Le Quartier Résidentiel

[Gwlaglus]

Le sourire de Lyanna s'éteignit peu à peu, alors qu'elle quittait la place centrale. Pourtant, les remerciements du chef du Pôle Nord l'avaient flatté, elle qui finalement n'avait pas fait grand chose à Hosho. Oui, le chaos s'était bien abattu là bas, mais l'héritier du Pôle Nord n'avait jamais vraiment été en danger. Heureusement. Mais si elle était troublée, limite en colère, c'était à cause de lui. Quel obstiné il faisait ! Si jamais elle remettait les pieds dans cette maudite caserne, ce serait son choix, et pas parce qu'on le lui imposait.

-Non !

De rage, elle mit un coup de pied dans un bonhomme de neige auquel il ne manquait plus que le nez. Et il ne résista pas que bien mal face à la puissance du coup. A peine Lyanna eut le temps de penser "Oups", que des enfants arrivèrent, et crièrent face au sacrilège. Une fillette qui tenait dans sa main droite une carotte ravala difficilement ses larmes. Même si Lyanna, confuse, et un peu honteuse, s'excusa. Elle eut un instant d'hésitation, avant de choisir de s'enfoncer un peu plus dans le quartier résidentiel.

Son humeur ne s'améliora pas vraiment en marchant, mais sa colère au moins avait disparu. Les ruelles neigeuses qu'elle arpentait étaient silencieuses, sans doute une bonne partie de la population était encore restée sur la place centrale, à se réjouir du retour de leur Chef. Si bien qu'elle ne put louper l'homme qui, comme elle, semblait s'être égaré ici. Façon de parler bien entendu. Elle s'efforça de lui sourire, en le saluant :

-Bonjour Shan !

Elle le connaissait un peu, le tailleur. Sa boutique n'était pas tellement éloignée de celle de son père après tout.

-Que faites-vous tout seul ici ? Votre fille n'est pas avec vous ?

Lyanna se dérida un peu. Même si évoquer la jeune enfant de Shan lui rappela le sort qu'elle avait réservé un peu plus tôt à ce pauvre bonhomme de neige.

[Shan]

Je commençais à avoir un peu froid malgré mes vêtements, mais j'aimais cette sensation qui me faisait me sentir en vie. J'avais abandonné tout espoir de voir qui que ce soit aujourd'hui, mais ce n'était pas très grave de toute façon, j'allais simplement rentrer chez moi et voir ma petite princesse. J'avançais donc, assez content de cette idée quand je croisais cette fille au cheveux flamboyant, Lyanna il me semble. Je l'avais croisé une ou deux fois en ville, mais nous n'avions pas vraiment l'occasion de bavarder souvent puisque je passais mon temps à travailler, mais Birei la trouvait très jolie alors je la connaissais au moins de vue. Je ne pu retenir un sourire et la salua bien volontiers, une conversation amicale et courtoise était bienvenue.

- Oh bonjour ! Comment allez-vous ? Non, ma petite n'est pas avec moi, elle apprend à lire chez ses grands parents aujourd'hui !

Mon entrain et la fierté que j'éprouve pour ma fille doivent se ressentir, je gonfle le torse à chaque fois que j'évoque ses progrès en lecture. Dire qu'elle n'a que trois ans et qu'elle sait écrire son prénom m'emplit de joie, bien plus que tout le reste d'ailleurs. J'aime parler de mon adorable fille, elle est si mignonne quand elle compte ou me montre les lettres qu'elle connaît que je fonds à chaque fois.

Mon ventre gargouille de nouveau et me fait redescendre sur terre. Il a fallu que ça arrive malgré tout devant quelqu'un, je soupire et m'excuse comme je le peux, tentant de trouver une excuse qui puisse passer.

- Désolé, j'ai déjà faim ! L'estomac d'un homme n'est-ce pas !

Je ricane, je ne sais même pas quelle heure il est, si mon excuse est potable. Dans le pire des cas, si elle me pose la question, je pourrais toujours inventer que je mange tôt ou que j'ai oublié de manger ce midi. Cela dépend un peu de l'heure qu'il est, j'ai l'impression d'être en après-midi, mais j'ignore si nous sommes plus proche du zénith que du crépuscule ou inversement. Je me racle la gorge et tente une diversion pour éclipser ce bruit de crève-la-faim que je ne supporte pas.

