La maison des Maîtrises de l'Eau

[CrazyFox]

Un blizzard arriva depuis l'océan et fouetta la ville pendant un court instant. Haut dans le ciel, les nuages furent balayer et le soleil acheva son ascension de sorte à pouvoir enfin baigner la place d'entraînement de ses rayons encore timides. Les façades des maisons s'illuminèrent de mille feux alors que les gravures se déployaient à l’œil des passants. Le jeu de l'astre sembla donner vie pour quelques secondes aux silhouettes de monstres marins, de navires et des vagues. Une illusion éphémère qui arracha un doux sourire mélancolique à Migina. Les yeux mi-clos, elle continua d'agripper le bord de sa capuche doublée de fourrure, préservant son visage du froid mordant qui plaquait ses lourds vêtements contre son corps svelte.

De sa place, elle pouvait voir la grande rue descendre d'étages en étages, d'escaliers majestueux en ponts entrecroisés jusqu'au bord de l'océan piqueté par les voiles blanches de quelques bateaux de pêcheurs. Depuis longtemps maintenant elle avait cessé d'aller jusqu'aux quais pour attendre l'arrivée de chaque vaisseau de transports. Chaque déception était plus difficile à supporter que la précédente et elle avait appris que pleurer chaque soir en silence ne ramènerait pas son père au foyer. Alors elle s'était détournée de sa vaine attente et se préoccupait désormais de sa sœur. Elle au moins, elle ne l’abandonnerait jamais. Un lien quasi fusionnel unissait les jumelles, et déjà Migina se sentait nerveuse en l'absence de sa moitié.

Son regard outremer quitta l'océan pour se reporter sur la place et elle su presque d'instinct où porter son attention. Là ! Une silhouette qu'elle reconnaîtrait parmi des centaines : une tignasse bouclée, un sourire éblouissant et une allure un brin débraillée. Magena se tenait près du jeune malchanceux et d'un geste emplit de grâce et de maîtrise, elle retirait l'eau de ses vêtements avant de courir en sa direction. Et alors que la guérisseuse voyait approcher sa soeur, un magnifique sourire ourla ses lèvres. Son cœur s'emplit d'amour et elle amorça un pas pour se rapprocher à son tour. Sa main commença à se lever pour attirer l'attention de sa jumelle lorsque...

Un appel à l'aide retentit. Une demande que la jeune femme ne pu ignorer. Le beau sourire de Migina disparu et elle tourna vivement la tête vers l'attroupement. Du haut de sa volée de marches, elle vit Kanda accroupit auprès d'un homme et la beauté que le soleil révélait sur les murs de la cité fit aussi ressortir l'éclat sinistre du sang. Écarquillant un peu des yeux, la guérisseuse agrippa le bas de sa robe pour la remonter sur ses chevilles et elle descendit quatre à quatre les escaliers.

- Poussez vous ! Laissez lui de l'air !

Sa voix, mélodieuse mais légèrement enrouée, s'éleva au dessus du brouhaha inquiet. Poussant des coudes, la jeune femme parvint auprès du blessé et elle se mit à genoux près de sa tête. Lançant à peine un regard à Kanda, elle se pencha vers le vieil homme et l'observa avec attention puis c'est avec une infinie prudence qu'elle lui tourna la tête de sorte à pouvoir inspecter sa blessure. Retirant sa lourde capuche, Migina posa une main sur l'avant de sa gourde pour pouvoir retirer du pouce le bouchon de liège. Son autre main se posa paume contre le goulot puis recula d'un geste souple et fluide, attirant à sa suite un long serpentin d'eau limpide.

Apposant ses deux mains l'une contre l'autre, le liquide les entoura aussitôt comme des gants et il se mit à onduler de plus en plus vite jusqu'à former une pellicule frémissante qui s'auréola d'un bleu irréel. Les sourcils délicatement froncés, la guérisseuse sépara ses mains et posa l'une d'elle sur la blessure alors que l'autre se posait sur le torse du vieille homme. L'intensité de l'eau augmenta alors qu'un massage simultané était effectué sur les deux poings visé. L'un pour une aide respiratoire et l'autre pour refermer la blessure et enlever la pression sanguine appuyant contre le cerveau du vieil homme.

- Il va falloir le porter en douceur jusqu'à la Maison des Guérisseurs. Il a besoin de calme et de repos...

