[CIT] Le Palais Citadin

[Kaya Iluak]

-Je vous demande pardon, madame.
-Allons, allons ! Conseiller, relevez-vous !

Marashi se releva mais garda le regard obstinément braqué sur la table devant lui, sur laquelle reposait une tasse de thé fumante.

-Je regrette sincèrement mon geste. Je n'aurais pas dû porter la main sur la matriarche.
-Peut-être pas, en effet. Mais cela était tout de même nécessaire. Avec le recul. Vous pouvez éprouver de la honte, conseiller Marashi. Cela ne regarde que vous, mais ne regrettez pas vos actes. Ce sont eux qui vous définissent. Vous vous êtes élevé contre l'abus qu'elle commettait envers l'assistance. Et cela restera longtemps dans les mémoires. La conseillère Tahla n'est pas quelqu'un dont la plus grande qualité est la tempérance.

Cependant, il vous faudra répondre de la plainte portée à votre encontre pour agression et coups. Vous devrez payer une amende cinquante pièces d'argent, vingt-cinq à notre justice et vingt-cinq à la plaignante.
-Je comprends, cela sera fait.
-Cela dit, je vous ai convoqué pour parler d'autre chose. Un détachement de Manteaux Blancs se rendra auprès de votre tribu pour trouver une solution durable à votre problème. Vous les accompagnerez, je suppose ?

Marashi se jeta face contre terre pour se prosterner devant la vieille femme.

-Je ne vous remercierai jamais assez, Madame ! Merci, merci, merci mille fois !
-Cela relève de mon devoir, conseiller. Nul n'est besoin de me remercier.

On frappa à la porte. Adi apparut dans l’entrebâillement de la porte.

-Oui, Adi ?
-Votre rendez-vous est là, Madame.
-Très bien. Conseiller Marashi, Nauja vous contactera très prochainement pour organiser l'expédition. Je vous souhaite un bon retour et transmettez mon salut à vos aînés.
-Je n'y manquerai pas, Madame. Encore merci. Au revoir.

Il sortit.

-Fais-le entrer, Adi. Que personne ne nous dérange, comme d'habitude.

[Le Conteur Blanc]

*Et la porte s'ouvre, laissant entrer un vieux guerrier peu habillé malgré les fraiches températures du dehors. Il s'incline avec tout le respect qui est du à l'ancienne chef nouvellement confirmée Kaya Iluak. La porte se referme, l'homme se redresse, son visage étant terne.*

-Je viens au rapport. J'arrive à peine du campement des sourciers.

*Une main à la ceinture, l'autre serrant la garde de son arme. L'homme fixe le Chef en attendant que cette dernière soit disposée à l'entendre.*

[Kaya Iluak]

-Tu es bien formel, Bôro. Assieds-toi donc ! J'ai un thé dont tu me diras des nouvelles.

Elle lui servit une tasse fumante et la plaça devant lui.

-Je suis toute ouïe.

[Le Conteur Blanc]

*Un mince sourire sur les lèvres Bôro remercie silencieusement la chef et amie Kaya de son invitation à boire le thé. Il détache son sabre et le pose contre le mur avant de prendre place sur le fauteuil. Quand son amie est installé et que le thé est servie, Bôro pourra prendre la parole.*

-Merci pour le thé Kaya. Bien, mon petit fils et ses deux collègues ont donc lancé l'attaque sur la cache des sourciers où était détenu le jeune vagabond. La surprise était totale chez les sourciers qui ne s'attendait pas à voir une descente de manteaux blancs chez eux.

*Un léger sourire s'affiche sur son visage, alors qu'il se saisit d'une tasse. Il la porte à ses lèvres et goutte le thé. Il hausse les sourcils et lève légèrement la tasse à l'adresse de Kaya.*

-Succulent ce thé.

*Il repose la tasse et reprend son récit.*

-Conformément à mes prérogatives, je ne suis pas intervenu. Je me suis contenté d'observer. Et oui, Léviathan a été réellement surpris et oui, il a du être inquiété. Hélas, l'organisation des sourciers semblent bien rôdé et ces fanatiques semblent prêt à tout pour garder leur chef en vie.

*L'homme frotte ses mains énergiquement.*

-Pourtant je ne pense pas que couper la tête permettra vraiment de tuer la créature... Un autre leadeur prendra la place de celui-là et le mal continuera de ronger les Tribus de l'eau. Une chose est sûr, Léviathan a prit un sérieux revers et il va rester dans l'ombre pendant un certain temps. Les sourciers sont encore jeune et ne peuvent pas, encore, être considéré dans une menace. Mais il est clair que leur chef a de l'ambition et qu'il n'est pas à sous-estimer ...

*Il lève les yeux vers Kaya.*

-Que penses-tu de tout ça ?

[Kaya Iluak]

Kaya but tranquillement sa tasse en écoutant Bôro faire son rapport. Lorsqu'il eut terminé, elle prit quelques instants pour digérer chaque information.

-J'en pense que nos opinions sur la question se rejoignent en tous points. Le problème tient au fait qu'une idéologie perdure bien après la mort de ses prédicateurs.

