La Toundra

[Guru givré]

ILUQ

*La guérisseuse défait les bandages d'Iluq avec beaucoup de délicatesse.*

-Pas depuis hier soir, non...

*Elle redevient silencieuse quelques instants, soupire, et demande.*

-On m'a rapporté que tu as été visité par un esprit hier soir. C'est vrai ?

[Iluq]

*On n'a donc aucune nouvelles de ma cheffe, mais ça ne semble pas plus inquiéter que ça. Je suppose que c'est parce que cette Tribu a l'habitude de l'hostilité de la Toundra.

Puis, elle enchaîne avec une question délicate. Je soupire profondément, et je me fais mal au passage.*

-Merde...

*J'inspire pour me calmer avant de répondre.*

-Pardon c'est moi... Oui. Je ne sais pas pourquoi moi en particulier. Enfin, si, il me l'a expliqué, mais je ne comprends toujours pas. Je ne vois pas pourquoi... Ma condition ferait de moi ce qu'il a dit. Un interlocuteur privilégié. Ce sont les mots qu'il a utilisés.

*Nouveau soupir de ma part.*

-J'aimerais juste qu'on me laisse tranquille... Vous n'avez pas de nouvelles de mon unité ?

[Guru givré]

*La guérisseuse poursuit son travail.*

On dirait que Yara avait raison. Ce jeune a une sorte d'affinité avec les Esprits...

-A ma connaissance, non. Je te le ferai savoir si nos éclaireurs repèrent quelque chose.

[Iluq]

*Je soupire.*

-Je ne peux pas rester longtemps sans leur donner de nouvelles. Est-ce que vous pensez qu'il serait possible d'envoyer des messagers au champ de pétrole près d'ici ? Pour leur dire que je vais bien ?

[Guru givré]

*Tana termine le bandage et se recule.*

-Je vais voir ce qu'il est possible de faire. Je n'ai pas de position d'autorité ici, mais je peux faire passer le message par mon mari.

*Elle prend un air embarassé.*

-Je sais que ça te pèse d'en parler, mais j'aimerais savoir une dernière chose. Tu avais déjà vu des Esprits avant de devenir comme ça ? Ou bien c'est uniquement depuis que ça a commencé ?

[Iluq]

*Je la sens terminer le bandage. Il est serré et fait un peu mal, mais ce n'est pas la première fois que je me fais blesser.*

-Je vais voir ce qu'il est possible de faire. Je n'ai pas de position d'autorité ici, mais je peux faire passer le message par mon mari.

*Je me retourne et je peux voir qu'une question lui brûle les lèvres.*

-Je sais que ça te pèse d'en parler, mais j'aimerais savoir une dernière chose. Tu avais déjà vu des Esprits avant de devenir comme ça ? Ou bien c'est uniquement depuis que ça a commencé ?

*Je soupire en posant les mains sur mes cuisses.*

-Comme tout le monde en ville je savais qu'il y avait des Esprits et qu'on les honorait, mais bon, on n'en n'a plus vu depuis tellement longtemps qu'on se demandait s'ils existaient encore. Un peu comme avec les légendes, quoi. Donc, non, je n'en n'avais jamais vu. Puis, c'est arrivé. Et là, j'en vois plein. Deux mais bon, sur très peu de temps alors que j'en n'avais jamais vu.

*Je fais la moue.*

-C'est lié, hein ? Vous connaissez les légendes dans votre Tribu. C'est parce que je suis un Enfant que les Esprits viennent à moi ?

[Guru givré]

*La guérisseuse incline la tête, confirmant l'assomption d'Iluq.*

-C'est ce que les légendes racontent en effet. Elles disent que les Enfants de l'Hiver sont des chamanes-guerriers qui sont des interlocuteur privilégiés avec les Esprits, mais pas seulement.

[Iluq]

*Je soupire en écoutant les informations données par la guérisseuse. Je connaissais déjà mon destin de guerrier, mais pas encore celui de chamane. Et je ne pense pas être la personne la mieux préparée à faire un lien entre les Tribus de l'Eau et les Esprits.*

-Pas seulement ? Ils étaient capables de quoi d'autre ?

[Guru givré]

*Tana soupire et ferme brièvement les yeux pour se plonger dans ses souvenirs.*

-Si je me souviens bien, ils avaient la faveur des Esprits pour atteindre l'excellence dans un domaine, fut-il artistique, militaire, ou de maîtrise de l'eau. Ce sont des gens qui sont nés pour briller.

[Iluq]

-L'excellence ?

*Je regarde le dos de mes mains.*

-Il y a des domaines dans lesquels je suis bon, mais je n'irais pas jusqu'à dire que je suis excellent.

*Je me prends la tête entre les mains.*

-Tout ça est tellement compliqué... Avant ma vie était simple. J'étais un soldat. Je suivais les ordres. J'avais des amis et je m’entraînais. Je n'avais jamais espéré, encore moins demandé, être plus que ça. Je n'avais pas d'autre ambition que ça. C'est... C'est un destin trop grand pour moi.