[TA] La Forêt des Murmures

[Yue]

*Meïlin avait perdu son regard et ses pensées dans la contemplation des arbres. Pas très longtemps, en fait, car une personne passa en trombe devant elle, sans l'apercevoir.*

Qu'est-ce que...

*Elle le suivit du regard, puis haussa les épaules. Ce n'était pas le premier à ressortir ainsi de la forêt. On disait que certains ne supportaient pas l'ambiance parfois oppressante des lieux. Mais à peine s'était-elle faite cette réflexion qu'une autre personne passa en coup de vent. Mais dans l'autre sens.

... Ah ! Non, en fait, c'était le même. Meïlin savait qu'elle avait tendance à passer inaperçue - plus par choix -, mais là, quand même ! Qu'est-ce qu'il se passait là-dedans pour qu'il se précipita à ce point...
Elle lança un regard à la maison de l'herboriste, qu'elle était venue voir à la base. De toute manière, si elle était partie dans les bois, elle ne la verra pas ressortir de si tôt.

Elle fit quelques pas dans la forêt. Sa curiosité avait été fortement attisée, là, pour le coup. D'autant plus attisée quand elle crut reconnaître, parmi les trilles des oiseaux, le bruissement des feuilles et les cris des lémuriens, un son bien particulier qui chatouilla fortement ses oreilles. Instinctivement, elle se mit en marche, sans réfléchir, se laissant guider par la mélodie de la flûte. S'enfonçant dans la pénombre des dernières heures du jour, elle suivit le chemin, sans plus se préoccuper du fait qu'elle se rendait dans les profondeurs de la forêt. Le son de la flûte fut rejoint bientôt par le plissement harmonieux des cordes, créant une symphonie sonore à nulle autre pareille.

Au cours du voyage, elle porta sa main dans la sacoche qui ne la quittait jamais. Ses doigts cherchaient inconsciemment quelque chose de bien particulier, dans le fouillis sans nom qui caractérisait son sac de toile. Elle sentit le contact lisse des tuyaux de bambous, et agrippa sa prise. Mais elle la sortit pas encore, même quand elle arriva en vue du théâtre où se trouvaient les musiciens sylvestres. Elle s'arrêta, même, à quelques mètres du duo. Surtout que la jeune fille aux vêtements étranges s'était relancée dans un récital, d'une beauté presque brute, usant des courants d'air comme autant de souffles pour sa mélodie. Briser l'harmonie musicale du moment lui semblait inutile. Elle se contenta d'écouter, caressant machinalement les bambous de son instrument.*

[Asgard]

*Stupeur. Surprise. Stupéfaction. Les mots ne manquaient pas pour décrire l'état dans lequel se trouvait Hài. Certes, le moine avait identifié la jeune femme, si douée à la flûte, comme une des Nomades de l'Air, mais jamais il ne se serait douté qu'une apparence aussi sauvage puisse cacher une maîtrise et une virtuosité d'une telle ampleur. Aucun tatouage n'ornait le corps de la jeune fille, et pourtant, ce qu'elle venait de faire était tout simplement ahurissant. Jamais Hài n'avait vu un moine, aussi doué soit-il, faire l'usage de sa maîtrise pour produire un tel son. La complexité du mouvement, son exécution, et l'effet qu'il produisait dépassait tout simplement l'entendement.

Néanmoins, la jeune fille ne semblait pas être aussi à l'aise avec un instrument aussi simple que ses cordes vocales. La voir lutter pour articuler son propre nom, Yann, déchira le coeur d'Hài.*

Une fleur sauvage. J'ai trouvé une fleur sauvage...

-Bonjour ! Je suis enchanté de...

*Hài s'interrompit devant l'incompréhension flagrante de son interlocutrice. Celle-ci avait hoché la tête, et semblait à présent méfiante. Hài hésita un instant. Il savait qu'une simple fausse note pourrait ruiner cet instant magique où la nature et les hommes vibraient à l'unisson, portés par les trilles et les gruppetti. Pourtant, il se devait de répondre à son interlocutrice. C'était la moindre des politesses. A nouveau, il s'assit et posa le guzheng sur ses genoux.*

[mp3]http://www.jiangnan-cithare.fr/MP3/Zhantaifeng.mp3[/mp3]

*Il avait mis toute son énergie et sa passion dans ces notes, et se releva, presque essoufflé. Alors seulement, il posa l'index sur son propre torse et déclara : *

-Hài... Hài Xi Feng.