- "Vous étiez partie ? Cela fait quelques jours qu'on ne vous a pas vu j'ai l'impression !

Je n'ose lui en demander plus, sa mine me semble différente d'ordinaire, mais je ne saurais dire en quoi. Après tout, je ne la connais pas assez bien pour savoir.

[Gwlaglus]

La courtoisie de l'homme et son sourire aidèrent Lyanna à ne plus penser au feu bonhomme de neige. Au loin, les cris des enfants s'étaient fait à nouveau joyeux, raison de ne pas trop s'en faire les concernant. Ils oublieraient vite ce qu'elle avait fait. Mais heureusement que la fille du tailleur était chez ses grands parents, et non en train de jouer avec eux n'empêche !

-Elle sait déjà lire ? C'est vraiment étonnant. A son âge, je devais gribouiller, alors lire... !

Elle eut un rire cristallin, se souvenant alors de sa propre enfance. Elle ne faisait que des bêtises à cette époque là, rendant fou ses parents. Elle avait même fugué quand elle avait à peine six ans. Un voile passa dans son regard, avant qu'elle ne se mette à sourire de nouveau, en entendant le grognement du ventre du tailleur. Sans s'en rendre compte, l'homme venait de lui éviter de se torturer à nouveau l'esprit. Tout ça, c'était du passé, il était temps qu'elle tourne la page. Peut-être le ferait-elle, si sa mère l'excusait, ou lui montrait qu'elle l'aimait, pour une fois ?

-J'ai moins même un peu faim, donc je vous comprends, fit-elle gaiement.

Puis, il lui demanda où elle était passée, et son sourire s'évanouit quelque peu. Si la catastrophe avait été évité, grâce à l'avatar, et surtout à ce dragon, il y avait quand même eu des blessés, et des morts. Rien dont on ne pouvait se réjouir. Surtout vu que l'esprit était toujours quelque part, au Royaume de la Terre, si ce que lui avait dit Kenai était vrai. Elle en frissonna un peu.

-En fait, j'étais à Hosho. Je pensais bien profiter des plaisirs de cette île, avec la fête. Mais rien ce n'est passé comme prévu finalement. Et je suis bien contente d'être revenue je dois vous avouer.

S'il voulait des détails, elle lui répondrait, mais alors qu'elle le regardait, un détail fit tilt dans sa tête.

-Vous êtes tailleur, n'est-ce pas ? Est-ce que recoudre un kimono serait dans vos cordes ?, fit-elle, tout en fouillant dans son sac, pour en sortir ledit kimono, en bien mauvais état, puisque déchiré sur une bonne longueur.

-J'ai du courir là bas, et j'ai été forcé de le couper. J'y tiens beaucoup, alors ça me peine. Mais je vous parle de ça, en pleine rue, alors que j'aurais pû tout simplement vous l'apporter à votre boutique. Désolée, fit-elle un peu confuse quand même.

[Shan]

Je ris de bon coeur à sa remarque, elle dit avoir faim également. Je lui fais un clin d'oeil complice en glissant discrètement que la gourmandise est ma plus fidèle compagne et qu'il ne faut pas le dire à ma tendre épouse. J'apprécie sa délicatesse de ne pas me faire remarquer que je dois avoir l'air d'un sans-maison puant et pitoyable.

Quand elle parle d'Hosho, sa mine s'assombrit particulièrement. On dirait qu'il ne s'est rien passé de bon là-bas, mais je n'ai encore eu aucun écho de mes clients. À peine quelques vagues rumeurs de chaos sans nom à Hosho à dire vrai, mais pour moi, ce genre de festivité est toujours annonciateur de chaos, il suffit que deux gars veuillent absolument se battre pour mettre une sacré pagaille. Cela pourrait même sans doute causer un incident diplomatique.

- Et bien. On dirait que ce séjour était loin d'être reposant et agréable... Vous désirez en parler un peu ?