Elle leva les yeux sur Kanda puis regarda brièvement la foule amassée autour d'eux avant de lentement retirer ses mains du corps inconscient. D'un mouvement souple des poignets, elle reforma le serpent d'eau et rangea ce dernier dans son outre qu'elle referma soigneusement par la suite. Un léger soupir blasé passa ses lèvres tandis qu'elle se relevait et époussetait le devant de sa luxueuse robe de peaux et de fourrures.

- Sa vie n'est pas en danger.

Migina repoussa ses cheveux d'un geste distrait et fouilla à nouveau la foule de son regard lagon pour chercher sa jumelle.

[Atiscomin]

Magena courant toujours vers la Maison des Guérisseurs aperçoit finalement sa jumelle. Son sourire déjà enjoué laissa alors apparaître ses dents d'ivoire dans l'expression de la même joie indicible et pourtant tellement familière qui l'emplissait quand elle allait retrouver Migina. Elle voit qu'elle l'a remarquée aussi,esquissant un geste pour la saluer.
Soudain,un cri retentit et elle vit l'enchaînement d'émotions sur le visage de sa sœur.

D'abord un léger et rapide haussement de sourcils,l'interrogation de l'appel à l'aide qui venait de l'endroit où s'entraînent les maîtres de l'eau ; Ensuite la surprise,fugace et subite. Le temps de l'analyse et laisse rapidement place à un regard que Magena ne connaît que trop bien:

Migina va utiliser sa maîtrise...Faut que je voie ça!!!

Magena tourne alors la tête elle aussi vers l'attroupement formé sur la place où elle voit maître Kanda agenouillé près d'un vieil homme ensanglanté. Elle se dirige vers la scène macabre,voyant en route sa sœur jouer des coudes pour se frayer un chemin et l'entendant donner ses ordres,en soignante aguerrie. Une fois sur les lieux,elle put assister au spectacle passionnant des soins appliqués par la maîtrise de l'eau. Cela l'avait toujours intéressée bien qu'elle n'y était pas douée et sa jumelle pratiquait cet art à la perfection. La concentration creusait des sillons dans le front de Migina quand elle appliqua l'eau à deux endroits sur le corps de l'homme. L'aura onirique se dégageant de l'eau à la lueur du soleil était hypnotisante et rassurante.

Une fois le malheureux soigné,elle prit un peu de temps pour l'examiner. Ses yeux s'écarquillèrent et elle ne put réprimer un hoquet de surprise :

Je l'ai déjà vu à la Rose des Glaces! C'est le grand-père de Lyanna!

[Ermite des vagues]

Crazyfox

Migina, ton arrivée près de l'homme blessé est un vrai soulagement pour maitre Kanda, les guérisseurs tardant à arriver. Alors que tu t'agenouilles près du blessé, et qu'à l'aide de ta maîtrise, tu lui apportes les soins nécessaires, la foule t'observe religieusement, dans un silence complet. Du moins, jusqu'à ce qu'à ta demande et à celle de maitre Kanda, la foule se disperse.

- Heureusement que tu étais dans les parages Migina ! Mais je ne comprends pas comment il peut être tombé..., s'interroge t-il, alors qu'effectivement, il n'y avait rien sur le sol qui pouvait expliquer la chute du vieil homme, la glace n'étant pas plus glissante qu'habituellement.

Daisuke / Atiscomin

Alors que maître Kanda se penche vers l'homme inconscient, il remarque enfin votre présence. Il te salue alors Magena et te souriant, il ajoute :

-Ta soeur a encore fait du bon boulot !

Puis s'apprêtant à soulever le blessé, il s'adresse à toi Amarok :

-Toi ! Viens m'aider s'il te plaît, on va le transporter à la maison des guérisseurs.

Daisuke / Crazyfox / Atiscomin

Au même moment, arrive en courant et quelque peu essoufflée une femme d'une quarantaine d'années. Elle est à peine étonnée de voir le vieil homme inconscient. En fait, c'est plus de la tristesse qui passe dans son regard à cet instant. Mais le professionnalisme faisant, elle voit rapidement que quelqu'un s'est déjà chargé des premiers soins. Et elle te salue alors respectueusement Migina.

-Merci Migina. Tu es vraiment une guérisseuse accomplie, te complimente t-elle, avant de se tourner vers les autres : Kanda, jeune homme, amenez-le à l'intérieur, et doucement !

Malgré la situation, sa voix est calme. Puis, elle s'adresse à vous deux les jumelles :

-Pouvez-vous aller prévenir Lyanna Teppeï ? La connaissant, si elle ne trouve pas son grand père, elle serait capable de remuer ciel et terre, et même plus encore, fait-elle, cette fois en soupirant légèrement.

