La place centrale

[Atiscomin]

Magena s'amusait bien, cette fête la libérait presque de la tension que lui faisait éprouver l'absence de sa jumelle.
Elle écoutait Azaruk lui conter l'histoire de sa rencontre avec son chien-ours et s'émerveillait de plus en plus à chaque phrase.

-Fascinant! Quel coup du sort cette histoire! En tout cas ton père aura été avisé de ne pas tuer Flocon. Une sacrée bestiole! Et galante avec ça! Tu est quelqu'un de chanceux Azaruk, avoir une boule de poils aussi maousse ne me déplairait pas.

Elle sourit ensuite en voyant l'expression d'Amarok qui découvrait les saveurs subtiles du thé qu'elle lui avait proposé. Évidemment, il y avait d'abord la surprise et le petit rictus laissé par l'attaque directe et quelque peu incisive de l'amertume du breuvage, puis la détente et le plaisir du goût sucré qui se voyait par son léger haussement de pommettes.

C'est bien! Il sait savourer le thé quand il le goûte, beaucoup auraient vite avalé le liquide et n'auraient senti que l'arôme amer. C'est l'erreur à ne pas commettre avec ce thé, si on le dédaigne, il nous agresse sans nous remercier.

Elle le voit se mettre à regarder la foule et comme Lyanna commençait à lui parler, Magena reporta son attention sur cette fille dont les yeux produisaient un contraste flamboyant avec sa chevelure couleur de braise.

-C'est mon grand père qui m'a formée à cet art.

Lorsque Lyanna sort son katana de son fourreau et se met à faire des mouvements vifs et gracieux à distance du groupe,Magena ne peut pas s'empêcher d'avoir son cœur qui s'emballe. La beauté des gestes,et leur fluidité. Aucune erreur sur un tempo qu'elle seule connaît, comprend, transcende. Une autre forme de maîtrise se manifeste devant elle. Pas une maîtrise élémentaire, non, quelque chose de plus originel, de plus , et pourtant non moins magnifique. La lame étincelle parfois reflétant la lueur des torches créant un spectacle surnaturel entrecoupé de ces éclats lumineux qui ne font que mieux marquer ses mouvements. Ceux-ci pouvaient être fugaces, on pensait les voir au ralenti. Lyanna était comme hors du temps, là où l'éphémère touche à l'éternité, elle vagabondait parmi les sentiers de l'infini.

Quand elle arrêta finalement sa petite démonstration qui n'avait en fait duré qu'une minute tout au plus, Magena reprit enfin la notion de la réalité. Rarement on avait réussi à la transporter ainsi par l'art et cela rappelait à la jeune femme la première fois qu'elle avait vu Kaleena maîtriser. Elle sourit, nostalgique.

-Petite, je voulais maîtriser l'eau. Mais je m'en suis révélée complètement incapable. Alors, mon grand père m'a appris à manier épées et sabres.

Tu est excellente! Je n'ai jamais eu l'occasion de voir quelqu'un maîtriser aussi bien une arme même si mon expérience en la matière est bien maigre. C'était beau.

C'est alors que la grande maîtresse de l'eau à laquelle pensait Magena quelques secondes plus tôt vint à sa rencontre, ignorant ses compagnons.

-Magena, vous devriez rejoindre l'estrade. Dès que le Chef et ses enfants se dirigeront vers elle, le spectacle devra commencer.

Elle regarde vers l'estrade et voit que tout est en place, les jarres d'eau géantes ainsi que les élèves.
Elle voit que Kaleena part aussitôt et la jeune femme ne peut s'empêcher d'avoir un grognement irrité en face de son comportement froid et hautain. Elle se tourne vers ses amis et leur déclare :

Bon, ça va être à moi! Il faut que j'y aille alors merci pour avoir passé un peu de temps avec moi avant ça! Amarok, si tu regardes l'estrade tu pourras voir ton premier spectacle à la capitale! Je ne sais pas si je pourrais revenir vous voir après donc profitez bien de la fête!

Et elle partit en courant vers l'estrade pour donner ce spectacle qu'elle avait mis tant de cœur à préparer.

[Azaruk Noji]

* Le jeune soldat entendit le son d’une agréable musique s’élever dans l’air. Le son qui se répercutait sur les murs de glace qui entouraient la place était comme tout droit sortit d’un autre monde. Les conversations aussi allaient bons trains et en jetant un regard vers le ciel de plus en plus sombre indiqua au garde que les invités les plus importants de ce soir ne tarderaient pas à faire leur entrée. Il eut un léger sourire amusé devant l’approche d’Amarok vis-à-vis du thé que lui avait tendu Magena. Malgré qu’il soit un pêcheur surement pas très à l’aise dans un environnement comme la citadelle du nord, il s’en sortait pas trop mal. On pourrait même dire qu’il est un nouveau citadin.

