Avatar Reborn

Au nord du Temple Austral s’étale une immense forêt qui descend jusqu’à la pointe de l’Ile australe. Un bruissement perpétuel semble se dégager de ce lieu, créé par des vents tourbillonnants se faufilant entre les arbres, et a valu au lieu le surnom de Forêt des Murmures.

* La serre botanique





* Les sous-bois et le coeur de la forêt





* Au plus profond des bois...





Comme vous le voyez, la forêt du Temple Austral a sa part de mystère, et mille et une légendes lui sont associées. On raconte par exemple que des Esprits du Vent ont élus domicile dans la partie orientale de la Forêt. Qui sait ? Peut-être que certaines sont vraies…

Yann était une jeune fille comme les autres. Ou presque.

Dans un premier temps, elle vivait dans la forêt. Depuis des années. Et puis, elle se posait toujours au plus profond de celle-là, pour éviter le plus possible la rencontre avec des inconnus. Cette forêt, elle la connaissait ; elle savait les endroits interdis comme les perles que la nature pouvait offrir. C'était sa maison, c'était sa demeure.

Ce jour-là, le soleil s'était posé bie lourdement sur la forêt. Le printemps arrivait, et le fille de l'air pouvait le sentir. Les oisillons, de façon frêle, exprimait leur joie. Yann s'approcha, mais aucun d'eux ne prit peur ; l'aura que dégageait la jeune femme ne les effraya pas.

Quelques instants plus tard, quittant ses amis les oiseaux, elle galopa à l'aide de ses quatre membres, puis grimpa en haut d'un arbre millénaire. De là, elle pouvait voir tout ce et ceux qu'elle voulait.

Yann n'eut pas vraiment peur. Elle ne comprit pas un mot de ce que lui dit le petit être posé sur l'arbre, mais elle cerna le désir de celui-ci de ne pas parler. Elle décida en son fort intérieur de respecter son désir, et imita l'inconnu en portant elle-aussi son doigt à sa bouche. Cela dit, si il se mettait à toucher à un des oeufs du nid ou au nid lui-même, parole d'habitante de la forêt, elle mordrait de toutes ses dents la main de l'inconnu.

Pas touche aux piou-piou.

Yann voit le vieille dame se jeter sur l'oiseau, mais remarque aussi que c'est pour lui prendre une plume. Soit. La jeune fille en a déjà fait autant, aussi ne jettera-t-elle pas la première pierre. Cependant, dans cet acte desespéré, il vaudrait mieux ne pas blesser la bête. Car la forêt, c'est sacré, pardi.

Bien décidée à débloquer la situation, Yann sort sa flûte de son sac et en joue pour apaiser l'animal. Srichna pourrait ainsi récupérer sans encombre la plume tant recherchée.



L'animal se calme, cesse de gesticuler et regarde l'air posé la flûtiste, qui continue de jouer.

*Alors qu'Hài s'éloignait du Temple de l'Air Austral, s'enfonçant toujours plus profondément dans la forêt, il distingue un lointain soupir, un murmure, presque une mélodie, légère et harmonieuse, mais qui pourtant n'avait rien à faire en un pareil endroit. S'arrêtant net, et tendant l'oreille, le moine en acquiert la certitude : par delà le bruissement des feuilles et le craquement des branches s'élève une discrète mélopée, une ode à la nature. L'espace de quelques minutes, Hài se prend à battre la mesure.*

Une flûte. C'est certain.

*Hài s'était toujours considéré comme un mélomane. Sa passion était le guzheng, mais jusqu'ici, Hài avait été un peu maladroit avec cet instrument. Aussi s'était-il rabattu sur la flûte. Il en était certain, il n'atteindrait jamais le niveau du ou de la flûtiste qu'il venait d'entendre. Pourtant, l'entendre jouer ainsi même d'aussi loin, avait fait naître en lui cette envie irrépressible. Celle de partager la musique, de communier par le son.*

*C'en est trop pour le moine. Il court en direction du temple, dans l'espoir de récupérer le premier instrument qui passe à sa portée. A peine fait-il quelques pas qu'il croise un autre nomade, qui transportait justement un guzheng.*

-Hop ! Désolé mon brave ! Je vous l'emprunte un instant, c'est une urgence. Prenez ceci pour le dérangement, je vous le ramène dans l'heure !