*Un bruissement de feuilles se fit entendre derrière eux. Hài fit volte face, prêt à frapper... Deux personnes se tenaient là. Le moine reconnut l'une d'entre elles immédiatement : il s'agissait du malheureux musicien terrifié à la vue de sa cithare, tenue telle un gourdin par un moine particulièrement nerveux... Hài s'inclina immédiatement et lui présenta ses plus plates excuses, avant de rendre son gagne-pain au pauvre homme, lequel s'enfuit à toute jambes sans demander son reste. La seconde personne en revanche...*

[Les4éléments]

Yann écouta les notes du moine avec engouement. Celui-ci finit par donner son nom, à son tour.

-Hài... Hài Xi Feng.

Le nom était bien trop compliqué pour la jeune femme qui se contenta de tirer sur la barbe du moine en rigolant.

- Xi. Xixi, xi ! répétait-elle en s'amusant. C'était déjà ça, une syllabe sur trois, pour quelqu'un qui ne parle pas. Au moins était-elle capable de formuler des mots.

Sans prévenir, alors que le moine semblait avoir le regard vie, comme perdu dans ses pensées, elle se contenta de s'accrocher comme une sangsue à sa jambe gauche, et rien ne lui ferait s'en détacher. Tout contente de son petit jeu, elle sourit l'air bête.

[Yue]

*Et alors que les évènements s'enchaînaient - la musique, les instruments qui volent, la venue en coup de vent du propriétaire de l'instrument, les présentations - Meïlin, elle, n'avait pas encore bougé. Enfin, si. Quelques pas, tout au plus. La contemplation plutôt que l'action ? Pour le moment, oui.

Mais alors que le dialogue ... ou en tout cas le contact s'ouvrait entre la jeune fille à la flûte et le joueur de cithare, quelques notes retentirent dans l'air. Meïlin avait fermé les yeux, et porté sa flûte de pan aux lèvres en s'approchant. Dans cet instant, elle ne voyait pas de meilleur moyen de se présenter et signaler sa présence. Dans ces quelques notes et la douce mélodie qui suivit, on trouvait surtout des sons graves, calmes, et harmonieux, qui contrastait avec quelques tons enjoués, une pointe de folie dans l'aigu qui pimentait la gamme fluide de la musique.

Est-ce que cette mélodie la définissait ? Peut-être. C'était ce qu'elle avait tenté de faire, en tout cas. C'était la première fois qu'elle se présentait en musique. L'exercice était intéressant.

Quand elle rouvrit les yeux, un drôle de spectacle se dressait devant elle. La jeune fille s'était soudain enthousiasmée... et manifesta ce sentiment en s'accrochant furieusement à la jambe gauche du musicien. Meïlin baissa son instrument, et ne put réprimer une certaine émotion. Emotion était peut-être un mot fort. Mais cette scène lui rappela avec une pointe d'amusement... et de mélancolie une situation assez similaire, une quinzaine d'années auparavant. Celle d'une petite fille de quatre ans, s'accrochant frénétiquement à la première jambe qu'elle croisa à son arrivée au Temple Austral. Bon, là, la jeune fille n'avait pas quatre ans. Quoique. Il y avait dans son attitude quelque chose dans ce goût-là.

Et, alors qu'elle fixait la scène avec un peu d'étonnement, elle chercha le regard du moine. Elle secoua la tête, comme pour chasser définitivement les dernières bribes de souvenirs qui affluaient en elle.*

- J'ai pensé qu'une entrée en musique était la plus... adaptée. Je suis désolée de vous avoir suivi, mais la musique...

*Elle laissa sa phrase en suspend. Elle se contenta de sourire, et de hausser légèrement les épaules. Pas encore de mots pour décrire la symphonie.*

- Meïlin. Enfin... C'est comme cela que j'écrirais mon prénom en notes et tons, si c'était possible.

*Elle sourit à nouveau. Elle reporta son attention sur la jeune femme, qui semblait vouloir rester définitivement accrochée à la jambe du moine. Son attitude et son apparence l'intriguait. Elle hésita, puis demanda.*

- ... Elle fait ça souvent, votre amie ?

[Asgard]

*Hài se tenait là, le regard perdu dans le vide. Son esprit s'était envolé au loin, porté par les notes suaves qui s'étaient échappées des lèvres de la nouvelle flûtiste.*

- ... Elle fait ça souvent, votre amie ?

-Hein ? Quoi ? Heu...