De plus, son regard se promenait partout comme celui d’une personne avide d’apprendre et de découvrir des choses nouvelles. Au fond le garçon voulait peut-être échapper à sa vie. Le jeune Noji n’avait jamais connu la vie de pêcheur et n’avait pas la prétention d’en connaitre tout les aspects. Qu’ils soient bons ou mauvais, une vie pareille pouvait avoir des pesanteurs difficiles à supporter pour quelqu’un de jeune. C’est donc un profond sentiment de compréhension et de jalousie qui enveloppait le garde royal. De la compassion pour la vie nettement plus dure que tout les citadins présents ce soir et de la jalousie pour ce jeune homme qui pouvait se permettre de penser à échapper à sa vie alors qu’Azaruk lui ne le pouvait pas.

Il écouta d’une oreille quelque peu distraite la discussion entre Lyanna, Magena et Amarok, préférant garder un œil vers les portes du palais qui ne tarderaient pas à s’ouvrir. Néanmoins il ne pût résister au beau spectacle qu’offrait son amie dans sa danse avec sa lame. Il vit deux gardes se diriger un peu inquiet vers le petit groupe et les rassura d’un rapide geste de la main. Sortir une arme n’était pas conseiller ce soir mais le spectacle avait été tellement bien réalisé qu’on pouvait faire une exception. Lyanna s’était encore améliorée, pas une seule faute n’avait sauté aux yeux du soldat. Elle était plus dangereuse que lui si on lui mettait une arme pareille dans les mains. Avec ces quelques gestes, Azaruk cru l’espace d’une seconde retrouver leur maitre à tous les deux en face de lui. Même si ce vieil homme pouvait être exaspérant, aussi bien elle que lui, portaient un respect sans limite a ce maitre bretteur.

C’est alors que celle qui lui avait apprit à maitriser l’eau fit son entrée. Toujours aussi froide et hautaine qu’a l’accoutumée. Elle prévenue la jumelle que l’heure pour elle d’entrer en scène était venue. Azaruk comprit que son quartier libre venait de prendre fin également. Il devait retourner près de l’estrade pour veiller à la sécurité du chef. Il laissa la jumelle faire son adieu puis se retourna vers Lyanna, déposa un baiser sur son front comme un grand-frère le ferait envers sa sœur. Puis après avoir serré chaleureusement la main du pêcheur, il indiqua qu’il partait à son tour.*

-« Lya…prends soin de toi et pas trop d’alcool hein ! » *Lança-t-il sur un ton moqueur.* « Amarok je suis ravi de t’avoir rencontré et j’espère te revoir une fois mon tour de garde terminé. Profitez-bien du spectacle tous les deux, ça va être un grand moment !! »

*Avait-il lancé en s’éloignant. Il arriva près de l’estrade, prit une lance à l’armurerie temporaire que la garde avait installée sur un côté du palais. Puis prit la relève d’un garde qui s’empressa d’aller dans la foule pour s’amuser à son tour. Azaruk était un peu triste de ne pas pouvoir avoir une vue sur le spectacle qui allait avoir lieu juste au dessus de lui. Puis chassant ces mauvaises pensées, il prit un visage neutre et se mit au garde-à-vous scrutant les alentours comme le reste de ses collègues.*

[Daisuke]

-20-

Curieux d'en apprendre plus sur ses compagnons du soir, Amarok écoute les histoires d'Azaruk et de Lyanna.
L'idée qu'une gamine ait pu amadouer un chien-ours polaire l'a sidéré. Ces bêtes sont parmi les plus redoutées par les habitants des terres hostiles.
On raconte tellement d'histoires de chasseurs s'étant fait attaquer, parfois même de camps détruits que ces animaux sont un peu devenus les grands méchants loups utilisés pour faire peur aux enfants.
Comme quoi la nature recèle bien des surprises.

Et en parlant de surprise, la démonstration de sabre de Lyanna en est également une de taille.
Si le jeune homme connait les chasseurs et leur talent pour manier la lance ou l'arc, il n'a encore jamais rencontré personne maniant une arme avec une telle...élégance.
Quand la fille aux cheveux de feu ajoute qu'elle rêvait de maitriser l'eau, Amarok reçoit comme un choc.
C'est exactement ça pourtant ! Elle évolue comme dans un rêve, dansant selon des règles connues de bien peu de monde.