Voir l'état du kimono ne fait qu'appuyer ma théorie, il est pratiquement en lambeau. Du moins c'est ce que tout bon tailleur penserait de ce vêtement qu'on lui présente. Je le regarde un instant et analyse rapidement les dégâts. Il est au moins tranché assez net, même si ça ne m'a pas l'air très droit au premier coup d'oeil, il faudrait mesurer pour être sûr. Mon regard se pose sur Lyanna devant moi, je prends son kimono et un petit sourire fend mes lèvres alors qu'une idée fait son petit bonhomme de chemin dans mon esprit.

- J'ai une idée pour rattraper ça. Cependant... Je dois avouer que j'ignore si cela va vous plaire. Mais il faut que je dessine tout ça pour ne pas m'éparpiller. Vous avez quelque chose de prévu là tout de suite ? Ou nous pouvons nous voir un autre jour...

Oh oui, cette idée se précise, elle me séduit de plus en plus et, avec un peu de chance, elle séduira peut-être la jeune femme également. Par contre, j'aurais besoin de mon assistante pour prendre les mesures de Lyanna et m'empêcher de rendre le vêtement importable pour les femmes.

Je n'ai jamais aimé les vêtements peu fonctionnel, mais les kimonos sont particuliers et il est difficile de faire accepter une quelconque idée d'amélioration. Là, l'idée vient d'elle-même et va permettre de sauver cette belle pièce. Je vais utiliser l'ouverture, refaire les bords et y ajouter des trous pour y glisser un lacet. Un lacet qui laissera attraper une petite lame quelconque, c'est toujours assez pratique et j'ai récemment travailler sur une jarretière en cuir avec un renforcement en peau de lapin pour éviter que le cuir ne frotte contre la jambe et ne brûle. Je me demande si Lyanna cautionnerait ce genre de "retouche" sur son précieux kimono.

[Gwlaglus]

Lyanna ne voulait pas faire peur à Shan, aussi, lorsqu'elle lui donna quelques détails supplémentaires sur Hosho, elle tâcha de se montrer optimiste, si tant est que cela était possible, au vu de ce qu'il s'était passé là bas.

-Je ne sais pas quelques rumeurs sont parvenus jusqu'ici, mais vous avez certainement eu vent d'un certain chaos là bas au moins ? En fait, alors que la fête allait débuter, un homme, un esprit apparemment, est venu jeter la discorde entre la Nation du Feu et les Pôles. Il y a eu des blessés, et des morts malheureusement. Mais l'avatar a réussi à le faire fuir, aidé par un dragon. Oui, un dragon ! C'est un peu surréaliste ce qui c'est passé là bas. Mais on peut faire confiance à l'avatar, elle lui bottera définitivement les fesses, à ce Ryo !

Oui, elle était restée volontairement vague, n'évoquant pas le fait que l'esprit était parti au Royaume de la Terre, et que des temps sombres s'annonçaient à l'horizon. Elle ne voulait pas miner le moral de ce brave tailleur.

Et quand il lui prit son kimono, et qu'il lui annonça qu'il pouvait peut-être rattraper les dégâts (la faute de Kenaï ça, pesta t-elle pour elle même), elle eut un grand sourire plein d'espoir.

-Vraiment ? Je vous en serai infiniment reconnaissante si vous parvenez à réparer les dégâts !

Puis, elle réfléchit, se souvenant de la raison de sa présence ici en fait, et son visage s'illumina, en pensant à ses parents, mais surtout à son grand père finalement.

-Je viens tout juste de rentrer, et je n'ai pas encore salué ma famille. Je passerai demain, si cela vous convient ?

[Shan]

Je hoche la tête après une grimace à l'évocation du dragon. La conversation continue, comme si c'était parfaitement normal que nous assistions à un tel retour. J'acquiesce lorsque la jeune femme prend rendez-vous pour son kimono, cela me permet au moins de me recentrer sur ce que j'ai à faire et non ce qui m'inquiète. Elle passera donc demain, c'est parfait, cela me laisse le temps de terminer les quelques vêtements que j'ai à faire pour demain et je pourrais faire un croquis de ce que je veux lui proposer. D'ailleurs il vaudrait mieux que j'en fasse plusieurs avec différents modèles pour qu'elle puisse au moins choisir ce qui lui convient le mieux.