*Ces quelques mots lm'avaient tiré de sa torpeur. Alors seulement, il s'aperçut de la présence de la jeune fille qui enlaçait sa jambe. Cela le fit tout d'abord sourire. Il tenta d'abord gentiment de la faire lâcher prise, mais celle-ci grogna et grinça des dents. Le moine tenta alors de se libérer de son entrave en agitant le pied de plus en plus fort. Rien à faire. La petite était plus tenace qu'un ours-ornithorynque. Il soupira, s'avouant vaincu.*

-Apparemment... Meïlin, c'est bien ça ? Je dois vous féliciter pour votre prestation. J'ai décidément beaucoup de chance d'être tombé sur deux musiciennes aussi talentueuses dans la même journée. Je me prénomme Hài, comme vous l'avez peut-être compris, mais tout le monde me surnomme "Le Professeur". Faites à votre guise.

*Hài jeta un oeil aux alentours. Avec toutes ces émotions, il avait oublié ce pourquoi il était venu à l'origine. Il voulut faire quelques pas vers Meïlin, mais sa jambe gauche lui sembla tout à coup plus lourde que d'ordinaire.*

-Ah oui, c'est vrai... Eh bien, mademoiselle Yann, auriez-vous l'extrême obligeance de bien vouloir me lâcher, afin que je puisse poursuivre ma route ?

*Pas de réponse...*

-J'oubliais. Essayons plutôt ceci : Toi-lâcher-moi-pour-que-moi-pouvoir-marcher !

*Le moine tentait maladroitement de mimer l'action pour illustrer ses propos, en vain. Las, il déclara à l'intention des deux demoiselles.*

-En fait, je me dirigeais vers la serre botanique, j'y ai une affaire importante à régler... Vous pouvez toujours m'accompagner si vous le souhaitez.

[Yue]

*Meïlin regardait l'interaction entre Yann et Hài avec étonnement, et une pointe d'amusement. Ils formaient un drôle de duo, au combien mal assorti, entre le flegme du moine et la fougue de la jeune fille. Et pourtant...*

#-Apparemment... Meïlin, c'est bien ça ? Je dois vous féliciter pour votre prestation. J'ai décidément beaucoup de chance d'être tombé sur deux musiciennes aussi talentueuses dans la même journée. Je me prénomme Hài, comme vous l'avez peut-être compris, mais tout le monde me surnomme "Le Professeur". Faites à votre guise.#

*Elle sourit aux qualificatifs, remerciant d'un signe de tête. Puis elle jeta un regard rêveur à Yann, qui ne semblait pas faire spécialement attention à elle, tout à son acharnement à s'accrocher à la jambe du Prof.*

- Simple amatrice par rapport à la jeune prodigue qui est accrochée à votre jambe. J'aimerais pouvoir faire ce qu'elle fait avec sa maîtrise de l'air et ses instruments...

#-En fait, je me dirigeais vers la serre botanique, j'y ai une affaire importante à régler... Vous pouvez toujours m'accompagner si vous le souhaitez.#

- La serre ? Vous y êtes passé devant en trombe, à l'aller. Vous venez voir Gran'Ma... je veux dire, l'herboriste ? C'est là que je me rendais, à la base, également. Je vous accompagne, elle doit être revenue, depuis tout à l'heure.

*Elle accompagna ses paroles d'un large geste de la main vers le chemin qui menait à l'orée des bois. De son autre main, elle rangea sa flûte de pan dans sa sacoche.

[Asgard]

-L'affaire est entendue. Allons-y.

*Hài s'inclina et tendit le bras.*

-Après vous, Meïlin.

*Quelques minutes plus tard, le trio arriva devant la serre. Le verre scintillait sous les rayons de soleil qui parvenaient à percer la canopée. Yann avait lâché la jambe du moine le temps du voyage, mais à présent qu'ils s'étaient arrêtés de nouveau, elle avait repris sa place. Hài tourna la tête vers Meïlin et acquiesça. Hormis la végétation luxuriante, le bâtiment semblait désert. Hài frappa néanmoins à quatre reprise sur la porte de verre. Pas de réponse. Sans mot dire, le moine décida d'attendre, et s'assit donc en tailleur devant le portail. Il lui fallait à tout prix obtenir ce qu'il était venu chercher. C'était capital. Malgré tout, le soleil déclinait de plus en plus rapidement, et la patience légendaire du moine fut mise à rude épreuve.*

[Esprit des Vents]

