachetée, légèrement tachetée de sang.*

Mess...

*Usant de ses dernières forces, Menshi Fei referme les doigts de l'officier sur le précieux document.*

Vous vous en occuperez vous-même, monsieur...

*Mais voilà que la main sur la sienne semble soudain perdre toute consistance, alors que le bras qui la levait retombe mollement sur la couche. Quelques secondes passent ainsi, sans que personne ne bouge, puis le soldat prend une grande inspiration, se redresse et se retourne, l'air grave.*

Je dois m'entretenir avec Toruuk Hakan.