Sans attendre de réaction de votre part, elle se remet à courir, vers la maison des guérisseurs.

[Daisuke]

-10-

Dur dur la vie de pêcheur.
Alors qu'il s'est levé bien avant le soleil il a déjà du trainer un filet, traverser la toundra à dos d'Elk, arpenter la moitié de la ville, prendre une douche froide forcée, se faire maitrise-de-l'eauer dessus, et maintenant porter un vieillard.
La vie est pleine de surprises ces derniers temps.
Et ce n'est pas fini...car à présent il se retrouve presque nez à nez avec la demoiselle qui l'a gracieusement séché.
Il cligne des yeux...plusieurs fois...et se pince pour vérifier au cas où.

Mais...je vois double ou quoi ?

Effectivement, il n'y a pas une demoiselle mais bien deux. Absolument identiques.

C'est bien ma veine, laquelle je dois remercier moi ?

Visiblement il y en a une qui a guéri le vieil homme, la dernière arrivée doit donc être celle qui l'a aidé.
Il s'incline légèrement vers elle en la remerciant puis s'empresse d'aider maitre Kanda à transporter le blessé.

Finalement, le pauvre est plutôt léger à côté d'un cageot de merlans.

Les deux hommes déposent délicatement leur charge sur un lit dans la maison des guérisseurs, sous le regard curieux de quelques élèves.
Amarok s'autorise un petit sourire intérieur. Ça ne doit pas être tous les jours qu'un pêcheur peut se rendre utile ici.
L'endroit lui rappelle toutes les fois où sa mère aura tenté de lui enseigner les arcanes de la guérison, avec plus ou moins de patience.

Mouais...une déception de plus en définitive.

Est-ce qu'il arrivera un jour à les rendre fiers ? Avec son projet de départ, rien n'est moins sûr.
C'est cela aussi de vivre sa vie.

Migina a fait du beau travail, il se remettra vite.
Au fait, moi c'est Amarok, je suis le nouveau coursier de monsieur Mhann, vous savez la boutique d'herbes là...
On risque de se voir assez souvent les jours à venir euh...monsieur.

Est-ce qu'il faut l'appeler maitre alors que je ne suis pas son élève ? Tiens, il est maitre de quoi au fait ?

[CrazyFox]

A force de regarder dans la foule, elle la vit enfin. Son exacte reflet et pourtant son total opposé. L'une était énergique et aussi vivante qu'une cascade tombant des hauts plateaux de givre, quant à l'autre elle était aussi calme et mystérieuse qu'un lac enchâssé dans les grottes de glace des profondeurs du Nord. Une lune montante qui scintillait et apportait aux enfants de l'eau leur puissance... pour une lune descendante qui menait à la nuit la plus noire et offrait le sommeil du juste à ceux qui étaient épuisés par le combat. Un même miroir à deux facettes. Deux êtres dont les cœurs battaient à l'unisson l'un pour l'autre.

Migina esquissa un beau sourire et tendit une main vers sa sœur pour caresser sa joue avec tendresse. Elle eut du mal à détourner son regard de sa jumelle et elle posa son attention sur le garçon qui s'était fais éclabousser un peu plus tôt. Haussant un sourcil, elle le toisa avec une froideur qui trancha dans cette douceur que la jeune fille semblait porter uniquement à Magena. Se taisant sur les remerciements qu'il apportait, elle retroussa un peu le nez en signe de dédain pour cet inconnu puis elle regarda en direction de maître Kanda. Ses yeux d'un bleu saisissant le fixèrent un long moment, mais la jeune femme semblait se perdre dans ses réflexions.

- Le sol n'est pas en cause. Parfois le temps ôte à l'homme sa capacité à maintenir l'équilibre. Pour un homme de son âge, il va être de plus en plus dur de se déplacer seul.

Sa voix était neutre. Lorsqu'elle parlait, il n'y avait pas de mépris ni même de compassion. Il s'agissait d'une constatation formelle, avec un brin de fatalisme. Si elle devait s'impliquer émotionnellement dans chaque patient qu'elle avait eut entre les mains ces dix dernières années... elle ne s'en sortirait plus et la dépression l'engloutirait. Peut-être paraissait-elle froide et hautaine pour certain, mais il s'agissait seulement d'un moyen pour se protéger et ne pas souffrir inutilement. Et puis... il ne s'agissait que d'inconnus à ses yeux. Soupirant, elle repoussa quelques boucles brunes qui venaient chatouiller son nez et elle se tourna vers les grandes marches en entendant quelqu'un accourir. Reconnaissant Ama Sikut, la jeune fille fronça délicatement les sourcils, mais elle se passa de tout commentaires. Laissant la femme observer le blessé soutenu par les deux hommes, Migina s'inclina ensuite.