*Frapper à la porte vitrée de la serre s'avère inutile, pourtant la vieille n'est pas bien loin. Dans la bicoque attenante, le regard plongé dans les volutes de fumée qui s'élèvent de son chaudron, elle travaille à concocter une médecine fort délicate à réussir. Aussi, tandis qu'elle attend le moment où il lui faudra jeter dans le bouillon la précieuse plume obtenue dans l'après-midi, elle n'entend pas ses visiteurs frapper à la serre. Ce n'est donc qu'une bonne demi-heure plus tard, alors qu'elle profite du temps de repos nécessaire à la finalisation du médicament pour sortir abreuver ses plantes, qu'elle trouve deux nomades assis par terre devant chez elle. Elle pose son arrosoir et les regarde, les deux mains sur les hanches. Son regard croise celui de Meïlin.*

- Un peu tard pour faire bronzette devant ma serre, jeune fille... Enfin, tu m'as l'air d'être en charmante compagnie. Faites comme si je n'étais pas là. Promis, mes rosiers vont accaparer toute mon attention.

*Elle reprend son arrosoir et fait mine d'entrer dans la serre.*

[Rekin]

*Masao revenait de la bibliothèque où il peaufinait ses connaissances pour entamer un voyage*

/Hmmm... cette plante du pôle sud est vraiment... intrigante. Comment faire pour en extraire les propriétés ?/

*Il se dirige vers la serre en espérant que Gran'Ma pourrait l'éclaircir*

/Si Gran'ma ne peut pas m'aider, qui le pourra? De toute façon je doit coûte que coûte allé en prélever un échantillon, si rare soit-elle/

*Le jeune homme arrive devant la serre et voit deux Nomades assit devant. Il aperçoit l'herboriste s’apprêtant à rentrer, il connait la vieille dame et sais que ça n'est pas facile de lui parler quand elle a décidé de cocoter un remède, il décide de hâter le pas pour ne pas avoir à attendre qu'elle veuille bien discuter avec lui*

-Gran'Ma !

*Masao court et arrive à sa hauteur*

-Gran'Ma, s'il-vous plaît...

*Masao s'interrompt et se tourne vers les Nomades qui semblaient patienter depuis un bon moment. Il s'incline*

-Veuillez m'excuser, c'est important...

*Il rêvait de voyager depuis tellement longtemps... d'habitude très poli, il ne laisse même pas le temps aux Nomades de rétorquer et se tourne à nouveau vers l'herboriste*

-Gran'Ma, j'ai besoin de votre aide, j'ai toujours admiré votre connaissance et vous savez à quel point je vous suis reconnaissant, mais pourquoi ne m'avez-vous jamais parlé de cette plante qui pousse au pôle sud ? Je ne savais même pas que cela était possible qu'il y ait autre chose que de la neige et de la glace dans ce désert polaire ! Il paraît qu'elle libère l'esprit et procure un bien-être idéal pour la méditation. Je veux la trouver, expliquer moi comment faire pour la récolter sans l'abîmer, c'est tout ce que je veux savoir avant de m'en aller!

* Ça n'était vraiment pas dans ses habitudes d'être aussi enthousiaste. Masao, comme un enfant, attend une réponse les yeux grand ouvert et scintillant d'émerveillement. Peut-être qu'être élève lui allait mieux que d'être prof au final...*

[Esprit des Vents]

*Srichna secoue la tête en regardant le jeune professeur piailler comme un corbeau-lézard survitaminé.*

- Masao... Plus savant que bon nombre de tes aînés mais aussi mature que tes étudiants. " Libère l'esprit et procure un bien-être idéal pour la méditation "... Qu'est-ce que cela signifie, selon toi ? Tu pars à la recherche d'une opiacée, crâne de piaf ! Enfin, va te brûler les neurones si ça te chante. Tu m'en diras des nouvelles, tiens. Quoique personnellement...

*Elle renifle.*

- Je n'aime pas quand ces fichus pachydermes roses courent partout. Ça me déconcentre.

*... Un ange passe.*

- DONC ! Pour la cueillette. Rien de bien compliqué, il suffit de ne pas attaquer les racines. Par contre, le transport risque de ne pas être une partie de plaisir, car tu devras maintenir la plante au froid. Pardi, elle pousse sur un glaçon ! Maintenant, cher petit, si tu n'as pas d'autre question je m'en vais arroser mes roses.

*Elle ajoute à mi-voix, derrière sa main.*

- D'autant plus qu'il y a ici deux tourtereaux en manque d'un peu d'intimité !