le Palais de l'Eau

[Latmolk]

*S'il avait su la tournure que prendrait les événements, Nénietz n'aurait probablement pas démarré à toute allure pour fuir les gardes. Tout ce qu'il en avait récolté était une épaule démise, une bête de somme dans les choux, la perte de sa cargaison et la destruction partielle de son chariot. Et voilà qu'il était emmené par les gardes vers le palais de Toruuk Hakan. Le nordique essayait de se rappeler s'il était coupable d'un crime ou l'autre pendant cette soirée mais ne voyait pas quoi se reprocher. Il n'avait fait qu'obéir aux ordres des deux femmes. Une voix dans un coin de sa tête lui soufflait que cela s'appelait de la complicité de malfaiteurs mais il faisait tout pour la faire taire.
Il avait été appelé comme témoin mais il craignait les foudres de Toruuk. Il était connu pour son tempérament flamboyant et la nuit avait été longue pour lui.

En arrivant au palais, le vendeur de glace décida que la meilleure chose qu'il avait à faire était de se faire oublier. Il fut donc le témoin silencieux de la défense du garde royal. Bien qu'il c'était montré froid envers les deux jeunes filles, il prenait désormais leur défense. Alors que le chef des hommes du Nord semblait s'appaiser, la rouquine coupa le garde et s'attribua fièrement les mérites de ses actes, bientôt suivie par la manieuse.*

/Et soudain, c'est le drame/*pensa alors le commerçant.

Mais le drame n'arriva pas, Toruuk comprit alors la raison de l'acte des deux jeunes filles et les laissa partir avec une peine légère.

Alors que Nénietz soupirait de soulagement en sachant toute cette histoire terminée, le chef Toruuk se tourna vers les trois hommes et leurs demanda* :

« Y'a t-il quelque chose d'autre que je devrais savoir ? Ou que vous souhaitez dire ? »

*Il était souvent arrivé pour Nénietz de penser que s'il se trouvait face à face avec le chef des tribus du pôle Nord, il aurait beaucoup de choses à lui dire. Étrangement, l'envie était moins forte aujourd'hui. Le nordique était fatigué de sa longue journée, épuisé à l'idée de savoir le travail qu'il lui faudrait accomplir demain et son épaule était toujours douloureuse. Pour raccourcir la discussion et éviter de s'attirer plus d'ennuis, Nénietz se contenta de ces quelques mots :*

« Je crois messire que les éléments les plus importants ont été dit. Je suis disponible si vous souhaitez de plus amples informations ou des réponses à vos questions mais je ne suis qu'un marchand itinérant qui a été embarqué dans une histoire qui le dépasse. Les deux jeunes filles se sont précipitées vers mon chariot en me disant qu'elles savaient où était la princesse et je les ai conduit à l'endroit voulu. L'arrivée a été brutale et le temps de me remettre de l'accident, j'ai appris que votre fille était sauve. Sauf votre respect, je n'aspire qu'à contacter un guérisseur et à faire l'inventaire des dégâts. Je ne vous demande donc que l'autorisation de me retirer. »

[Daisuke]

-28-

Si la déclaration enflammée d'Azaruk laissa Amarok sidéré, celles de Lyanna puis de Magena et pour finir la décision du grand chef des Tribus achevèrent de le décontenancer.
Comment ces deux brins de jeunes femmes ont-elles pu faire fléchir l'avis du chef qui semblait pourtant fermement décidé à les punir ?
Il n'a visiblement pas fini d'être étonné et d'en apprendre toujours plus en cotoyant d'autres personnes que celles de son petit village.
Toute cette histoire ne lui donne que plus envie d'aller découvrir ce qui se cache derrière l'horizon plat de l'océan.

Mais pour l'heure, la tension étant finalement retombée et le pêcheur ne disposant clairement pas de l'éloquence du marchand de glace pour formuler ses requêtes, il se contente de secouer la tête en signe de négation et de se retenir de bailler trop ostensiblement.
Dès qu'ils pourront lever le camp, et peu importe si quelqu'un décide à nouveau de le tirer par le bras pour l'entrainer à sa suite, ce sera un "non" ferme et définitif.
Sauf si ce quelqu'un lui offre une nuit gratuite lui permettant d'échapper au trajet de retour jusque chez lui bien sûr.
Et tant qu'on y est, au savon qu'il ne manquera pas de se prendre pour avoir passé la nuit dehors et ne pas être à l'heure pour aider son père
C'est qu'il commencerait à devenir exigeant le pêcheur non ?