Si la Lune n'a pas décidé de partager son pouvoir avec elle, elle n'a pas à se sentir inférieure pour autant.
Ces mouvements à la fois doux et impitoyables forment sa maitrise à elle, tout aussi belle et majestueuse.

Cette petite démonstration n'a pas duré plus d'une minute, mais elle a semblé une éternité pour le jeune pêcheur.
C'est la première fois qu'il voit toute la beauté qu'il admire tant dans la maitrise de l'eau se retrouver incarnée par une arme.
Subitement, le monde semble deux fois plus intéressant, plein de promesses et de rêves. Lyanna aura réussi à ébranler tout ce qu'il pensait connaitre.

Le jeune homme ne dit pas un mot alors que chacun évoque ses souvenirs. Il n'est qu'un visiteur et hésite sur la conduite à adopter face à des personnes qui il y a peu étaient encore de parfaits inconnus.
Ils n'aimeraient assurément pas le voir donner des commentaires sur leur vie privée, aussi garde t-il le silence de peur de faire une bêtise.

Un spectacle de maitrise en l'honneur de la famille royale ? Mince alors ! Bonne chance Magena !

Ceux choisis pour l'effectuer doivent être des maitres de grand talent, ce qui le renforce dans son idée que Magena semblait très à l'aise lorsqu'elle l'a séché.

Tu m'étonnes, si elle apprend depuis ses cinq ans, elle doit être vraiment douée.

Azaruk doit apparemment partir prendre son tour de garde.

Juste au moment du spectacle, quelle horreur, il va tout rater !

Il serre la main du garde alors que ce dernier la lui tend amicalement et le regarde s'installer comme une statue au pied de l'estrade.
Parfaitement ravi d'être venu, même si le lendemain promet d'être très pénible, Amarok regarde avec de grands yeux vers l'estrade, impatient de voir le spectacle commencer.

[Gwlaglus]

Le soleil disparaissant dans le ciel, la famille royale faisait enfin son apparition. Une apparition que la jeune femme aux cheveux rouges regarda quelques secondes, le temps qu'elle remette son sabre dans son fourreau, qu'elle rattacha à sa ceinture. Et ce fut justement à ce moment là que vint vers le petit groupe, la grande maîtresse de l'eau. Lyanna ne s'étonna même pas qu'elle les ignore, n'étant venue que pour prévenir Magena qu'elle devait se tenir prête.

-Bonne chance ! Que la lune soit ton alliée, lui souhaita t-elle simplement en lui désignant le ciel, alors que la jeune maître de l'eau prennait congé d'eux.

La lune justement brillait, pleine et ronde ce soir. Aucun nuage ne la dissimulait. On ne pouvait rêver meilleur moment pour un spectacle de maîtrise de l'eau.

L'arrivée de la famille royale sonnait aussi le départ d'Azaruk qui déposa un baiser sur le front de la jeune femme.Les relations qu'ils entretenaient n'étaient en rien ambiguës, elle le considérait depuis bien longtemps comme le frère qu'elle n'avait eu, ses parents, refroidis par la naissance de leur fille et son caractère, n'avaient pas souhaité avoir d'autres enfants. Les recommandations qu'il lui fit avant de partir la firent bien sourire :

-Ne t'inquiètes pas pour moi voyons. Et de toute façon, je fais ce que je veux, fit-elle sur un ton volontairement blasé, mais alors qu'il partait, elle ajouta : Sois prudent, et veilles bien sur eux.

Sa voix était redevenue bien sérieuse à cet instant. Maintenant seule avec Amarok, elle se tourna vers lui :

-Que dirais-tu te t'approcher ? On profitera mieux du spectacle ainsi.

La foule ne s'était pas encore amassée vers l'estrade, puisque la majeur partie des personnes présentes attendaient que la famille royale descende les marches de glace, pour les saluer.

[Daisuke]

-21-

Le pêcheur a bien du mal à tenir en place. A l'idée de se rapprocher encore d'avantage, il offre un grand sourire à Lyanna.

C'est parti !

Il attrape la main de Lyanna et part d'un pas énergique vers l'estrade. Slalomant entre les divers groupes entassés ça et là sur la place, le duo se trouve une place d'où ils pourront profiter largement du spectacle.
Une fois arrivés, Amarok se rend compte qu'il a légèrement tiré Lyanna jusque là.

Ah euh...désolé.

Il lui rend par la même occasion sa main à laquelle il s'accroche depuis un moment et se met à contempler ses pieds d'un air gêné en attendant le début du spectacle.
Enthousiasme quand tu nous tiens.