Je regarde l'heure et me dit qu'il faudra malgré tout rentrer chez moi, alors je salue Lyanna et lui souhaite une bonne fin de journée en lui signalant que je suis à la boutique toute la journée et qu'elle peut donc passer quand elle veut. Un petit sourire flotte sur mes lèvres alors que je laisse la jeune femme rentrer chez elle. Mon ventre émet un nouveau grondement sourd et je soupire en me disant que je ne risque pas de manger ce soir malheureusement. Je rentre chez moi aussi vite que possible, plus porter par l'idée de revoir ma famille que par mes jambes qui ne demandent qu'à s'écrouler sur place et ne plus bouger. J'ai encore des choses à faire avant d'aller me coucher et je suis pressé de finir tout ça pour m'occuper de ma princesse.

- Un peu de courage Shan, que dirais ta fille si elle te voyait dans cet état ?

L'idée de ne plus être le héros de mon adorable Birei me donne envie de vomir, à moins que ce ne soit la faim. Je la sens qui me tiraille, qui me dicte de prendre des choses qui ne m'appartiennent pas pour être enfin rassasié, mais j'y arrive pas. Je n'imagine que trop bien mon enfant avec un regard déçu à l'idée que son père ait pu voler de la nourriture. J'arrive enfin chez moi et j'entends ses pleurs, elle a faim et ma pauvre épouse semble peiner à la calmer. Je sens mon coeur qui se déchire et, après avoir jeter un oeil à mes maigres finances, je déglutis et secoue la tête en me dirigea vers l'épicerie la plus proche pour ramener un petit quelque chose.

Je vais là-bas

[Gwlaglus]

C'est avec un sourire retrouvé, et pleine d'espoir pour son kimono forcément, que Lyanna quitta le tailleur. Elle ne perdit même pas sa joie, alors qu'elle se rapprochait de la maison de ses parents. Elle avait bien pensé filer d'abord chez son grand père, mais ses parents n'auraient peut-être pas apprécié qu'elle les néglige encore. Elle leur rendait déjà rarement visite, et là, avec Hosho, ils s'étaient peut-être inquiétés pour elle, son père plus que sa mère sûrement, bien que le fait qu'elle ne les ai pas vu sur le quai pour assister à son retour la faisait douter à ce sujet.

Lyanna eut un petit soupire presque amusé en pensant à tout cela. Elle était semblable à ses parents finalement. Elle avait l'impression qu'elle n'était rien pour eux, à part une source d’ennui, sans intérêt finalement. Et que sa mère la détestait même. Et elle avait alors appliqué la même chose vis-à-vis de sa mère. Pour quelqu'un de l'extérieur, tout paraissait normal, la famille de Lyanna passait même pour heureuse, et unie. Foutaise. Quand elle se trouvait en face de sa mère, elle ne faisait plus aucun effort pour améliorer leur situation. Elle avait essayé pourtant, et à chaque fois, elle entendait à nouveau les paroles de sa mère résonner à ses oreilles. Et elle se braquait, et l'abcès grandissait.

Hosho et Kenaï allaient peut-être réussir à changer ça. Et il était temps qu'elle fasse la paix avec sa mère. Oui, pour une fois, en frappant à la porte de chez ses parents, elle était plutôt de bonne disposition.

Personne n'ouvrant, elle allait frapper à nouveau, quand la porte s'ouvrit, sur son père.

-Bonjour !

- Bonjour Lya, fit-il, d'un ton las que Lyanna mit sur le dos de la fatigue. Elle n'avait jamais vu son père fatigué, mais là, ses yeux cernés en disaient longs.

Il la fit entrer, et là, le visage de Lyanna marqua son étonnement, alors qu'il lui proposait de venir s’asseoir. S’asseoir ? Et pourquoi la maison était en désordre ? Sa mère n'aurait jamais laissé de la vaisselle traîner, ou ce genre de choses. Et où était-elle d'ailleurs ?

Pleine d'interrogation, la jeune femme se retourna vers son père. Lequel lui répéta de s'asseoir.

-Qu'est-ce qui se passe ?

Lyanna sentait les battements de son cœur qui s’accéléraient. Son père ne répondit pas aussitôt, il osait à peine la regarder.

-Réponds-moi. Tu me fais peur là.

Il tira une chaise, et s'installa juste en face d'elle. Doucement, il prit sa main dans la sienne. Ce contact étonna Lyanna, peu habituée à ce genre de démonstration sentimentale de la part de son père.