[Gwlaglus]

Un air décontenancé et même quelque peu furieux se dessina sur le visage de Lyanna. D'abord cette condamnation, qu'elle aurait presque accepté, s'il n'avait pas s'agit d'une semaine à passer à la caserne, et maintenant cette menace à peine voilée : soit elle s'engageait dans l'armée, soit elle devrait dire adieu à son sabre. Du moins était-ce ainsi qu'elle voyait les choses, et elle se retint difficilement de quitter immédiatement le palais. Peut-être dramatisait-elle, mais devenir un pion dans l'armée du Pôle Nord, c'était quelque chose qu'elle s'était toujours refusée, au grand dam de ses parents, qui y avaient toujours vu le moyen de rentabiliser ses talents.

Une certaine promesse lui avait déjà coûté une part de sa liberté, elle ne voulait pas en perdre plus. Ni se faire dicter son destin. De sa main droite, elle serra à s'en blanchir les phalanges la poignée de son sabre.

-Maudite sois-tu !, murmura t-elle d'une voix à peine audible.

Le regard ailleurs, et semblant déconnectée de la réalité, elle n'écoutait plus rien ni personne.

[Azaruk Noji]

* Le garde n'écouta pas le moins du monde son amie qui tentait de lui faire oublier cette folle entreprise de prendre sa place. Mais dans son empressement à vouloir l'écarter de tout danger la jeune femme n'avait fait qu'aggraver son cas. La colère du grand chef du nord n'allait sûrement pas se calmer maintenant qu'elle avait affirmé qu'elle frapperait à nouveau le prince si c'était nécessaire. Magena semblait elle aussi avoir sa propre fierté puisqu'elle s'adressa à son tour à Toruuk. Cette fois ça y est les efforts d'Azaruk étaient fichus. Il s'attendait à une réaction pareille de la part de Lyanna. Mais Magena avait un plus fort caractère encore. Il espérait juste que leur amour propre ne leur coûte pas trop cher. Bizarrement le jeune homme se doutait qu'il allait avoir son propre savon très bientôt pour ce qui venait de se passer, mais il garda le silence. A partir de maintenant seules les deux jeunes femmes pouvaient défendre leur sort. Il ne pouvait plus rien faire et dans le même temps il espérait que les deux "témoins" de la scène joue clairement leur rôle.

A son grand soulagement, chacun d'eux sembla jouer son rôle à merveille et le grand chef se dérida un peu. Avec un certain calme retrouver il annonça sa sentence. Elle fut moins sévère que prévue mais connaissant très bien son amie aux cheveux rouges, cela allait être une épreuve pour elle qui ne voyait dans l'armée que des pions au service du pouvoir. Le jeune homme se releva, il inclina légèrement la tête devant son chef et le remercia pour sa clémence. *

-" Merci mon seigneur...Je veillerais personnellement à ce que la peine soit effectuée par chacune d'elle. Si vous le permettez nous allons nous retirer."

* L'homme fit un oui de la tête et retourna dans ses appartements. Azaruk lui lança à chacune des deux condamnées un regard qui indiquerait qu'il ferait en sorte qu'il soit fait selon la volonté de son supérieur, avec la force si c'était nécessaire. La plus dure des deux sentences à faire appliquer serais celle de Lyanna. Elle allait lui donner du fil à retordre. La jeune femme elle-même semblait en feu d'une colère retenue. Il se retourna vers Magena, Amarok et le vieux vendeur.*

-" Je pense que cette histoire n'aurait pas pu mieux se terminer. Magena je sais que tu as ta fierté, mais pour ton bien...Des fois il faudrait que tu la fasses taire. Merci à chacun de vous de m'avoir fais confiance et désolé de vous avoir retenu si tard...Cela été une dure soirée pour nous tous. Je pense que nous avons tous besoin de repos. Vous pouvez partir si vous le souhaitez. "

*Il se dirigea alors vers son amie et posa une main amicale sur celle blanchâtre de l'épéiste.*

-" Je crois que tu ferais bien de rentrer... Ne t'en fais pas la caserne n'est pas si terrible que ça...Allez viens on quitte cet endroit."

Hrpg: désolé du retard. ^^

[Atiscomin]

Quand le Chef s'en alla, Magena ne put retenir un petit soupir de soulagement. Elle avait beau dire les choses, elle n'était pas un roc pour autant. C'est alors qu'Azaruk se tourna vers elle et ses deux compagnons pour lui faire part de ses remontrances. Ce qu'il lui dit l'amusa un peu.

-Compte là dessus. répondit-elle en riant.

Puis elle le vit partir avec Lyanna de la grande salle. La maîtresse se tourna alors vers les deux personnes qu'elle avait embarqué dans cette aventure contre leur gré. Il lui restait en effet une chose à faire.

