par Ermite des vagues » Sam 2 Fév 2013 17:12
Après une nuit plutôt agitée, le calme était revenu à l'intérieur de la maison de guérison, et Ama Sikut n'y était pas étrangère. Bien vite, elle avait repris le contrôle de la situation d'une main de fer, et sauf urgence, interdit à quiconque d'entrer. Elle n'avait pas beaucoup dormi depuis l'arrivée de Menshi Fei, la fatigue et la lassitude commençaient à peser dans son regard. Et plus les heures passaient, plus elle était soucieuse au sujet de son patient. Mais n'en montrait rien, pour n'inquiéter personne. Mais il ne fallait pas être idiot pour se rendre compte que quelque chose n'allait pas. Plusieurs fois, elle vérifia ses constantes vitales et utilisa sa maîtrise de l'eau, à la recherche d'éléments de réponse. Elle avait utilisé de l'eau de l'oasis pour le soigner, arrêté l’hémorragie, mais rien n'y faisait, l'homme n'avait toujours pas repris conscience et son état n'avait pas connu d'amélioration. Et nulle prière muette adressée aux esprits de l'Eau et de l'Océan n'y changea rien. Les esprits semblaient bien l'avoir abandonné sur ce coup là. Et elle détestait cet état de fait.
Et la journée continua, sans évènement particulier, et sans qu'Ama ne s'éloigne de trop du fils du feu inconscient. Elle n'était pas la seule à s’inquiéter apparemment, l'officier qui avait amené le blessé ici n'avait que rarement quitté son chevet. Malgré l'insistance d'Ama pour qu'il prenne du repos. Malgré ses refus, on lui avait donné de quoi se restaurer, ainsi qu'une couverture.
L'attention de la guérisseuse était telle, que lorsque Menshi Fei s'agita dans son lit et que l'officier se leva d'un bond, elle ne fut pas longue à les rejoindre, même si elle resta discrète. L'air résigné de son patient, et un examen rapide, confirma ce qu'elle craignait. Même si elle tentait l'impossible, elle ne pourrait empêcher cet homme de glisser vers la mort, son destin n'était plus entre ses mains. Elle se recula alors, et d'un geste, fit signe à toutes les personnes qui étaient sous ses ordres de s'éloigner. Ils ne leur appartenaient pas d'entendre les dernières paroles d'un moribond, et elle ne voulait pas que cet homme soit dérangé alors qu'il vivait ses derniers instants. Même si elle côtoyait la mort souvent, l'émotion restait la même. Et lorsque l'officier se retourna et demanda à voir le chef du Pôle Nord, il put remarquer les yeux plus brillants de la guérisseuse.
-Il s'est battu jusqu'au bout, mais même les esprits n'ont rien pu faire. Je suis désolée., fit-elle d'une voix douce.
Et désolée, elle l'était sincèrement. Et cet échec lui restait en travers de la gorge.
-Je vais envoyer un messager au palais.
Et elle s'éloigna, laissant l'officier en compagnie du mort, qu'une jeune fille était occupée, avec un soin tout particulier, à recouvrir d'un linge d'un blanc immaculé. Timidement, et si bas que l'officier ne put comprendre le sens de ses paroles, elle formula quelques mots à l'adresse du mort, avant d'elle aussi s'éloigner.
Une vingtaine de minutes plus tard, la conseillère revint vers l'officier.
-Le chef du Pôle Nord accepte de vous recevoir au palais. Ce soldat, fit-elle en désignant un homme, vous y accompagnera.
Puis, avant qu'il ne parte, elle ajouta :
-Avez-vous quelques souhaits concernant le corps du défunt ?
Une demande qu'elle était gênée de formuler, mais après tout, il fallait bien qu'elle sache quoi faire du corps.