Elle releva la tête et fixa le vieil homme.

-Mais il est certain que moins il y aura de prédicateurs, moins il y aura de bouches pour propager leur médisance. Mais que les choses soient claires, Bôro, je souhaite éviter autant que possible l'intervention de l'avatar à court terme. L'escalade de la violence n'aura pas lieu avant l'heure.

[Le Conteur Blanc]

*Bôro aquiesce en silence.*

-Oui, la priorité est sa formation par Maitre Cid au Temple de l'air de Republic City. Pour une raison que j'ignore les Sages de l'air n'ont pas voulu lui parler de l'état d'avatar ou de l'accès à ses vies antérieures. Sachant que l'un et l'autre lui sont toujours inaccessible...

*Il plonge dans ses réflexions.*

-La situation reste cependant sous contrôle. De toute manière, mes hommes et moi-même sommes à ton service si nécessaire Kaya...

*L'homme saisit son menton entre le pouce et l'index.*

-Je sais qu'il y a des problèmes qui pourraient paraitre plus urgent comme avec ces attaques de loup-garou mais je ne peux pas m'empêcher de te conseiller de ne pas négliger le problème posé par les sourciers...

*Il sourit.*

-Mais je sais que je prêche une convertie n'est ce pas ?

[Kaya Iluak]

-En effet, mon ami.

Je ne néglige en rien les sourciers, mais je ne peux rien faire de plus. Pour l'instant.

Elle se leva et alla détailler la carte du Pôle Sud exposé au-dessus de la cheminée.

-Mais il est vrai que nous avons d'autres problèmes. A l'heure où nous parlons, un contingent de manteaux blancs part pour tenter de régler la situation. Quant aux pirates, ils sont de plus en plus téméraires et attaquent régulièrement les tribus côtières. Le général Taïga doit s'en occuper. Cela dit...

Kaya orienta son regard vers le sud, ses yeux s'étrécirent.

-Tahla va être destituée de son titre de matriarche au profit de sa tante. Quant à mon favori... il manque encore de couilles et il est célibataire, sans enfant. Des tensions et des troubles sont à prévoir... Je deviens trop vieille pour toutes ces conneries.

[Le Conteur Blanc]

*Bôro écoute ce qui est prévu quant aux forces de frappe sans émettre le moindre commentaire. Il était au courant de tout ceci de par les rapports de ses propres hommes. Puis vient que la dame se laisse aller, faisant sourire Bôro.*

-Allons, la Kaya que je connais a un peu plus de tripe que ça... Ne t'inquiète donc pas pour Yahto. La plèbe a beau être conservatrice, si il est réellement compétent il sera nommé comme ton successeur un de ces jours... Et puis, il a encore le temps pour les enfants ! Il est encore jeune, il doit encore trouver ces marques...

*Il rigole en reposant la tasse de thé.*

-Ces jeunes vont bien arriver à nous enterrer, ne te fais donc pas tant de soucis. Et dans le pire des cas, tu sais que tu peux compter sur moi pour t'assister ...

[Kaya Iluak]

Kaya se tourne vers son ami et rit avant de revenir s'asseoir et les resservir en thé.

-Oh, ne t'inquiètes donc pas pour mes tripes. J'en ai encore dans le ventre. C'est juste que...

Elle se passa les mains sur le visage.

-Je suis un peu mélancolique ces derniers temps, je l'avoue. J'ai inhumé tant de mes amis et de membres de ma famille. Mon coeur se fait las de tant de morts. La solitude guette celui s'attarde tandis que ses êtres chers s'en vont.

Je n'ai guère plus que toi, Bôro.

Elle secoua la tête et se reprit.

-Enfin, avant de passer dans l'autre monde, nous avons encore bien du travail. Que comptes-tu faire maintenant ?

[Le Conteur Blanc]

*La mine de Bôro s'assombrit alors qu'il voit son ami de longue date penser aux anciens amis désormais disparu. Il se saisit de la tasse et la boit en prenant son temps.*

-Je comprends. Hélas, je ne peux réellement te comprendre. Je n'ai toujours eu que toi et ma chère et tendre.

*Il termine sa tasse.*

-Personnellement, je ne vois pas la différence.

*Il repose la tasse et s'emmure légèrement en repensant à ces divers évènements de sa vie qui font que... Ma foi, Bôro a toujours été ce qu'on peut appeler un loup solitaire. Et c'est pas d'hier. Ce dernier se lève alors que Kaya lui demande ce qu'il a prévu.*

-Je n'ai rien prévu. J'attends à l'affût. Moi et mes hommes restons à ta disposition. Toi et tes manteaux blancs ne pouvez être partout. J'assurerais les angles morts.

*Il sourit en s'inclinant.*

-Comme toujours.

*Il se redresse et se saisit de son sabre qu'il rattache à sa tunique. Il se tourne vers la porte et déclare platement.*

-En parlant de perte. J'ai été informé de la mort du vieux Qin de Si-Wong...

*Ah décidément, les vieux se connaissent tous n'est ce pas ?*