-Pendant que tu étais à Hosho, on a eu vent de quelques rumeurs, et l'une d'elle a affecté ton grand père. Il a cru que tu étais morte là bas. C'était il y a quelques jours, tu devais être sur le chemin du retour en plus. Je suis désolé ma chérie...

Lyanna avait pâli sensiblement. Elle avait l'impression que son monde s'écroulait. Elle pleurait maintenant, et n'eut même pas conscience que les bras de son père l'enlaçaient.

-Où...où est-il ?

-A la maison des guérisseurs. Il s'accroche.

Vit-il l'espoir renaître dans le regard de sa fille, Sans doute, au vu de ce qu'il ajouta :

-Les guérisseurs ont fait tout ce qu'ils pouvaient. Mais il n'en a plus pour longtemps.

Ce fut le coup de grâce pour une Lyanna déjà bien affectée. Elle se releva, toute pâle, les larmes creusant des sillons humides sur ses joues.

Son père voulut alors l'accompagner, mais elle refusa. Et elle se mit à courir, tout en espérant que tout ça ne serait qu'un cauchemar. Son grand père ne pouvait pas lui faire ça. Il n'avait pas le droit de l'abandonner. De mourir.

La suite, c'est par là !

[Gwlaglus]

[hrp]Et deux mois après...[/hrp]

Lorsque Lyanna atteignit sa petite demeure, la neige s’accumulait sur sa longue chevelure écarlate. Laquelle contrastait avec la pâleur de son visage. Et quelques sillons humides sur ses joues montraient qu'elle avait pleuré, encore. Fatalement, son chemin l'avait mené à passer devant la maison de son grand père, elle avait même aperçu son oncle de loin, il l'avait vu et interpellé, mais elle était partie aussitôt. Elle avait besoin d'être seule, et de se reposer aussi. Elle se sentait vidée de toute énergie, et elle détestait cet état de fait. Sa peine alourdissait son cœur, alors qu'elle pensait être assez forte. Mais tout lui était tombé sur la tête d'un coup, la mort de son grand père, et sa maîtrise du feu. C'était trop, même pour elle.

Frissonnant, elle verrouilla la porte derrière elle, et ralluma le poêle qui chauffait sa maison. S'agenouillant en face, elle réchauffa ses mains glacées quelques instants devant les flammes. La chaleur douce pour le moment lui rappela Flamme, et la jeune femme eut un bref sourire. Le gamin, et ce court voyage en bison avaient quand même réussi à atténué un peu sa peine. Mais là, de retour chez elle, qu'importe où elle posait son regard, tout lui rappelait son grand père, du sabre accroché au mur, au service à thé posé sur une petite table.

-Je n'aurais jamais du partir à Hosho...il était déjà malade, j'aurais du m'en rendre compte, quand il a refusé de m'accompagner. Pourquoi ais-je était si aveugle ?

Prostrée contre le poêle, la culpabilité commençait à la ronger. Plusieurs choses lui revenaient en mémoire, la chute que son grand père avait fait quelques mois plus tôt, le regard qu'elle avait alors perçu entre lui et la guérisseuse, le fait qu'il travaillait de moins en moins chez Sun. Mais une part d'elle même ne pouvait s'empêcher de penser que c'était à cause d'elle qu'il était mort finalement, qu'elle l'avait achevé en quelque sorte. Cette idée la révolta, et lui donna la nausée, mais son estomac était vide. Elle n'avait rien avalé depuis presque vingt-quatre heures.


-Grand père...

Ses bras entourant ses jambes, la tête baissé, elle laissa échapper de nouveaux sanglots. Elle pleura longtemps, mais la chaleur qui l'enveloppait finit par l'endormir. Pendant une petite demi-heure au moins.

Quand elle rouvrit ses yeux, en plus d'avoir trop chaud, et mal à la tête, elle se sentait légèrement courbaturée. Dormir contre le poêle, sur le sol, ce n'était pas vraiment le plus douillet qui soit. Les membres endoloris, elle se leva, en grimaçant un peu. Elle monta à l'étage et retint un soupir, devant la vision d'autres sabres offerts par son grand père. Elle ouvrit alors la porte de sa salle de bain. Et resta longtemps sous le jet de l'eau chaude, qui délassa et détendit un peu son corps.