[Toruuk Hakan]

Du haut des marches du palais, le Chef du Pôle Nord observa la place centrâle en contrebas. Il esquissa un sourire en voyant le résultat : ceux chargés de l'organisation de la fête pour le retour de son fils, Eiki Hakan, s'étaient surpassés. Une fête qui avait failli pourtant ne jamais avoir lieu. A cause de cette lumière qui était apparue dans le ciel la nuit même du retour d'Eiki. Certains membres de son Conseil avaient interprêté cela comme un signe de mauvaise augure. Mais Naoko Tylok, le garant des lois, et bibliothècaire à ses heures perdues, leur avaient rappelé à tous quand cette lumière avait été vu pour la première fois. Et malgré l'inquiétude suivant cette révélation, la fête avait été organisé.

Tenant la main de sa chère Yuna, Toruuk Hakan descendit les marches, et rejoignit la place centrale. Il était suivi par ses deux fils, qui semblaient en ce soir de fête avoir enterré la hache de guerre. Quelques gardes royaux, les plus expérimentés, les entouraient. La foule était grande en bas, tous les habitants au moins de la Capitale du Pôle Nord avaient voulu être là. Certains s'inclinèrent à son passage, et lui les saluait à son tour. Sa proximité avec son peuple était grande.

Arrivé à l'estrade, il lâcha la main de sa fille, qu'il confia à l'un des gardes, avant de monter dessus. D'un geste, il imposa à tous le silence. Il affichait un sourire bienveillant :

-Filles et fils de l'eau ! Habitants du Pôle Nord ! Et voyageurs de toutes les nations, s'il y en a aujourd'hui !, ajouta t-il d'un ton résolument léger et détendu. Je sais que vous attendez la suite des festivités avec grande impatience, et que votre estomac réclame sûrement son repas. Je ne serais donc pas long. Sachez que votre présence en ce soir particulier est une véritable fierté pour moi. Et un grand honneur. Je vous remercie d'être tous venus ce soir, et vous demande une seule chose : un tonnerre d'applaudissement pour mon fils, Eiki Hakan !

Le prince le rejoignit alors sur l'estrade. Il paraissait pour une fois, touché par ces acclamations. A moins qu'il ne joue la comédie ?

-Merci à tous ! Merci, , fit-il seulement, alors que son père déclara qu'il était temps que la fête continue.

Son fils et lui quittèrent donc l'estrade. Pour prendre place sur quelques sièges, face à l'estrade, qui leur étaient réservés. Là où étaient déjà installé un Kenaï Hakan perdu dans ses pensées, et une Yuna qui d'une main tenait fermement son panda en peluche.

[Ermite des vagues]

Magena

La foule s'est approchée en masse de l'estrade. Et la Grande Maîtresse de l'Eau réapparait dans ton champ de vision. Elle n'a pas besoin de parler, pour que tu comprennes que c'est à toi de jouer.

Azaruk

Pour l'instant, tu ne remarques rien de suspect, mais tu restes sur tes gardes. La foule est grande. Le danger peut être partout.

Les autres

Profitez bien de la suite des festivités !

[Atiscomin]

Puissante...

Magena avait les yeux fermés, se concentrant, se remémorant les différents éléments du spectacle.
Elle entendait, malgré les battements de son cœur résonnant à ses oreilles, les convives prendre place. Il y avait aussi le brouhaha du restant de l'assemblée loin d'être le moins audible. Elle savait que tous se tournaient vers l'estrade, vers elle.

Je suis puissante.

Elle sentait les effluves entêtants de la fête. Les épices des alcools et les douceurs du thé,le musqué du cuir et le douceureux des peaux. L'atmosphère était subtilement hétéroclite, la fraîcheur de la glace, leur sol, combattant la chaleur de l'air, diffusée par tous ces gens réunis sur la place.

Elle ouvrit les yeux. La lune l'illuminait de ses faveurs. À la fois sa gardienne et son alliée, elle lui faisait profiter de son pouvoir, la fougueuse maîtresse sentait sa force à son zénith. Malgré cela, c'était la première fois qu'elle avait la responsabilité d'un spectacle lors d'une fête, en l'honneur de la famille royale de surcroît! La tension montait donc petit à petit, tension que quelques paroles de sa jumelle auraient aisément pu apaiser.

Elle vit Lyanna et Amarok dans l'assistance, cela la rassura un peu, au même titre que ce qu'elle se répétait sans arrêt. La présence de Kaleena ajoutait un peu au poids qu'elle portait mais celle-ci n'avait point de préjugé par rapport à son élève d'après son attitude. Toujours froide et neutre, elle ne laissait rien présager.

Elle voyait les regards braqués sur elle. Encourageants ou dubitatifs, tous étaient pour le moins attentifs.
C'est alors que la place se fit plus silencieuse et la musique accompagnant la représentation débuta. Magena se mit alors à l’œuvre.