- Je ne serais pas une guérisseuse accomplie sans vous, Maître.

En plus des quinze années d'enseignement et de discipline, pensa-t-elle. Se redressant lorsque les quatre s'en allèrent enfin, Migina retrouva toute sa douceur et sa tendresse lorsqu'elle reporta sa pleine attention sur sa soeur. Qu'est-ce qu'elle lui avait manqué ! Lui prenant la main, elle l'embrassa sur la joue puis elle ajusta les vêtements de sa jumelle tout en fronçant un peu les sourcils. Enfin, elle l'entraîna à sa suite et se dirigea vers le pont le plus proche qui leur permettrait de rejoindre La Rose des Glaces le plus rapidement possible.

- Dépêchons nous de régler cette histoire. Je n'ai qu'une hâte, rentrer à la maison et me reposer un peu en ta compagnie.

[HRP\ Désolée pour le retard, de gros soucis IRL... ça devrait aller mieux maintenant. Atis', je te laisse poster en premier directement à la Rose des Glaces ? ;D /HRP]

[Atiscomin]

Encore abasourdie par ce qu'il vient de se passer,Magena finit de ruminer sa découverte quand Kanda qui regardait le pauvre hère assommé tout juste soigné lui parle :

-Ta sœur a encore fait du bon boulot !
-Évidemment c'est une pro! Répond-elle avec un clin d’œil.

C'est alors qu'elle tourne la tête et voit sa sœur parmi les badauds ameutés pour voir la scène. Pour n'importe qui d'autre,c'était une fille de l'eau comme les autres,mais pour Magena elle jurait avec le reste des personnes présentes sur place. À sa vue le monde changea,comme si il prenait une nouvelle palette de couleurs qu'elle avait tout ce temps ignorée. Elle accepta avec bonheur la caresse sur sa joue en lui rendant un sourire éclatant.

Bien joué sœurette!

Elle voit ensuite que Migina regarde ailleurs,elle aperçoit alors ce même jeune homme sentant le poisson qu'elle avait séché quelques instants auparavant. Elle le toise avec circonspection et un amusement non dissimulé. Puis elle soupira intérieurement :

Encore là lui? Toujours au mauvais endroit au mauvais moment celui-là. Et Migina qui lui fait son regard enjôleur... J'espère qu'il ne le prendra pas mal.

Profitant que sa sœur soit perdue dans ses réflexions en parlant avec Kanda,elle va vers lui:

Ce n'est décidément pas ton jour! rit-elle En tout cas,merci pour le coup de main. Et ne tiens pas rigueur de l'attitude de ma sœur elle peut être très gentille. Ou pas... Au fait comment t'appelles-tu?

Elle profite de cela pour l'examiner plus avant. Sans ses vêtements complètements trempés et lorsque l'on passe outre l'odeur de poisson,il a l'air plutôt sympathique. Sa peau claire rare pour quelqu'un de la tribu de l'eau était surprenante et il avait quelque chose de mystérieux dans son attitude.

Il est peut être plus intéressant qu'il n'y paraît... Il cache quelque chose.

Elle fut interrompue dans le fil de ses pensées par la voix d'une autre femme près de Migina qui s'adresse aux deux jumelles.

-Pouvez-vous aller prévenir Lyanna Teppeï ? La connaissant, si elle ne trouve pas son grand père, elle serait capable de remuer ciel et terre, et même plus encore

Le baiser sur la joue de la part de Migina une fois la vieille femme partie arrache un sourire de plus à Magena,jubilant d'être enfin avec sa jumelle,juste avant qu'elle se laisse conduire au pont le plus proche de la Rose des Glaces.
Au moment de sortir de la maison de guérison elle lance au jeune homme odoriférant dont elle ne savait toujours pas le nom:

À la prochaine! On se reverra j'imagine!

Et elle suivit Migina vers la Rose des Glaces

[Ermite des vagues]

Daisuke

Alors que tu t'adresses à Kanda, tu peux voir que la professeur de guérison est au chevet du vieil homme. Bien qu'il soit hors de danger, elle semble assez soucieuse.