Quand elle en termina avec sa douche, et rejoignit sa chambre, ses cheveux gouttaient encore un peu dans son dos. Et elle eut presque peur en apercevant son reflet dans le psyché à côté de son lit. Les traits tirés, le visage encore pâle, et les yeux rougis, elle avait vraiment mauvaise mine. Alors, elle gagna l'antre douillet de son lit à baldaquin, et s'emmitoufla sous ses couvertures.

Cette fois, elle dormit de longues heures. Jusqu'à ce que le soleil soit en passe de terminer sa course. Et quand elle s'éveilla, elle se sentait un peu mieux, et son mal de tête avait disparu. Niveau moral par contre, ce n'était pas encore ça, mais elle décida de ne pas trop se morfondre. Son grand père ne l'aurait pas supporté. Et elle allait avoir bien d'autres moments pour le faire. Dans deux ou trois jours, le temps que toute sa famille soit réunie, du moins la partie de la famille qui vivait au Pôle, son corps deviendrait cendres, et ça, elle savait déjà que ça allait être difficile à supporter. En plus de revoir ses cousins et cousines.

Elle fouilla dans sa commode, et s'habilla rapidement, avant de regagner le rez-de-chaussé. Là, elle avala ce qui lui tomba sous la main, même si elle n'avait pas vraiment faim, et s'apprêta à quitter sa maison. Mais un détail la figea. Sur l'un de ses fauteuils était posé son sabre favori. Elle s'en saisit, et serra le fourreau dans ses bras. Son père, ce ne pouvait être que lui après tout, avait du le déposer ici pendant qu'elle dormait. En elle même, elle le remercia, tout en attachant le sabre à sa ceinture. Peut-être aurait-elle du leur rendre visite, et voir si sa mère allait bien, mais elle n'en avait pas la moindre envie. Elle voulait se vider l'esprit, et aller à la Rose des Glaces, ça lui semblait l'idée parfaite pour ça.

[Gwlaglus]

[hrp]Et je squate ce topic pour la dernière fois avant quelques mois je suppose xD[/hrp]

Sous bonne escorte, la jeune femme aux cheveux de feux parvint chez elle. Les deux soldats la suivirent alors qu'elle entrait. Sans doute craignait-ils qu'elle n'en profite pour fuir ? Ce n'était pas pourtant son intention, elle n'avait pas envie d'aggraver son cas, et elle avait commencé à accepter son exil du Pôle Nord. Même si ça lui déplaisait, en plus de lui amener de l'inquiétude. Mais elle ne pouvait rester ici, pas avec une maîtrise du feu si chaotique, et vu son caractère parfois explosif...

Nostalgique, elle balayait du regard sa maison. Elle n'y avait vécu que quelques mois finalement, dans ce cocon petit mais douillet. La surveillance des soldats la rendait nerveuse, mais elle s'affaira. Heureusement, elle n'avait pas eu le temps encore de défaire ses bagages après le retour d'Hosho, et se contenta d'enlever certaines choses dont elle n'aurait pas besoin. Elle y ajouta le journal de son ancêtre. Et après un regard attristé vers ses sabres, qu'elle ne pouvait prendre ; elle espérait d'ailleurs qu'Azaruk lui rendrait le sien ; elle se mit à chercher sa bourse. Elle n'était pas bien remplie, et elle en préleva une partie, qu'elle confia aux soldats, et garda le reste. Cet argent lui serait nécessaire à la Nation du Feu.

Et c'est le coeur lourd qu'elle referma la porte de sa maison. Direction les portes de la cité maintenant.

[Otarak]

*Il n'était pas trop tard lorsqu'Otarak regagna son appartement. Il posa sa grosse veste bien chaude en prenant soin de faire tomber les flocons qui avaient fini par recouvrir ses épaules. . Le guérisseur se dirigea ensuite vers sa salle de bain où il se fit couler un bon bain chaud dans lequel il plongea avec délectation. Il profita de ce moment pour se détendre après sa journée bien remplie. Une fois fait, il se prépara un dîner relativement sommaire puis alla se coucher, emporté par la fatigue.*