Une fois qu'elle commença à maîtriser de concert avec ses trois aides, toutes ses appréhensions s'envolèrent. Elle ne pensait plus au regard des autres, seule l'eau et son mouvement comptait. Tantôt concentrée, tantôt joyeuse, pas une fois elle n'hésita dans son numéro. Les timings étaient bons, les enchaînements fluides, leur ensemble parfait.

On aurait pensé que ses émotions se transmettaient à la foule, quand les trois lances se réunissaient, celle-ci était captivée, quand l'hirondelle s'élevait, elle était emballée, quand la deuxième était née, elle était émerveillée.
Au fil de la performance, l'excitation des spectateurs montait, montait, et celle de Magena suivait. Une intimité, une complicité se formait entre le groupe et la foule, la maîtresse leur montrait ce qu'elle avait, ce qu'elle était.
Sa création comme une partie d'elle-même. Puis la fin arriva.

Et tout devint neige.

[Gwlaglus]

Après avoir recu un baiser sur le front de la part d'Azaruk, voilà qu'Amarok lui prenait sa main pour qu'elle le suive jusqu'à l'estrade ! Elle en fut quelque peu...hum...surprise. Voilà le mot ! Et si elle le laissa faire, Amarok eut malgré tout le droit à une paire d'yeux d'un bleu froid braquée droit sur lui. Et à cela s'ajouta l'air le plus offusqué que la jeune femme put prendre. Jusqu'à ce qu'il lui dise être désolé.

Et à voir la gêne d'Amarok, qui préférait regarder ses chaussures qu'elle même, elle se mit à rire. Un rire léger. Mais communicatif.

-Non, mais y'a pas de mal tu sais !

Eh oui, l'ambiance festive lui avait fait perdre son sérieux habituel, et elle s'était sentie d'humeur blagueuse. Parce que tout son manège n'était en fait que feint. Elle n'en voulait absolument pas au jeune pêcheur.

Tout autour d'eux, le silence se fit complet, alors que le Chef du Pôle Nord s'avançait sur l'estrade. Cet homme imposait véritablement le respect, et il n'y avait rien d'arrogant en lui. Quant à sa dévotion envers son peuple, elle était totale. Pendant qu'il discourait, Lyanna avait retrouvé son sérieux, et son regard parcourut la foule. Jusqu'à ce qu'elle aperçoive, assis un peu plus loin, et sous la surveillance de la garde royale, les trois enfants de Toruuk Hakan. Même si les années avaient passé, elle éprouvait toujours un sentiment étrange lorsqu'elle voyait Kenaï Hakan. Elle ne le détestait plus comme auparavant, elle avait mûri de ce côté là, puisqu'il n'était finalement en rien responsable des mots qu'avait un jour prononcé sa mère, mais elle oscillait souvent entre de l'indifférence, et un sentiment plus complexe. Si bien qu'elle ne le regarda pas bien longtemps, d'autant que sur l'estrade, le Chef du Pôle Nord avait laissé sa place à Magena et trois autres jeunes maîtres de l'eau, élèves de la Grande Maitresse de l'Eau, Kaleena.

Quand le spectacle commença, ce fut comme si le temps s'arrêtait. Aucun mot ne pourrait décrire ni rendre justice à ce qu'il se passait sur l'estrade. De toute façon, Lyanna en resta sans voix, subjuguée par la maîtrise totale des quatre jeunes maîtres de l'eau. L'eau justement semblait être un prolongement d'eux même, tant tout fut juste parfait. La Lune semblait leur prêter sa force. Et lorsque le premier oiseau s'envola, ce fut juste magnifique. Les yeux de la jeune épéiste brillaient, et ne perdaient pas une miette de ce spectacle. Jamais la maîtrise de l'eau ne lui avait paru si belle et irréelle. Ravivant presque sa tristesse de n'être qu'une non-maître.

Et justement, lorsque le final arriva, et que la neige tomba, elle en versa quelques larmes. Alors qu'un tonnerre d'applaudissements récompensait les quatre artistes.

[Ermite des vagues]

Les applaudissements parurent ne jamais cesser, tant tous avaient été conquis par la démonstration de maîtrise de l'eau des élèves de Kaleena. Et pourtant...derrière ces applaudissements, un cri s'entendit soudain. Un cri de surprise et de peur. D'angoisse. Un cri d'une femme totalement affolée. Qui s'écroula sur le sol. Sous elle, une mare rouge commençait à se former. Et une peluche se trouvait juste à côté d'elle. Un panda.