par Micky » Mer 27 Juin 2012 16:01
* Une bribe après l'autre. L’impression fugace de mettre le doigt sur quelque chose d'important, quelque chose qui lui manquait. Comme si ce vide n'avait pas eut besoin d'être comblé dans le calme, comme il avait refusé d'exister pendant toute l'accalmie. Qu'a présent qu'il n'y avait plus rien a guérir, il fallait avancer.
Le regard profondément soucieux, parfaitement conscient du miracle qu'il lui faudrait accomplir. Draven marchait d'un bon pas sur les chemins de la capitale. La foret du nord n'étant pas très peuplés, il avait mis plusieurs jours a desceller des traces de villages qu'il avait bien évidemment évité. Si l'ombre de se cellule mourrait a l'ouest. Son visage lui devait demeurer encore connu, et a défaut, son nom. Plutôt que d'avoir a expliquer pourquoi il n'avait pas d'identité propre a justifier, il lui fallait en chercher une.
C'était osé oui, se jeter dans la gueule du loup. Mais le départ de ses compagnons l'avait mis au supplice. Il lui renvoyait son propre aveuglement en pleine face et la déception d'avoir cru qu'il avait retrouvé enfin le statut d'homme libre. Mais tant qu'une menace pesait sur son dos, tant que l'épée de Damoclès oscillait doucement, rien ne pourrait redevenir tangible.
Un prisonnier qui ne possède pas de rêves se fait vite briser, sans ce je ne sais quoi auquel se raccrocher, les fondations d'un esprit fort s'effondraient les unes après les autres. Bien que dans son cas, ce fut un principe auquel il s'était raccroché, Draven avait survécu par miracle. Lacéré émotionnellement et physiquement, il continuait de faire son deuil de sa vie passée comme une page tachée a tourner avec dédain sans s'y attarder, car il aurait tôt fait d'y revenir. Si il fallait donner sens a ce combat, il fallait le faire de la forme la plus naturelle et la plus respectée possible.
C'est dans cette optique qu'il avait décidé de rejoindre la capitale au plus vite, de foncer avant que les prémisses de la peur d'être pris a nouveau ne fassent obstacles a ses résolutions, quoi que... c'était bien trop fort et bien trop vrai pour être remis en cause par quoi que ce soit. Il s'était rarement reposé, n'avait jamais pris le risque de faire un feu ou de ne se reposer plus de quelques heures et ce principalement la journée, les maigres provisions qu'il avait embarqué correspondaient exactement a ce qu'il lui fallait pour rallier le centre névralgique du pays.
Après s'être entrainé pendant les derniers 18 mois a se déplacer discrètement dans la forêt, a éviter toute vie humaine, ce voyage lui aurait presque paru trop simple.Trop simple avant d'atteindre un matin les abords de la capitale. Tapis sous la frondaison a la limite d'une route large et pavés, Draven avait enterré son sac, son arme, et ses quelques effets, ne gardant que le médaillon qui ne quittait jamais son cou et ses habits, il s'était tapis, observant en silence le vas et viens des chariots de marchands, des bergers et des soldats. L'activité fourmillante sur ce tronçon était le goulet d'étranglement qui lui permettrait aussi facilement de passer que d'être repéré. Bien qu'avec le temps, il doutait que chacun connaisse encore par cœur la forme de son visage, petit évadé du prison de l'Ouest. Il ne fallait en aucun cas que les gardes ne l'interceptent avant les portes, avant que la foule ne puisse le protéger.
Avisant deux hommes qui encadraient un troupeau de moutons a la tête et a l'arrière, il sortit d'un bon pas, le dos droit en renouant sa ceinture, mimant ainsi son retour de l'assouvissement d'une envie pressante. Équipé d'un bâton de marche taillé grossièrement et habillé de sa tenue de paysans crotté par la longue randonnée, il n'avait pour ainsi dire, rien qui puisse le distinguer d'un paysan du coin. A mi hauteur du troupeau coté plaine, il furetait, lâchant quelques claquements de langues discrets dans le but de tromper un quelconque observateur si observateur il y avait. A cette heure de la journée, beaucoup de gens marchait simplement le long des chariots, si bien que même ses deux complices inconscients n'auraient put le suspecter de n'être autre chose qu'un badaud sans histoire.
La distance le séparant de la ville se passa sans problème. Bien que les patrouilles se soient densifiées et que l’œil des gardien de la capitale se fussent plus acéré a mesure qu'ils s'approchaient des murs d'enceintes. Ce ne fut qu'a quelques mètres de l'échéance que Draven nota mentalement l'accélération subite de son rythme cardiaque. La vue des gardes contrôlant le moindre visiteur lui donna alors l’énergie nécessaire pour se séparer de son groupe animal devenu quasi immobile a présent par la présence de la cohue de voyageurs.
Il perça la foule doucement, sans montrer l'agitation qu'il sentait poindre, entraperçu la file de ceux qui se dirigeaient ensuite vers les bureau d'enregistrement et se campa les jambes bien droite a deux bons mètres de distance de la paire de garde et du responsable administratif que le lot d'acceptés venait de libérer, lentement il ouvrit sa chemise, présentant le tatouage qu'il portait sur le cœur, la marque de ceux qui était passés par la prison, le cachet qui donnerait toute crédibilité a ses mots. Il sentit leurs regards se durcirent a la vue de son attitude et sans leur laisser le temps de réagir se mit a parler, d'une voix forte, d'une voix qui prenait chacun ici a témoin. Ces mots il les avaient choisis soigneusement, alors il les laissa couler bien plus facilement qu'il ne l'aurait cru. Son regard gris, perçant l'incompréhension des deux guerriers qui lui faisait face. Cherchant intelligence de celui qui notait soigneusement chaque passage autorisé, triant l'accès ou non a la capitale*
Je me nomme Draven Nox. Je suis un détenu évadé depuis quelques années d'un centre de détention de l'ouest. J'ai payé mes crimes, j'ai fais mon temps, mais le jugement obscur de mes geôliers a fait doubler ma peine. J'ai été torturé sans la moindre explication, j'ai été malmené plus que quiconque ici ne saurait imaginer. Je viens demander des comptes a la justice, je viens dénoncer les raisons qui m'ont poussé a fuir pour survivre quand elle aurait dut me libérer, je viens exiger mon droit premier qui est celui de la citoyenneté, retrouver mon identité et ma liberté.
*La foule s'était tus dés les premiers mots. Un prisonnier qu'il soit dangereux ou non ne défiait pas les autorités de plein droit tous les jours. Une tension palpable s'était installée. Draven n'avait pas bougé, présentant sa fierté comme seule défense, sans aucune trace d'animosité. Immobile, il se livrait a nouveau a la justice des hommes, il se rendait a eux, seuls maitres et dirigeant de sa vie. Et derrière cette présentation réelle, derrière cette abnégation qu'il affichait se cachait la possible idée que fuir deviendrait peut être une option. Mais la longue route qui le séparait de la forêt était peuplée de patrouilles, et ce n'aurait été que se discréditer plus avant. Alors il attendit, sans frémir, la justice des hommes.*