-Il a raison, on devrait partir nous aussi. Mais avant je vous doit des excuses. Je n'aurais pas dû vous imposer une de mes lubies ainsi. En plus tu l'un de vous aura été blessé. Je suis profondément désolée pour tout ce qui est arrivé par ma faute. Pour tout ça.Et je vous remercie du fond du cœur pour m'avoir suivi malgré toute cette folie.

Sur ces paroles elle s'inclina pour exprimer son repentir. Énerver Toruuk Hakan pour une cause qu'elle pensait juste était une chose, mais malmener des gens si corrects pour ça en était une tout autre.

Aussi, pour me faire pardonner... Papy, ma sœur jumelle est une guérisseuse d'un grand talent, utilisant la maîtrise de l'eau pour ce faire, elle saura s'occuper de toi. Veux-tu venir chez moi afin qu'elle puisse te soigner convenablement? Je pourrais aussi rembourser les dommages de ta carriole et la marchandise que tu as perdu en m'aidant.
D'ailleurs Amarok, je ne sais pas ce que tu prévois de faire mais il est tard et voyager à cette heure jusqu'à ton village dans la toundra serait pure folie. Tu devrais venir aussi, nous avons une chambre de libre où tu pourrais te reposer en attendant le lendemain.

[Latmolk]

*Une fois sa sentence décidée, le chef Toruuk Hakan retourna dans ses appartements.*

/Il va consoler sa fille, elle a besoin de son père au près d'elle après de telles épreuves./

*Perdu dans ses pensées, Nénietz fut surpris de voir le garde royal en pleine conversation avec le petit groupe. Son ton était retombé et il s'adressait aux filles de façon amicale. Le marchand de glace remarqua néanmoins qu'il ne plaisanterait pas avec les peines de travail des deux filles. Alors qu'il s'en retournait vers son chariot, la manieuse de l'eau s'approcha de lui, et d'Amarok, et leur tint ce langage* :

« Il a raison, on devrait partir nous aussi. Mais avant je vous doit des excuses. Je n'aurais pas dû vous imposer une de mes lubies ainsi. En plus tu l'un de vous aura été blessé. Je suis profondément désolée pour tout ce qui est arrivé par ma faute. Pour tout ça. Et je vous remercie du fond du cœur pour m'avoir suivi malgré toute cette folie.
Aussi, pour me faire pardonner... Papy, ma sœur jumelle est une guérisseuse d'un grand talent, utilisant la maîtrise de l'eau pour ce faire, elle saura s'occuper de toi. Veux-tu venir chez moi afin qu'elle puisse te soigner convenablement? Je pourrais aussi rembourser les dommages de ta carriole et la marchandise que tu as perdu en m'aidant.
D'ailleurs Amarok, je ne sais pas ce que tu prévois de faire mais il est tard et voyager à cette heure jusqu'à ton village dans la toundra serait pure folie. Tu devrais venir aussi, nous avons une chambre de libre où tu pourrais te reposer en attendant le lendemain. »


*Le vendeur de glace fut surpris par ces paroles. Voyant son tempérament énergique, il s'attendait à la voir partir en courant une fois que le chef leur en aurait donné l'ordre. Peut-être l'avait-il mal jugée finalement. D'un autre côté, grâce à son super plan, il avait perdu sa cargaison, 2 roues, un plancher de chariot, une bride et n'avait gagné que des ennuis et une épaule déboîtée. Mais si elle se proposait de payer les pots cassés, le nordique n'hésiterait pas longtemps.*

« Puisque c'est proposé si gentiment, je ne me vois pas refuser ce remboursement. Et puis ce serait dommage d'envoyer le bon vieux Père Igloo à la rue sur un malentendu. Quant à la guérisseuse, si son talent en guérison équivaut tes prouesses de manieuse, j'accepte avec plaisir. »

[Gwlaglus]

Elle sursauta presque, lorsque Azaruk posa une main sur la sienne, celle là même qui tenait fermement la garde de son sabre. Toute à sa colère à peine contenue, et à ses pensées, elle n'avait même pas eu conscience du départ du chef du Pôle Nord, ni des conversations qui suivirent ce départ. Regardant brièvement le garde royal, seul un hochement de tête fut sa réponse.

De toute façon, elle n'aurait pas pu rester plus longtemps ici. Sa rage était trop forte, et à peine contrôlée, mais elle ne voulait pas créer d'esclandre, ni trop se faire remarquer. Elle en avait déjà fait assez pour ce soir, en rajouter plus aurait été de l'inconscience totale. Elle adressa un poli et faussement enjoué « A la prochaine tout le monde ! », et sortit du palais accompagné d'Azaruk.

