par Shizu » Jeu 10 Jan 2019 19:46
C'est avec un sourire amusé que Shizu voit débarquer une vingtaine d'enfants d'un peu partout pour se rassembler, ce qui fait quand même une bonne petite salle de classe.
Bien sur, il n'y avait pas l'intégralité des enfants du village, les places ayant tendance à tourner en fonction des tâches en cours ( parce qu'on ne peut pas juste bazarder son panier en pleine cueillette pour se barrer en plantant sa mère là) mais ça lui suffisait amplement.
Le temps que tout le monde s'installe, finisse de bousculer le voisin et de bavarder, la jeune femme se note rapidement quels enfants sont présents : cela lui permettait de garder un suivi de qui avait appris quoi et d'éviter de larguer les absents au cours suivant. Un grand coup de talon plus tard, un mur de pierre à peu près lisse et aux dimensions approximatives d'un tableau de classe moyen sort du sol.
Les cours de Shizu suivaient à chaque fois grosso modo le même schéma. Il ne duraient par ailleurs jamais trop longtemps : la jeune femme ne leur enseignait rarement plus de 5 mots par jour. Même si les enfants étaient des éponges à savoir, remplis de curiosité et en âge d'apprendre vite et bien, elle ne voulait pas brûler les étapes en les assommants de trop de vocabulaire d'un coup. Elle préférait prendre son temps pour leur laisser celui de consolider leurs acquis à chaque fois. Après tout, contrairement aux enfants des villes, l'écriture et la lecture étaient des concept plus que nébuleux, et il fallait donc approcher les choses différemment... Surtout quand on ne parle pas soi même.
Au début du cours, Shizu commençait par écrire au "tableau" quelques mots des cours précédents pour que les enfants les lise ou, au contraire, dessinait la chose pour qu'un volontaire vienne écrire le mot associé. Elle leur avait jusqu'ici appris des mots de leur vie courante, de choses familières qu'il croisaient pour ainsi dire tous les jours, pour faciliter leur apprentissage : c'est toujours plus facile d'apprendre à écrire le nom d'un objet qu'on connait ou de son animal favoris, n'est-ce pas ? De même, elle leur avait appris à écrire leur propre nom - du moins, de la façon/ l'orthographe la plus logique en fonction de l'originalité du nom.
Une fois les acquis revus, on passait à la nouveauté. La maîtresse improvisée essayait d'assurer une certaine "suite logique" de vocabulaire d'un cours à l'autre et, pour l'heure, on tournait un peu autour du thème de la forêt et de ses habitants. Shizu écrivait d'abord le nouveau mot au tableau avant de leur en faire deviner le sens. Elle s'aidait pour cela tant de ses capacité de mime que de ses talents en dessin. Les enfants aiment en général les images, les rébus et les devinettes, et c'est toujours amusant de les voir lever le bras presque simultanément pour tenter des réponses. Une fois le mot trouvé, elle répétait le schéma avec un nouveau mot.
Elle leur faisait ensuite reproduire les mots eux-mêmes, pour qu'il s'en imprègne mieux : écrire soit même les choses avait plus d'impact que juste l'entendre. Elle les invitaient même à faire leur propre représentation / dessin du mot, espérant que cela les aidait à mieux se les approprier.
L'encre et le papier n'étaient pas monnaie courante dans ce village, mais il y avait de la pierre, du charbon, l'intérieur de l'écorce ou même quelques tablettes de glaise : après tout, c'était de ça que c'était servi les hommes aux début de l'écriture. Pas de raison que ça ne marche pas de nos jours. Il suffisait d'être un peu débrouillard. Certes, il était dommage que les enfants ne puissent avoir un cahier personnel pour leur propre suivi, mais elle arrivait à peu près à stocker les supports d'écritures les plus durables pour qu'ils puissent y jeter un oeil.
Enfin, elle finissait par effacer les illustrations et leur demandaient de relire les mot, glissant toujours discrètement un mot des cours précédent pour les tester.
Le cours s'arrêtaient officiellement là... Le jeu, en revanche se poursuivait encore un peu. Shizu avait en effet gardé le concept de "devoirs" mais l'avait remanié sous la forme d'un cache cache : elle dissimulait en effet des pierres avec des mots du dernier cours gravés dessus à travers le village, se faisant parfois aider par les autres habitants pour les cacher lorsque quelques petits malins tentaient de la suivre pour la voir faire. Le jeu consistait alors à retrouver les mots et à les rapporter à Shizu avec les significations associés. Certains enfants avaient pris le parti de jouer en équipe pour couvrir plus de terrain et s'interrogeaient les uns les autres pour s'assurer du sens du mot inscrit une fois l'une des précieuses pierres découvertes.
Petit pas par petit pas, mais en consolidant les acquis en maximum, elle faisait ainsi en sorte de leur apprendre plein de mots différents. Elle verrait plus tard pour les questions de conjugaison : chaque chose en son temps.
Et pour l'heure, il allait falloir attaquer la nouvelle leçon. Le dernier cours avait porté sur l'arbre : si elle leur avait appris le mot "arbre" il y plusieurs cours de cela, la leçon avait détaillé ce qu'était un arbre : en plus de revoir ce mot, ils avaient ainsi appris les mots "feuilles", "branche", "tronc" et "écorce".
Aujourd'hui, ce serait donc tout naturellement l'oiseau, animal se trouvant majoritairement dans un arbre, qui serait à l'honneur.
Pour remettre tout le monde dans le bain, la jeune femme commence par dessiner un arbre sur son tableau avant de tapoter dessus, sa craie à la main, pour inviter un volontaire à venir écrire le mot en question