*lui jette une pièce et se saisit de l'instrument.*

*Il était temps. Le doux son de la flûte se dissipait peu à peu parmi les arbres, au gré du vent. Le moine avance doucement, sans bruit, vers ce qui lui semble être l'endroit d'où provenait la mélodie. Il marche ainsi quelque minutes. C'est alors qu'il les voit. Le spectacle est pour le moins insolite et inattendu. Un oiseau, une vieille dame, et une jeune fille. L'histoire vient visiblement de se terminer : la vieille dame tient une plume à la main, mais avant qu'Hài n'ait pu voir son visage, elle se sauve déjà à toute jambes. L'oiseau, visiblement bouleversé, disparaît dans les fourrés. La jeune fille, quant à elle, reste là. Entre ses mains se trouve la flûte, l'instrument qui avait produit ce son si envoûtant quelques instants auparavant. Elle ne peut pas encore le voir, car Hài se trouve derrière elle. Le moine ne peut attendre une minute de plus. Il s'assied, et commence à jouer.



*L'inspiration est là. Jamais Hài n'avait aussi bien joué. Porté par sa musique, le moine ferme les yeux. Lui d'ordinaire si maladroit, semble en transe. Ses doigts taquinent fugacement les cordes tendues sur le corps de bois. A ce moment là, il a véritablement la sensation de faire partie d'un tout. Les arbres et le vent semblent lui répondre. Jamais la forêt des murmures n'a aussi bien porté son nom. Enfin, il s'arrête, et ouvre les yeux. La jeune fille est toujours là.*

-Comment t'appelles-tu ?

Alors que s'arrête sa mélodie, une nouvelle débute derrière elle. L'instrument est à cordes et n'est pas du tout désagréable, loin de ça. Yann est très réceptive aux notes du moine. Ce dernier s'approche pour lui poser une question simple :

- Comment t'appelles-tu ?
- Mmmmmm ?

Yann ne comprend pas la question, aussi se contente-t-elle de grogner quelque chose. Evidemment, puisqu'elle connaît pas le langage humain. Les notes du musique du moine ont été bien plus explicites pour elle que ces phonèmes. Aussi pour seule réponse s'impose une musique.

Elle sort alors de son sac une flûte de pan qui semble avoir été taillée main. Plusieurs plumes d'oiseaux y sont notamment attachées. Puisqu'elle semble avoir un connaisseur sous la main, autant en profiter. Ainsi commence-t-elle par une brève mélodie pour donner le ton, portant à sa bouche l'instrument :



Soudain, elle lance son instrument vers le haut et abandonne son souffle pour laisser place à sa maîtrise de l'air. Dans un premier temps, elle le maintient en l'air avec se main gauche, puis envoie de façon successive et précise avec sa main droite de fins courants d'air qui lui permettent de continuer sa mélodie de façon plus intense ; on dirait à présent que deux ou trois joueurs s'étaient joints à elle. Enfin, elle crée un bulle d'air autour de l'instrument, qui, non loin d'étouffer la mélodie, créé plutôt un écho voluptueux, comme un canon harmonieusement coordonné.

Une fois qu'elle a terminé sa représentation, elle fait le plus grand effort pour s'approcher de l'inconnu, elle qui d'habitude fuit sans rien dire. Mais la mélodie du moine lui inspire confiance.

Elle se pointe du doigt puis, avec tous les efforts du monde tente d'articuler quelques syllabes.

- Y-Yann.