Nathanaël : toujours quelque chose qui va pas avec elle.
* Nathanaël maugréait intérieurement. Depuis un peu moins d'un an, il s'était rapidement habitué au voyage en solitaire. Parcourir les continents et les océans avec des compagnons de route était épuisant ; jamais personne n'est d'accord, et les ennuis suivent souvent. Il en avait soupé des ennuis. Ce qu'il cherchait aujourd'hui, c'était la simplicité, la détente, l'insouciance finalement. Il l'avait décidé, il ne serait plus marchand, ni contrebandier, ni même mercenaire si cela pouvait être une perspective pour lui. *
Nathanaël : mmmh...
* Son destin, il le tenait au creux de ses mains, et jouait avec depuis un moment, assis au fond de cette cave à surveiller ses anciennes marchandises. Ce leg familial auquel il n'avait jamais réellement attaché d'importance, sauf peut-être la mélancolie d'une époque qu'il avait connu mais dont il ne détenait plus aucun souvenir. Toute une histoire, l'histoire d'une vie, résumée par quelques dés placés entre ses doigts. Résumée en une marque sur sa paume qu'il dissimulait sous sa manche qui rejoignait l'anneau argenté à son majeur. *
Nathanaël : pourquoi ?
* Sans emploi auquel penser, sans correspondance à prendre, sans partenaire avec qui commercer, ses pensées avaient été inhabituellement vagabondes ces derniers temps. Tout lui avait toujours paru si simplifié : une seule chose à penser à la fois, une hiérarchisation des évènements à prendre en compte, une vie au jour le jour en dehors de quelques dates professionnelles sur un agenda. Aujourd'hui, tout ça fichu en l'air, pour ne passer son temps qu'à penser. Et il n'aimait pas ça, penser. Les derniers instants de son père lui revenaient en mémoire, un calvaire, un cauchemar même. Des mots qui tournaient en boucle dans sa tête. *
Nathanaël : pff... double trois, double quatre. Relance du un et du cinq.
* Quand il n'avait rien à faire, il jouait aux dés. Mais six dés réclament peu de calcul mental, et les souvenirs persistaient à le harceler périodiquement. Son père avait eu une telle rengaine vers la fin de sa vie, à maudire des ancêtres qui n'étaient même pas les siens, à réclamer la vérité sur son père, lui aussi mort dans la morosité et la déprime. Terminerait-il sa vie d'une façon aussi minable ? Mourir dans un caniveau à aimer la vie lui apparaissait plus digne encore à ses yeux.
Il serra ses dés dans son poing. Il devait savoir. Il voulait savoir, pour mettre fin à ce cycle. Il ne voulait pas finir ermite misanthrope centenaire rabougri. Peut-être qu'en offrant la vérité à la mémoire de son père, il pourrait enfin cesser de se morfondre, et vivre léger sans le poids de cette éducation d'abord laxiste, puis excessivement répressive qui lui collait encore à la peau. Il en faut peu pour marquer à vie un enfant... *
Nathanaël : peut-être que je devrais laisser Akta et Kawa plus vite que prévu. Ou plus tard aussi... qui sait ce qu'il se passera une fois à la citadelle.