Kanda te répond alors :

-Tu peux tout simplement m'appeler Kanda. Je préfère ça au titre de maître. Après tout, je ne suis qu'un humbre professeur de maîtrise !

Son regard semble se faire lointain le temps de quelques brèves secondes. Tu peux te demander pourquoi, mais cette question est sans réponse.

-La prochaine fois que tu reviens par ici jeune Amarok, j'espère que tu auras retenu la leçon., fait-il en appuyant ses paroles d'un regard complice et amusé.

T'adressant ensuite le salut traditionnel des Tribus, il quitte la maison des guérisseurs.

[Gwlaglus]

La jeune femme arriva en trombe dans la maison des guérisseurs, passablement essoufflée. Elle en bouscula même quelques personnes au passage. Si elle s'excusa, elle ne leur prêta pas plus d'attention que cela. A cet instant, seule une chose lui importait : retrouver son grand-père ! L'inquiétude l'avait reprise en chemin, et lui avait taraudé l'esprit.

Très vite, elle le trouva. Allongé sur l'un des lits, il était éveillé. Près de lui, Ama Sikut, qui, lorsqu'elle vit Lyanna, s’effaça, et rejoignit un autre de ses patients. Le visage du vieil homme s'illumina à l'approche de sa petite fille. Il l'observa longuement, avant de s’exclamer :

-Lya ! Dans quel état t'es-tu mise ? Je suis tombé certes, mais il ne fallait pas t'inquiéter pour ça ma chérie.

Le sourire de son grand père était rassurant. Et elle s'installa à côté de lui, sa tête contre son épaule, comme lorsqu'elle était enfant.

-La prochaine fois, fais attention hein, grand papou ?

S'en suivit un câlin entre le grand père et sa petite fille. Et sur ces entrefaites, Ama revint vers eux, pour leur dire que son grand père pourrait sortir dans l'après midi. Elle voulut dire autre chose, mais Hayao Yoshida la stoppa, s'adressant à sa petite fille :

-Tu pourras dire à Sun que je reviendrais travailler demain ?

-Ah non, pas demain grand père, reposes-toi d'abord !

Hayao résista, mais céda bien vite face à l'insistance de sa petite fille. Qui quitta quelques minutes après la maison des guérisseurs. Elle y reviendrait plus tard, rechercher son grand père.

Lorsqu'elle rejoignit la place où s’entraînaient encore quelques jeunes apprentis, son visage avait retrouvé son calme et sa sérénité. Une légère bise froide soufflait dans l'air et soulevait la masse de ses cheveux rouges.

[Azaruk Noji]

*Azaruk se leva de bonne humeur ce matin. C’était son premier jour de congé depuis le début de sa carrière dans la garde royale. La cité du Pôle Nord était belle tout le temps, mais la couleur bleutée de la glace n’était jamais aussi belle que sous les rayons du soleil. C’était d’ailleurs assez ironique de penser que ce qui la rendait si belle la détruisait en même temps. Enfin, il n’était pas là pour contempler une citadelle qui l’avait vu grandir. Il sortit du lit et descendit au rez-de-chaussée de sa maison de glace non loin du quartier commerçant de la ville. Elle lui avait été donnée par la garde royale, un privilège de la fonction sans doute. Ce n’était pas la demeure familiale Noji, mais elle ne manquait d’aucun confort. On lui avait fourni un véritable petit nid douillet. Après un bref petit-déjeuner, le jeune homme mit des vêtements chauds et sortit faire un tour dans les rues commerçantes.

Elles étaient toujours très fréquentées à cette heure de la matinée. On trouvait vraiment de tout sur les étales de ces rues. Bien que la richesse des Noji ne fût plus ce qu’elle avait été par le passé, la famille d’Azaruk était à l’abri du besoin. Mais le jeune garçon était une personne qui dépensait peu. La seule dépense qu’il s’autorisa en cette matinée de shopping était une tranche de phoque pour Flocon, son chien-ours polaire. Il pouvait remercier sa jeune sœur pour ce nom très enfantin. Mais bon l’animal semblait ne répondre qu’à ce nom désormais. Il rentra chez lui nourrit son compagnon avec ce qu’il venait d’acheter. Puis il le scella et alla faire un tour, il savait parfaitement où aller en suite. A la maison de maitrise. Le soldat aimait bien aller voir les élèves faire des progrès dans leur maitrise lorsqu’il était en repos.