Quand elle sentit le souffle glacial du vent sur son visage, elle parut légèrement soulagée. La nuit était bien avancée déjà, et la lune déclinait déjà dans le ciel étoilé. Mais la nuit pouvait être belle, qu'elle s'en moquait bien. A peine avait-elle accordé un regard vers l'astre lunaire. Arrivée en bas des marches du palais, elle se stoppa et se tourna vers son ami :

-Mon grand père ne doit rien savoir de ce qu'il s'est passé ce soir. Je peux compter sur toi ?

Sa voix était étonnement sérieuse, et ses yeux bleus ternes. Et sans plus attendre, elle fila vers le quartier résidentiel. Libre à Azaruk de la suivre ou non.

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[Daisuke]

-29-

Face aux excuses de Magena, Amarok ne sait pas trop que penser. Oui elle les a entrainés dans une course folle et tout cela aurait pu très mal se finir, mais malgré tout ça le pêcheur ne voit pas ça comme quelque chose de mal, et en tout pas comme quelque chose qui mérite que l'on s'excuse en s'inclinant face à lui.
Comparé à ces deux demoiselles à l'air frêle, il n'est pour ainsi dire rien. Que Magena s'excuse d'avoir agi lui semble totalement inconcevable.
Quand elle lui proposa de passer la nuit chez elle, toute la fatiguée jusque là repoussée par l'odeur du danger finit de s'abattre sur lui, et il ne rêve plus qu'à s'écrouler dans un lit.

Ah euh...Merci Magena, avec plaisir !

Il lui sourit tout en se demandant comment les gens d'ici vivent et si ça présence ne risque pas d'ennuyer ses parents.
Il se jure mentalement de prendre le temps plus tard pour lui parler de toute cette histoire, même si elle ne donne pas l’impression d'en avoir besoin.
Une fois qu'ils se seront tous reposés, les choses s'éclairciront et il sera temps de peser les conséquences de cette nuit.

Je te suis alors.

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[Atiscomin]

Ses excuses étaient faites, Magena aurait presque pu être en paix avec sa conscience. Mais il y avait toujours une gêne et elle savait d'où ça venait. Et elle n'allait pas tarder à la constater.
Lyanna leur dit au revoir d'une manière faussement enjoué, et si ça avait pu duper quelqu'un, Magena ne s'y laissa pas prendre. Il était évident que la rouquine était au trente-sixième dessous.

Bah ça ira, Azaruk est avec elle. Il saura la remonter, ou au moins la soutenir, sa compagnie est de qualité. Le chef a du lui faire plus mal que prévu avec cette semaine de service à la caserne. Il faudra que je lui en parle plus tard.

Elle fut ravie de voir que Papy glaçon et Amarok acceptaient de venir chez elle pour la nuit. Elle décida alors de se mettre immédiatement en route. Elle répondit en s'adressant aux deux hommes en face d'elle

Ne t'inquiète pas Papy, c'est la meilleure dit-elle avec un clin d'oeil
Bon! Merci d'accepter mon invitation ça me fait on ne peut plus plaisir. Nous y allons suivez moi!

Et elle sortit du palais flanquée de son escorte masculine de canards boiteux avant de se diriger vers le Quartier Résidentiel

[Ermite des vagues]

La nuit avait été plutôt courte au Palais de l'eau, entre les cauchemars de la petite princesse, encore traumatisée, et diverses affaires à régler plus ou moins urgentes, telle que l'arrivée de ce navire de la Nation du Feu, et la destinée de plusieurs de ses occupants, dont nous reparlerons plus tard.

Quoiqu'il en soit, bien qu'ayant quitté le palais tardivement la veille, Yorko Kharstak, le chef de guerre, y était retourné dans la mâtinée. De nouveaux éléments lui étaient parvenus, et il les avait communiqué au chef du Pôle Nord, et à son conseil restreint. Ils avaient, entre autre chose, évoqué le sort de ce malheureux maître de l'eau retrouvé mort au village des Peaux Bleues. Une nouvelle qui en surprit certains, les autres restant indifférent face à l'annonce de ce décès. Beaucoup ignoraient ou avaient oublié qui était ce vieillard, envoyé sur cette île en exil, avec le reste de sa famille. Après que la mémoire leur fut rafraîchie, ils furent tous d'accord sur un point : il y avait dans cette mort, ou plutôt cet assassinat, quelque chose de vraiment louche. Si bien qu'un message fut aussitôt envoyé au chef du village des Peaux Bleues.

Bref, une fois la réunion terminée, Yorko Kharstak quitta enfin le palais, pour retourner à la caserne.