Il traversa au trot les rues qui le séparaient de sa destination. La cité commençait à être de plus en plus bondée de monde. En regardant le soleil, l’homme se rendit compte qu’il était un peu plus de onze heures. Il avait eu le sommeil lourd aujourd’hui. Enfin ce n’est pas comme si cela portait à conséquence. De toute façon tout le monde pouvait se réveiller tard une fois de temps en temps. De plus il n’était pas en service, ses supérieurs ne pourraient donc pas lui reprocher sa panne d’oreiller. En levant la tête vers l’horizon le cavalier aperçu le Palais de l’Eau du Pôle Nord. Son lieu de travail en somme. C’était une superbe bâtisse sans âge. Elle était taillée en étage dans des blocs de glaces. Le pouvoir émanait de cet édifice. Il l’accueillait d’ailleurs, tout le gratin de la cité avait son bureau dans ces murs. Nombreuses étaient celles qu’il n’avait jamais croisé de sa jeune vie. Mais en même temps, en tant que garde royal, il n’avait que peu d’ancienneté. Il les rencontrerait sûrement bien assez tôt.

Même si son ancêtre avait fait partie intégrante de la politique de cette cité, Azaruk n’aimait pas trop jouer à ce jeu de dupes où il n’était qu’un novice. Lorsqu’il aurait acquit l’expérience nécessaire, peut-être l’exercice lui paraitrait moins périlleux. Mais il se garderait bien de jouer au plus malin avec le seul grand personnage qu’il avait croisé une fois, le Garant des lois du Nord, Tylok Naoko. Sous ses airs de rats de bibliothèque, l’homme cachait probablement une connaissance de la politique qui ferait frémir le jeune ourson qu’était le soldat Noji. Et encore il y avait des personnes encore plus dangereuses qui déambulaient dans les couloirs du palais. Ayant un léger mouvement de peur, il préféra songer à autres choses qu’à des personnes qui le contrôlaient à distance.

Alors qu’il tournait à un angle d’un canal qui menait à la place devant son prochain arrêt de la journée, il manqua de bousculer un homme qui ne regardait pas où il allait. Azaruk réussit à stopper sa monture juste avant de l’envoyer faire un petit plongeon. Il passa son chemin en s’excusant. Il arriva sur la place et descendit de scelle. Et amena Flocon non loin d’un groupe de jeunes élèves et alors que l’animal se coucha, il s’adossa sur son flanc pour regarder la nouvelle génération de maîtres de l’eau s’entrainer. Alors qu’il assistait à un très beau spectacle, il aperçut sortant de la maison de maitrise, une personne connue, Lyanna… Cette jeune fille aux cheveux rouges si atypiques dans cette région du monde était l’amie du jeune homme. Il se leva donc pour saluer cette personne chère à son cœur, Flocon sur ces talons.*

-« Salut Lya !! Qu’est-ce que tu fais là ?! »

[Atiscomin]

Magena arriva essoufflée sur la place où s'entraînaient les novices à la maîtrise de l'eau. Ils avaient repris leurs cours à cette heure-ci,mais l'heure de leur pause était proche. Sa course folle à travers la cité depuis la Rose des Glaces avait épuisé la jeune fille mais elle avait besoin de se dépenser,comme à chaque fois que sa jumelle l'énervait. Elle embrassa la place d'un regard attentif,les gens avaient le sourire aux lèvres pour la plupart,ce qu'expliquait la nouvelle dont Magena avait eu connaissance quelques instants plus tôt.

Elle se reposa quelques instants et observa les jeunes maîtres de l'eau s'exercer sous l'autorité de leurs enseignants, dont maître Kanda. Elle put constater que certains des jeunes les plus prometteurs qu'elle avait repérés faisaient des progrès impressionnants de rapidité. Certains,qui arrivaient à peine à geler une flaque d'eau quelques lunes auparavant,parvenaient maintenant à coordonner leurs mouvements avec grâce et fluidité,faisant se mouvoir de grandes quantités du liquide cristallin avec une précision acceptable.

Ils sont devenus plutôt bons! Pas mal,pas mal du tout! Je me demande si Kaleena est là. Son cours commence bien plus tard que ça mais étant donné les circonstances,il se peut qu'elle soit sur place en avance.

Elle s'assit adossée à une colonne en périphérie du terrain d'entraînement pour éviter les accidents de certains maîtres encore maladroits et regarde en direction de la maison des guérisseurs. Elle aperçoit Lyanna en compagnie d'un autre homme et d'un chien-ours polaire.

Ah Lyanna! J'espère qu'elle est rassurée maintenant! Mais qui est cet homme près d'elle? Je ne l'ai jamais vu!